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INVITÉS IMPORTANTS

Présent jour

Le vent fouettait mes cheveux alors que je courais dans les bois. Je pouvais sentir l'adrénaline parcourir mon corps pendant que j'accélérais. Je regardais derrière moi et je pouvais voir un flou de fourrure grise qui se rapprochait de moi. Sans une seconde pensée, je pris un virage serré à gauche, évitant de justesse une branche d'arbre qui faillit me frapper le visage.

J'allais prendre un autre virage quand soudainement, j'ai été attaquée par derrière et je me suis retrouvée à rouler dans la neige avec un loup gris qui bientôt me plaqua en dessous de lui. Je levais les yeux vers les yeux bleus du loup alors qu'il commença à grogner envers moi et je restais allongée sur la neige, attendant mon sort. J'attendais toujours quand le loup se pencha et soudainement me lécha le visage de manière brouillonne.

« Beurk » je me suis plainte en repoussant sa tête, « C'est bon Bleu, ça suffit » dis-je à Bleu qui enfin se releva et commença à sauter autour. Je suppose qu'il voulait encore jouer.

Je ris en me relevant du sol et en enlevant la neige de mes vêtements. Bleu s'approcha et me poussa de la tête, me demandant de jouer avec lui encore une fois.

« Je suis désolée Bleu, mais je ne peux pas » je me suis excusée en me penchant pour gratter l'endroit derrière son oreille qu'il aime tant, « Je dois rentrer à la maison » je l'informais et il émit un gémissement en s'asseyant sur le sol.

Je souris en le regardant, il avait tellement grandi depuis la dernière fois que je l'avais vu. Je l'avais sauvé de chasseurs qui avaient tué sa famille quand il n'était qu'un jeune louveteau. Je l'avais sauvé bébé et l'avais caché. Depuis lors, nous sommes devenus proches et il y avait aussi une autre raison pour laquelle je le gardais près de moi.

Pour une raison quelconque, je pouvais comprendre les animaux. Je sais la langue qu'ils parlent et ils peuvent aussi me comprendre. Je ne sais pas comment cela s'est passé, mais j'ai réalisé que je pouvais leur parler depuis que j'étais enfant. J'ai su cela à l'école. L'enseignant avait amené un cochon d'Inde pour une expérience mais il a soudain parlé dans mon esprit d'une voix terrifiée, me demandant de le sauver, ce que j'ai fait.

Bien sûr, cela ne s'est pas bien passé avec les autres enfants parce qu'ils ont commencé à m'appeler un monstre quand j'ai parlé au cochon d'Inde et l'ai libéré de la cage. La nouvelle est parvenue à mon père qui m'a grondée et m'a amenée voir un thérapeute. Le thérapeute est arrivé à la conclusion que j'avais besoin de passer plus de temps parmi les gens et que mon manque d'amis était ce qui m'avait poussé à parler à un cochon d'Inde. Il avait raison d'une certaine manière, je n'avais pas d'amis. Personne ne voulait être ami avec une sorcière aux cheveux roux.

J'ai appris à cacher mes capacités autour des gens et c'est alors que j'ai rencontré Bleu. Il était mon seul ami, nous nous comprenions l'un l'autre et nous avions une chose en commun, nous étions tous les deux seuls. Je caressais la fourrure de Bleu quand j'ai remarqué que le temps avait passé. Je devais me dépêcher.

« D'accord Bleu, je dois y aller » j'ai informé Bleu qui poussa un gémissement en réponse, « Je te verrai bientôt, je te le promets » je dis puis je déposai un baiser sur le haut de sa fourrure.

Après m'être assurée que Bleu était allé dans sa cachette et qu'il était bien caché, je drapai mon manteau sur mes épaules et commençai à rentrer chez moi. Je suis arrivée à la maison juste avant qu'ils ne servent le petit-déjeuner, et heureusement, personne n'était en bas.

« Et où étais-tu donc jeune demoiselle ? » j'allais entrer dans ma chambre quand cette voix m'a arrêtée.

Je me suis retournée avec un sourire gêné, « Salut Cruzita. »

« Ne me dis pas que tu es allée dans les bois encore une fois » Cruzita dit d'une voix ferme.

