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Chapitre 3 Une infiltration pas si discrète.

Heureusement, le maître de guilde intervient vite pour rétablir le calme. J'ai tout de même eu le temps d'apercevoir Gray… et son caleçon. Ce garçon est tout aussi exhibitionniste que dans le manga visiblement. C'est toute de même une curieuse habitude de se désaper lors des moments de stress. J'ai aussi vu Cana lançant un tonneau de vin sur Gray pour qu'il se rhabille, non sans l'avoir vidé d'une traite au préalable, faut-il préciser…Elfman s'est également présenté comme un homme, un vrai, avant de se faire mettre K-O. par Loki, le playboy de ses dames…

Je me suis vaguement demandé le temps consacré au ménage dans cette guilde et me suis juré de passer le plus de temps possible dehors pour éviter de me prendre un tabouret sur le coin du museau. Une fois mon tampon placé sur le dos de ma main et vérifié que mon statut de guilde était modifié, je me suis mise en quête du fameux logement à 70 000 joyaux. Je me suis rendue compte à quel point il m'était difficile de paraître toujours aimable. Ce n'est pas pour rien que j'ai choisi un travail de bibliothécaire. Les interactions avec les livres sont relativement peu nombreuses et ils ne se plaignent pas de mon manque d'affabilité.

N'ayant pas trouvé de solution pour sortir du jeu, je décide que le mieux que je puisse faire pour l'instant est de faire comme si j'avais décidé de faire un marathon de jeu-vidéo et de me plonger dedans sans y réfléchir. Cela ne sert à rien de paniquer. Ceci-dit, ce n'est pas parce que j'incarne Lucy que mon caractère a diamétralement changé. On peut dire que niveau échange de civilités, j'ai eu ma dose du mois en l'espace de quelques jours avec mon voyage jusqu'à Magnolia et si j'étais prête à prendre une mission en solo pour recharger mon quota de résilience sociale, ce n'était pas du tout ce qu'avaient prévu pour moi Natsu et Happy.

Tout avait pourtant bien commencé. J'avais décidé de me passer de l'expédition à la montagne, que Natsu s'en sortirait bien tout seul et j'ai donc pris une journée pour m'installer dans mon nouveau chez-moi et faire quelques courses de première nécessité. Je passe une bonne nuit et sors de la douche, prête à me préparer à la journée, quand une quête apparait et me fait grimacer : 

« Quête annexe : Montrer à vos nouveaux amis comment créer un nouveau contrat avec un esprit. Récompense : une quête niveau bronze. Pénalité : Des difficultés à payer votre loyer ce mois-ci. Bonus : progression de votre affinité avec Natsu et Happy. »

J'ai une excellente mémoire et je visualise parfaitement le moment qui correspond dans le manga… Ces deux chenapans se sont introduits en douce chez moi et sont en train de mettre le bazar sur mon territoire… La moutarde commence à me monter au nez. Je me dépêche de m'habiller. Heureusement que je n'ai pas à entrer dans le salon avec une serviette entourée autour de moi. Quoique… je ne suis même pas sûre qu'ils auraient eu des pensées perverses tellement ils sont immatures.

Je pousse la porte de mon salon et grogne devant mes affaires étalées dans la pièce :

« Vous savez, c'était rangé.

Ce que t'es maniaque Luigi ! soupire Natsu. Ouais ! confirme Happy en hochant la tête. Tout le monde préfère un chez-soi propre et rangé, je réplique. Et c'est Lucy ! Normalement les gens sont de meilleure humeur en se réveillant, commente Natsu. Elle n'a peut-être pas eu le temps de manger, propose Happy en haussant les épaules. Ah ouais, ça doit être ça, acquiesce le garçon aux cheveux roses. Ou alors, c'est le faite de trouver des étrangers dans mon salon qui dérangent toutes mes affaires. Ce n'est pas sympa Lucy ! proteste Happy Ouais ! On n'est pas des étrangers ! complète Natsu. C'est par pour autant que vous pouvez entrer chez moi sans mon autorisation ! Surtout que j'ai un truc super important à faire aujourd'hui ! Ah ouais ? Quoi ? demande Natsu les yeux brillants. Je dois conclure un contrat avec un nouvel esprit. »

Je passe quelques minutes à leur expliquer ma capacité de constellationniste. Puis leur propose d'assister au contrat comme témoins. Evidemment, leur attention n'est restée fixée qu'un millième de seconde, mais j'ai réussi à valider ma quête annexe, ce qui me débloque la quête du livre à récupérer et brûler.

