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Un palais venimeux (2)

<Akalin>

Après des heures d'entraînement sous les regards inquisiteurs de mes frères et sœurs, je décidai de m'offrir un repos bien mérité.

Épuisé, mon corps se raidissait sous l'intensité de mes efforts.

Je me dirigeai alors vers un coin isolé de la cour, où un majestueux chêne surplombait un parterre d'herbe. M'allongeant sur cette couche naturelle, je fermai les yeux et laissai mon esprit divaguer, m'évadant ainsi du palais et de ses intrigues politiques.

Dans cet état de profonde quiétude, mon corps se laissait aller à la tranquillité offerte par la nature environnante. Les effluves florales chatouillaient délicatement mon odorat, m'enveloppant d'un parfum envoûtant.

Les branches dansantes murmuraient avec légèreté, portées par une brise douce, créant une mélodie apaisante qui remplissait mes oreilles. Les doux brins d'herbe caressaient tendrement ma peau, éveillant des sensations à la fois rafraîchissantes et familières.

Mon esprit, libéré des soucis et des contraintes, se laissait emporter par les paysages imaginaires qui prenaient forme devant moi. Dans cet état de semi-conscience, les frontières entre rêve et réalité se brouillaient, offrant un répit bienvenu à mon être épuisé.

Le temps s'écoulait avec douceur, rythmé par les battements réguliers de mon cœur et les souffles apaisés qui s'échappaient de mes lèvres entrouvertes. Plongé dans un sommeil réparateur, je me laissais bercer par les murmures de la nature, savourant chaque instant d'évasion offert par cet interlude paisible.

Ainsi, entre les limbes du sommeil et de la réalité, je me ressourçais, me préparant à affronter les défis qui m'attendaient une fois réveillé. Le monde extérieur, avec ses intrigues et ses attentes, restait momentanément à l'écart, alors que je trouvais un refuge éphémère dans les bras bienveillants de la nature.

***

<MoroÏ>

Cela faisait déjà une bonne demi-heure que le jeune maître s'était endormi dans la cour royale. Il avait l'habitude, peu avant le dîner, de prendre de courtes siestes sous le chêne majestueux.

Cependant, cette décision n'était pas sage, car bien qu'il récupérait de ses longues journées épuisantes, il s'exposait aux jugements des nombreux nobles résidant dans le château.

Le repos de son corps n'était pas la seule raison pour laquelle le jeune prince passait ses fins d'après-midi sous le chêne. Il détestait la pression exercée par sa famille et les serviteurs du roi, et se sentait véritablement libre lorsqu'il était à l'extérieur. Mais au prix de sa santé mentale, il offrait un spectacle déplorable aux résidents du palais.

Voir un futur roi se battre désespérément contre son destin et dormir dehors comme un vulgaire manant n'était pas très valorisant. Malgré une certaine gêne vis-à-vis de cette situation, je ne pouvais pas y faire grand-chose. Mes cours de soutien avaient peu d'impact, car le prince était excellent en théorie mais incapable en pratique. Quelle que soit mon aide, ses résultats restaient inchangés.

Les deux heures qui séparaient la fin des cours et le début du dîner royal étaient généralement consacrées aux échanges entre les maîtres et leurs serviteurs. Chaque noble avait son propre serviteur, sélectionné selon plusieurs critères tels que la connaissance de la magie, l'attitude professionnelle, la loyauté et la puissance...

En tant que noble employé au palais, mes compétences en magie étant limitées, je me contentais généralement d'enseigner des cours théoriques. Pour des raisons inconnues, le roi n'avait pas jugé nécessaire de trouver un nouvel enseignant pour son fils alors que je n'avais que peu d'intérêt pour son développement. Peut-être avait-il estimé qu'Akalin ne serait jamais en mesure d'éveiller son potentiel magique, rendant ainsi la pratique futile.

Cependant, il aurait peut-être été intéressant de lui offrir des cours d'arts martiaux, un domaine dans lequel il semble exceller. Bien qu'il ne puisse jamais rivaliser avec un magicien de rang intermédiaire, il pourrait au moins se mesurer à des débutants...

"Crriiiik"

J'entendis un faible grincement de porte derrière moi.

