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Col Blanc

Je me frottai les yeux, endoloris, alors que mon estomac grognait mécontent. Il était temps que je prépare le petit-déjeuner pour ma meute, Aubrey allait piquer une crise si elle n'avait pas ses pancakes à l'heure―

Puis je fis une pause, suspicieuse. Mon matelas n'avait jamais été aussi solide ou confortable. Je fronçai les sourcils en tendant une main prudente pour tâter mon environnement ; je gisais sur un lit bien plus large que tout ce que j'avais jamais possédé, mais d'une façon ou d'une autre, la moitié inférieure de mon corps reposait sur une place douce et humide.

Soudain, mon esprit se mit à jour avec mes nouvelles circonstances. Mon alpha ! J'avais un compagnon !

Je bondis immédiatement dans un état de pleine conscience, surgissant du lit douillet dans lequel je me trouvais, prête à gronder Damon Valentine et à lui crever les yeux avec mes ongles, mais à ma surprise, la chambre était complètement vide.

J'étais complètement seule, et je me trouvais partagée entre le soulagement et le désarroi.

Comment osait-il me laisser seule ? Quoi, Damon Valentine me jugeait indigne après m'avoir volé ma virginité ?

Je grimaçai. C'était bien ce que j'attendais d'un vaurien comme lui. Je parie qu'il baisait des femmes et partait le matin avant qu'elles ne se réveillent, se faufilant comme un voleur dans la nuit. Ou peut-être simplement les jetait-il hors de son lit et les faisait sortir nues. C'est ce que faisait l'Alpha de Stormclaw — mon piètre excuse de père — malgré le fait qu'il soit lié.

Les hommes étaient tous pareils. Peut-être que c'est pour ça que Damon était parti. Il est allé baiser quelqu'un d'autre.

Cette pensée fit naître une petite graine d'irritation en moi tandis que je fixais le grand lit avec colère. Puis, je m'énervai du fait que j'étais irritée pour commencer.

Pourquoi est-ce que cela m'importait ?

Je donnai un coup sur le lit en colère. Les draps étaient en soie, et toujours doux même si certaines parties étaient recouvertes de sperme et de toutes sortes d'autres fluides corporels. Mon visage s'empourpra ignoblement lorsque je me remémorai la nuit précédente. J'étais une épave gémissante, suppliant à chacun de ses touchers ! Et il allait―

Urgh ! Enfoiré. Putain d'Alpha enfoiré. Comment est-il devenu mon compagnon ? Pourquoi la Déesse de la Lune a-t-elle pensé que cela serait une bonne idée ?!

Un grognement s'échappa de ma gorge, puis je grimaçai en réalisant combien celle-ci était douloureuse. En fait, tout mon corps avait l'impression d'avoir couru un marathon et participé à un concours de gymnastique. Les muscles dont j'ignorais l'existence étaient douloureux et sensibles, comme si j'avais été jetée dans un attendrisseur à viande.

Je me dirigeai vers la douche pour me nettoyer, et je reçus un choc en voyant mon propre reflet dans le miroir. Il n'y avait pas d'autre façon de le décrire ― je rayonnais. Pratiquement radieuse. Malgré la douleur dans tous mes membres, mes cheveux brillaient de vitalité, et la peau de mon visage était impeccable ― excepté les marques laissées par Damon.

Et il y en avait tant. Des suçons ornaient mon cou et mes épaules, mais mes yeux furent attirés vers la marque de compagnon. Elle était de la couleur du sang frais. Heureusement, malgré sa couleur, elle ne saignait pas.

Je la pressai doucement et sifflai. La zone entière était étrangement sensible, et cela envoya des picotements de plaisir le long de ma colonne vertébrale. Je me promis de ne plus la toucher plus que nécessaire.

Puis, je remarquai le plus grand changement sur mon cou. Pendant la cérémonie, je portais un collier avec une petite cloche. Quelque part, pendant mon sommeil, Damon avait changé le collier à mon cou.

