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Acte 3 - Assaut final et dénouement

L'assaut final débuta comme prévu à 20 h. Tandis que la coalition frappait les lignes de front avec une force implacable, les explosions et les tirs déchirant la nuit, Mia et son groupe s'étaient faufilés derrière les lignes ennemies à bord d'hélicoptères furtifs. Leur approche, silencieuse et invisible, leur permettait de glisser à travers l'obscurité comme des ombres, hors de portée des radars et des patrouilles ennemies. Leur objectif était simple, mais décisif : atteindre le lieu où la famille Von Kaiser se terrait, cachée dans un bunker sous haute surveillance. Là, au cœur du bastion ennemi, se trouvait la clé pour mettre fin à cette guerre. C'était là que tout devait se terminer.

"Gleipnir Delta, votre unité d'escadron arrive à la limite de la portée des radars." annonça une voix dans le casque de Mia, brisant le silence pesant qui régnait à bord.

"Ici IMM, bien reçu, terminé." répondit Mia avec calme. "Très bien, que tous les hélicoptères passent en mode stationnaire."

Les hélicoptères ralentirent, flottant dans l'air, indétectables, tandis que les équipes se préparaient à l'infiltration.

"La connexion des tenues de combat avec tout le groupe est établie." intervint Matt.

Mia inspira profondément avant de répondre : "Merci, Matt. OK, que tout le monde m'écoute !" dit-elle d'une voix qui résonnait dans chaque casque. "Je pense que personne n'a oublié la stratégie. Cette mission est notre seule chance. Si elle réussit, cette guerre prendra fin, et nous pourrons enfin traduire en justice ceux qui nous ont fait tant souffrir."

Un silence de plomb s'installa, chargé de détermination et de colère contenue. Mia laissa quelques secondes s'écouler avant de conclure : "Pour tous nos camarades tombés au combat, et pour le renouveau. À toutes les unités... GO !"

D'un geste rapide, les hélicoptères libérèrent les équipes qui plongèrent dans l'obscurité, prêtes à accomplir leur mission. Les équipes ont toutes sauté des hélicoptères, motivées et connaissant l'importance de cette ultime mission.

"Mia, ça va être à nous." dit Matt, la voix calme mais empreinte de gravité.

Mia prit une profonde inspiration avant de lui répondre : Matt, je dois te dire quelque chose. Toi et moi, on a survécu ensemble pendant deux ans, et tu m'as suivi même après dans l'armée. Je n'ai jamais été très sociable ni amicale avec toi, ou avec qui que ce soit, d'ailleurs. déclara-t-elle, les yeux fuyant un instant son regard. "J'ai pris des décisions qui ont coûté la vie à certains de nos camarades, et certains m'en ont voulu pour ça, certains m'ont même détestée."

Matt la fixa, un sourire triste sur les lèvres : "Mia, ces décisions que tu as prises ont sauvé la majorité d'entre nous. Nous n'étions que des enfants. Il est vrai que certains te détestaient, mais ils savent très bien que sans toi, ils seraient morts. Aucun d'entre eux n'aurait eu le courage de faire les choix que tu as faits. C'est toi qui nous as guidés, toi qui as porté le fardeau de ces décisions."

Il marqua une pause, puis ajouta doucement : "Je suis resté en contact avec beaucoup de nos anciens camarades. Et tu sais quoi ? Ils regrettent de t'avoir détestée. Ils savent que tu leur as sauvé la vie. Et même aujourd'hui, par tes actes, tu vas sauver des milliards de personnes, même si ces actes sont motivés par ta quête de vengeance."

Il lui prit alors la main en la regardant dans les yeux :

Les choix que ta vengeance t'a imposés t'ont changée, Mia, mais je suis prêt à t'accepter telle que tu es, à accepter ce que tu feras ensuite. On ne te l'a jamais dit, mais nous t'avons toujours admirée. Et moi... moi, Mia, je veux que tu saches que je t'aime. Je sais que tu n'as jamais eu le temps pour ça, et encore moins maintenant, avec tout ce qu'on doit accomplir. Mais je veux que tu saches que tu as tiré chacun de nous de cette Oblivion, et pour cela, on te doit tout." Les autres membres acquiescèrent alors.

Mia resta un instant silencieuse, l'émotion pesant lourd dans l'air. Puis, se ressaisissant, elle hocha la tête et, avec une détermination glaciale, lança d'une voix forte : "Je vois, quand tout sera terminé j'aimerais qu'on se donne du temps. Escouade Oméga, on saute !"

***

Pendant le saut, mes pensées se sont entrechoquées. Mon objectif de vengeance a sauvé beaucoup de gens. Honnêtement, je n'en ai jamais rien eu à cirer des autres, à part de moi-même tant que je pouvais survivre. Le pire, je crois, c'est que je n'ai jamais eu de remords à me servir des autres. Tant que je pouvais atteindre mes objectifs. C'est vrai, les choix que j'ai faits pèsent sur moi. Et avec ce que je m'apprête à faire, je mettrai bientôt un terme à tout ça tout en alourdissant mon fardeau. Je n'en ai jamais rien eu à faire d'être une héroïne ou de sauver des gens.

