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Prologue (2)

Paddy sortit de son état comateux et était très triste. Il partagea ses songes avec sa femme Pola et, comme lui, elle fut envahie par le chagrin.

Le temps s'écoula et un mois plus tard, alors que le couple était assis à table pour le repas du soir, la longue attente arriva enfin à son apothéose.

Pola avait concocté le mets préféré de son mari : riz basmati parsemé d'agneau émincé et mouillé avec de la sauce curry.

Ils savouraient la délicatesse quand soudain Pola se sentit mal à l'aise. Paddy était concentré sur son plat et ne faisait point attention à elle.

Pola retint sa respiration, posa sa main gauche sur son sein, puis se leva brusquement de sa chaise avant de monter à toute vitesse à l'étage du duplex. Elle courut vers les toilettes de la chambre conjugale et vomit dans le bidet tout le repas qu'elle venait juste d'avaler.

Paddy fut surpris par la scène de sa femme. Il interrompit en catastrophe son dîner et alla aussitôt la rejoindre en haut. Il la trouva dans une position de faiblesse et cria à l'aide.

Leur gouvernante, Maria, une femme mure et mère de quatre adolescents, vint à grandes enjambées dans leurs appartements privés.

Elle remarqua que Madame Pola affichait des symptômes qu'elle connaissait très bien. Elle toucha le front de sa Maîtresse avec la paume de sa main droite et lui demanda si elle avait vu ses règles récemment.

Accablée par la fatigue, Madame Pola hocha simplement la tête comme pour répondre par l'affirmative. La chef des domestiques Maria regarda alors avec un sourire radieux son maître Monsieur Paddy et le félicita de ce qu'il allait bientôt être père.

Elle affirma que Madame Pola était enceinte de quelques semaines et qu'elle avait maintenant besoin de beaucoup de repos.

Paddy hurla d'excitation puisque son rêve était sur le point de devenir réalité. Il avança vers son épouse et l'embrassa tendrement sur la joue.

Il ordonna à Maria d'organiser un festin grandiose le lendemain à midi et d'inviter tous les employés du manoir.

La nouvelle se répandit dans les domaines de Paddy et même au-delà. Avant le lever du soleil, tout le village de Mankayane avait déjà eu vent de la naissance de l'héritier du baron.

La gouvernante Maria supervisait les préparatifs du festin dans la cuisine quand une de ses sulbaternes ouvrit en fracas la porte depuis sa partie extérieure.

Cette dernière etait essoufflée après vraisemblablement un long sprint et avait de la peine à s'exprimer à haute et intelligible voix. Maria, très courroucée, la réprimanda pour son manque de manières. Mais finalement, au bout de quelques instants, la servante retrouva son calme, s'excusa et demanda à sa supérieure hiérarchique de regarder à travers la fenêtre et témoigner par elle-même de ce qui se passait dans le jardin de la propriété.

Maria fut piquée de curiosité, et sans alors perdre de temps elle fit ce que lui dit sa servante. Grande était sa surprise lorsqu'elle perçut une colonie de gens dont elle n'avait aucune idée de qui ils étaient mais lesquels, selon toute évidence, étaient venus participer au banquet de son maître.

Sans plus attendre, elle monta en flèche à l'étage du duplex pour rencontrer Monsieur Paddy dans ses appartements privés. Ce dernier était assis derrière son bureau et inspectait les comptes de la plantation de maïs pendant que la Maîtresse Pola quant à elle, dormait profondément sur le lit conjugal à l'autre bout de la chambre.

Maria frappa timidement à la porte laissée entrouverte et d'une voix basse, elle demanda à son maître son attention. Monsieur Paddy s'énerva car il n'appréciait jamais qu'on le dérangeât pendant qu'il passait au peigne fein les rapports financiers de son comptable.

Il avait été dupé à de nombreuses reprises par des collaborateurs précédents et conséquemment etait devenu plus vigilant.

Néanmoins, le maître Monsieur Paddy savait que sa gouvernante Maria qui travaillait pour lui depuis dix ans et qui connaissait plus que quiconque ses habitudes, n'oserait jamais se rendre dans la chambre à coucher principale de la maison si elle n'avait pas été expressément invitée par lui ou par la maîtresse Madame Pola.

Elle devait ainsi avoir une bonne raison de venir le voir à l'improviste, pensa le baron.

Son irritation passée, Monsieur Paddy était maintenant tout ouïe. Il demanda à la chef des domestiques quelle était la raison de sa visite dans son logement privé.

Maria lui relata ce qui se deroulait dans la cour principale et il en fut stupéfait.

Il laissa la plume qu'il tenait dans main droite glisser et tomber sur la table de bureau, puis se leva de sa chaise et s'empressa de regarder dehors par le balcon de la chambre.