L'Héritage de l'Aube

Aelynn marchait lentement à travers les prairies verdoyantes, son esprit aussi agité que le vent qui soufflait dans ses cheveux argentés. Le soleil du matin caressait doucement sa peau pâle, mais elle ne parvenait pas à ressentir la chaleur réconfortante qu'il promettait. Les murmures incessants et les regards curieux de ceux de son âge lui pesaient lourdement. À vingt-deux ans, Aelynn aurait dû s'éveiller depuis deux ans maintenant. L'éveil était le moment où chaque loup-garou découvrait sa véritable nature : alpha, bêta ou oméga. Pour Aelynn, cet instant crucial ne s'était jamais produit, et les rumeurs et spéculations se multipliaient.

Les villageois murmuraient derrière son dos. Certains disaient qu'elle deviendrait une alpha puissante comme son père, d'autres murmuraient qu'elle n'était pas digne de sa lignée. Les plus cruels chuchotaient qu'elle n'était qu'une oméga déguisée, destinée à produire une dizaine de fils pour renforcer la meute mais sans autre contribution. Aelynn essayait de faire abstraction de ces paroles venimeuses, mais chaque mot s'enfonçait dans son cœur comme une épine.

En approchant de la clairière, elle aperçut un groupe de jeunes loups-garous, tous de son âge, discutant et riant. Au centre, Aric, un alpha déjà éveillé et l'un des plus influents de leur génération, la regarda arriver avec un sourire moqueur.

"Aelynn, toujours pas éveillée ?" lança-t-il d'une voix douce-amère. "Peut-être que tu n'es tout simplement pas faite pour ça."

Les autres ricanèrent, et Aelynn serra les poings, ses ongles s'enfonçant dans ses paumes. Elle savait qu'il cherchait à la provoquer, à lui faire perdre son calme. Mais elle ne pouvait pas lui donner cette satisfaction.

"Mon éveil viendra," répondit-elle fermement, même si au fond d'elle, le doute persistait. "Et quand il viendra, vous verrez tous ce que je suis vraiment."

Aric leva un sourcil, amusé. "Oh, je n'en doute pas. Mais d'ici là, peut-être que tu devrais réfléchir à ce que tu feras si tu n'es qu'une oméga."

Aelynn tourna les talons sans répondre. Elle sentait les larmes brûler derrière ses paupières, mais elle refusait de pleurer devant eux. Elle marcha rapidement jusqu'à ce qu'elle soit hors de vue, puis se laissa tomber sur le sol, à l'ombre d'un grand chêne. Là, elle laissa ses émotions l'envahir. La frustration, la colère, et surtout la peur. La peur de décevoir son père, l'actuel alpha de la Meute de l'Aube Éternelle, et de ne jamais être à la hauteur de l'héritage de sa famille.

Elle se rappela les mots de son père, Fenris, toujours emplis de sagesse et de patience. "Aelynn, peu importe ce que les autres disent. Ce qui compte, c'est ce que tu ressens et ce que tu choisis de devenir. Ta destinée n'est pas écrite dans le vent, elle est forgée par tes actions."

Les paroles de son père lui apportaient un certain réconfort, mais ne pouvaient effacer complètement ses doutes. Elle se releva, décidée à ne pas se laisser abattre. Il y avait une chose qu'elle savait faire mieux que quiconque : se battre pour ce en quoi elle croyait.

De retour au village, Aelynn se dirigea vers l'antre de la sage de la meute, Eira. Eira était une vieille louve, respectée pour sa sagesse et ses connaissances ancestrales. Elle était aussi la seule à qui Aelynn osait confier ses peurs et ses espoirs.

"Eira, j'ai besoin de tes conseils," dit-elle en entrant dans la hutte sombre et parfumée par les herbes séchées.

La vieille louve leva les yeux de son travail, ses yeux gris perçant l'ombre. "Je t'attendais, Aelynn. Assieds-toi."

Aelynn s'installa en face d'Eira, cherchant du réconfort dans le regard serein de la sage. "Je ne comprends pas pourquoi je ne me suis pas encore éveillée. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?"

Eira sourit doucement. "Il n'y a rien qui ne va pas chez toi, ma chère. Chaque loup-garou suit son propre chemin. Ton éveil viendra quand le moment sera venu, pas avant."

"Mais les autres... ils disent que je ne suis pas digne, que je ne serai qu'une oméga."

"Les autres parlent souvent sans savoir," répondit Eira d'une voix apaisante. "Ne laisse pas leurs mots t'affecter. L'éveil est une transformation profonde qui ne peut être forcée ou prédite. Tu es spéciale, Aelynn, et ta véritable nature se révélera en temps voulu."

Aelynn hocha la tête, ses épaules se détendant légèrement. Les paroles d'Eira avaient un effet calmant sur elle. "Merci, Eira. Je vais essayer d'être patiente."

"Continue à croire en toi, Aelynn," dit Eira avec un sourire bienveillant. "Et rappelle-toi, peu importe ce que tu deviendras, c'est ton cœur et tes actions qui définiront qui tu es réellement."

Avec un nouvel espoir et une détermination renouvelée, Aelynn quitta la hutte d'Eira. Elle savait que le chemin devant elle serait difficile, mais elle était prête à affronter chaque défi, convaincue que son éveil viendrait et qu'elle prouverait à tous, et surtout à elle-même, sa véritable valeur.

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La nuit était tombée sur le village de la Meute de l'Aube Éternelle, et Aelynn se trouvait perchée sur la falaise surplombant la vallée. Les étoiles scintillaient comme des éclats de diamant sur la toile noire du ciel, et la lune, pleine et lumineuse, baignait le paysage d'une lueur argentée. Elle aimait cet endroit, loin des regards et des jugements, où elle pouvait laisser libre cours à ses pensées.

