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L'hospitalité de Thrór

Debout sur les escaliers, une silhouette cachée par les ténèbres de la nuit, mais néanmoins vaguement humaine, les attendait. Noctis frissonna.

« Pourquoi faut-il que ce soit horrifique ? »

C'est Artémis qui s'avança en première, pointant le poing vers l'inconnu. Noctis savait qu'elle se tenait prête à invoquer une arme, sûrement son jian.

- « Qui êtes-vous ? »

Aux mots de la jeune femme, la silhouette bougea enfin, et dans sa main s'allumait magiquement une lanterne, celle-ci brillante d'une lumière pâle tandis qu'une joyeuse flamme solitaire y brûlait avec une fervente ardeur.

Alors, enfin, ils purent voir la personne : c'était un jeune homme, qui avait l'air d'avoir environ la vingtaine. Sa peau était aussi pâle que celle de Noctis, ses yeux et ses cheveux étaient noirs comme la nuit tandis que sa chevelure était soyeuse et bien coiffée. Il portait un complet noir, à l'image d'un majordome, mais surtout, il était charmant, avec une peau lisse, un visage sans imperfection et un sourire poli extrêmement réaliste.

- « Vous m'avez l'air d'avoir eu un voyage compliqué, monsieur, madame. Mon père, le maître de cette humble demeure, à vu votre arrivée, j'ai donc décidé de vous accueillir de moi-même. Soyez sans crainte, vous ne risquez rien ici, car vous êtes désormais sous notre protection, je me nomme Soran Dolosus Sanctuaria. »

Pour illustrer ses propos, il s'inclina légèrement, une main dans le dos et une autre sur sa poitrine tandis que la lanterne qu'il tenait flottait dans les airs. Sa voie était séduisante, comme celle d'un meneur de foule, ou d'un menteur sournois.

- « Très bien, heu...Soran... Je suppose qu'on peut te suivre. » Dis Noctis, en jetant un coup d'œil inquiet à Artémis, qui restait de marbre. C'était de toute manière la seule issue : c'était ça ou la jungle infernal dont ils venaient tout juste de sortir.

Soran releva la tête, un sourire éclatant présent sur son visage, le rendant encore plus charmant.

- « Très bien ! Alors suivez moi. Seulement, ne regardez pas les tableaux dans les yeux, c'est tout ce que je vous demanderai. Ils pourraient vous regarder en retour. »

Son ton enjoué n'allait pas du tout avec sa demande sinistre, le contraste les rendus tout deux mal à l'aise. Cependant, ils ne firent aucune remarque et suivirent Soran à travers les couloirs.

Noctis et Artémis avancèrent prudemment derrière Soran, leurs pas résonnant sur le marbre froid. Les murs de la demeure étaient ornés de tapisseries sombres, représentant des scènes de batailles épiques et des créatures mystérieuses.

- « Ne regarde pas les tableaux dans les yeux", murmura Artémis à Noctis, son regard scrutant les œuvres avec méfiance. « Mais pourquoi ne doit-on pas les regarder, à ton avis ? »

- « Peut-être qu'ils sont enchantés », suggère Noctis, détournant le regard. « Ou qu'il essaie juste de nous intimider. »

Soran les observa, un sourire énigmatique sur les lèvres. « Vous semblez troublés. C'est normal, cette maison a un effet particulier sur ceux qui y entrent. »

Ils continuèrent d'avancer, passant devant de nombreuses pièces, chacune plut mystérieuse que la précédente. Des chandeliers en argent, des tapisseries poussiéreuses et des meubles anciens faisaient écho à des époques révolues. L'air était chargé d'une odeur de vieux livres et de cire fondue, presque rassurante au milieu de l'angoisse ambiante.

Finalement, Soran s'arrêta devant une porte massive, ornée de motifs délicats. « Voici le salon. Mon père vous attend. »

Il poussa la porte, révélant une pièce chaleureuse, éclairée par des flammes dans une grande cheminée. Le contraste avec le couloir sombre était saisissant. Des fauteuils en cuir usé entouraient une table longue et rectangulaire, ornée d'une belle nappe blanche et sur laquelle était exposé d'innombrables plats aux odeurs alléchantes.

Sur la table, étaient posés quatre couverts d'argenterie, et à l'extrémité, assis sur un fauteuil plus haut et moins miteux que les autres, était assis un homme d'âge mûr. Il avait une barbe grise bien taillée, et était vêtu d'une cape de laine et de coton rouge. Il était également vêtu, à l'image du roi Throne, d'une tunique à l'aspect royal et riche, dans son cas de couleur rouge pâle avec des ornements couleur or.