« Quoiii ? » je traînai dans une voix aigüe, « Bien sûr que non, pourquoi penserais-tu ça ? »

Cruzita arqua un sourcil vers moi, « Parce que tu as ramené de la neige dans la maison et tu as une brindille dans tes cheveux. »

Merde ! je pestai intérieurement en atteignant pour retirer la brindille de mes cheveux. Cruzita poussa un soupir et je la regardais du coin de l'œil pour voir qu'elle me regardait avec un air fatigué.

« Je ne te comprendrai jamais Arianne » Elle dit en me regardant d'un air las.

Je regardais mes bottes, « Qui l'a jamais fait ? » je marmonnai pour moi-même.

« Parce que tu ne donnes jamais à personne une chance Arianne » soupira Cruzita avec exaspération, « C'est quand la dernière fois que tu as assis avec quelqu'un et eu une conversation avec eux ? Tu es toujours enfermée dans ta chambre à lire un livre, ou à courir dans les bois à faire Dieu sait quoi ! »

« J'ai des conversations avec toi » je soulignai avec un sourire.

Cruzita fronça le visage vers moi, « Je ne parle pas de moi, je parle de personnes de ton âge ! »

Je poussai un soupir, puis atteignit pour enlever mon manteau, laissant mes cheveux tomber sur mes épaules.

« Regarde-moi Cruzita, » je dis à Cruzita qui me regarda avec un air de sympathie, « Tu es la seule que je connais qui n'a pas peur de s'asseoir et de me parler ou peur que je leur jette un sort, les enfants me regardent et pensent que je vais les maudire pendant leur sommeil. Les gens pensent que je suis un monstre Cruzita ! Est-ce que cela répond à ta question pourquoi je ne peux pas avoir de conversations avec les gens ? » je criai à Cruzita qui me regardait toujours avec pitié et je détestais ça.

« Arianne, je... » Cruzita commença à dire mais je ne voulais pas l'entendre.

À la place, je suis allée dans ma chambre et j'ai claqué la porte. Lâchant mon manteau, je suis allée vers le miroir et me suis regardée. Des yeux de couleurs différentes me renvoyaient le regard, un brun et un vert, et mes cheveux, toujours aussi rouge feu. Je me souviens qu'à l'âge de seize ans, j'ai décidé de teindre mes cheveux, juste pour m'intégrer. J'ai essayé de les blanchir en brun et ça a marché ! Seulement pour un jour cependant, parce que quand je me suis réveillée le lendemain matin, ils étaient de retour à leur couleur normale, rouge !

Je fixais profondément mon reflet dans le miroir en essayant de voir si je ressemblais à mon père de quelque manière que ce soit, mais je ne le vois tout simplement pas, peut-être juste mon œil brun droit je suppose. Cruzita dit que je ressemble à ma mère, pas que je m'en souvienne cependant. Ses souvenirs commençaient à s'estomper et Christine avait déjà enlevé les photos et les tableaux de ma mère de la maison donc il n'y avait aucune trace d'elle dans la maison.

Je souhaitais quand même pouvoir me souvenir d'elle, à quoi elle ressemblait. Peut-être que si je pouvais, je me sentirais plus humaine et moins comme un monstre, je me suis dit en me regardant dans le miroir.

« Tu devrais descendre pour le petit déjeuner, ton père veut t'y voir » Cruzita interrompit mes pensées de l'autre côté de la porte.

Je poussai un soupir en commençant à me déshabiller pour changer en quelque chose de plus approprié. Papa ferait une attaque s'il me surprenait en train de mettre des chemises et des pantalons.

« Une dame est censée agir avec aisance et grâce, c'est ainsi qu'elle obtient le respect dans la société » Papa dit toujours mais je pense qu'il m'a confondue avec Rissa qui trouve n'importe quelle excuse pour se déguiser en robes chères.

J'ai ouvert ma garde-robe et ai tiré une robe évasée noire. Je l'ai enfilée et elle tomba tout le long de mes jambes. J'ai drapé un foulard noir sur ma tête pour m'assurer que mes cheveux étaient bien cachés. Même à l'intérieur, je devais couvrir mes cheveux, ordres de papa. Je suppose que de cette façon, je lui semblais moins comme un monstre et plus normale.

