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Traumatisme (2 semaines plus tôt)

Je sors de l'école. Je suis rassurée de voir les braves patrouiller. Celui que je viens de croisé est plutôt jeune. Je ne l'ai pas vraiment regardé. Je veux vite rentrer chez moi. Mon père est un sage. Nous avons été élevés dans l'humilité et l'altruisme, aussi je marche tête baissée. Ma mère m'a dit qu'un groupe de jeune dégradait nos écoles, parce qu'ils ne les aimaient pas. Elle espère même que JAMAIS, ils n'auront de don… Mais elle sait que c'est impossible.

Je n'ai pas pu prendre le bus aujourd'hui. J'ai besoin d'être seule à la bibliothèque pour lire. Faut dire que je suis plutôt solitaire. Une fois hors de l'enceinte de l'école, je passe devant le gymnase et m'engage sur le chemin de terre qui mène directement à la maison.

 

- Salut ma belle !

- Un jeune blond s'approche de moi.

 

- Tu es plutôt canon, tu sais ?

 

Je contourne son imposant gabarit et fais comme si je ne l'avais ni vu ni entendu. Je porte simplement une chemise blanche assez large pour ne pas qu'on me remarque et un pantalon noir.

 

- Hé, je t'ai parlé !

 

D'un coup je sens qu'on me verrouille les deux bras dans le dos et je suis presque soulevée. Le blond se met devant moi, il sent vraiment mauvais, comme s'il avait bu. Ses yeux, normalement bleus, sont brouillés par la froideur et la haine qui en émanent.

 

- Alors poupée, tu fais la coincée ? T'inquiète pas, je vais t'aider à te détendre.

 

Il s'approche de moi et m'arrache ma chemise. J'entends les boutons volés en éclat. Il pose ses mains sur ma poitrine, à ses yeux, je vois qu'il est heureux de m'effrayer. Comme si ma peur l'excitait, lui fait se sentir fort… le roi du monde !

 

- Lâchez-moi ! Au secours !

 

Je hurle, je me débats mais rien n'y fait. L'homme qui m'a soulevé, s'est plaqué contre un des murs du gymnase et je sens que rien ne le fera vaciller. Il ne fait pas nuit mais le soleil se couche. Je me retrouve dans un coin sombre et j'ai peur. Terriblement peur.

 

- La ferme, salope, t'aimes ça, j'en suis sûr ! Caresse-la un peu pour la détendre, mec !

 

L'homme derrière moi, s'exécute, il maintient une de ses mains sur ma bouche et je sens sa seconde main descendre vers ma poitrine. Je pleure, je secoue la tête pour me libérer de son emprise, mais rien ne fonctionne.

- Détends-toi poupée, on va juste t'aider à te décoincer un peu.

Lorsque j'ouvre les yeux, le blond est en caleçon, son pantalon en bas des chevilles. Je panique. C'est un cauchemar ! je ne veux pas qu'ils me touchent, je veux crier, partir mais je suis autant paralysée par le garçon de derrière que par la peur qui s'empare totalement de moi.

- Tu es un peu plus détendue poupée? Alors maintenant, tu vas te tenir tranquille pendant que mon pote et moi, on s'éclate un peu avec toi. Moi le premier parce que comme on dit : « On se souvient toujours de son premier mec. ».

Il me parle tout près. Son haleine empeste l'alcool. Il frôle ma bouche avec la sienne en me paralysant le visage grâce à ses doigts qui m'écrasent les joues. Il me fait mal ! Je ferme les yeux : « essayer de me concentrer sur les gestes d'auto-défenses que mon grand-père m'a enseignée ». Je me ferme, je ne veux plus l'entendre, je veux partir d'ici, très vite et très loin.

- Je ne veux pas... Dis l'homme derrière moi.

- LA FERME ! N'oublie pas… je sais tout !

J'ai enfin une réaction, un élan de courage et lui donne un grand coup de genou entre les jambes. Ça a marché. Il recule les mains positionnées à l'endroit de l'impact. Mais ma force n'égale pas la sienne. Je ne lui ai pas fait mal au point qu'il me laisse tranquille, ni au point de le mettre à terre. Il a à peine été déséquilibré même avec son pantalon en bas des jambes. Je ne sais pourtant pas quoi faire d'autres. Ils sont deux et plus fort que moi. L'homme derrière moi a sorti sa main de ma bouche… C'est m'a seule chance !