Matt, tu as pourtant perdu ta sœur à cause de moi. Que tu me dises que tu m'aimes et que tu acceptes mes choix, ce que je suis devenue, ça me chamboule. J'aurais pensé que tu aurais voulu te venger ou que tu m'aurais haï. Mais tu es tout le contraire de moi. Tu as vu, vous avez vu en mes actes une main salvatrice. Une main qui a permis de sauver des gens alors que moi je voyais en vous le moyen d'accomplir ma vengeance. Vous continuez à me voir comme une libératrice. Au début, il n'y avait que le silence, rien de pire que le silence et l'Oblivion.

Nos histoires, nos vécus, nos sentiments pour certains sont tombés dans cet Oblivion. Nous sommes tous une histoire parmi tant d'autres. Nous vivons tous les jours comme si chaque jour était le dernier, mais peu importe nous suivons notre propre chemin.

Nous avons atterri en douceur, exactement comme prévu, sans perdre un instant, nous nous sommes faufilés vers la dense forêt qui encerclait le château. L'obscurité était notre alliée, nous enveloppant comme un manteau protecteur tandis que nous avancions silencieusement parmi les arbres. Chaque pas était mesuré, évitant les branches craquantes et les feuilles mortes qui pourraient trahir notre présence. Après une progression méthodique, nous avons atteint le bord de la clairière, d'où se dressait devant nous le château imposant. Il se découpait dans la pénombre, sinistre, ses tours gothiques pointant vers un ciel constellé d'étoiles et une lune pleine. Mon équipe et moi, en position, attendions patiemment le signal, nos cœurs battant à l'unisson avec l'excitation mêlée de tension.

"Dix minutes. L'attaque sur la Roumanie commence dans dix minutes, l'offensive sur la Pologne dans neuf." murmura Matt dans mon oreillette.

Je sentis mon pouls s'accélérer. "Tout va se décider ce soir." pensai-je en ajustant mon équipement.

"Snipers, les gardes sont-ils en joue ?" demandai-je d'une voix calme.

"Affirmatif, commandant. Toutes les cibles sont prêtes à être neutralisées. Nous attendons vos ordres." répondit une voix claire dans mon oreillette.

"Très bien, snipers, vous allez éliminer les gardes du balcon. C'est par là que nous allons monter avec nos grappins. Équipe Alpha, préparez-vous à couper le courant à mon signal. Équipe Bravo, vous entrerez par le hall principal pour bloquer l'accès au bunker. Équipe Delta, les charges sont-elles en place sur la route de retraite ?"

"Affirmatif !"confirma Équipe Delta.

"Parfait, personne ne sortira d'ici vivant." conclus-je, le ton glacial.

Il restait une minute avant l'assaut. Le silence pesant n'était interrompu que par le bruissement du vent dans les arbres. Je respirai lentement, tentant de maîtriser les flots de pensées qui envahissaient mon esprit. Avant cette guerre, le monde dans lequel nous vivions était protégé par une fragile bulle de paix, me rappelai-je. Mais la cupidité des hommes a fini par la briser, comme elle le fait toujours. C'est l'histoire de l'humanité, une répétition incessante des mêmes erreurs. Mes poings se serrèrent instinctivement. Cristian, je vais t'aider à faire en sorte que les hommes ne répètent plus ces erreurs. C'est ce que je ferai après tout ça.

Le compte à rebours atteignit finalement zéro.

"C'est l'heure. Abattez-les !" ordonnai-je avec détermination.

Les détonations des fusils à lunette brisèrent le silence nocturne, des éclairs de lumière ponctuant l'obscurité. Un à un, les gardes sur le balcon s'effondrèrent, frappés avec une précision chirurgicale. Leurs corps basculèrent, disparaissant dans les ténèbres en contrebas.

"Cibles éliminées !" confirma une voix dans mon oreillette.

Sans perdre une seconde, nous tirâmes nos grappins vers le balcon, les crochets s'agrippant solidement à la balustrade de pierre.

"En avant !" lançai-je.

Nous avons rapidement gravi la façade du château avec agilité.

"Équipe d'assaut, préparez-vous à intervenir dès que nous serons à l'intérieur. Techniciens, coupez le courant... maintenant." commandai-je.

En un clin d'œil, le château fut plongé dans les ténèbres les plus complètes. Les lumières vacillèrent puis s'éteignirent, laissant les occupants dans une confusion totale. Nos masques de vision nocturne s'activèrent automatiquement, baignant le monde d'une lueur verdâtre familière. Nous nous faufilâmes à l'intérieur par le balcon, avançant rapidement mais prudemment. Les soldats ennemis, désorientés par la soudaine obscurité. Ils furent neutralisés un par un leurs corps tombant au sol loudement, tels des proies sans défense. Les tirs étaient précis, rapides, efficaces. Chaque pièce ciblée fut investie sans résistance, nos hommes maîtrisant parfaitement la situation.

