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Éveil

Ravina regagna sa chambre en se sentant un peu désorientée, comme si le corps dans lequel elle se trouvait n'était plus le sien. Elle ne rougissait jamais. Jamais ! Et là, ces derniers jours, elle n'avait fait que cela.

Elle pouvait comprendre pour Arès, mais maintenant, même avec le dragon ? Avec son ennemi ? Quelque chose n'allait pas chez elle. Elle ne pouvait pas rougir de la même manière pour un homme vers qui elle se sentait attirée et un autre qu'elle détestait.

Elle s'assit sur son lit, soupira et fixa la fenêtre. Elle pouvait encore sentir la chaleur de son corps sur sa paume et pourquoi donc se mettait-il soudain à lui parler avec cette voix calme et riche, qui lui rappelait les petits matins avec un café près de la cheminée ? Elle adorait cela, mais elle le détestait lui.

Toujours en ressentant la chaleur, elle alla ouvrir la fenêtre. Passant la tête dehors, elle laissa la brise fraîche lui caresser le visage lorsqu'elle remarqua Arès. Il était assis sur un banc, d'abord en train de regarder le combat entre les soldats, puis il s'était appuyé en arrière et avait fermé les yeux, se prélassant dans la chaleur du soleil.

Elle l'observa un instant, laissant son regard suivre les lignes de son visage qui se détendaient lorsqu'il était relaxé. Il était beau.

Oh non ! Que faisait-elle ? Elle recula rapidement et claquât la fenêtre comme si elle venait de voir un fantôme.

D'accord. Elle prit une profonde respiration. Bien sûr, elle était comme ça. Elle s'était relâchée et devait se remettre au travail. Elle se précipita vers l'inventaire et sortit tous ses projets. Sauf celui concernant le prisonnier. Qu'il aille au diable pour l'instant. Elle ne voulait pas de lui dans ses pensées.

Assise à la table, elle poursuivit ses esquisses mais sans aucune concentration. Elle finissait par gribouiller pendant que son esprit faisait des allers-retours entre le prisonnier et Arès. Au moins, si elle avait des pensées normales à leur sujet, cela ne lui dérangerait pas mais... elle continuait à penser au baiser d'Arès, au corps du prisonnier, au toucher, à la voix, aux mots, au regard.

« Ravina ! » Bram était à la porte, l'air horrifié. « Qu'est-ce que tu as fait ? » Elle suivit son regard et réalisa qu'elle s'était encore coupée avec le stylo et qu'elle saignait sur le papier. « Attends. Je vais chercher un bandage. » Il se précipita.

Ravina posa sa main sur la plaie et soupira. Ce n'était qu'une mauvaise habitude qu'elle avait.

Bram revint avec des bandages en secouant la tête. « Tu dois trouver un moyen de gérer ton angoisse. » Il s'assit à ses côtés.

Il essuya le sang et banda sa main. « Qu'est-ce qui te cause de l'angoisse cette fois-ci ? » Demanda-t-il.

« Rien. » Elle mentit.

« Non. Ce n'est pas rien. »

Elle observa Bram attentivement alors qu'il restait concentré à lui bander la main. Même si elle l'appréciait, elle ne pouvait pas lui dire ce qui se passait réellement. Il ne comprendrait pas. Elle-même ne comprenait pas.

« Peut-être devrais-tu arrêter de voir ce prisonnier. Il ne sait rien de ta sœur. Il joue seulement avec ton esprit. »

Elle ne pouvait pas arrêter maintenant. Les possibilités de réussite si elle s'avérait être sa partenaire de reproduction étaient trop tentantes. Elle serait emplie de plaisir, même si ce n'était que pour l'agacer.

Le reste de la matinée, elle le passa dans l'inventaire, se forçant à travailler jusqu'à ce qu'elle finisse par s'endormir, la tête reposant sur ses bras à la table. La position inconfortable ne lui permit pas de dormir longtemps et à son réveil elle trouva Arès assis en face d'elle.

Elle cligna des yeux quelques fois pour se réveiller pleinement. « Arès. Qu'est-ce que tu fais là ? »

Il l'observa avec un sourire. « Je te cherchais et je t'ai trouvé ici. »

« Tu aurais pu me réveiller. »

« Je le voulais mais... tu semblais différente en dormant. » Dit-il.