 

- À l'aide ! - j'hurle encore.

- La ferme ! râle le blond en me collant une grande gifle qui m'aurait envoyé à terre si l'autre derrière ne me tenait pas aussi serrée. Tiens lui la bouche qu'elle ferme sa gueule de salope !

 

L'homme derrière moi hésite, tandis que j'essaie toujours de me libérer de son emprise. Je vois à ses mains qu'il est métissé et à leur taille il semble moins imposant que son compagnon d'agression.

 

- On ne devrait pas...

- Tu veux que je te balance ? - menace le blond.

- Non ! - répond-il affolé.

- Alors fait ce que je te dis. Tu vas voir, on va bien s'amuser ! - annonce le blond dans un souffle lubrique.

 

Le métis verrouille à nouveau ma bouche de sa main. Je n'ai pas pu à nouveau hurler, trop sonnée par le coup que je viens de recevoir. Le blond lui, après s'être rhabillé, me met un coup de pied dans le genou. Le mal me donne envie de mourir mais l'homme derrière moi a sa main si pressée sur ma bouche que mes cris sont étouffés. Mon instinct me pousse à le mordre violemment, jusqu'au sang.

 

- Aïe ! - hurle l'homme.

Je sens le goût cuivré du sang chaud dans ma bouche. J'ai la nausée.

 

Il dégage sa main, m'attrape par dessous les épaules pour verrouiller mes bras dans le dos.

 

- Tu vas le payer ! - Dis le blond menaçant.

Et là il me donne et grand coup de poing dans le ventre. Je me plie de douleur ce qui lui permet de m'assigner un coup de genou dans la poitrine. Je crois que je vais mourir, je manque d'air, je n'arrive plus à respirer… Comment fait-on pour respirer ? Mon estomac est si noué que je sens de la bile remonter. Ma gorge est sèche, alors que je veux hurler à ces bêtes inhumaines d'arrêter de me toucher, de me faire souffrir, de me regarder, de rire... Je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter autant de haine de leur part. Je suis un être vivant ! Je ne veux pas les supplier de me lâcher. J'ai peur, je souffre, mais au grand jamais je les supplierais. Je veux juste m'enfuir loin, très loin de ces monstres. Dans un dernier élan, avec tout mon courage, je me débats dans tous les sens, je ne pense qu'à me défaire de ces griffes qui me serrent. Enfin l'emprise se relâche et j'essaie de m'enfuir sur le côté mais j'ai tellement mal que je tombe moins de trois pas plus loin. Le métis me touche encore, il me semble qu'il m'aide à me relever. Enfin m'aide !!!... Je ferme les yeux, sentir ses mains sur moi me donne envie de mourir. Mais la douleur est plus forte que m'a volonté. Alors que je suis en train de penser à mon père, ma mère, mon frère... Je sens que le jeune métis qui me tient me lâche. Je suis par terre, les yeux fermés sur ma douleur, en boule, j'ai mal partout. Sans que je ne comprenne pourquoi, alors que je m'attendais à recevoir coup sur coup, je ne sens plus rien. Peut-être que je suis morte ? Non ! J'entends des hurlements de douleur, pas les miens... mais de qui alors ?

Lorsque j'arrive à ouvrir les yeux, je constate que le brave que j'ai croisé un peu plus tôt est venu m'aider. Je dois m'évanouir parce que quand je reprends connaissance, je suis dans ses bras. Je gémis. J'ai affreusement mal. Le brave m'a enroulé dans sa veste afin de cacher mon soutien-gorge des regards, du sien et de tous les autres. Merci !

 

- Ça va aller, ne t'en fais pas. Je te ramène chez toi. - Me rassure-il.

