Le couloir sombre s'étirait devant eux, une bouche béante menant vers des profondeurs inconnues. Chaque pas résonnait sur le sol de pierre, créant un écho sinistre qui semblait s'enfoncer dans les murs comme un murmure ancien. Livia ouvrait la marche, le visage tendu, suivie de près par Anaïs et Tom. Max et Jules fermaient la marche, leurs torches vacillantes projetant des ombres mouvantes sur les parois du couloir.
— "Est-ce qu'on est vraiment obligés de descendre là ?" murmura Max, visiblement nerveux. "J'ai déjà vu trop de films où ça tourne mal quand les gens descendent sous terre."
— "Ce n'est pas un film, Max," répondit Tom, jetant un coup d'œil derrière lui. "Et je pense qu'on est tous d'accord pour dire qu'on préfère ne pas traîner ici plus longtemps que nécessaire."
— "Si l'artefact est là, on doit le trouver. C'est la seule solution," ajouta Livia, bien qu'elle-même doutait de plus en plus de leurs chances. Chaque pas les rapprochait d'un mystère qu'ils comprenaient à peine.
Le couloir se resserra au fur et à mesure qu'ils avançaient, les murs devenant plus irréguliers, comme si cette partie de la forteresse avait été creusée à la hâte, ou par des mains inexpérimentées. Une odeur de terre humide et de moisi flottait dans l'air, rendant l'atmosphère étouffante. Anaïs, qui marchait juste derrière Livia, serrait son sac contre elle, ses doigts crispés sur les bretelles.
— "Vous sentez ça ? Cette odeur…" murmura-t-elle.
— "Oui," répondit Livia, sa voix basse et inquiète. "Ça vient de plus bas."
Le groupe s'arrêta au bord d'un escalier en colimaçon, taillé grossièrement dans la pierre. Il semblait descendre dans une obscurité plus profonde encore, comme un puits sans fond.
— "Super," lâcha Jules avec ironie. "Je suppose que c'est ici qu'on doit aller."
Sans un mot, Livia prit la première marche. Les autres la suivirent, leurs pieds heurtant lourdement les pierres irrégulières. À mesure qu'ils descendaient, le silence devenait de plus en plus pesant, brisé seulement par le crépitement de leurs torches. À chaque pas, l'air se refroidissait et une sensation d'oppression grandissait.
— "Vous avez remarqué que l'air est plus lourd ici ?" demanda Anaïs en chuchotant, comme si parler plus fort risquait de briser un équilibre fragile.
— "Oui," répondit Tom. "On approche de quelque chose."
Après plusieurs minutes de descente, ils débouchèrent enfin dans une grande salle souterraine. Le plafond était si haut qu'il disparaissait dans l'obscurité. Au centre de la pièce, un cercle gravé dans le sol scintillait faiblement, ses motifs rappelant les symboles du livre que Livia avait découvert. Des colonnes massives soutenaient la structure, et sur chacune d'elles étaient gravées des runes, usées par le temps.
— "C'est ici," dit Livia d'une voix basse, ses yeux scrutant chaque recoin. "C'est là que tout s'est passé…"
— "Quoi exactement ?" demanda Max en s'approchant du cercle. "Est-ce que c'est… un autel ?"
Livia hocha la tête. "Je pense que c'est ici que le rituel a été accompli pour sceller l'artefact. Ce symbole, c'est le même que dans le livre."
Ils avancèrent prudemment dans la salle, mais une tension palpable régnait, comme si quelque chose les observait. Soudain, un léger tremblement secoua le sol sous leurs pieds. Tous s'immobilisèrent.
— "Qu'est-ce que c'était ?" demanda Anaïs, sa voix empreinte de panique.
— "On n'est pas seuls ici," répondit Tom, ses yeux fixant les ombres mouvantes qui semblaient se rapprocher.
Livia, le cœur battant, s'avança vers le centre du cercle. "Il faut qu'on trouve l'artefact avant que ce qui est ici ne se réveille complètement."