À présent, c'était un collier épais en cuir gris, grosso modo de la largeur de mon pouce. Il n'y avait rien d'aussi humiliant qu'une cloche, mais cela ne m'empêcha pas d'essayer de l'ôter. J'essayai de glisser mes doigts dans l'espace et de tirer, mais à ma surprise, le collier se rétrécit, comme s'il était déterminé à coller à mon cou à tout prix.

Même s'il devait m'étouffer.

Je jurai à voix basse en manquant de m'étouffer, retirant rapidement mes mains. Heureusement, le collier reprit sa taille originale, me permettant de respirer profondément.

Ce maudit truc devait être enchanté pour m'empêcher de l'enlever !

Je n'avais aucune idée de ce que mijotaient les frères Valentine, mais cela ne pouvait définitivement pas être bon. Suspendre des gens en pleine action, acquérir un collier enchanté… Ça ne serait même pas surprenant s'ils avaient des affaires avec des sorcières et des sorciers.

Une fois de plus, je maudis Damon Valentine entre deux souffles. Je fonçai dans la douche, m'assurant de bien nettoyer mon corps des événements d'hier. Alors que l'eau chaude coulait sur mon corps, je me détendis progressivement tandis que mes muscles douloureux trouvaient un peu de soulagement.

Puis, je réalisai qu'il n'y avait aucun vêtement dans la chambre, pas même de sous-vêtements. Je grimaçai ; cela avait très probablement été volontaire. Je n'avais qu'une fine serviette qui couvrait à peine mes seins et mon entrejambe.

Si je voulais des vêtements, je devrais appeler quelqu'un pour m'apporter une tenue, qui serait probablement aussi humiliante que celle que je portais auparavant.

L'alternative était de rester à l'intérieur de la chambre et de mourir de faim. Je ne serais pas étonnée que Damon "oublie" accidentellement de me nourrir.

À moins que…

Je jetai un regard songeur aux couvertures et esquissai un sourire en coin.

Que l'on ne dise pas que moi, Harper Gray, je n'étais pas débrouillarde quand il le fallait.

***

Parfait.

Je passai en revue ma nouvelle tenue dans le miroir. Elle ne me ferait gagner aucun concours de beauté, mais au moins je ne sortais pas en craignant d'exposer mon intimité à tous. Le tissu rouge était maintenant habilement drapé sur mon corps, une extrémité formant une longue jupe pour cacher ma partie inférieure à la vue, tandis que l'autre moitié couvrait la marque de compagnon sur mon épaule droite.

Une fois satisfaite que la tenue ne se défasse pas en marchant, j'ouvris la porte de la chambre et fus assaillie par une multitude d'odeurs. Mon nez n'avait pas la sensibilité de celle d'un loup-garou, mais je pouvais clairement sentir l'alcool séché et le vomissement dans l'air, l'odeur caractéristique d'une fête déchaînée.

Je reniflai en descendant prudemment les marches de pierre.

Au moins certaines personnes avaient apprécié ma nuit d'accouplement. Je refusais de penser à comment moi, sous l'influence du lien de compagnon, avais tout autant aimé. Maintenant, tout ce que je voulais, c'était de m'infiltrer dans les cuisines, prendre un en-cas rapide et trouver comment m'échapper de ce trou à rats.

Le packhouse de Né-des-Crocs était bien plus grand que celui de Stormclaw, et les pierres de granit et les boiseries sombres qui avait servi à sa construction lui donnaient une atmosphère solennelle, presque inquiétante.

Mes yeux dartèrent autour du packhouse alors que je commençais à me faufiler discrètement, essayant de ne pas faire de bruit. Mais ensuite, je sentis quelqu'un atterrir derrière moi, rigolant d'un rire malfaisant.

« Eh bien eh bien eh bien, qu'avons-nous ici ? » Je me retournai pour voir Susie, une des louves qui avait aidé à me préparer pour la cérémonie d'accouplement.

« La nouvelle pute du packhouse, vêtue d'un… » Elle s'arrêta, fronça les sourcils, puis attrapa ma tenue. « Pourquoi es-tu habillée ? »

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