 

Je suis encore sous le choc, pourtant, je ne peux m'empêcher de comparer l'odeur de l'homme qui me protège à celle de l'homme qui me tenait. Mes yeux sont trop lourds pour vérifier mais l'odeur est différente. Aucune trace d'alcool. Il sent la sueur, le propre et son odeur est très… masculine. Cette odeur bizarrement, me rassure. Je voudrais lui dire de ne pas me toucher, que je ne veux plus qu'on me touche. Je gémis, je voudrais marcher, m'éloigner de lui et même de moi. Je voudrais me laver parce qu'ils m'ont touchée...

- Calme-toi, OK ? Je te ramène simplement chez toi.

Sa voix est là. Je l'entends, elle résonne dans ma tête. Elle existe mais elle me paraît irréelle... Le fait qu'il soit là me calme... Je me sens en sécurité. Je me mets en boule contre lui. Sa poigne est ferme mais douce, sa respiration est saccadée. Il paraît essoufflé. Entre mon poids et sa lutte pour me sortir de cet enfer, il y a de quoi être époumoné.

Je me sens mal de pleurer dans les bras d'un inconnu. J'essaye de me redresser, veux lui dire que cela va aller, que je suis capable de marcher seule. Mais les douleurs sont trop vives et écrasent ma volonté. De plus je me sens en sécurité dans ses bras. J'ai le sentiment que plus rien ne peut m'arriver. Cela me déstabilise totalement d'avoir un sentiment de confiance sans connaître la personne qui le provoque ! Mais il m'a sauvé ! Il m'a sorti des griffes de ces bêtes. Il a couvert ma nudité… donc je peux forcément avoir confiance !

 

- Ne t'en fais pas, ça va aller, ne pleure plus. Tu es en sécurité. Je t'en prie, ne pleure plus. 

La voix de l'homme est encore lointaine mais je sens qu'il murmure à mon oreille. Je sens son souffle. Je me raidis, son visage est trop près du mien, aussi je cac

he mon le mien en l'enfouissant dans le cou de l'homme. Je veux m'arrêter de pleurer d'autant plus que mes spasmes me déchirent le ventre, mais c'est impossible. Lorsque je réussis enfin à me calmer je l'entends donner des coups avec son pied à une porte.

 

- Qu'est-ce que c'est ? Je reconnais la voix de mon père.

 

J'entends à sa voix qu'il est contrarié, peut-être la façon dont le brave a frappé. Il ouvre la porte, sans même attendre la réponse du brave.

 

- Kristen ?! - hurle-t-il puis. « Mélanie ! » sur le même ton.

 

La voix de mon père s'est métamorphosée. Elle est passée de contrariée à affolée.

 

- Elle va bien. Je peux la coucher où ? - Demande mon sauveur.

- Venez, je vais vous montrer. Mélanie ! - cri mon père de plus belle.

 

Je sens que le brave me pose. Je reconnais ma chambre. Je suis dans mon lit. Je geins. J'ai mal partout. Je n'arrive pas à ouvrir les yeux. Je suis exténuée. Je pense que c'est le contre coup après la montée d'adrénaline.

 

- Je vais l'examiner. - Annonce ma mère.

 

Je sens les mains expertes de ma mère me palper, m'effleurer avec professionnalisme mais je n'ai toujours pas la force d'ouvrir les yeux. Je suis trop meurtrie. Puis elle sort et je les entends parler.

- Que s'est-il passé ?

- Quand je suis arrivé, deux hommes étaient en train de la frapper, de la toucher... Je vous passe les détails monsieur, personne n'a besoin de le savoir. Les choses sont déjà assez...Vous pouvez utiliser votre don sur moi monsieur. Tout ce que vous y verrez ce sera de la colère envers ces hommes et un profond respect pour votre fille car elle se débattait avec tellement de volonté.

- Je... Je vois... Merci, merci infiniment d'avoir sauvé mon enfant.

- Je suis là pour ça, monsieur.

- Vous avez ma reconnaissance éternelle jeune homme.

Mon père sort mais je n'entends pas la porte de la chambre se fermer.

- Comment-va-t-elle ? … Hum... Pardon, cela ne me regarde pas. Reprend le brave en pensant être allé trop loin sans doute.

- Comment va-t-elle Mélanie ? - Questionne mon père.