"Clac"

Je me retournai pour voir ce qui se passait, mais la porte se referma aussitôt.

Les visites étaient rares pour moi. En général, on me sollicitait pour des conseils, car j'étais connu au palais comme étant un érudit.

Curieux, je m'approchai de la porte, posai ma main sur la poignée et l'ouvris juste assez pour passer ma tête dans le couloir.

Je tournai la tête vers la gauche.

Personne.

Puis vers la droite.

Rien.

Pensant qu'il s'agissait probablement d'une hallucination, je refermai la porte.

"Étrange", pensai-je à voix haute.

Quoi qu'il en soit, je devais maintenant me préparer pour le dîner. J'ouvris un grand placard où se trouvaient toutes sortes de pantalons bouffants, de chemises à col haut, ainsi que des vestes et des capes en laine et en cuir.

Je portais une grande importance à mon apparence, car c'était la première chose que l'on remarquait chez quelqu'un. Être présentable était la moindre des choses lorsque l'on avait le privilège de côtoyer la famille royale.

"Ffffwoooosh"

Encore un bruit étrange.

Je me retournai précipitamment. Le vent s'engouffrait dans la chambre, et la petite fenêtre par laquelle j'observais le jeune prince s'était ouverte, claquant contre les murs de la pièce. Le vent naturel ne devrait pas être suffisamment fort pour ouvrir la fenêtre. Cela ressemblait davantage à de la magie.

"Y a-t-il quelqu'un ?" demandai-je.

Pas de réponse.

Prudemment, je m'approchai.

"Oh ?"

Une lettre était posée sur le rebord de la fenêtre.

Anxieux, je la saisis pour en lire le contenu.

La calligraphie experte était impeccable.

Je plissai légèrement les yeux pour pouvoir lire correctement.

"Cher Moroi... J'espère que vous allez bien."

Un soupir de soulagement m'échappa en lisant ces premiers mots.

C'était une bonne lettre.

Sentant les palpitations de mon cœur se calmer, je continuai à lire.

Cependant, plus je lisais, plus le soulagement laissait place à une horrible impression.

Non, c'était une terrible lettre.

Pétrifié, je lus les derniers mots, ma main tremblant légèrement.

"Je compte sur vous."

À côté de la lettre, sur le rebord de la fenêtre, se trouvait un petit flacon.

***

<Akalin>

Je venais de finir ma sieste.

Je n'avais pas envie de me lever. Je n'avais pas envie de montrer mon visage à un palais qui me vouait une haine sans limites. Je n'avais pas envie de faire tomber le masque, et de montrer à tout le monde à quel point tout cela me tracassait.

Mais je savais que si je montrais une once de faiblesse , les hyènes ne tarderaient pas à s'acharner sur mes vulnérabilités. Chaque élément aussi infime soit-il pouvait servir de prétexte pour s'attaquer à moi. Je restais le prince.

"Jeune maître ! "

Oh, mon serviteur était sorti de ses appartements

"Jeune maître ?"

Je feignais d'être en train de dormir.

D'un œil légèrement ouvert, je regardais Moroï se diriger vers mon corps manifestement inanimé.

Il avait l'air moins calme qu'à son habitude. Ses yeux étaient froncés et sa mine, inquiète. Ce n'était pourtant pas la première fois que je faisais la sieste ainsi.

Moroï poussa un soupir puis s'agenouilla afin de pouvoir me réveiller doucement

"Prince Akalin, réveillez vous" murmura t-il en agiteant mon bras

Je savais que le dîner de famille approchait, et que s'y absenter ferait de moi une cible vulnerable. Je n'avais pas vraiment le choix

"Akalin !" dit Moroï, agacé

J'ouvrais lentement les yeux. Il était rare de voir Moroï hausser le ton ainsi, et ce qui semblait bénin pour d'autre me rendait perplexe.

Mais je comprenais rapidement la source de sa frustration.

En relevant mon buste, je vis, assis dans la terre comme un pleutre, une personne importante me fixer d'un air méprisant.

"Akalin, votre frère est revenu !"

Une lueur d'admiration brillait dans les yeux du serviteur. C'était une lueur que je ne connaissais que trop bien.

