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CHAPITRE 16 AUTOUR DU FEU.

Adrien ouvrit la gueule pour tenter de se repérer. Son instinct lui disait de s'envoler, mais il ne voulait pas le faire sans avoir secouru ses amis et surtout Eowyn.

***

De son côté, la jeune femme n'en crut pas ses yeux quand elle aperçut le dragon qui planait au-dessus de leur tête. Elle reconnut sans peine l'animal dessiné sur la peau d'Adrien.

— Il a réussi, murmura-t-elle.

— Adrien ?! fit-elle plus fort.

Il parut encore plus grand à terre, plus effrayant aussi. Les loups garous s'étaient écartés avec affolement lorsqu'il s'était approché et la panique les submergea lorsque le dragon se posa au côté de la jeune femme. Un homme de grande taille sortit de la tente principale et demanda ce qu'il se passait. Eowyn ne le regarda même pas, fascinée par le dragon majestueux face à elle.

Elle le vit ouvrir la gueule et goûter l'air avec sa longue langue. Ses yeux se braquèrent sur elle un instant plus tard et des iris pourpres la fixèrent intensément tandis qu'elle s'avançait lentement vers Adrien. Lorsque ses mains glacées se posèrent sur les écailles du reptile, un frisson parcourut la bête et un nuage brûlant s'échappa de ses narines frémissantes. Elle perçut ses pensées aussi clairement que s'il les avait prononcés et un sentiment de bonheur la submergea.

— Je suis si heureux de te voir. Tu vas bien ?

— Moi aussi Adrien. Je vais bien, ne t'inquiètes pas, le rassura-t-elle.

Elle lui caressa délicatement le museau et il ferma les yeux. Autour d'eux, le silence était pesant. L'homme de haute stature qui était sorti de la tente lançait un regard sombre et menaçant en direction des sorciers et du dragon.

— Euh… Eowyn ? fit Jonathan, hésitant, ce qui n'était pas courant chez lui.

Elle se retourna, surprise, prenant tout à coup conscience de la présence de ses autres amis à côté d'elle. Yohan, Katherine et Jonathan étaient attachés ensembles, poignets ligotés, avec de la grosse corde. Mark était maintenu par les deux gardes. Eowyn se blottit contre le dragon, qui déploya ses ailes, se préparant à s'envoler en cas de besoin. Adrien avait senti l'adrénaline envahir le parfum floral de sa camarade. Il ne distinguait pas très bien ce qu'il y avait autour d'eux, mais il avait compris qu'ils n'étaient pas en position de force. Celui qui semblait être le chef des loups garous pris la parole.

— Est-ce que quelqu'un va enfin répondre à ma question ? Que se passe-t-il ?

— Nous sommes à la recherche de Maître Guillaume, répondit Mark.

— Il n'est pas ici.

— Vous le connaissez donc ! s'exclama Eowyn.

— Bien sûr ! C'est un ami.

— Je n'ai pas pour habitude de contraindre mes amis à me suivre en employant la force, poursuivit-elle.

— Je ne l'ai pas enlevé, rétorqua l'homme, en secouant la tête. Je l'ai aidé.

— Bien sûr, railla la jeune femme. Vous l'avez aidé à disparaître c'est ça ?

— Précisément, fit-il calmement.

— Où est-il ? demanda Mark.

— En sécurité, mais pas ici. Il avait un rendez-vous.

— Attendez ! fit Yohan. Vous voulez dire, qu'il est libre d'aller et venir ?

— Je vous l'ai dit, il n'est pas notre prisonnier, mais notre invité, le temps qu'une affaire soit terminée.

— Quelle affaire ? Interrogea Mark

— Il n'a pas voulu me le dire et je n'ai pas insisté.

— Vraiment ? se moqua Eowyn. Vous l'avez aidé sans contrepartie ? Les loups garous ne sont pas connus pour leur altruisme envers les sorciers.

— Et les sorciers ne sont pas des plus bienveillants envers les autres espèces surnaturelles.

Eowyn détourna la tête, agacée. Mark suggéra calmement.

— Il est possible que nous ayons agis trop hâtivement, sans avoir toutes les cartes en main. Peut-être pourrions nous discuter en toute franchise de ce qui nous a amené ici. Ainsi chacun comprendra clairement les actions et intentions de l'autre.