- Elle a un bleu à la joue, une coupure sur la lèvre et un hématome assez conséquent au niveau des côtes. Différentes contusions à l'abdomen mais rien n'est cassé. Je pense qu'elle a une entorse au genou. Je suppose qu'elle s'en sort bien. Grâce à vous. Merci.

- C'est normal. Je voulais m'assurer de son état, avant de vous quitter... Excusez-moi de m'être attardé.

- C'est tout à votre honneur, jeune homme. Merci de nous avoir ramener notre fille intacte.

- Tenez votre veste. - Dit ma mère.

- Votre veste !? - Demande mon père, méfiant.

 

Mon père, suspicieux ? Une nouveauté.

- Oui, monsieur, je me suis permis d'envelopper votre fille dedans car les agresseurs lui ont arrachés sa chemise. Je ne voulais pas qu'elle soit exposée. Je vous assure que je n'ai eu aucun geste déplacé. Je ne me serais jamais autorisé à...

- Je vous crois, ne vous en fait pas, jeune homme. Merci de l'avoir couverte avec votre veste. Merci de l'avoir préservée. Merci pour tout. Pardon de ma méfiance, c'était déplacé.

- Si je puis me permettre, votre fille a beaucoup de courage car malgré les coups, elle a tout fait pour s'enfuir. L'un d'eux était mordu jusqu'au sang à la main.

- Juste ciel, ma fille. - Soupire mon père, angoissé.

- Au revoir, monsieur et madame Davis. 

Je veux me lever pour le remercier, pour voir son visage mais je n'arrive pas à bouger, mes côtes me font mal et mon genou aussi.

Le lendemain, dès mon réveil, je constate qu'une attelle soutien mon genou. Je passe difficilement de mon lit à mon miroir. Je regarde ma joue, ma lèvre. Je recommence à pleurer. J'essaie de parler, me dire que tout va bien aller, que je vais m'en sortir mais je n'y arrive pas.

 

- Où est passée ma voix ?

 

Je sors de la salle de bain en pleurant. J'arrive dans la cuisine – en boitant – où mon père se trouve. M'efforçant à le regarder pour qu'il comprenne.

 

- Mon enfant ?

 

J'ouvre la bouche mais aucun son n'en sort, je ne comprends pas pourquoi je ne peux pas parler. Je revois le métis enserrant ma gorge, sa main sur ma bouche. Je ferme les yeux pour chasser cette image de mon esprit... En vain. J'essaie encore une fois de dire que tout va bien se passer, impossible ! Alors j'essaie de faire comprendre à mon père que je n'y arrive pas... Que je n'arrive plus à rien. Je vois mon père désemparé et anéanti par cette situation. Je prends peu à peu conscience de mon problème. Je ne peux pas parler. Pas à cause des blessures physiques, mais des blessures psychologiques que ces monstres m'ont infligé. Je sens des larmes couler de mes joues.

 

- Kristy ?

 

Je me remets à pleurer. La tête dans mes mains. Je n'entends pas mon père s'approcher de moi, ni même essayer de me calmer. Je regarde mon père, ses yeux d'habitude si joyeux n'expriment plus que de l'angoisse. Là je commence à paniquer car si mon père panique c'est que le problème doit être sérieux.

 

- Mélanie ! - crie mon père – Vite, on a un problème...

Je suis de plus en plus effrayé. Mon père est beaucoup trop inquiet. Je le vois, je le sens. Qu'est-ce que j'ai à la faim ? Ma mère est dans le salon en train de lire je suppose. Elle arrive affolée par l'appel angoissé de mon père. La voix de mon père est toujours si posée, si rassurante pour tous. Voir mes parents anxieux ne fait qu'augmenter ma détresse.

- Qu'est-ce qu'il y a ? - Demande ma mère.

 

Je relève la tête d'entre mes mains et là, je vois mon père, des larmes plein les yeux. Ma mère le rejoint et pose sa main sur le bras de celui-ci.

 

- Elle ne parle plus. Dit-il dans un souffle.

 

Ma mère s'approche de moi. Elle tend le bras vers moi. J'ai un mouvement de recul. Je ne veux pas qu'elle me touche, j'ai trop mal. Je me souviens aussi hier, quand le métis m'a aidé à me relever... Ce n'était pas vraiment pour m'aider... Bon là, il s'agit de ma mère quand même... Je ne sais plus, je suis trop perdue, trop mâchée et trop fatiguée pour avoir une pensée cohérente.