Après tout, il n'y avait de personne plus adulée dans tout le palais. chacun voulait donner une bonne impression à cet homme respecté.

Il s'agissait de mon grand frère adoptif, Kadavel.

"Il faut vous lever jeune maître, ce n'est pas tous les jours que votre frère vient vous rendre visite"

"Hmm" Je poussais un râle puis me résignait à me lever.

Mon frère se tenait devant la porte qui menait vers les quartiers royaux.

Il était déjà 19 heures, l'heure de dîner, mais ce dernier semblait vouloir m'attendre.

Me débarrassant des quelques feuilles qui salissaient mon pantalon, je prenais mon courage à deux mains et décidait de l'approcher.

Trop intimidé pour me rejoindre , MoroÏ observa notre réunion de loin

Kadavel était de marbre. Il me fixait intensément.

Sachant qu'il ne briserait jamais la glace , je prennais une longue bouffé d'air puis je me lançais : "Kadavel. Ça faisait long-".

*paf*

Une sensation brûlante sur la joue. Une vue qui vacille sur la droite. Tout cela s'était passé en un éclair : D'un revers de la main, mon grand frère venait de m'administrer une puissante baffe.

Il n'avait pas lésiné sur la rouste. Comme pour confirmer la violence du coup, une trace de sang vint peu après parsemer ma joue d'hémoglobine.

Je tâtais ma joue, confus et je tournais du visage.

Kadavel se tenait toujours là, la mine indifférente. Une expression que je ne connaissais que trop bien. Mais ce que je lisais véritablement dans ses yeux, c'était un profond mépris.

Prennant légèrement mes distances et tentant de garder mon calme , je faisais une deuxième tentative :

"Quel accueil"

Je m'étais maintenant suffisament écarté pour anticiper les gestes de mon frère.

Jugeant que j'étais maintenant hors de danger , je continuais avec prudence

"Ta bonté m'avait manqué, cher frère. "

En disant ces mots , je lui rendais son regard plein de médisance

Kadavel ne répondit pas à mes provocations, ne trouvant visiblement aucun intérêt dans les joutes verbales.

Il se contenta de hausser un sourcil, comme si je n'avais aucune raison d'être en colère contre lui.

"Messire !", des bruits de pas agités se firent entendre

Ayant assisté à l'échange tendu , Moroï nous rejoint aussi vite qu'il put avec ses jambes âgées.

"Messire Kadavel, quelle joie de vous voir de retour au château" dit-il, à bout de souffle

"hmph."

Kadavel hocha la tête en guise politesse

"Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je suis là pour vous aider"

Moroï manifesta un entrain qu'il ne montrait qu'à de rares invités, et il ignora complètement l'affront que venait de m'infliger mon grand frère

J'étais frustré qu'il accorde un tel traitement à l'individu qui venait de frapper son maitre, mais je savais à quel point il l'admirait.

"Bien."

Kadavel n'était pas du genre bien bavard. Ainsi , Il montra subtilement à Moroi qu'il n'avait pas besoin de son aide

"Si ce n'est pas indiscret, pourrais-je savoir ce qui vous tracasse ? Vous n'avez pas vu votre frère d depuis si longtemps , ce serait dommage que vous..."

Kadavel leva la main en guise de protestation, puis il se tourna lentement vers son interlocuteur. Sa posture toujours cordiale et militaire lui donnait un air menaçant.

"Laissez-nous." dit-il , d'un ton sec et autoritaire.

Moroi n'eut pas le temps de finir sa phrase, coupé par le guerrier inébranlable.

"Mais..." Balbutia t'il

Kadavel le fixa d'un regard que seul un vétéran des champs de bataille était capable de reproduire.

"Je... mes excuses, je vais vous laisser résoudre ça tous les deux"

Ne voulant pas énerver l'admirable mais néanmoins effrayant Kadavel , Moroi tira sa révérence et s'en alla dîner avec les autres.

Kadavel attendit patiemment que mon serviteur ouvre les portes menant à la salle de diner.

Une fois qu'il entendit le clac des gonds, il se résigna enfin à briser le silence et à m'adresser la parole.