L'homme ne dégageait rien, mais Noctis était sûr qu'il était au moins un Maître, si ce n'était plus. Sinon, le château serait tombé aux mains des monstres de la forêt depuis longtemps. Il sourit chaleureusement, en les invitants à s'asseoir d'un geste amical.

- « Bien ! Vous voilà, Artémis et Noctis, c'est ça ? Ho, ne regardez pas comme ça, je ne connais vos noms que grâce à l'aspect de l'une de mes servantes. C'est également grâce à elle que j'ai pu prévoir votre arrivée, alors bienvenue ! Les questions peuvent attendre le repas, n'est-ce pas ? Vous devez mourir de faim. »

Toujours méfiants, ils se dirigèrent vers la table. Noctis et Artémis s'assirent à la droite de l'homme, et Soran à sa gauche.

- « Bon ! Vous connaissez déjà mon fils, n'est-ce pas ? Moi, je me nomme Thrór Clavem Sanctuaria, appelez moi Thrór. Mangez, ça n'est pas empoisonné. »

Pour illustrer ses propos, Thrór prit à pleine main un gros morceau de viande saignant et en arracha un morceau avec ses dents pointus et tranchantes ; il fut vite imité par son fils, qui adopta cependant des manières plus raffinées.

Artémis ne se gêna pas pour dévorer tout ce qu'elle trouvait à l'image de Thrór, soit sans aucune manière. Noctis se rendit compte qu'il était affamé... Après tout, ils n'avaient rien mangé depuis ce matin, et la journée avait été agitée.

Il prit timidement l'argenterie et commença lui aussi à savourer la nourriture offerte par son hôte. À sa grande surprise, tout était délicieux, bien meilleur même que ce qu'ils servaient à l'Académie. Cependant, il était bien plus préoccupé par leurs situations que part son appétit.

Le garçon mâchait lentement, observant Thrór et Soran avec méfiance. L'atmosphère autour de la table, bien que chaleureuse, était empreinte d'une tension palpable. Il se força à croquer dans un morceau de pain croustillant, tentant de garder ses pensées loin des inquiétudes qui le rongeaient.

Artémis, visiblement plus à l'aise, semblait se plonger dans le festin. Elle échangeait des plaisanteries avec Soran, sa méfiance initiale s'évanouissant peu à peu. Noctis ne pouvait s'empêcher de se demander si cette attitude désinvolte était de la bravoure ou de la naïveté.

« Alors, vous êtes des aventuriers, n'est-ce pas ? » demanda Thrór, sa voix grave résonnant dans la pièce. « Vous devez avoir de nombreuses histoires à raconter. » Il y avait dans cette voix une curiosité malsaine et glaçante qu'il n'était pas parvenu à entièrement dissimuler.

- « Mais assez parlé d'histoires », intervint Soran d'un ton jovial, relançant l'atmosphère. « Après un bon repas, il est d'usage de se reposer. Vous pouvez explorer la maison demain. Pour l'heure, détendez-vous. »

Malgré l'inquiétude, Noctis sentit la fatigue l'envahir. Il échangea un dernier regard avec Artémis, qui semblait également lassée. « Merci pour votre accueil », dit-il poliment.

Thrór sourit à nouveau. « Vous êtes ici sous ma protection. Faites-en bon usage. »

Soran les conduisit ensuite à leurs chambres, des couloirs labyrinthiques les menant à des portes ornées de motifs délicats. En passant devant une fenêtre, Noctis jeta un coup d'œil à l'extérieur : la jungle, maintenant enveloppée de ténèbres, semblait plus menaçante que jamais.

Il ferma la porte de sa chambre avec un soupir. Artémis s'installa sur le lit, ses pensées visiblement en ébullition.

- « Penses-tu qu'on peut vraiment leur faire confiance ? » demanda-t-elle, le regard fixé sur le plafond.

- « Je ne sais pas. Mais je suis sûr d'une chose : nous devons rester sur nos gardes. »

Alors qu'ils s'apprêtaient à s'endormir, un bruit étrange résonna dans le couloir. Noctis et Artémis échangèrent un regard inquiet, les tensions de la journée se ravivant. Ce qu'ils avaient pris pour un refuge pourrait bien se transformer en piège.