Quand j'ai terminé, j'ai ouvert la porte et suis descendue les escaliers. Je suis entrée dans la salle à manger juste à temps pour voir Cruzita installer ma table mais le reste de ma famille avait déjà commencé à manger.

« Bonjour » j'ai salué en me dirigeant vers ma place et ils ont tous marmonné une réponse.

J'ai pris un scone et j'étais à mi-chemin de le beurrer quand mon père a posé une question. « Où étais-tu Arianne ? »

« Euh, tu sais, nulle part en particulier, juste dans le coin » je donnai une réponse confuse puis enfonçai le scone dans ma bouche.

Mon père décida de lever les yeux de sa nourriture et de me regarder, « Ce n'est pas une réponse Arianne, où étais-tu ? »

Je haussai un sourcil vers lui, depuis quand se souciait-il de l'endroit où je vais ? Je veux dire, il remarque à peine ma présence quand je suis dans une pièce avec lui, et encore moins quand je sors de la maison.

« Que dirions-nous de la laisser tranquille mon amour ? » Christine s'interposa soudain et je me tournai vers elle, « Va lui passer un peu, après tout elle en est à l'âge où elle prend ses propres décisions et est enfin prête à commencer à recevoir l'appel des prétendants ? » Christine finit en agitant les sourcils vers moi alors que je serrais fort ma fourchette tandis que Rissa éclatait de rire.

"Un prétendant ?" demanda Rissa au milieu de ses éclats de rire, "Qui voudrait l'épouser ?"

"Ça suffit Rissa", la réprimanda Papa mais je détournai le regard et me concentrai plutôt sur la fin de mon petit-déjeuner.

J'entendis mon père soupirer, "Écoute Arianne, je ne veux pas que tu sois blessée et nous ne pouvons pas te protéger si tu ne restes pas avec nous et que tu ne nous parles pas, je... je veux juste que tu sois en sécurité, c'est tout" termina mon père en me regardant de ses yeux marron.

"Il se passe quelque chose Papa ?" demandai-je parce qu'il agissait de manière étrange.

Mon père se redressa à ça, "Rien, rien, je suis juste un peu inquiet à propos de la sélection, c'est tout."

Ah oui, la cérémonie de sélection ! Je pensai à moi-même avec ironie. Aujourd'hui allait être la nuit de la pleine lune, un jour où les loups-garous vénèrent leur déesse de la lune et viennent dans notre ville pour choisir une fille à emmener avec eux.

Personne ne savait vraiment où les filles sont emmenées pour faire quoi et personne ne se donnait la peine de demander parce que ça ne peut pas être quelque chose de bon. Si certains d'entre nous sont terrifiés à l'idée d'être pris pour servir les bêtes, il y a des filles dans cette ville qui l'attendent avec impatience.

Elles considèrent ça comme rien de plus que quelque chose sorti d'un livre de contes, la beauté qui apprivoise les bêtes et elles l'attendent avec impatience. Elles vont même jusqu'à se pomponner juste pour être choisies. Je trouve ça stupide cependant et je suis contente d'être trop bizarre pour que quelqu'un me choisisse comme compagne.

"Alors, qu'as-tu prévu de faire aujourd'hui ?" demanda Papa mais avant que je puisse répondre, Rissa lâcha une énorme annonce.

"Je suis fiancée !" s'écria-t-elle avec excitation.

Quoi ? pensai-je en la fixant choquée.

"Oh mon Dieu ! Vraiment ? À qui ?" s'écria Christine partageant la même excitation avec sa fille.

"Thomas Kirby !" annonça Rissa et la tasse d'eau que j'étais sur le point de boire s'arrêta en plein vol.

"Thomas Kirby ?" demandai-je et tout le monde se tourna pour me regarder.

"Wow sœurette, je ne pensais pas que tu connaîtrais quelqu'un dans cette ville, je suis choquée" dit Rissa avec une fausse surprise et je lui lançai un regard noir.