Contrairement à Lucy, je ne proteste pas quand mes deux camarades de guilde me proposent de jouer les soubrettes pour me faire embaucher chez le comte Ebar, ce qui les laissent sans voix et me fait un bien fou. Ma satisfaction monte encore d'un cran quand nous montons dans une charrette en direction de la résidence présumée du client, connaissant par avance la nausée dont souffre Natsu.

Je finis cependant par le prendre en pitié et lui prend le bras. Je presse un point entre deux tendons et Natsu me regarde, et me demande, surpris :

« Comment t'as fait ça ?

Il existe des massages pour atténuer les nausées du mal des transports. Ouah, merci Lucy, me dit-il, tout sourire. Ça va beaucoup mieux ! »

Il retire son bras, puis me le tend à nouveau quelques secondes plus tard. Je le regarde avec un sourire moqueur. J'ai un moyen de pression. Niak !

« Nouvelle compétence : massage des points d'acuponcture (lv1) 

Relation avec Natsu + 2 »

Je ne peux m'empêcher de sourire. J'ai toujours trouvé satisfaisant de voir monter des niveaux dans un jeu. En parlant de monter en niveau, il me semble que la mission est un cran plus difficile que le tutoriel. Le couple affable qui nous accueille nous présente la mission : récupérer un livre chez le comte Ebar et le brûler, le tout pour deux millions de joyaux, et non deux cent mille comme initialement prévu. Natsu et Happy sont très surpris de l'augmentation de la récompense, contrairement à moi. Cela me fait même soupirer, parce que je me souviens que ces clients n'ont pas les moyens de nous payer, qu'ils ne font que louer la sublime maison dans laquelle ils nous accueillent actuellement…

 

D'ailleurs, je ne comprends toujours pas comment une mission qui nous prend une journée de notre temps, et pour laquelle on ne sera pas rémunéré, peut me permettre de payer mon loyer… Mais si le jeu a proposé cela en récompense, c'est que cela a son importance. Evidemment, Natsu a tout de suite l'idée de brûler l'entièreté de la propriété du comte, ce que je rejette aussitôt, le prenant pas la corde sensible… toute la nourriture des réserves partant en cendres… Malheureusement, cela a eu pour conséquences le départ en trombe des deux ventres sur pattes, appâtés par la possibilité de combler leur estomac sans fond durant la mission. In extremis je les convaincs de me laisser essayer l'infiltration en postulant au poste de servante blonde.

Lorsque la servante en chef du comte apparait à côté de moi sous la forme d'une ogresse à couettes latérales, façon Fifi Brindacier, je ne peux m'empêcher de sursauter. Un homme au regard lubrique et à la moustache bouclée sort alors à son tour du trou d'où est apparue la monstrueuse femme. Je ne suis pas quelqu'un de susceptible, mais le « Dégage, boudin ! » qu'il me lance me pique un peu le cœur. Quand je vois la brochette de servantes à son service, qui sont visiblement à son goût, je reconnais qu'il était peu probable que je lui convienne.

C'est donc un peu moins déprimée que j'admets ma défaite sous les rires moqueurs de Happy et les reproches de Natsu, tous deux cachés à proximité. Je reprends du poil de la bête quand une fenêtre de quête scintille devant mes yeux.

« Quête principale : Localiser le livre Day Break dans la bibliothèque (étape 1/3) Les récompenses seront précisées à l'issue de l'étape 3. »

« Quête secondaire : Mettre hors d'état de nuire les hommes de main du comte Ebar

Servantes (x4) Servante en chef (x1) Mercenaires (x2)

Récompense : 100 XP pour chaque type d'ennemis neutralisé. » 

Puisque la méthode discrète n'a pas fonctionné, le plan OFDT a été décrété par mes camarades. Au cas où le sens vous en aurait échappé, cela signifie On Fonce Dans le Tas. Happy me porte alors jusqu'à une des fenêtres du toit.

 

« Je comprends toujours pas pourquoi on ne peut pas aller droit au but et cramer ce bouquin, marmonne Natsu ne nez dans son écharpe.

Pour que cela ait l'air d'un vol, gros bêta. Si on se fait démasquer, on aura l'armée sur le dos, je râle, perdant patience. Et ta vengeance ? demande-t-il. T'inquiète, je lui réponds avec un sourire sadique, je m'en occupe. Et ça implique un rasoir et une moustache. Ouaip ! approuve Happy »

Le réchaud sur patte de l'équipe nous ouvre la voie en faisant fondre le verre de la fenêtre. Malheureusement pour nous, c'est un débarras. Happy s'empresse de mettre sa tête dans un crâne creusé et essaie d'attirer mon attention. Je le regarde, blasée, puis entrebâille la porte, qui s'ouvre sur un couloir désert. Vu le nombre de pièces, ça va nous prendre une éternité d'essayer toutes les portes. Soudain les cinq servantes déboulent devant nous pour faire le ménage dans le couloir.