"Pourquoi moi ?" murmura-t-elle pour elle-même, sa voix se perdant dans le souffle du vent. "Pourquoi suis-je si différente ?"

Elle ferma les yeux, se concentrant sur les sons de la nuit : le hululement d'une chouette, le murmure lointain d'un ruisseau, et le souffle régulier de la brise. C'était dans ces moments de solitude qu'elle trouvait une certaine paix, même si ses inquiétudes persistaient. Son père, Fenris, était un leader respecté, un alpha fort et juste. Il avait toujours eu de grandes attentes pour elle, et elle ne pouvait s'empêcher de craindre de le décevoir.

Alors qu'elle était plongée dans ses pensées, elle entendit des pas derrière elle. Se retournant, elle vit Calan, son ami d'enfance, s'approcher. Calan était un bêta éveillé depuis peu, mais malgré leur différence de rang, il avait toujours été son soutien le plus fidèle.

"Aelynn, je t'ai cherchée partout," dit-il en s'asseyant à côté d'elle. "Tu es encore venue ici pour réfléchir, n'est-ce pas ?"

Elle hocha la tête, un sourire triste aux lèvres. "C'est le seul endroit où je me sens vraiment moi-même, loin des jugements et des attentes."

Calan posa une main réconfortante sur son épaule. "Tu es plus forte que tu ne le crois, Aelynn. Peu importe ce que disent les autres, je sais que tu trouveras ta voie."

"Et si je ne m'éveille jamais ?" demanda-t-elle, la voix tremblante. "Et si je suis vraiment destinée à être une oméga ?"

Calan secoua la tête. "Tu ne seras jamais juste une oméga. Tu es Aelynn, la fille de Fenris, et tu as un cœur de lion. Peu importe ton rang, tu feras de grandes choses, j'en suis certain."

Les paroles de Calan apportèrent un certain réconfort à Aelynn. Elle savait qu'il croyait sincèrement en elle, et cela comptait plus que tout. "Merci, Calan. Tu es un vrai ami."

"Je serai toujours là pour toi," répondit-il avec un sourire chaleureux. "Maintenant, rentrons. Il se fait tard, et ton père s'inquiète sûrement."

Ils se levèrent ensemble, et Aelynn jeta un dernier regard à la vallée avant de suivre Calan vers le village. En chemin, elle repensa aux paroles d'Eira et de Calan, et une nouvelle détermination se forma en elle. Peu importe combien de temps cela prendrait, elle prouverait sa valeur à sa meute et à elle-même.

Les jours suivants, Aelynn se plongea dans l'entraînement. Elle se rendait chaque matin à l'arène de la meute, où les jeunes loups-garous s'entraînaient au combat et à la maîtrise de leurs capacités. Bien qu'elle ne soit pas éveillée, elle avait toujours été une combattante talentueuse, grâce à l'entraînement rigoureux de son père.

"Allez, Aelynn ! Tu peux le faire !" cria Calan depuis le bord de l'arène, où il observait son combat contre une autre jeune louve, Lyra. Lyra était une bêta confirmée, rapide et agile, mais Aelynn n'était pas en reste. Elles échangeaient des coups, leurs mouvements presque chorégraphiés dans leur précision.

Avec un mouvement rapide, Aelynn désarma Lyra et la plaqua au sol, un sourire triomphant sur les lèvres. "C'est fini," dit-elle, essoufflée mais victorieuse.

Lyra sourit, acceptant sa défaite avec grâce. "Tu es vraiment impressionnante, Aelynn. Tu seras une formidable alpha."

Les mots de Lyra réchauffèrent le cœur d'Aelynn. Elle savait que gagner le respect de ses pairs était essentiel, et chaque victoire la rapprochait un peu plus de cet objectif.

Après l'entraînement, Aelynn se rendit à la maison de son père. Fenris l'attendait, assis à la table de la salle à manger, une expression sérieuse sur le visage. "Aelynn, assieds-toi. Nous devons parler."

Elle s'assit, sentant son cœur battre plus fort. "Qu'y a-t-il, père ?"

"Je sais que tu te donnes beaucoup de mal pour prouver ta valeur, et je suis fier de toi," commença-t-il. "Mais il y a quelque chose que tu dois comprendre. L'éveil ne peut pas être forcé. Il vient de l'intérieur, de la connexion avec ton véritable moi."

Aelynn baissa les yeux, jouant nerveusement avec ses doigts. "Je sais, mais j'ai peur de ne jamais m'éveiller. Que vais-je devenir si cela n'arrive pas ?"

Fenris se leva et se dirigea vers elle, posant une main réconfortante sur son épaule. "Tu deviendras ce que tu choisiras de devenir. Ta force ne réside pas seulement dans ton rang, mais dans ton cœur et ta détermination. Peu importe ce que les autres disent, je crois en toi."

Les paroles de son père eurent un effet apaisant sur Aelynn. Elle sentit une vague de gratitude et de détermination la submerger. "Merci, père. Je vais continuer à me battre, pour moi et pour notre meute."

Fenris sourit, une lueur de fierté dans les yeux. "C'est tout ce que je demande, ma fille."

Cette nuit-là, Aelynn se coucha avec une nouvelle résolution. Elle savait que le chemin serait difficile, mais elle était prête à l'affronter. Peu importe combien de temps cela prendrait, elle découvrirait sa véritable nature et prouverait sa valeur. Pour sa meute, pour son père, et surtout pour elle-même.