Juste parce que je n'associalisais pas avec les gens de la ville ne veut pas dire que je ne garde pas mes yeux et oreilles ouverts. D'ailleurs, tout le monde savait qui était Thomas Kirby. Le célibataire le plus éligible et le plus beau de toute la ville. Il avait des cheveux blonds sales, des yeux aussi bleus que l'océan avec un sourire qui pourrait charmer une nonne. Il était aussi le fils du maire, mais le truc à propos de Thomas, c'était qu'il était un peu coureur et ce n'était un secret pour personne. Je ne comprends pas pourquoi Rissa veut soudainement se fiancer avec lui.

Rissa pouvait avoir n'importe quel garçon sans trop de stress. Rissa a toujours été belle depuis son enfance. Elle avait une peau porcelaine claire et ses cheveux blonds étaient si pleins qu'ils cascadaient en ondes dorées jusqu'à sa taille. Je me rappelle la première fois que je l'ai vue, j'étais tellement captivée par sa beauté que je pensais qu'elle était un ange, mais clairement elle ne l'était pas car elle existe pour me rendre la vie misérable. Je ne comprends toujours pas pourquoi elle veut épouser Thomas Kirby cependant.

"C'est formidable ma chérie, je suis fier de toi" dit Papa rayonnant à Rissa qui lui sourit.

Je penchai la tête sur le côté, "Vous ne pouvez pas être sérieux" interviens-je en regardant ma famille.

"Il y a un problème Arianne ?" demanda Papa en me fixant.

"Oui, Rissa ne peut pas épouser Thomas Kirby !"

"Et pourquoi donc ?" demanda Rissa en clignant des yeux vers moi.

"Parce que c'est un coureur, voilà pourquoi !" dis-je en m'énervant.

"Du langage Arianne !" me réprimanda Papa avec sécheresse en buvant son vin mais je l'ignorai et me tournai vers Rissa.

"Et fiancée ? Vous sortez ensemble depuis seulement deux semaines, vous vous connaissez à peine !" soulignai-je encore incrédule de la nouvelle.

"Awww, merci de t'inquiéter pour moi petite sœur mais Thomas et moi nous aimons, quelque chose que manifestement tu n'as pas connu" me cajola Rissa et je levai les yeux au ciel.

"L'amour ?" je me moquai avec incrédulité, "C'est ce qu'il t'a dit ?"

"Ça suffit Arianne !" dit Christine fermement, "Pas besoin d'être aigrie du bonheur de ta sœur."

"Je veux juste la protéger, qu'est-ce qu'il y a de mal à ça ?" demandai-je incrédule.

"Rissa est une femme adulte, elle prend ses propres décisions !"

"Ouais, c'est ça !" me moquai-je de Christine qui rétrécit les yeux vers moi.

"D'ailleurs, la seule personne que tu devrais surveiller c'est toi-même" dit-elle d'une voix ferme, "Tu ne rajeunis pas Arianne, très bientôt tu vas devoir ramener un prétendant à la maison et si tu n'en as pas, nous te marierons !"

Quoi ? "Bon, vous ne pouvez pas être sérieux" me moquai-je d'elle mais Christine ne riait pas de moi ce qui me disait qu'elle était sérieuse, "Papa ?" l'appelai-je en cherchant de l'aide chez mon père mais il me regarda juste avec un air fatigué.

"Ta mère a raison Arianne" Papa admit en se rangeant du côté de Christine et je secouai la tête en me levant de la table de la salle à manger.

"Et où penses-tu aller ?" me demanda Papa.

"Dans ma chambre" répondis-je sans prendre la peine de le regarder.

"D'accord mais nous recevons des invités importants ce soir, j'aurai besoin de toi" annonça mon père en m'arrêtant sur place.

"Des invités importants ? Qui sont-ils ?" penchai-je la tête vers lui.

Mon père détourna le regard de moi et prit le journal qui était sur la table à côté de lui, "Juste des gens importants de la ville voisine."

Je fronçai les sourcils à cela, mon père cachait clairement quelque chose. En regardant toute ma famille maintenant, je pense qu'ils me cachent tous quelque chose mais le plus important de tout était qui sont les invités importants et pourquoi mon père a-t-il besoin de moi avec lui ?

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