Au détour d'un couloir, nous tombâmes sur un enfant, recroquevillé dans un coin de sa chambre, les yeux écarquillés par la peur. Un peu plus loin, un jeune homme d'environ dix-huit ans se tenait, l'air défiant mais visiblement terrifié. La mère, entendant le chaos, surgit dans le couloir, son visage pâle et marqué par la panique. Elle tenta de fuir, courant vers l'escalier,

Je levai la main pour signaler à Matt : "Matt, neutralise-la. Vise les genoux !"

Sans hésitation, il épaula son arme et tira. Les balles fusèrent, touchant la cible avec précision. La femme s'effondra au sol, un cri de douleur déchirant ses lèvres. Du sang s'étendit sur le marbre immaculé. Pendant ce temps, les autres enfants avaient déjà été interceptés par l'Équipe Bravo alors qu'ils tentaient de rejoindre le bunker secret du château.

"Rapport !" aboyai-je dans le communicateur, mon ton ne laissant place à aucune hésitation.

Une voix répondit rapidement : "Les deux autres enfants ont été capturés, mais l'objectif principal est introuvable. Nous avons fouillé les étages supérieurs et le sous-sol, sans succès."

Je consultai rapidement mon dispositif portable où un message clignotait. Un sourire froid se dessina sur mes lèvres.

"Aucun souci." répondis-je avec une assurance glaciale. "L'Équipe trois vient de m'envoyer un message. L'objectif s'enfuit par la route principale."

J'activai le canal de communication avec l'Équipe Trois : "Équipe Trois, cible en mouvement sur votre position. Attrapez ce fils de chien et ramenez-le-moi vivant. Je veux lui parler personnellement."

Quelques minutes plus tard, tous les soldats ennemis avaient été neutralisés. Le courant fut rétabli, baignant le château dans une lumière blafarde qui accentuait la sinistre scène. L'édifice, autrefois majestueux, n'était plus qu'un cimetière silencieux. Je marchais lentement au milieu des corps inertes, mes pas résonnant sur le parquet du grand salon. Les membres de la famille Von Kaiser avaient été rassemblés là, gardés sous bonne surveillance par mes hommes. Cependant, il manquait encore un dernier enfant, alors je partis à sa recherche.

Après avoir fouillé plusieurs pièces, j'arrivai devant une porte entrebâillée. Un murmure à peine audible s'en échappait. J'entrai silencieusement dans la salle de bain luxueuse, mes yeux scrutant chaque recoin. C'est alors que je la vis : une jeune fille, aux cheveux blancs comme la lune, recroquevillée dans un coin. Ses yeux rouges, écarquillés par la terreur, brillaient dans la faible lueur des appliques murales. Elle semblait si frêle, si vulnérable.

Je la fixai sans émotion avant de lui crier dessus : "Sors de là, maintenant." ordonnai-je d'une voix glaciale qui ne laissait place à aucune discussion.

Elle secoua la tête frénétiquement, les larmes roulant sur ses joues. "Non, laissez-moi tranquille !" cria-t-elle, sa voix brisée par la peur et le désespoir.

Voyant qu'elle refusait d'obéir, je perdis patience. Je me précipitai vers elle, agrippant fermement ses cheveux pour la tirer hors de sa cachette. Elle hurla, se débattant désespérément, ses ongles griffant mes mains, mais en vain. Ses cris perçants résonnaient dans tout le château, se mêlant à l'écho lointain d'une explosion au dehors. Un sourire froid étira mes lèvres.

"C'est fini." murmurai-je.

En descendant les escaliers vers le grand salon, je traînai la jeune fille derrière moi. Là, je vis Grégor, à genoux, les mains liées dans le dos, du sang dégoulinant de son front. Sans ménagement, je la poussai vers le centre de la pièce. Elle trébucha et tomba sur une table en verre qui se brisa sous l'impact, les éclats volant en tous sens. Quelques mèches de ses cheveux étaient restées accrochées à ma main.

Des cris déchirants résonnèrent alors dans la pièce. La mère, le frère et la sœur de la jeune fille se débattirent contre leurs gardiens, hurlant son prénom dans un ultime appel désespéré : "Sofia !"

"Pourquoi faites-vous cela ? Ce n'est qu'une enfant !" s'écria la mère, sa voix brisée par le désespoir, tandis que ses yeux cherchaient une once de pitié dans mon regard.

Je me tournais lentement vers elle, une lueur glaciale dans mes yeux. Sans prononcer un mot, je m'avançais vers elle, lui assénant une violente gifle. Le claquement sec résonna dans la vaste salle, laissant un silence pesant derrière lui. Tous les regards étaient fixés sur elles, la tension palpable suffoquait l'atmosphère.

"Croyez-vous vraiment que j'en ai quelque chose à faire de vous ?" crachai-je avec dédain, mon regard perçant transperçant la femme terrifiée. "Vous allez tous mourir après votre jugement, et j'ai hâte que cela se termine vite !"

