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Vers le camp

Ils coururent toute la journée, la colonne n'avançait pas aussi vite que Zarkhaïm le souhaitait.

Il pressa les soldats d'aller plus vite, les chevaux étaient fatigués par la journée et avaient besoin de se reposer pour la nuit. Ils établirent le camp de nuit, mais Zarkhaïm était nerveux. Il alla dans sa tente et y fit les cent pas. Miroïr le vit et alla le rejoindre.

"Qu'est-ce qui se passe, pourquoi es-tu si tendu ? Jäwell est un guerrier fort, je suis sûr qu'il s'en sortira."

Zarkhaïm s'arrêta un instant. Miroïr lui servit une tasse de thé, il la prit et se calma suffisamment pour enfin s'asseoir.

"J'ai un mauvais pressentiment. Quelque chose ne va pas, ils n'auraient pas dû être aussi bien organisés. Il y a quelque chose d'illogique. Je ne sais juste pas quoi."

Miroïr s'assit à côté de lui et lui prit doucement la main.

"Tu n'es pas seul. Crois en Jäwell. Il est bon et nous le rejoindrons à temps. J'ai demandé aux mages de travailler sur un sort pendant le trajet pour réduire la distance qui nous sépare, Leïlana a réussi quelque chose et nous arriverons demain."

Zarkhaïm le regarda dans les yeux, ils étaient si proches à ce moment. Si physiquement ils ne se touchaient que les mains, Zarkhaïm avait l'impression que l'âme de Miroïr faisait partie de lui. Il était celui avec qui il avait choisi de partager l'éternité, mais pour cela, Jäwell devait survivre et régner.

Zarkhaïm posa sa tête sur les genoux de Miroïr pour chercher du réconfort. Miroïr lui caressa tendrement la tête pendant ce temps. Tout comme la dernière fois, Zarkhaïm s'endormit sur ses genoux. Miroïr l'aida à s'allonger dans le lit. Lorsqu'il voulut partir, Zarkhaïm lui attrapa le bras et l'attira avec lui dans le lit. Zarkhaïm murmura d'une voix tremblante en le tenant fermement contre lui.

"Reste avec moi."

Miroïr resta avec lui toute la nuit. Il finit par s'endormir dans ses bras. Au matin, Leïlana entra dans la tente, pour elle, tout était normal. Dans son esprit, ces deux-là étaient amants depuis longtemps et il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'ils partagent un lit. Zarkhaïm rit un peu de la situation. Ils se sentaient comme dans un cocon et oublièrent un court instant le fait qu'ils étaient dans une tente dans un camp militaire et que la situation était grave.

"Miroïr, le sort est prêt. Nous pouvons partir maintenant."

Après ces mots, tout le monde s'activa pour partir au plus vite et il ne leur fallut que vingt minutes pour démonter le camp et prendre la route.

Leïlana expliqua son plan à Miroïr qui les avait rejoints dans la calèche. La colonne se remit en marche. Les soldats se montrèrent agressifs. Ils plaignirent du fait que l'attelage les ralentissait et qu'ils perdaient un temps précieux, la plupart voulait laisser la calèche derrière pour rejoindre Jäwell au plus vite.

Les gens du peuple avaient des problèmes avec les mages. L'idée de la magie était encore très récente et la plupart d'entre eux n'en entendaient parler que comme d'un étrange passe-temps du roi. Certains pensaient même que Zarkhaïm lui-même avait perdu la tête pour donner de l'argent et du pouvoir à cette organisation.

Miroïr fit un signe par la fenêtre pour attirer l'attention de Zarkhaïm. Celui-ci le vit et vint le rejoindre.

" Nous sommes prêts, nous allons transporter la colonne via un portail qui réduira la distance. Une fois que nous l'aurons traversé, nous serons dans le camp de Jäwell. Dirige les hommes pour qu'ils marchent droit devant et seulement droit devant, nous partirons quand tu seras prêt."

Zarkhaïm acquiesça et galopa à la tête de la colonne. Il donna l'ordre de marcher droit devant d'une voix puissante pour être sûr d'être entendu de tous. Puis, il leva le bras pour donner le signal.

"Maintenant !"

Miroïr le vit, il joignit ses mains à celles des autres mages. Les gens autour entendaient les incantations, beaucoup d'hommes se retenaient de rire. Ils faisaient des commentaires sur leur folie.

Bientôt, l'image devant eux se déforma et ils ne purent plus voir la réalité. Devant eux se trouvait un tunnel sombre et sans lumière. Miroïr cria à travers la fenêtre.

"Marchez tout droit ! Vite !"

En quelques minutes seulement, les soldats virent la réalité déformée redevenir claire. Ils étaient terrifiés, non seulement parce qu'ils ne voyaient plus rien mais parce qu'en plus du bruit des oiseaux massifs dans l'obscurité, ils durent admettre que la magie existait.

Ces gens avaient des pouvoirs qui dépassaient leur imagination. Ils traversèrent le tunnel en silence, certains tremblant de peur alors que les ténèbres semblaient se rétracter sur eux.

Il ne leur restait plus que deux cents mètres à parcourir avant de retrouver la lumière et ces quelques mètres leur paraissait les plus durs de leur vie.

Une fois passés de l'autre côté, ils arrivèrent au camp de Jäwell. Ils n'arrivaient pas à croire qu'ils avaient parcouru une telle distance en si peu de temps.

En observant autour d'eux, ils remarquèrent que le camp était presque vide. Ils aperçurent quelques centaines d'hommes qui marchaient lentement. Ils étaient tous blessés. L'armée était vaincue et le camp était en très mauvais état. Les généraux et les capitaines donnèrent leurs ordres à leurs bataillons respectifs.

Pendant ce temps, Zarkhaïm courut à la tente du commandant pour trouver Jäwell. Dans cette tente, Zarkhaïm ne trouva que des documents. Il sortit aussi vite qu'il était entré. Il cria en direction de Miroïr.

"Il n'est pas là ! Viens vite avec moi !"

Zarkhaïm siffla son cheval en courant, il sauta dessus et ils galopèrent vers Miroïr. Lorsqu'il fut assez près, il l'attrapa par la main et Miroïr sauta derrière lui. Une fois sur le cheval, il passa ses bras autour de Zarkhaïm et le serra fortement se laissant transporter. Miroïr avait peur. Il était épuisé par le sort et son cœur battait au ralentit. Il n'avait qu'une chose en tête.

"S'il te plaît, Jäwell, sois vivant." murmurait-il pour lui-même.

Tous deux très inquiets, ils coururent ainsi le plus vite possible en direction du champ de bataille.

En arrivant, l'odeur du sang était très forte. Ils sautèrent tous les deux sur le sol comme un seul homme. Miroïr vit Zarkhaïm devenir plus pâle alors qu'il se précipita dans une direction.

"Il est là."

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