- Tu veux bien me dire quelque chose Kristen ? Même un « oui » serait suffisant, je voudrais voir si c'est la douleur qui t'empêche de nous parler ou... autre chose.

Moi je le sais, je n'ai pas mal à la gorge. Mon mutisme n'a rien à voir avec la douleur physique mais elle est bien due à autre chose. Je secoue la tête pour lui signifier que je n'arrive pas à parler, je ne suis même pas sûre d'en avoir vraiment envie.

 

- Viens Kristen. Je ne vais pas te faire de mal. Nous allons juste aller dans ta chambre... Rien que toi et moi.

Je suis ma mère, toujours muette et je sens mes larmes couler sur mes joues sans pouvoir les contrôler. Elle m'examine. Je suis morte de peur à l'idée d'avoir mal. Pourtant ma mère me prévient à chaque fois avant de me toucher.

 

- Kristen, je vais poser ma main sur tes côtes… appuyer pour voir si tu as mal.

 

Hochant la tête, j'accepte qu'elle me touche mais me raidis à chaque imposition de ses mains.

 

- Rien n'est cassé. Tout va très bien-me dit-elle avec un sourire plein d'amour. Je vais à présent toucher ton visage, la joue puis la lèvre. Je veux voir si ta pommette a dégonflé et te mettre une pommade pour qu'elle te fasse moins mal. Ensuite je vais regarder si la coupure sur ta lèvre ne s'infecte pas. OK ?

Un nouveau hochement de tête, pour lui signaler que je suis prête. Mais elle avance si vite sa main vers mon visage que la peur de la douleur me fait réagir sans que je ne puisse rien contrôler. Je recule et me recroqueville au coin de mon lit, à l'opposé de ma mère.

 

- Excuse-moi ma chérie, je ne voulais pas te faire peur.

 

Ma mère me tend une pommade.

 

- Mets t'en sur la pommette ma chérie pour qu'elle désenfle.

 

Je m'exécute. En plus de faire dégonfler ma pommette, cette crème atténue l'hématome et anesthésie un peu la douleur. Je ferme les yeux. Que m'arrive-t-il ? Pourquoi ai-je si peur que ma mère me touche, me fasse mal ? Elle est connaisseuse, elle sait ce qu'elle fait, non ? Je n'arrive pas à croire que je perds le contrôle, de mon corps, n'arrivant pas à le bouger à ma guise mais aussi de mon esprit, ne sachant plus contrôler mes réactions... Je suis si fatiguée... Ma tête me fait mal, j'ai envie de dormir mais je ne veux pas fermer les yeux et risquer de revoir ces hommes...

 

- Je vais m'approcher de toi Kristen pour regarder ta lèvre. Je suis arrivée trop vite tout à l'heure. Là, tu vas prendre ma main et tu vas la guider toi-même vers ta lèvre.

 

J'acquiesce et prend la main de ma mère en la dirigeant vers ma lèvre. J'ai peur et je n'arrive pas à lui lâcher la main. Lorsque je constate que ses doigts ne me font pas mal et même… je sens leur chaleur, ils me rassurent, cela me soulage… je relâche enfin sa main et le souffle que j'ignorais retenir.

 

- C'est bien ma chérie.

 

Je vois aux yeux noirs carbonado de ma mère qu'elle utilise son don pour m'ausculter. Lorsque nous utilisons nos dons, nos yeux redeviennent diamants. Ceux de ma mère me fascinent beaucoup moins que ceux de mon père. Il n'utilise jamais son don de clairvoyance sur nous. Il ne veut pas nous déchiffrer. Il préfère que nous lui parlions en toute honnêteté et c'est très bien comme cela. Aussi, il n'y a que dans de très rare occasion que nous avons pu voir ses yeux devenir citrine.

 

- Ma chérie, je vais maintenant te prendre la main pour parler avec toi.

Maman qu'est-ce que j'ai ?

J'ouvre la bouche emais aucun son ne sort. Je suppose que ma mère lit ma panique dans mes yeux.