Un sourire tordu, mêlant joie malsaine et haine profonde, étira mes lèvres. Sans un regard de plus pour la mère meurtrie, je me détournai et m'approchai de Grégor. Il était toujours à genoux, les mains liées, mais son regard restait fier, défiant même. Je m'accroupis devant lui, nos visages désormais à la même hauteur, et planta mes yeux dans les siens.

"Après votre jugement, je vais vous torturer lentement, vous et toute votre famille. Et le plaisir que j'y prendrai sera indescriptible." murmurai-je d'une voix douce.

Grégor soutint mon regard, un léger sourire ironique se dessinant sur son visage malgré la situation.

"Oh, aurais-je affaire à un monstre ?" rétorqua-t-il avec un sarcasme mal dissimulé.

Sans ciller, je sortis lentement son arme de poing, laissant le canon froid effleurer le genou de Grégor.

"Un monstre, dites-vous ?" susurrai-je avant d'appuyer sur la détente.

La détonation fut assourdissante, brisant le silence oppressant. Un cri déchirant échappa à Grégor alors qu'il s'effondrait sur le sol, sa main tentant vainement de contenir le flot de sang s'échappant de sa blessure. Les visages horrifiés de sa famille reflétaient une terreur indicible.

Je me suis redressée légèrement, puis j'ai saisi brutalement la tête de Grégor, le forçant à me regarder en face.

"Tu peux faire le dur si ça te chante, mais si je tuais un de tes enfants devant toi, car même le pire des monstres a quelque chose auquel il tient." lançai-je avec mépris.

Le masque de défi de Grégor se fissura, laissant entrevoir une panique naissante : "Vous n'oseriez pas !" cria-t-il, la voix tremblante, oscillant entre colère et supplication.

Un sourire froid étira mes lèvres, sans un mot, je fis un signe de tête à l'un de mes hommes qui amena son fils devant lui.

"Dis-lui que ça va bien se passer Grégor."

Grégor pétrifié ne put que baigailler

"Dis-lui Grégor ! Regarde le dans les yeux et dis-lui que tout va bien se passer."

"Papa.." Sanglota son fils.

"Tout va bien se passer, tout va bien se passer n'aie pas peur." dit-il la voix tremblante et le visage crispé.

Une seconde plus tard, un coup de feu retentit. L'aîné des enfants Von Kaiser s'effondra, une balle logée en plein front. Un silence de mort s'abattit, suivi des hurlements déchirants de la famille. La mère se jeta sur le corps sans vie de son fils, ses sanglots résonnant dans la pièce, tandis que les insultes et les supplications fusaient de toutes parts.

"Je n'oserais pas ? Sachez que, tout comme vous, je suis le pire des monstres. La morale, la pitié... je n'en ai plus rien à faire. Il n'y a que la vengeance et la haine qui comptent désormais." répétai-je, ma voix teintée d'une sombre satisfaction.

Grégor, le visage ravagé par la douleur et le chagrin, secoua la tête en murmurant des mots incohérents. Puis, rassemblant ses forces, il cria : "Merde, merde, merde ! Si j'ai déclenché cette guerre, c'était pour le bien de tous ! Vous croyez que je dors bien la nuit ? Vous croyez que j'ai fait ça par plaisir ? C'était une nécessité !"

Soudainement j'ai agrippé sa tête avec force et l'écrasai contre le sol de marbre, un craquement sinistre se faisant entendre alors que son nez se brisait. Le sang jaillit, se répandant en une flaque sombre autour de son visage.

"Une nécessité ! Vous m'avez pris ce que j'avais de plus cher. Je vais te donner un conseil : il faut faire attention au monstre que l'on crée."

Je fis quelques pas en arrière, le regard toujours fixé sur Grégor qui gémissait de douleur. Les membres de la famille Von Kaiser étaient prostrés, anéantis par la terreur et le chagrin.

"Maintenant, pense bien à ce que je vais te faire, à toi et à ta famille. Retourne-le dans tous les sens possibles et imaginables. Mais sache une chose : tu vas sombrer dans l'Oblivion, tout comme tu nous y as plongés."

***

L'enfer est à l'image de l'homme rien n'assouvit sa cruauté.

Les dernières offensives prirent fin, et avec elles, cette guerre qui avait ravagé des milliards de vies, le 12 avril 2236. Tous les complices, soldats, et collaborateurs de près ou de loin furent jugés dans ce que l'on appela la Catharsis. Ce procès, retransmis dans le monde entier, servit d'exutoire pour une humanité en quête de coupables. Le jugement de la famille Von Kaiser, en particulier, attira toute l'attention. Il offrit au public un visage sur lequel projeter la haine accumulée pendant des années. Le verdict était sans surprise : condamnation à mort, comme pour tous les autres complices. Mais un fait marqua l'histoire de ce jugement Grégor Von Kaiser refusa tout avocat et choisit d'assurer lui-même sa défense.

Lorsque le juge lui posa une question cruciale, Grégor, au lieu de se soumettre en silence, prononça un discours qui fit trembler la salle.

