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Chapitre 2 : Les Ombres de la Conspiration

Les jours passaient, et la tension montait comme un vent lourd avant l'orage. La cour du comté de Vannes, jadis lieu de prospérité et de stabilité, était désormais un terrain de murmures inquiétants. Les seigneurs voisins, toujours plus menaçants, se regroupaient pour étendre leurs territoires, tout en cherchant à infiltrer le bastion de Vannes. Mais plus alarmant encore étaient les chuchotements au sein même de la cour d'Aldemar. Les complots, cachés sous des apparences de loyauté, commençaient à prendre racine dans les recoins sombres du château. Le comté de Vannes, si puissant fût-il, était désormais un terrain fertile pour les intrigues et les trahisons.

Un soir, alors que les ombres s'allongeaient dans les couloirs et que la lumière tamisée des chandelles dansait sur les murs du château, Léonore, l'épouse d'Aldemar, fit irruption dans la salle du trône. Sa silhouette élancée, presque spectrale dans l'obscurité, se détacha comme un écho de la nuit. Ses longs cheveux noirs de jais, brillants comme de l'encre, tombaient en cascade autour de son visage marqué par la beauté glaciale d'une reine. Ses yeux d'un vert profond brillaient d'une lueur déterminée, mais aussi d'une inquiétude sourde. Léonore n'était pas seulement une femme de beauté, elle était une stratège impitoyable. Elle savait que la survie de la famille Vannes ne dépendait pas seulement de la guerre, mais des alliances subtiles et des manipulations derrière les portes closes.

"Mon seigneur," dit-elle d'une voix basse, presque chuchotée, tandis qu'elle s'approchait de son mari. La salle du trône, dominée par l'ombre, semblait se fermer autour d'eux. "Je t'avertis. Eudes complote contre nous. Il s'est rapproché de certains de nos vassaux et leur a promis des terres en échange de leur soutien."

Le regard d'Aldemar, déjà perçant de nature, se fit plus acéré, scrutant sa femme comme pour déchiffrer ses paroles. Ses mains se crispèrent sur le bras du fauteuil en bois sculpté, comme s'il cherchait à s'ancrer dans la réalité. "Je le sais déjà. Gérald m'a rapporté des rumeurs. Mais nous devons être prudents. S'il s'avère que c'est vrai, nous devrons agir."

Le silence qui suivit était lourd de signification. Léonore, elle, ne semblait pas partager la même sérénité. Elle hocha la tête, mais un voile d'inquiétude s'était installé sur son visage. La peur, bien que soigneusement dissimulée, transparaissait dans l'ombre de ses yeux. Elle s'approcha un peu plus près, murmurant presque, "Il est dangereux, Aldemar. Tu sais ce que cela signifie. S'il réussit à rallier les vassaux à sa cause, il prendra non seulement le comté, mais tout ce que tu as bâti. Et nous serons réduits à l'ombre de notre propre héritage."

Les mots de Léonore frappèrent Aldemar avec la force d'un coup de hache. Il savait que la loyauté de ses vassaux était aussi fragile qu'un pont de soie, et qu'un geste imprudent pourrait tout faire basculer. Mais plus que cela, il sentait que le danger venait de plus près. Eudes, son propre fils, son propre héritier, était prêt à tout pour saisir le pouvoir. Il n'était plus un simple enfant indiscipliné, mais un homme dans l'ombre de son père, attendant le moment propice pour agir.

Les complots se faufilaient dans les murs du château comme des serpents invisibles, leurs présences à peine perceptibles mais infiniment dangereuses. Aldemar commença à comprendre que son pouvoir, s'il était un jour solide comme un roc, n'était plus qu'une façade. Le monde autour de lui changeait, et la loyauté semblait plus fragile que jamais.

Il tourna son regard vers Léonore, cherchant dans ses yeux ce qu'il savait déjà : une femme prête à tout pour sauver son mari et sa famille, mais aussi capable de manipuler le jeu politique pour faire prévaloir sa propre vision. Mais alors, une pensée plus sombre s'immisça dans son esprit : Et si Léonore, tout comme Eudes, poursuivait un but qui n'était pas le sien ?

Les mots murmurés dans les couloirs, les regards échangés en cachette... Aldemar sentait la nuit se resserrer autour de lui. Les complots étaient devenus une partie intégrante de son royaume, et l'ennemi était désormais plus proche que jamais.

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