Max grogna. "Et c'est supposé être où, cet artefact ?"
À ce moment-là, une lumière éthérée émergea du sol, comme un feu follet, venant illuminer le centre du cercle. La terre s'ouvrit lentement, dévoilant un socle de pierre sur lequel reposait un objet. C'était une pierre, noire comme la nuit, et parcourue de veines lumineuses qui pulsaient comme un cœur battant.
— "C'est ça…" murmura Anaïs, fascinée et terrifiée à la fois.
— "L'artefact," confirma Livia, tendant la main pour l'attraper.
Mais alors qu'elle s'apprêtait à le toucher, un souffle glacé balaya la salle. Une voix rauque, indistincte, se fit entendre, émergeant des profondeurs. Tous se figèrent, les yeux écarquillés.
— "Ne touchez pas à la pierre…" murmura la voix, semblant venir de partout à la fois.
Livia recula, son cœur battant la chamade. "Qui… qui parle ?"
La voix s'amplifia, devenant plus distincte, plus menaçante. "Ce que vous cherchez à libérer ne peut pas être contenu. Si vous brisez le sceau, vous condamnerez ce monde… et le vôtre."
— "C'est quoi ce délire ?" lança Max, reculant précipitamment. "On doit partir d'ici !"
Mais avant que quiconque puisse bouger, les ombres autour d'eux commencèrent à se matérialiser, prenant des formes humanoïdes indistinctes, comme si elles s'extrayaient des murs mêmes de la forteresse.
— "Qu'est-ce que c'est ?" cria Anaïs en reculant vers Tom.
Les figures se rapprochaient lentement, silencieusement. Elles n'étaient pas humaines, mais n'étaient pas non plus des créatures terrestres. Leur simple présence déformait l'air autour d'elles, et un froid insidieux envahissait la pièce.
— "Livia, qu'est-ce qu'on fait ?" demanda Jules, ses yeux fixant la pierre comme si elle était leur unique espoir.
Livia, la gorge sèche, se tourna vers ses amis. Leurs regards exprimaient une peur profonde, mais aussi une attente. Ils comptaient sur elle pour prendre la décision, pour savoir quoi faire.
Elle prit une profonde inspiration. "On doit tenter quelque chose. Si on laisse cette pierre ici, ces choses pourraient nous suivre. Et si ce que le gardien a dit est vrai, c'est la clé pour arrêter tout ça."
Sans plus attendre, elle s'approcha du socle et saisit la pierre noire. À l'instant où ses doigts touchèrent sa surface froide, une onde de choc traversa la pièce. Les ombres hurlèrent dans un cri silencieux, se dissipant en un tourbillon de ténèbres.
Le sol trembla à nouveau, mais cette fois, plus violemment. Des fissures commencèrent à apparaître sous leurs pieds. Le temps semblait suspendu alors que Livia tenait l'artefact, une énergie palpable irradiant de l'objet.
— "On doit sortir d'ici !" cria Tom en s'élançant vers l'escalier.
— "Vite !" ajouta Max, déjà en train de courir.
Livia, le souffle court, serra la pierre contre elle et se précipita à la suite des autres. Derrière eux, la salle s'effondrait, les colonnes tombant une à une, comme si l'intégrité même de la forteresse était en train de se désagréger.
Ils montèrent l'escalier à toute vitesse, le souffle court et les jambes lourdes, l'angoisse de se faire ensevelir les poussant à aller plus vite. Livia pouvait sentir la pierre vibrer entre ses mains, comme si elle réagissait à l'effondrement du lieu.
Une fois en haut des marches, ils s'arrêtèrent un instant, reprenant leur souffle, les visages blêmes et les muscles tremblants.
— "On l'a fait…" murmura Anaïs, encore sous le choc. "On a la pierre…"
Mais Livia, toujours sous l'effet de l'adrénaline, regarda la pierre dans ses mains avec appréhension. Ils avaient peut-être l'artefact, mais les dangers étaient loin d'être terminés.