"Monsieur Grégor, selon les rapports de l'équipe qui vous a capturé, vous auriez déclaré, je cite : Cette guerre était un acte nécessaire pour le bien de tous." Pouvez-vous expliquer cette affirmation ?"

Grégor se redressa, son regard glacial balayant la salle avant de prendre la parole : "Je ne vais pas m'excuser d'avoir précipité l'inévitable, bien sûr que cette guerre était nécessaire. Pensez-vous que l'humanité aurait pu survivre encore longtemps ainsi ? Nous manquions de ressources, la nourriture et l'énergie s'épuisant à une vitesse alarmante. Nous avions atteint un seuil critique de pollution, et mère nature nous forçait à en payer le prix. Tôt ou tard, nous nous serions éteints. Mais dans ce chaos, il y avait une lueur d'espoir, même si cela impliquait de prendre une décision lourde de conséquences, une décision que certains qualifient de monstrueuse."

Un murmure traversa la salle, mais Grégor continua sans faiblir.

"J'ai fait ce choix ! Si la population diminuait, nos problèmes de ressources auraient été résolus, ne serait-ce que temporairement. Cela nous aurait donné le temps nécessaire pour reconstruire et pour trouver une solution durable pour l'avenir de l'humanité. Plutôt que de nous battre entre nous, plutôt que de sombrer dans la décadence, nous aurions pu nous unir, créer un avenir commun."

Le juge, impassible, répliqua : "Vous parlez d'un génocide."

Grégor sourit légèrement, un sourire froid, calculateur : "Connaissez-vous la loi 40 du Livre du Pouvoir ?" demanda-t-il.

Le juge fronça les sourcils, incertain de la direction prise par Grégor.

"Expliquez-vous."

Grégor leva les yeux vers le plafond, comme s'il récitait une leçon apprise depuis longtemps :"Ce qui est gratuit est suspect : cela cache soit un piège, soit une obligation. Ce qui a de la valeur mérite d'être payé. La survie de l'humanité, Messieurs, a un prix. Et ce prix a été payé en vies."

Des cris d'indignation retentirent dans la salle, mais Grégor les ignora, poursuivant son discours implacable : "Au prix de milliards de vies, j'ai assuré un futur pour ceux qui sont restés. Oui, c'est un sacrifice immense. Mais je vous le dis, tout le monde se dit prêt à faire des choix difficiles, mais peu en sont réellement capables. Nous vivons dans une hypocrisie collective. Il fallait que quelqu'un fasse un choix lourd de conséquences. Ce choix, je l'ai fait. La race humaine a un avenir grâce à moi."

Le juge répliqua avec colère : "Vous êtes un meurtrier de masse !"

Grégor haussa les épaules, comme si cela n'avait aucune importance.

"Vous pouvez me traiter de fou, de monstre, d'assassin. Cela ne change rien. La vérité est là, elle vous frappe, que cela vous plaise ou non. Grâce à moi, nos enfants, vos enfants auront un avenir plus radieux que celui que nous avons connu. Un avenir prospère !"

Il se tourna vers la foule, ses yeux brillants d'une froide conviction.

"Je vous ai sauvés. Je nous ai tous sauvés. Vous pouvez me haïr, me juger, mais au fond, vous savez que j'ai raison. La vérité nous rattrape toujours."

Il marqua une pause avant de conclure : "Je n'ai aucun regret... sauf que ma famille ne verra pas cet avenir que j'ai créé pour eux."

Le silence qui suivit était pesant, lourd de tension et d'incertitude. Ce discours entra dans l'histoire, non pas parce qu'il trouva des partisans, mais parce qu'il força chacun à réfléchir. Qui donnerait raison à un meurtrier de masse ? Personne, de peur d'être associé à lui. Mais son discours résonnait d'une manière qui dérangeait.

Le verdict final, sans surprise, fut rendu : la peine de mort. Mais peu étaient ceux qui connaissaient le véritable sort réservé à la famille Von Kaiser.

Une semaine plus tard.

"Ah là, là... C'est regrettable, Monsieur Grégor. Votre femme n'a pas pu supporter le choc électrique cette fois-ci. Mes associés y sont peut-être allés un peu trop fort." dit Mia d'un ton froid, presque désintéressé.

Grégor, brisé physiquement et mentalement, par des jours entiers de torture, leva ses yeux fatigués vers elle.

"Qu'attendez-vous pour me tuer ? Vous m'avez détruit mentalement... Physiquement, je ne suis plus qu'une loque. Vous avez torturé et tué mes quatre enfants, et maintenant ma femme..."

Un rictus cruel étira les lèvres de Mia : "Je veux que tu le redises encore une fois. Dis-le ! Dis-le !"

Grégor éclata en sanglots. Il n'avait plus de bras, plus de jambes. Son corps n'était plus qu'un amas de blessures et de souffrances. Sa voix, brisée et tremblante, suppliait pour une libération qu'il savait hors de portée.

"J'ai... j'ai tué ta famille, ton frère. Je suis désolé. Je suis désolé !" balbutia-t-il, la voix éteinte.