— C'est une idée raisonnable, acquiesça le loup garou. Commençons par les présentations. Je suis Axel, le chef de cette meute. Voici Ernest et Grégoire, à qui vous avez donné du fil à retordre devant la tente. Et il y a aussi Amélie, Emilia, Jake, Harold, Thibault et Arthur.

Chacun d'entre eux hocha la tête à l'annonce de son prénom. Mark fit à son tour les présentations en désignant ses camarades.

— Je m'appelle Mark. Je vous présente Eowyn, Katherine, Yohan, Jonathan et Adrien qui a, pour le moment son apparence animale.

— Est-ce trop demandé, qu'il reprenne sa forme humaine ? fit Axel en lançant un regard inquiet au dragon.

— Je ne sais pas s'il en est capable. C'est un nouveau sorcier. Il apprend encore. Adrien ? demanda Mark. Peux-tu reprendre forme humaine s'il te plaît, si tu en es capable ?

— Il l'est, dit Eowyn.

— Concentre-toi, rajouta-t-elle, en regardant Adrien droit dans les yeux.

Et c'est ce qu'il fit. C'était encore plus facile avec la jeune femme face à lui, le contact de sa main sur son museau était grisant. Il imagina la sensation de sa peau fraîche sur sa joue, la douceur de sa caresse sur son visage, les détails de ses iris noisette avec ses yeux humains. En quelques secondes, il était à nouveau lui-même. Eowyn était toujours lovée contre lui, elle s'approcha davantage et lui sourit.

— Tu m'impressionnes ! Rares sont les jeunes sorciers à apprendre seuls la transmutation et jamais en si peu de temps !

— J'ai la chance d'avoir une bonne source d'inspiration. Sans toi, je serai toujours piégé dans la salle.

Eowyn vit rapidement se dérouler dans la tête du jeune homme les différents événements et elle opina avec compréhension.

— Il n'empêche que tu ne t'es pas laissé envahir par les instincts de l'animal, c'est bluffant.

— Maintenant que nous sommes tous nous même, si je puis dire, je vous propose de vous asseoir auprès du feu, proposa Axel.

Adrien et Eowyn se rendirent compte que leurs camarades avaient été détachés et s'asseyaient par terre. Adrien pris la main de la jeune femme et ils leur emboîtèrent le pas. Mark énonça les grandes lignes des découvertes qui avaient mené les sorciers au campement. Des exclamations de surprise accueillir le passage où ils trouvèrent les deux médaillons dans la forêt. Quand, à la fin de son récit, Mark s'enquit de la raison de leur réaction, Axel déclara:

— Ils n'auraient pas dû se trouver là-bas. Je suppose que le test a été faussé, une erreur a été faite.

— En réalité… il n'y a pas eu d'erreur, fit une voix claire à l'orée du bois.

— Maître ! s'exclama Eowyn.

Elle se précipita vers lui.

— Vous n'avez rien ?

— Mais non mon enfant.

— Je ne comprends pas.

Eowyn était confuse. Elle s'agrippait au vieil homme qui venait d'arriver, comme si elle avait peur qu'il disparaisse. Ce qui était le cas, en quelque sorte, mais seul Adrien le savait en toute certitude. Maître Guillaume s'approcha du feu et Adrien put voir son visage, jusque-là caché par l'ombre croissante de la forêt au crépuscule.

Il avait un visage rond et un sourire aimable. Ses yeux marron clair brillaient de malice, le rajeunissant malgré ses cheveux blancs. Une longue barbe et une moustache grises cachaient son menton et son col. Il portait une tunique marron en cuir souple, une ceinture nouée à la taille à laquelle était suspendue une lourde épée de la même allure que celle d'Eowyn. Adrien se souvint qu'elle lui avait confié avoir appris l'escrime avec son maître. Celui-ci était âgé, mais il semblait toujours avoir bon pied, bon œil et ses mouvements lestes indiquaient une vivacité insoupçonnée au premier abord.

— Allons Eowyn, rassieds-toi auprès de ton jeune ami, fit Maître Guillaume, en désignant Adrien. Vous aviez l'air plus détendus l'un à côté de l'autre.

Adrien se sentit rougir et son embarras fut rehaussé par celui d'Eowyn. Cependant, elle s'exécuta et s'assied à côté du jeune homme. Sans réfléchir, il lui prit à nouveau la main et tout deux se sentirent apaisés. Le vieil homme salua Axel.

