L’heure du choix

Peu après, un serviteur vint à eux pour les reconduire à l'entrée. Il était midi, ils avaient faim. Ils décidèrent d'aller au restaurant. Ils ne l'avaient jamais fait. Ils entrèrent, et le propriétaire se méfia de voir entrer deux jeunes hommes ensemble. Jäwell le stoppa net dans ses pensées en payant en avance une large somme. L'homme sourit et les installa confortablement.

"Tu sais Miro, nous pourrions manger tous les jours dans un tel endroit si nous disons oui."

Miroïr était beaucoup plus réticent, il était terrifié par la proposition. Elle lui paraissait trop belle pour être vraie.

"Cela signifie qu'un jour, tu seras le Roi. Tu t'en rends compte ?"

Jäwell sourit de toutes ses dents.

"Oh oui, je m'en rends compte ! Roi Jäwell !"

Jäwell était plus que content, il se mit à boire pour fêter ça. Miroïr murmura dans un très long souffle. Il avait un mauvais pressentiment.

"De toute façon, personne ne peut refuser une telle proposition, je suppose. Soyons Princes"

Ils finirent la soirée fortement alcoolisés. Miroïr dut porter Jäwell sur son épaule pour rentrer chez eux. Ils tombèrent plusieurs fois sur le chemin. Jäwell caressa tendrement la joue de son frère une fois qu'ils furent rentrés.

"Dis-moi petit frère, tu penses quoi de lui ?"

Miroïr se mit à rougir, ce qui était encore plus visible avec sa peau blanche. Il tourna la tête, évitant de croiser son regard.

"Qui ? Quoi ?"

Jäwell riait.

"Aller ! Nous sommes juste tous les deux. J'ai vu comment tu le regardais."

Miroïr releva brutalement la tête, il voulut se défendre. Il laissa tomber Jäwell par terre et alla s'asseoir pour prendre un verre d'eau et essayer d'éclaircir son esprit.

Jäwell tomba comme une masse, il n'essaya même pas de se relever. Il était complètement saoul et il riait de plus belle.

"Tu ne regardes pas les femmes de cette façon, petit frère. Tu le dévorais des yeux."

Jäwell s'esclaffa en le taquinant et Miroïr ne savait plus où se mettre.

"N'en rajoutes pas… "

Jäwell rampa jusqu'à la table et le regarda très sérieusement.

"Je veux que tu admettes. Je ne te lâcherai pas avant que tu ne le dises."

Miroïr posa le verre d'eau, l'alcool n'aidait pas et il avait maintenant la tête qui tournait. Il balbutia.

"Ok c'est bon, tu gagnes. Je le trouve attirant."

Miroïr croisa ses mains sur sa poitrine alors que Jäwell s'écroula par terre en soupirant.

"Bah voilà. Ce n'était pas si dur. Ou justement ça l'était ? haha."

Jäwell s'endormit dans son vin juste après avec un sourire victorieux. Miroïr, par contre, était plongé dans ses pensées. Il se surprit à sentir son cœur battre en repensant à la douce voix du Roi. Il fixa le plafond durant un moment avant que l'alcool ne l'aide à s'endormir à son tour.

Le lendemain, Jäwell avait un mal de tête très intense. Ils évitèrent le sujet du Roi pendant quelque temps. Ils décidèrent d'attendre quelques jours avant de se rendre au château pour donner leur réponse définitive. Le temps d'être sûrs, même si la décision était déjà prise.

Lorsqu'ils se sentirent prêts, ils se rendirent au château. Ils montrèrent la pièce au garde et le commandant vint les fouiller comme la dernière fois.

Ils arrivèrent dans la même pièce que la dernière fois mais il n'y avait personne et ils décidèrent d'attendre, debout.

Après quelques longues minutes, le roi entra. Il croisa les bras en regardant les frères. Miroïr se souvenait encore de la discussion qu'il avait eue avec Jäwell et n'osait pas regarder le Roi droit dans les yeux.

"J'ai cru comprendre que vous aviez pris votre décision ?", demanda Zarkhaïm

Le roi souriait. Il était très heureux et Jäwell était très excité.

"Oui, nous avons décidé d'accepter ta proposition, Zarkhaïm. Alors, quelle est la suite ?!"

Zarkhaïm semblait être une autre personne tout à coup, son visage s'illumina et ses yeux brillèrent. Miroïr admirait secrètement son regard en cet instant. Sans se l'avouer, il ne pouvait s'empêcher de regarder son sourire. Miroïr se mit à sourire à son tour.

"La suite, vous prenez vos affaires et vous venez habiter ici. Demain, un serviteur vous montrera vos quartiers. Cette semaine, nous verrons comment je peux vous former à être mes successeurs. Nous verrons ensemble l'économie et la politique extérieure de notre pays".

Le même jour, la nouvelle se répandit. Merik marchait dans la rue lorsqu'il entendit un cri.

"Le Prince Blanc et le Prince Noir sont entrés dans le château !"

Merik sentit un chatouillement dans son ventre, il comprit tout de suite. Il courut à la forge et ne trouva personne. Il comprit ce qui s'était passé. Il comprit que maintenant, un monde complet les séparerait. Merik était heureux, il était heureux que les enfants qu'il avait vu grandir, l'enfant faible qu'il avait sauvé, ces enfants. Les enfants de son ami d'enfance étaient devenus Princes et ne souffriraient plus jamais de la pauvreté. Merik avait ce sentiment d'avoir réussi sa mission.

Ce jour était joyeux dans le royaume. Tout le monde fêtait la continuité de la royauté.