Sa seule aspiration, son seul souhait était désormais la mort.

"Achève-moi, je t'en supplie..." implora-t-il, la voix mourante.

Mia le fixa un instant, son visage impassible.

"Très bien." murmura-t-elle. "Mais tu vas mourir à petit feu."

Elle leva son arme, la regarda un instant, puis, sans un mot, tira une balle dans le ventre de Grégor.

Il poussa un cri de douleur, un cri perçant, mais ses yeux étaient étrangement vides, comme s'il avait déjà renoncé. Mia le fixa, impassible, sa voix glaciale brisant le silence.

"C'est fini. Tu vas mourir d'une hémorragie interne... comme mon frère. C'est le dernier prix que tu paieras pour tes actions."

"Dit celle qui a torturé des enfants innocents..." souffla Grégor.

Grégor, malgré la douleur atroce, et la mort se rapprochant, trouva un dernier souffle de lucidité.

"J'ai sauvé l'humanité... au prix de terribles sacrifices .Je suis un meurtrier, oui... mais aussi un sauveur. J'ai créé des monstres comme toi dans mon sillage... mais veille à ne pas en créer un autre. Le cycle de la haine ne s'arrêtera pas avec moi, jeune fille. La tristesse n'est pas l'absence de vengeance. La vraie tristesse, c'est d'avoir été emprisonnée dans ton désir de vengeance au point d'en oublier qui tu es. Ton frère se serait retourné dans sa tom...

Un coup de feu résonna dans la pièce, et Grégor s'effondra sans vie.

Elle regarda son corps inerte, indifférente à son avertissement.

"Tu as ton avis, et j'ai le mien. Peut-être que tu as sauvé des millions, des milliards de personnes... Mais mon drame personnel passe avant tous les autres." murmura-t-elle.

Elle détourna les yeux, fixant un point invisible dans la pièce.

"Ne me regarde pas comme ça, grand frère. Je vois tes yeux remplis de dégoût. Tu ne dis rien, mais je le sais. Tu vas me hanter pour le reste de mes jours, c'est ça ?" dit-elle doucement.

Un silence pesant envahit la pièce, brisé uniquement par sa propre respiration.

"Mais je suis forte. Plus forte que tout. Je vais endurer ça, même si cela me brise entièrement de te voir me regarder de cette façon." murmura-t-elle, ses yeux se durcissant.

Elle ferma les yeux un instant, la mâchoire serrée.

"J'ai encore des choses à faire avant de te rejoindre. D'ici là, continue de me hanter."

***

6 ans plus tard.

Six années s'étaient écoulées depuis la fin de la guerre. Les cicatrices laissées par les conflits étaient encore visibles, mais le Conseil, sous la direction de Cristian, avait rapidement mis en place un plan pour reconstruire. Dès la fin des combats, il s'était activé avec détermination. Moi, devenue une héroïne de guerre aux yeux de tous, j'avais non seulement gagné une place au sein du Conseil, mais j'étais également devenue son symbole. Les nations se reconstruisaient une à une, mais il fallait penser à l'avenir. Avec le soutien du Conseil, j'avais été chargée des relations diplomatiques, et ma tâche consistait à unir tous les pays sous une même bannière.

Ce ne fut pas de tout repos. Ce projet ambitieux, baptisé Gaïa, symbolisait l'unification et le renouveau. Il n'y avait plus de France, ni d'États-Unis, ni de Russie – seulement Gaïa. Son emblème, une terre éclairée par un soleil levant, représentait ce nouveau départ pour l'humanité, tournée vers l'immensité de l'espace pour y chercher les ressources dont elle avait besoin.

Le Conseil, qui devait à l'origine disparaître, devint une organisation permanente, mais avec de nouvelles règles. Désormais, au lieu d'un président par pays, un seul président parlerait au nom de Gaïa, élu par l'ensemble des populations. Et sans surprise, c'est Cristian qui fut élu comme premier président de Gaïa.

Quant aux langues, l'anglais avait été choisi comme langue commune, bien que cela ait suscité des débats. Malgré les objections sur la préservation de la diversité, il fallait bien une langue que tout le monde pourrait parler. En six ans, les efforts pour enseigner l'anglais avaient porté leurs fruits.

De mon côté, ma vie avait continué. J'étais sous traitement, dépendante de nombreux médicaments. J'avais eu une fille avec Matt, qui s'avérait être un père aimant et un mari dévoué. Être parent pour la première fois était un sentiment nouveau, mais doux, qui réchauffait même mon cœur endurci par les épreuves. Malgré cela, les crises et cauchemars persistaient, m'amenant à revoir mon frère, Ray, chaque nuit. Je sentais aussi qu'il regardait ma fille, comme une présence silencieuse.

Je me suis mise à écrire un journal détaillé sur ma vie, destiné à ma famille. Grâce à Matt, j'avais repris contact avec ceux avec qui j'avais survécu pendant deux ans. Les réconciliations étaient pleines d'excuses et de larmes, mais elles étaient nécessaires. Chaque moment de ces deux années est consigné dans mon journal, un héritage que je veux laisser derrière moi.

