Chapitre 11

Le père d'Angélica commençait à agir de plus en plus étrangement après lui avoir dit de ne plus jamais rencontrer le roi. Il empêchait également son frère d'aller à ses cours au château et leur disait de ne jamais quitter la maison. Pendant ce temps, il rentrait chez lui tard chaque nuit, ivre.

Il hurlait quelques mots que personne ne pouvait comprendre, puis il s'évanouissait. Angélica s'inquiétait pour son père et lui avait demandé à plusieurs reprises ce qui lui était arrivé, mais il semblait toujours trop effrayé pour lui dire. Après cette nuit où il était rentré ivre pour la première fois, quoi qu'il ait vu le hantait. Mais pourquoi ne pouvait-il pas leur dire ce qu'il avait vu?

Thomas, qui sortait contrairement à elle et Guillaume, lui racontait ce qui se passait à l'extérieur des murs de leur maison. D'autres jeunes femmes avaient été retrouvées mortes et personne ne savait ce qui ou qui les tuait. Les gens de la ville croyaient que c'était le seigneur Rayven. Pourquoi elle n'en était pas sûre?

"Pensez-vous que le seigneur Rayven est le meurtrier?" demanda Angélica à son frère pendant qu'ils déjeunaient.

"Non", dit-il. "Les gens ne croient pas vraiment qu'il est le tueur. Ils pensent juste qu'il est la cause de leur mort."

"Comment?"

"Tu sais que Rayven est son prénom et non son nom de famille?"

Angélica secoua la tête. Elle ne savait pas ça.

"Il n'a pas de nom de famille. Ils disent que sa famille l'a renié parce qu'il était un mauvais présage. C'est pourquoi il a reçu le nom de Rayven."

Les ravens étaient un symbole de malchance. Comme c'était triste pour sa famille de croire qu'il était de mauvais augure et même de lui donner un tel nom. Elle se demandait si sa famille était la raison pour laquelle il haïssait les gens.

"Angélica, s'il te plaît, fais quelque chose. J'étouffe ici", dit Guillaume.

Angélica étouffait aussi, mais elle ne savait pas quoi faire. Elle ne pouvait pas défier les ordres de son père et sortir seule n'était pas sûr non plus. La seule fois où elle pouvait désobéir aux ordres de son père serait si le roi demandait à la voir, mais une semaine s'était écoulée et elle n'avait pas eu de ses nouvelles. Elle ne pouvait pas croire qu'elle espérait réellement l'entendre.

"Père se calmera finalement." Elle assura son frère.

Guillaume secoua la tête. "Il est terrifié. Il ne changera pas d'avis."

"De quoi a-t-il peur?" elle demanda.

"De quoi les humains ont-ils peur?" demanda son frère à son tour. "De l'inconnu. Tout ce qu'ils ne comprennent pas les effraie. Cela devient une menace."

Une menace?

Angélica craignait que son père ne fasse quelque chose de stupide pour éliminer ce qu'il pensait être une menace. Il avait dit qu'il ferait quelque chose. Elle avait l'impression qu'il se mettrait en danger. Elle devait lui parler avant cela.

"Je vais parler à père", dit-elle en se levant.

Guillaume ne dit rien quand elle partit.

Sur le chemin de la chambre de son père, elle entendit sa voix et une autre voix familière venant de leur jardin. Elle alla voir à qui son père parlait, mais en s'approchant, elle reconnut la voix. Elle appartenait à Sir Shaw. Que faisait-il ici?

Angélica n'aimait pas cet homme. Il ne connaissait pas le sens du mot "non". Espérons qu'il n'était pas ici pour la convaincre de l'épouser à nouveau.

Avant qu'elle puisse faire demi-tour et repartir en douce, son père la vit. "Angélica, viens ici", ordonna-t-il, puis se retourna vers Sir Shaw avec un sourire. "Elle est là."

Angélica serra la mâchoire alors qu'elle sortait et se dirigeait vers leur table.

"Sir Shaw est venu pour te voir", dit son père, l'air content comme s'il apportait de bonnes nouvelles.

Angelica força un léger sourire en se tournant vers lui, "bonsoir, Monsieur."

"Bonsoir, Dame Davis", il sourit, la détaillant du regard.

"Assieds-toi !" ordonna son père et Angélica obtempéra. "Je vous laisse deux seul pour discuter", dit-il ensuite en se levant de son siège.

Angélica serra les mains sous la table. Elle était très mal à l'aise avec Sir Shaw. Elle préférerait être avec le roi.

Sir Shaw était un chevalier respecté. Il avait la mi-vingtaine et était assez beau. Ses cheveux bouclés dorés tombaient justement en dessous du lobe de l'oreille et ses yeux ronds étaient brillants et bruns. Son visage était fin mais sculpté et son corps celui d'un combattant. Si ce n'était pour son caractère terrible, elle aurait peut-être apprécié sa compagnie.

"Tu n'as pas l'air heureuse de me voir", dit Sir Shaw une fois son père parti.

"Sir Shaw, je vous ai déjà dit…"

"Je sais", il la coupa, se penchant sur la table. "Mais tu sais que je n'abandonnerai pas. Ne veux-tu pas quelqu'un qui se bat pour toi comme je le fais? Je ne m'arrêterai pas tant que tu ne deviendras pas mienne."

Angélica fronça les sourcils. Il devenait plus déterminé chaque jour et c'était à la fois inquiétant et perturbant.

"Vous essaierez pour toujours, Sir Shaw. Ma décision ne changera pas."

"Alors je suppose que tu deviendras mienne, malgré ta décision. Ton père est déjà d'accord", il sourit en coin.

Il devenait également plus audacieux; elle le réalisait.

Angélica se leva précipitamment de sa chaise avant de le regarder en bas. "Je ne serai jamais à vous, Sir Shaw." elle dit avec certitude.

Cela ne semblait l'amuser que davantage. Angélica supposa qu'il aimait d'une certaine manière la poursuite. Cela l'excitait et la répugnait. Sans attendre de réponse, elle se retourna et alla dans sa chambre, verrouillant la porte derrière elle. Que cherchait son père à faire? Allait-il maintenant la forcer à épouser Sir Shaw? Et pourquoi avait-il soudainement changé d'avis à propos du roi?

Angélica préférerait épouser le roi que Sir Shaw. Le roi lui faisait peur, mais Sir Shaw la dégoûtait.

Se sentant mal à l'aise, Angélica allait et venait dans sa chambre. Que manigançait son père? Comment pourrait-elle sortir de ce pétrin? Sir Shaw n'était pas du genre à changer d'avis ou à se laisser effrayer, et maintenant que son père lui avait donné raison, elle était condamnée.

"Angélica!"

Oh non! Maintenant, il allait la gronder pour son mauvais comportement.

Il frappa fort. "Ouvre la porte!"

Angélica ouvrit la porte juste pour être accueillie par le visage rouge vif de son père. Il bouillait de colère.

"J'en ai assez de toi. Je t'ai assez gâtée, mais maintenant tu vas faire ce que je dis. Tu vas épouser Sir Shaw." Il dit avec fermeté.

"Père, je ne veux pas."

"Et je m'en moque. Tu feras ce que je dis." Il dit entre des dents serrées.

"Et si je ne le fais pas?"

Ses narines se dilatèrent et ses yeux s'agrandirent pour l'intimider.

"Si tu veux rester dans ma maison et avec ton frère, tu feras ce que je dis."