Heureusement, Natsu les met K.O., mais lui et Happy font tellement de bruit avec leurs pitrerie que je crains que d'autres personnes ne déboulent. Je cours alors en direction d'une pièce en empoignant les deux boulets qui me servent de camarades par le col. Coup de chance, c'est la pièce que nous cherchons.

« Quête secondaire partiellement validée. Vous gagnez 100 XP.»

La ligne des quatre servantes étaient barrées, mais pas celle de la servante en chef. J'imagine que nous allons la rencontrer à nouveau plus tard. Nous commençons à fouiller les rayonnages à la recherche du livre. Je me sens dans mon élément. Si je n'étais pas en plein milieu d'une mission, j'aurai déjà sélectionné plusieurs livre à lire tellement la collection est riche. Après un « Pose ce livre coquin, Happy», puis un « Oui, Natsu, c'est normal qu'il n'y ait pas d'image dans tous ces livres » et enfin « Pose ce livre ! Ce n'est parce qu'il brille, qu'il est important. », une notification apparaît : 

« Quête principale : Etape 1 validée.

Etape 2 : Sortir de livre de la demeure du comte. »

Attends ! Quoi ?! On a trouvé le livre ? Je regarde le livre dans mes mains et secoue la tête.

« Kemu… Zaleon… » Fait Happy en plissant les yeux.

Je me tourne vivement et extirpe le livre des mains de Natsu.

« On l'a trouvé ! je m'exclame. 

Très bien ! On le crame ! dit Natsu en souriant largement. Non mais ça ne va pas ! je m'écris. C'est le livre d'un romancier, qui était aussi magicien. Et alors ? demande Natsu, sur un ton las. C'est une œuvre inédite ! Il faut que je la lise. »

Evidemment je connaissais déjà le terrible secret de ce livre, mais si nous détruisons le livre maintenant, je n'achèverais pas l'étape deux de la quête principale et quelque chose me dit que je le regretterai. Tandis que je négociais avec Natsu, l'homme au regard lubrique et à la moustache bouclée fit son entrée par le sol encore une fois. Il devait vraiment avoir de l'argent à foison pour pourrir son plancher ainsi, mais j'imagine que c'est son problème. D'après ses premiers mots, il semblerait qu'on ne soit pas, du tout, passés inaperçus.

« Pourquoi vouloir de ce livre minable ? demande le comte.

Si vous ne l'aimez pas, je vous en débarrasse, je propose avec espoir. C'est à moi, alors je le garde. Evidemment… Natsu ? Oui ? Plan OFDT »

Il me sourit largement, mais il n'a pas le temps que faire un pas dans la direction du comte que deux hommes sortent des rayonnages. L'un est grand aux cheveux noirs crêpés et l'autre petit et rasé de près sur le sommet du crâne tatoué de telle sorte à ne laisser qu'une longue tresse dans le dos. 

« A vous les Vanish Brothers ! » 

Et là, c'est trop pour moi, j'éclate de rire en entendant le nom ridicule des hommes de main. Tous les hommes dans la pièce me regardent interloqués.

 Ça y est Lucy a perdu la tête », j'entends Happy gémir.

Je m'explique entre deux gloussements :

« Faites gaffe ! On va passer à la casserole ! »

Je désigne l'immense poêle dans le dos du plus petit des mercenaires avant de repartir dans mon fou rire.

« Je crois que tu as raison, Happy, répond Natsu en grimaçant.

Elle se moque de nous, grogne le plus petit. Hé ! Je le hèle, hilare. Pense à utiliser Vanish pour essuyer ta face ! Je vais te faire regretter tes paroles. »

A ce moment-là, Natsu se mit devant moi : « Si tu veux t'en prendre à mon amie, tu vas d'abord devoir te débarrasser de moi ! »

Je bugue deux seconde à ce que je viens d'entendre. Il vient de m'appeler son amie. Cela fait bien longtemps que quelqu'un ne m'avait pas considérer ainsi. Je ressens une chaleur au niveau de mon cœur pour la première fois depuis longtemps, chaleur qui doubla pour une tout autre raison peu de temps après lorsque mon camarade compléta sa pensée :

« Ce n'est pas parce qu'elle est cinglée que vous avez le droit de vous en prendre à elle. »

Je vais le tuer… Mais après, qu'il ait réglé son compte à ces deux-là…