Les années ont continué à passer. J'ai vu ma fille grandir et, en tant que membre du Conseil, j'ai été témoin de l'incroyable progression de l'humanité. La recherche spatiale s'est accélérée, et une nouvelle source d'énergie, l'énergie Arke, inventée par Giuseppe Genio, a déclenché une révolution technologique. Ce progrès permettait enfin à l'humanité, autrefois divisée et faible, de s'unir autour d'un but commun : explorer l'immensité de l'espace et assurer un avenir prospère.

Nous sommes en 2275.

Aujourd'hui, j'ai 59 ans. J'ai pris ma retraite du Conseil, estimant que tout avançait désormais dans la bonne direction. Cristian, quant à lui, a maintenant 79 ans. Il a cédé son poste de président avec joie, mais reste un conseiller respecté, ayant aidé à bâtir un monde meilleur.

Nous nous retrouvâmes, lui et moi, au bord d'un lac, un endroit paisible qui commémorait la fin de la guerre. Une immense fresque portant l'emblème de Gaïa ornant les lieux.

"Eh bien, Mia, nous avons parcouru un long chemin, n'est-ce pas ?" dit Cristian avec un sourire nostalgique.

Je le regardai avec un air malicieux : "Tu as surtout bien vieilli, Cristian." répondis-je en riant doucement.

"Ah, je pourrais en dire autant de toi." plaisanta-t-il. "Mais sérieusement, nous avons tous les deux œuvré pour un avenir meilleur. Et aujourd'hui, je suis heureux que tu aies marché à mes côtés. Quand je t'avais dit de penser à l'avenir, je ne pensais pas que tu t'impliquerais autant."

Je le fixai, secouant légèrement la tête : "Arrête de mentir. Tu savais exactement ce que tu faisais avec tes mots. Tu es un manipulateur, Cristian."

"Oh, tu es toujours aussi dure, même après toutes ces années." répliqua-t-il, faussement vexé.

Je souris, adoucissant mon ton. : "Tes paroles ont eu un impact sur moi, je dois bien l'admettre. Et tu devrais remercier Matt aussi. Sans lui, je ne serais jamais restée à tes côtés."

Cristian hocha la tête doucement : "Je l'ai déjà remercié, tu sais. Pour ce nouveau départ qu'il t'a offert."

Je détournai les yeux un instant, pensant à tout ce que nous avions traversé.

"Cristian, malgré tout ce que j'ai fait, tu t'es toujours comporté comme un père avec moi. Même lorsque j'étais... perdue."

Cristian resta silencieux un moment, puis murmura : "Grégor... Il avait raison, d'une certaine manière. Grâce à lui, nous avons pu prendre un nouveau départ. Ce qu'il a dit s'est réalisé, mais Mia, regrettes-tu ce que tu as fait ?"

J'ai secoué lentement la tête :" Je regrette d'avoir torturé ses enfants. J'y ai pris du plaisir, et maintenant que j'ai ma fille et mon petit-fils, je réalise à quel point cela devait être insupportable pour lui."

Il posa sa main sur mon épaule en me regardant dans les yeux.

"Et si tu devais être amenée le refaire ?"

Je suis restée un instant silencieuse, avant de répondre doucement : "Même si je le regrette, je referais les mêmes choix. Parce que cela signifierait que mon frère et ma famille ne sont pas morts en vain. Et personne ne peut accepter un tel sacrifice."

Il hocha lentement la tête, compréhensif, reprenant la parole : "Pourtant, grâce à Grégor et à ses actions, nos générations futures, ta fille, ton petit-fils, auront un avenir."

"Oui ! Mais c'est la pire vérité à admettre. La vérité... elle nous rattrape toujours ! J'ai torturé ses enfants et maintenant eux aussi, ils sont là, ils me demandent pourquoi !"

Cristian se tourna vers moi, ses yeux pleins de tristesse.

"Tu as dit que personne n'est prêt à sacrifier ce à quoi il tient. Tu sais on tient tous à la vie pour ce qu'elle peut potentiellement nous offrir. Ton père, ta mère et ton frère ont sacrifié leurs vies pour toi. Mia, tu vas devoir supporter encore un peu les atrocités et ces regrets que tu portes en toi. Cela ne va pas te faire plaisir, mais profite de ce qu'on a bâti, même si cela repose sur la mort de ta famille mais surtout profite de la vie que ton frère t'a offerte."

Je ne répondis pas. À la place, je me laissai aller dans ses bras, et pour la première fois depuis des années, je laissai tomber les barrières que j'avais dressées. Je redevenais cette enfant qui avait pleuré la mort de son frère et de sa famille.

On est parfois confronté à une évidence, une évidence que l'on sait déjà. Il arrive parfois que l'on soit là au mauvais moment, parfois le cauchemar a commencé bien avant qu'on arrive, et parfois, ce sont les monstres qui gagnent !