— J'ai l'impression que ma protégée et ses amis ont causé des dommages à ton campement mon ami, s'excusa-t-il.

— Rien qui ne soit pas réparable, rassure-toi. Mais je suis intrigué par leur histoire, répondit le loup garou. Je m'attendais à la visite d'un seul homme et non à celle d'un coven entier. De plus, il semblerait qu'ils aient découvert trois médaillons. Tu n'étais pas censé en garder un sur toi ?

— Oh, j'ai oublié que je l'avais laissé dans ma chaussure, ricana Maître Guillaume, lorsque tes camarades sont venus me guider jusqu'au campement. Ils sont arrivés en avance et sont entrés si silencieusement que j'en ai fait tombé ma chaise. Elle doit toujours être au sol d'ailleurs. Du coup, je n'étais pas prêt et j'ai dû changer précipitamment mes chaussures. Je deviens tellement étourdi dans mes vieux jours.

— Alors la porte de derrière laissée ouverte, c'était aussi une étourderie, supposa Eowyn en grimaçant.

— Oui très chère, répondit Maître Guillaume en souriant gentiment. Théodore m'a informé de mon oubli et de votre probable arrivée, mais il pensait que vous mettriez plusieurs jours à me trouver. Il va être impressionné.

— Je suis perdue, Maître, gémit Eowyn.

— Elle n'est pas la seule grogna Jonathan que l'on avait pas entendu depuis un moment. Qu'est-ce que vous avez manigancé avec le capitaine dans notre dos ?

— En fait, ce n'était pas dans votre dos, mais dans celui d'un des élèves traqueurs. Vous n'auriez jamais dû être mêlés à cette affaire. Nous n'avions pas anticipé ta venue chez moi Eowyn.

— En quoi cela concerne les élèves traqueurs ? demanda Katherine.

— Cela semble évident, maintenant, intervint Yohan. C'était un test, qui ne nous était pas destiné.

— Et nous, on a foncé droit dans les ennuis, compléta Jonathan. Comme d'habitude !

— Mais pourquoi le capitaine Théodore ne nous en a pas averti quand tu nous as présenté, Eowyn ? demanda Adrien.

— Parce qu'il s'est dit que c'était l'occasion de voir ce que vous valiez ensemble, sur le terrain, répondit Maître Guillaume. Et il va être ravi de savoir que vous êtes aussi efficaces pour la traque…

Il balaya le camp du regard et continua

— Moins en ce qui concerne la subtilité dans l'attaque d'ennemis éventuels.

— D'autant que quatre d'entre eux se sont faits capturer, renchérit Axel. S'il n'y avait eu le dragon…

— Le dragon ? s'étonna Maître Guillaume.

Axel haussa des épaules et désigna Adrien

— Celui-là est arrivé par les airs. C'est lui qui a détruit la plupart des tentes. Ta protégée et leur chef se sont chargés des autres, tandis-que ces trois-là ont mis la forêt sens dessus dessous pour faire diversion. Ils étaient persuadés que nous t'avions enlevé !

— Leurs techniques d'approche sont à revoir et ils ont tiré un peu vite des conclusions, mais je peux comprendre comment ils en sont arrivés là. Oh ! Mais, c'est mon sabre ! s'exclama Maître Guillaume en distinguant l'arme dans la main d'un des loups garous qui l'avait récupéré sur l'un des sorciers. Comment l'avez-vous sorti du rocher ?

Eowyn prit la parole.

— Adrien a mis sa main dans l'encoche du socle et il devait rester dans la salle, le temps que nous te trouvions et ayons un moyen de te sortir du pétrin. Nous aurions ensuite délivré Adrien. Sauf qu'il a trouvé un moyen de sortir tout seul…

— Je me suis transformé en dragon, ce qui a fait exploser la roche qui retenait ma main. J'ai mis un peu de temps à comprendre comment passer d'une forme à l'autre et puis je suis sorti des mines et j'ai fini par les trouver. Enfin, j'ai entendu les pensées d'Eowyn.

— Tu es télépathe ? fit Maître Guillaume, intéressé.

— Euh, répondit Adrien hésitant. Pour encore quarante-huit heures et cela marche seulement avec Eowyn…

— Un souhait malencontreux Maître, dit Eowyn, un peu honteuse. J'aurais dû le prévenir et faire plus attention.

— J'ai l'impression que vous avez beaucoup de chose à m'apprendre, jeunes gens.

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