« Différente comment ? »

« Tu avais l'air paisible. » Il souligna.

Juste. Parce qu'elle n'était pas paisible.

« Je pensais juste que c'est comme ça que je te trouverais chaque matin dans un proche avenir. » Il ajouta calmement.

Son cœur manqua un battement. Pourquoi parlait-il de leur avenir ?

Pourquoi ne le ferait-il pas ? Ils allaient se marier. Elle partagerait un lit avec lui.

Elle allait...

Elle chassa rapidement les pensées, ne voulant pas penser à toutes ses obligations conjugales. Une vie avec un mari et des enfants. Quel cauchemar.

Elle regarda Arès. Il n'avait pas du tout l'air d'un cauchemar.

En colère contre elle-même pour la façon dont elle se sentait, elle commença à tout ranger, remettant les choses dans leurs tiroirs et étagères.

Tout était de sa faute. Il avait perturbé sa paix. Elle se tourna vers lui, « Je vais me retirer pour la journée. Je suis fatiguée. » Dit-elle.

Il acquiesça. « Tu sembles avoir besoin de sommeil. »

« Oui. »

« Quelque chose te tracasse-t-il ? »

Elle se remémora le rêve érotique qu'elle avait eu et ses joues s'embrasèrent. « Non. »

« Je vais t'accompagner à ta chambre. » Dit-il en se levant.

« Ce n'est pas la peine. » Elle répondit.

« Je vais à ma chambre de toute manière. »

Elle lutta contre l'envie de soupirer. Elle ne pouvait vraiment pas se débarrasser de lui.

Tandis qu'il la ramenait à sa chambre, elle se souvint de ce qu'il avait dit, « Pourquoi me cherchais-tu ? » Demanda-t-elle.

« Je me demandais comment tu passais tes journées et comment tu allais. Je pense le savoir maintenant. » Dit-il en pointant sa main bandée.

« Oh, » Elle regarda ses mains. « Je me suis coupée en travaillant. »

Il prit son autre main dans la sienne. « Et celle-ci, qu'est-ce qui lui est arrivé ? » Demanda-t-il.

Sa main paraissait petite et fragile dans la sienne. Ce geste de prendre sa main la mettait mal à l'aise parce que d'après ce qu'elle savait, cela menait à autre chose.

Elle retira sa main délicatement. « J'ai quelques mauvaises habitudes. » Admit-elle.

« Quelques-unes ? » Il haussa un sourcil. « Ne pas dormir, ne pas manger, trop travailler, ne pas sourire ni profiter de la vie, je dirais que c'est plus que quelques mauvaises habitudes. »

« Comme tu es malchanceux alors de devoir épouser une telle dame. »

Il rit. « Je te l'ai dit. J'aime les défis. Je te ferai bien manger, bien dormir, sourire et t'amuser. »

Elle se raidit. N'importe quelle femme apprécierait probablement cela, mais pas elle. La faire sourire ? Lui faire apprécier la vie ? Il voulait ruiner sa concentration ? Non !

Ravina voulait accepter son défi, mais elle savait que cela ne ferait que le rendre plus déterminé, alors elle fit l'inverse. « Je souris avec certaines personnes et je m'amuse. »

« Tu te plais à faire quoi ? » Demanda-t-il. « Je veux dire, à part tes recherches et inventions. »

Elle essaya de penser à quelques choses rapidement. « J'aime lire et faire de l'équitation et... » son esprit se figea.

« Et ? »

Ils arrivèrent devant ses appartements et s'arrêtèrent. « Je n'aime pas perdre mon temps, Arès. »

Il la regarda longuement et intensément. « Moi non plus, mais cela dépend de ce que tu considères comme une perte. On peut travailler dur et encore apprécier la vie. »

« Pas moi. » Dit-elle rapidement, agacée. « Je n'apprécie pas la vie et je ne veux pas la apprécier. »

Ses yeux verts sondèrent les siens. « Tu ne peux pas savoir sans essayer. » Dit-il, effleurant doucement le côté de son visage avec un doigt.

Ravina retint son souffle comme s'il suggérait quelque chose d'autre. Essayer quoi ?

« Fais de doux rêves. » Sourit-il.

Il lui fit un hochement de tête rapide et s'éloigna, la laissant perplexe.

De doux rêves ?

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