Partie 1 - Damnation - Chapitre 0

- Qu'as-tu fais ?

Des viscères, des morceaux de bras arrachés, des corps sans têtes.

- Shoto, qu'as-tu fais ?

Il y avait du sang au sol, sur les murs, au plafond-

- Ce que j'ai fais ?

Le jeune homme était assis en tailleur sur l'herbe, ses yeux froids et sans vie le transperçant de part en part. Il baignait dans le sang de la tête aux pieds, et l'homme savait mieux que de lui demander si c'était le sien.

- La bonne question à poser serait plutôt : qu'est-ce qu'ils m'ont fait

L'homme savait. Bien sûr qu'il savait. Tous ceux dans la confidence savaient.

Mais un tel massacre…

- Ne crois-tu pas que tu es allé trop loin ? Ne crois-tu pas-

Le jeune homme rit : son interlocuteur frémit, les poils sur sa nuque se hérissant.

Depuis le temps qu'il le connaissait, il n'avait jamais entendu Shoto rire une seule fois.

- Pourquoi est-ce que vous êtes surpris ? Vous m'avez dit vous-même que je n'étais pas un héros

L'homme se figea. Il baissa les yeux, incapable de soutenir son regard plus longtemps.

- Je crois que ça m'a un peu fait mal à l'égo sur le coup. Mais vous aviez raison, non ?

Shoto leva les mains dans un geste théâtral, désignant les corps sans vie étalés autour de lui.

- Tout ça, tout ça c'est bien moi.

L'homme avait peur de ce que ça signifiait.

Il lécha ses lèvres sèches, agrippant l'ourlet de son coupe vent de ses doigts tremblants.

- Donc c'est ce que tu es devenu ? Quelqu'un qui détruit sans compter ? Qui ne fait que ce qu'il a envie de faire ?

Le visage de Shoto se ferma.

Dans ses yeux il y avait un orage qui couvait, une sorte de folie qui n'attendait que le bon moment pour se déverser sur le monde.

- J'ai toujours été égoïste, nous le savons tous les deux. Simplement, pendant une courte période, j'ai cru que...

Il se tut, incapable de continuer.

Ses yeux se perdirent dans le vague.

Et puis la colère déforma à nouveau son visage. Les coins de sa bouche tombèrent, ses traits devinrent aussi durs que de la pierre.

Il leva ses yeux sombres vers l'homme.

- Vous savez très bien ce que je vais vous dire, aizawa-sensei

Shoto se leva.

Aizawa se figea de terreur, ses yeux ne quittant pas la chose qui venait de rouler du creux de ses cuisses et avait fini dans une mare de sang.

C'était une tête humaine.

- Vous – et tous ceux qui savaient

Shoto se pencha au-dessus de l'épaule d'Aizawa, son souffle chaud caressant son oreille.

Aizawa l'observa du coin de l'oeil : une goutte de sueur roula sur sa tempe lorsqu'il réalisa que ses prunelles viraient au rouge, les trois virgules noires tournant avec paresse dans ses yeux.

- Vous êtes les prochains