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Les fleurs

Ils coururent, encore et encore. Ils soufrèrent de la chaleur comme jamais auparavant, mais ils continuèrent à courir. Jusqu'à ce que le crépuscule arrive et qu'ils aperçoivent la frontière à l'horizon. Elle n'était plus si loin et ils atteindraient au début de la nuit. 

Tristement, Zaelia devait admettre que l'homme qui avait crié le matin que les faibles ralentissaient le groupe avait raison. Sans les huit, ils avançaient beaucoup plus vite et plus calmement. Cela lui faisait mal de l'accepter, elle n'aurait pas dû les intégrer dans le groupe au départ. Sans eux, ils réussirent à rattraper leur retard et à presque arriver à destination en beaucoup moins de temps que prévu. 

Le vent commençait à souffler mais ils n'avaient plus peur, ils savaient que les vagues de sable étaient trop rares à la frontière et que les chances d'en avoir une là où ils se trouvaient étaient extrêmement faibles mais elle s'inquiétait toujours des capacités de l'ennemi. Ils se trouvaient maintenant dans une terre inconnue. 

La nuit tomba et ils n'eurent pas besoin de beaucoup de temps avant d'entrer dans le territoire à la frontière. Au début, ils ne sentirent pas la différence, la frontière était délimitée par une sorte de chemin de pierre mais elle semblait être placée au milieu de nulle part. 

Zaelia comprit rapidement pourquoi la frontière était ainsi faite. Non loin de là se trouvait une rivière, le sable y était complètement différent, il ressemblait plus à de petites pierres polies par le cours d'eau qu'au sable sec qu'ils avaient toujours connu. L'air était beaucoup plus frais et humide. Ils étaient beaucoup plus à l'est qu'ils ne l'avaient prévu, ils auraient dû arriver au sud-est à une demi-journée de marche de la ville, mais l'endroit où ils se trouvaient était au moins un quart de jour de plus que ce qu'elle souhaitait. 

Mais pour le moment, peu importe où ils se trouvaient, ils étaient heureux d'être là. Ils s'enfoncèrent dans la nouvelle terre et leurs yeux voyaient tant de choses qu'ils n'avaient jamais vues auparavant. C'était un tout nouveau monde qui s'offrait à eux. Tout était majestueux, depuis le ruisseau de la petite rivière, la couleur de l'eau la nuit reflétant la lune et les quelques arbres dans la plaine avec des ombres dansantes sur ce qui était de l'herbe sous leurs pieds. La sensation de marcher était incroyable, eux qui n'avaient connu que le sable. Le fait de marcher sur ce sol dur pour la première fois leur provoquait une joie intense. Zaelia perdait l'équilibre, ses pas étaient trop forts et il lui fallait un peu de temps pour s'adapter. 

Elle se sentait comme une enfant, ils se sentaient tous comme des enfants. Ils riaient et s'amusaient. 

Il y avait même des fleurs. 

Ces nouvelles sensations et senteurs étaient incroyables et Zaelia souriait. Rien que pour cette expérience, ce voyage en valait la peine. Ils établirent le campement pour le reste de la nuit. Ils entendaient tous ces nouveaux sons, le chant des oiseaux dans les arbres, le bruit de l'eau à côté d'eux. Elle observait les étoiles, Xzander vint la rejoindre et posa une main sur son épaule. 

"Tu as réussi."

Elle prit sa main dans la sienne et sourit. Elle aurait aimé faire mieux, elle avait beaucoup de regrets concernant les huit compagnons perdus. Sa tête reposait sur l'herbe. Il s'allongea à côté d'elle, profitant de l'odeur des fleurs fraîches dans la nuit. C'était un sentiment incroyable, elle avait l'impression d'être une autre personne. Tout était si doux et si calme. Elle ne pouvait pas fermer les yeux, elle admirait les étoiles. Le ciel était si différent et le vent faisait bouger les branches de l'arbre à côté d'eux. Les sensations autour d'elle étaient si douces que sans s'en rendre compte, elle se rapprocha de Xzander. Il gloussa et se moqua un peu d'elle.

"Tu deviens sentimentale maintenant ?"

Elle lui donna une claque sur le torse, amusée, il lui attrapa la main et la tira sur lui. Il l'entoura de ses bras et ils restèrent dans cette position, observant ce nouveau monde autour d'eux. Appréciant chaque son, chaque chose. 

"C'est peut-être notre dernière nuit sur terre."

Elle parla d'une voix distante, elle n'avait plus aucune crainte à ce sujet. Elle se sentait détendue, la tête posée sur son torse et observant cette vue magnifique. Il était amusé et heureux. 

"C'est une bonne dernière nuit."

Il plaça ses bras sous sa tête pour se mettre à l'aise. C'était un moment simple, un moment simple et bon. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu ce genre de sentiments. Toujours à réfléchir et à s'énerver au sujet de l'évolution de la tribu. Toujours en train de chercher à avoir le dernier mot. Cette nuit, elle était simplement allongée à regarder les étoiles et l'effet du vent dans les arbres. Elle entendit la voix grave de Xzander résonner dans le calme de la nuit, c'était la voix d'un rêveur. 

"Tu crois qu'Archanium nous observe ?" 

Elle se moqua vraiment de lui.

"S'il nous observe, alors c'est très ennuyeux d'être un dieu. T'imagines-tu ? Avoir tellement rien à faire qu'on a le temps de regarder une bande de gars courir."

Ils rirent.

Alors que la lumière du matin se leva, les quarante-deux étaient prêts à partir. Aujourd'hui était le grand jour, le jour qu'ils préparaient depuis si longtemps. Le jour où ils allaient attaquer la ville. S'ils étaient des coureurs, courir sur ce sol était assez compliqué pour eux et ils avançaient beaucoup plus lentement que d'habitude. Elle comprit rapidement qu'il serait probablement difficile de s'enfuir avec les ressources récupérées tout de suite après l'assaut. Elle n'avait pas tellement peur de prendre la ville, elle savait que ses hommes étaient bons, mais elle était plus effrayée par le fait qu'ils devraient atteindre l'oasis avant la nuit après une journée entière de course et une nuit complète de pillage. Elle avait tenté de trouver un meilleur plan toute la semaine, mais il n'y avait pas d'autres solutions. Le moyen le plus sûr était d'arriver au sud-est à environ une demi-journée de course de la ville, de quitter le camp en milieu d'après-midi, d'atteindre la ville de nuit après ce long repos, puis de s'enfuir au petit matin après avoir pris ce dont ils avaient besoin. Après une journée de course, ils atteindraient l'oasis. 

Comme ils avaient eu un problème dans le désert et qu'ils étaient en retard d'une demi-journée, il leur était désormais impossible de prendre ce long repos avant les combats. La fatigue de ses Hommes était un réel problème.

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