"Akalin"

Mon frère semblait me scruter de haut en bas. C'est comme s'il s'adressait à une potentielle recrue pour l'armée. Son visage ne traduisait que le jugement, comme si aucune empathie ne venait altérer l'opinion qu'il portait sur moi.

"J'ai assisté à ton entrainement"

Il semblait que même après 3 ans, le combat était bien la seule chose à laquelle Kadavel semblait s'intéresser.

"Tes progrès ne sont pas très édifiants. Tu n'as pas encore l'étauffe d'un roi."

Il s'exprimait de façon solennelle, comme s'il était le juge de ma destinée.

Soudainement , il creusa l'écart d'un bond fulgurant , et ponctua son attaque d'un puissant revers gauche.

Surpris , je parrais le coup avec mon bras droit , ne réduisant malgrès tout pas le puissant impact de sa rouste.

"Quand vas-tu enfin te comporter comme un roi ?"

Kadavel leva lentement son bras , et positionna son pouce contre son majeur

*clac*

D'un bref claquement de doigt, une rafale vint se déferler sur mes talons , et deux secondes plus tard , je me retrouvais cul à terre.

"Ouch" L'attaque magique surprise m'avait pris au dépourvu. Je m'étais fait mal au coccyx en tombant si rapidement sur mon postérieur.

"Je pensais qu'on se battait sans magie"

J'avais l'habitude de me battre contre mon grand frère au corps à corps quand nous étions plus petit. Avec son expertise en magie du vent , je n'avais aucune chance contre lui si il décidait de s'en servir

Kadavel s'approcha lentement , sans me lâcher du regard.

Il se figea à un mètre et espaca ses deux jambes de façon à ce qu'il puisse fléchir son buste.

Penché sur moi , il prononça ces mots :

"Autrefois nous nous battions sans magie"

Il arrêta son discours une brève seconde , comme si les souvenirs le rendait nostalgique.

"Mais soyons réaliste. Tu ne gagneras jamais un duel. Tu n'iras jamais sur un champ de bataille"

Il me scrutait intensèment , comme si il cherchait à désaprouver toute protestation.

Il posa sa main sur mon épaule gauche et serra

"Tu ne porteras jamais les espoirs de notre nation"

Ces mots pesants , je les avais déjà entendu des centaines de fois. Mais venant de lui , ça faisait mal.

Il s'abaissa à mon niveau , et approchant son visage pour faire du bouche à oreille , murmura ces mots : "Si tu tiens à ton pays , fuît ce palais , et ne reviens jamais".

Un cracha baveux dirigé à quelque centimètre de mon corps mit fin à son discours de retrouvaille.

Il se leva , et reprennant sa posture militaire , se dirigea d'un pas décidé vers la porte que venait d'emprunter mon serviteur.

Peu après son entrée , il se mit à pleuvoir , et je restais là cul à terre , réflechissant à l'humiliante raclée que venait gratuitement de m'administrer mon grand frère.

On dit que lorsqu'on se met à apprécier la pluie , c'est qu'on est dans un sacré état. Il est vrai , les paroles et les actes de mon frère m'avaient un peu secoué...

Fuir le palais... Si seulement c'était si simple. En apparence , je pouvais sortir , mais des sentinels me surveillaient en permanence.

Là maintenant , j'étais persuadé qu'au moins 2 voir 3 d'entre-eux avaient assisté au combat. Ils se positionnaient sur les toits du palais , et utilisaient leurs magies pour cacher leurs présences. Des assassins et sentinels d'élite venant tout droit du royaume de Tialga.

M'enfin , de toute façon , la fuite ce n'était pas mon truc. Je sais que j'ai l'étoffe d'un vrai monarque , mais ces crétins de dardanides ne pensent qu'a se bagarrer.

Le dîner... Ils étaient certainement en train de m'attendre. Je ne me voyais pas y'aller dans ces habits couverts de boue , alors je décidais de passer rapidement par ma chambre afin de trouver des habits corrects.

serviteur vient voir

expression bizarre

Me dit que faut diner

Me leve et part pour la bas

Sur le chemin je rencontre X

Je monte vers le hall qui mène a la grande sale royale

je suis légèrement en retard , et les invités m'attendent