2290

Les années avaient passé, et Cristian était mort de vieillesse, honoré pour tout ce qu'il avait accompli. Karla, ma fille, avait grandi, et eu un fils. Son fils Aiden était devenu un jeune garçon plein de vie. Il ressemblait tellement à mon frère Ray, s'en était troublant. Karla me racontait souvent qu'il avait cette obsession de toujours vouloir être le meilleur dans tout ce qu'il entreprenait.

J'avais même usé de mes relations pour qu'il s'entraîne avec des soldats expérimentés, à la demande de Karla. J'assistais à ses séances, et il était impressionnant pour son jeune âge.

Un vendredi, Matt et moi sommes allés chercher Aiden à son entraînement avec notre majordome, Alfred.

"Alors, comment s'est passé votre entraînement, Monsieur Aiden ?" demanda Alfred avec un sourire chaleureux.

"Ah, merveille !" répondit Aiden avec enthousiasme. "Mamie, j'ai failli battre Hart aujourd'hui !"

Je ris doucement. "Oh, mais tu sais, il se retient parce que tu es encore jeune."

Aiden fronça les sourcils. "J'espère grandir vite, alors !"

Matt sourit et secoua la tête. "Ne sois pas si pressé."

"Hein ? Pourquoi, grand-père ?"

"Apprends à profiter de ta jeunesse, mon garçon. Tu passes ton temps à t'entraîner."

"Mais je profite ! C'est amusant de se battre et d'apprendre." répliqua Aiden, toujours passionné.

Matt soupira en souriant : "Je ne comprendrai jamais notre petit-fils."

"C'est notre petit-fils, que veux-tu ?" dis-je en haussant les épaules.

Nous sommes montés dans la voiture, Alfred au volant. Ce soir-là, nous gardions Aiden pour la nuit, car Karla travaillait tard pour le Conseil. Sur le chemin du retour, des corbeaux noirs se tenaient sur les lignes électriques, un mauvais présage, pensai-je.

Ce soir-là, nous avons dîné paisiblement, profitant de la chaleur de notre foyer. Mais en plein milieu de la nuit, une odeur de brûlé me réveilla. Le feu crépitait déjà tout autour, et une épaisse fumée envahissait la pièce. Notre maison était en feu.

Je me redressai précipitamment, mais Matt n'était pas à mes côtés. Paniquée, je pris rapidement le journal que j'avais soigneusement rangé dans ma commode, puis courus vers la chambre d'Aiden. Mais il n'était plus là. Mon cœur battait à tout rompre alors que je descendais les escaliers, la gorge serrée d'angoisse. Ce que je vis dans le salon me figea d'horreur : Matt, suspendu par le cou, retenu par des bandes noires manipulées par une silhouette humanoïde, dont la présence sinistre semblait engloutir la pièce. Aiden, recroquevillé et en larmes, regardait la scène, impuissant.

Je me précipitai vers lui en lui criant : "Aiden, tu dois fuir !"

"Non, mamie, je ne te laisserai pas !" sanglota-t-il, refusant de bouger.

Je m'accroupis à son niveau, posant une main sur son épaule : "Aiden, tu es si fort, si courageux pour ton âge. Mais tu dois partir. Si tu meurs ici, je ne pourrai jamais rejoindre ton grand-père et mon frère l'esprit tranquille, tu comprends ?"

Ses yeux pleins de larmes me fixaient, et il hocha lentement la tête. "Oui, mamie..."

Je lui tendis alors le carnet témoin de toute ma vie.

"Prends-le. N'oublie pas tout ce que je t'ai enseigné. Deviens fort, Aiden."

"Tu es quoi Aiden ?"

Il renifla, déterminé malgré ses larmes : "Je suis plus fort..."

"Plus fort que quoi ?"

"Plus fort que la force elle-même !"

"Alors vas-y, va-t'en !"

Je regardai mon petit ange s'enfuir, disparaissant dans la nuit. Puis, le corps de Matt tomba lourdement au sol. Il était mort, il n'y avait aucun doute. La chose, vêtue de noir, avec des veines rouges pulsant sur sa peau, s'approcha lentement de moi. Sa forme devenant plus distincte à chaque pas, et finalement, je vis un visage.

Un sourire triste apparut sur mes lèvres : "Alors c'est ça que tu voulais dire... Je suis contente de te voir. Ah, tu es là, toi aussi, Ray. Je suis prête. J'accepte mon sort. Je vais enfin te rejoindre."

Dehors, Aiden pleurait, serrant le carnet de sa grand-mère contre lui. Il leva les yeux et vit la silhouette sombre émerger des flammes quitter les lieux. À ce moment-là, un corbeau croassa au-dessus de lui.

Aiden serra les poings, le regard empli de détermination : "Je vais te retrouver et te faire payer, qui que tu sois !"

Nous avons tous une histoire, et les choix que nous faisons nous déterminent nous, et les chemins que nous empruntons. Peut-être qu'un jour nous tomberons tous dans l'Oblivion, mais pourtant nous recherchons tous le salut. Mais il ne faut pas oublier une chose, si une histoire se termine une autre commence. Mia Shafter

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