Chapitre 6 … pendant que le loup n’y est pas…

Lorsque j'ouvre les yeux, je me trouve dans la même position que celle que j'avais adopté le soir précédent. Je m'exclame :

« C'est la première fois depuis que je suis arrivée ici que je ne retourne pas le lit pendant mon sommeil.

Je confirme que tu as des nuits très agitées, répond Edward, avec son sourire en coin. Tous tes rêves semblent tourner autour de la survie. »

Je lève un sourcil.

« Tu parles en dormant…me précise-t-il.

Oh ! je m'exclame en me souvenant de ce détail. Et j'ai dit des choses intéressantes ? Tu as reproché à quelqu'un de mentir, tu n'aimes vraisemblablement pas les animaux qui perdent leurs poils et tu as semblé revivre une agression…-

 Il s'interrompit brièvement, avant d'ajouter en soupirant :

« Mais jamais tu n'as demandé d'aide. »

Je me relève sur mes coudes pour mieux le regarder.

« On n'est jamais mieux servi que par soi-même, il parait… Et puis, j'ai appris qu'il vaut mieux ne rien attendre des gens, plutôt que d'être déçu.

Trente-deux… Je te demande pardon ?! je réponds, surprise. Je te rajoute deux ans, parce que ce tu viens de dire n'est décidemment pas de ton âge. »

Je lui fais une petite tape sur la cuisse. Mmmm… Jolis quadriceps, mais un peu trop durs. Je grimace à l'impact, fort heureusement je n'y ai pas mis trop de force et il n'y a pas de dégâts. Bien sûr, Edward s'en aperçoit et prend ma main pour l'examiner. Je prends les devants en lui assurant que tout va bien et en retirant ma main de la sienne.

« En tout cas, j'aimerai que mes squats donnent autant de résultats que les tiens. »

C'est à son tour d'être surpris. Je désigne ses cuisses.

« Tes quadriceps sont en béton… Je t'envie. »

Il se renfrogne.

« Tu ne devrais pas m'envier, je ne suis pas celui que tu crois.

Parce que nous cherchons tous à cacher ce qui nous semble le plus discutable en nous. On porte tous un masque. Trente-trois ans… Bon ! Je pense que je vais aller déjeuner avant d'atteindre l'âge de la retraite, je dis en m'asseyant. Tu ne me demandes pas pourquoi Alice n'est pas venue ? m'interroge-t-il, curieux . Si c'était important, tu m'en aurais parlé. J'espère juste que tu as été à l'aise toute la nuit. J'ai passé une bonne nuit, me dit-il avec un sourire en coin. Alors, c'est le principal ! »

Je me lève, mange le petit déjeuner gargantuesque qu'avait préparé Esmée et me prépare à partir pour la virée shopping du siècle. Quoique j'ai pu imaginer, rien n'aurait ne peut égaler l'expérience réelle. Alice m'a submergé de… eh bien d'à peu près tout, du manteau d'hiver ultra-cocooning aux décolletés montrant presque la culotte.

« Alice tu te rends compte que si je mets ces talons, je vais avoir le vertige rien qu'en les portant ?

Bella, plaide-t-elle avec ses yeux de chiots. Non ! Je mets mon véto sur tout ce qui dépasse 3 pouces de haut. Hmph ! grommelle-t-elle. »

« Quête cachée validée… condition requise : résister à la force de persuasion d'Alice 10 fois… récompense accordée : un achat libre … Votre récompense sera bientôt disponible.»

« Nouvelle compétence acquise: résistance à la pression + 10 »

Je ferme discrètement la fenêtre bleue. Il y a vraiment des quêtes pour toutes les situations… Je soupire en fermant les yeux, puis Alice me tire le bras et je m'apprête à la suivre quand mon regard est attiré par une vitrine. Je me dirige vers elle, comme hypnotisée.

« Tu joues de la guitare Bella ? me demande Alice.

Dans une autre vie, oui… je murmure. »

Puis je me reprends et dis plus fort :

« Je veux dire, que je n'ai pas pu emporter ma guitare à Forks. »

Elle entre alors dans la boutique en me tirant avec elle. Elle désigne la guitare que j'avais regardée dans la vitrine. Je suis toujours dans un état second. Je n'avais pas réalisé que la musique me manquait tant que ça. Une semaine sans gratter ma guitare sèche. Nous sommes sorties et j'étais en pilote automatique. Je venais de réaliser qu'il y avait de grandes chances que ce monde soit ma vie désormais. Jusqu'à maintenant je n'avais fait que surfer sur la vague pour ne pas me noyer, ne prenant pas le temps de même réaliser ce qui m'était arrivé. L'absence de ma guitare a déclenché chez moi un électrochoc.

Le voyage de retour à Forks se passa comme un rêve. Alice se rendit compte que j'étais ailleurs et ne me posa pas de questions ou bien je ne les entendis pas. Quand elle se gare devant chez Charlie, Sa voiture n'est pas dans l'allée. Elle m'aide à monter dans ma chambre les paquets. Elle me tend mon téléphone avec un sourire mutin. Je cligne des yeux et l'interroge du regard. Elle me chuchote :

« Tu verras… »

J'entends Charlie se garer devant la maison. Nous descendons pour le saluer. Après avoir fait les présentations entre Charlie et Alice et rassuré mon père sur l'état de mon épaule, elle m'embrasse en me disant :

« On se voit demain, je passe te chercher, puisque tu as laissé ta voiture à la maison. N'oublie pas de mettre une de tes nouvelles tenues. »

Elle se trouve vers Charlie :

« Merci beaucoup chef Swan d'avoir permis à Bella de passer du temps avec ma famille. Nous nous sommes beaucoup amusées entre filles. Esmée a invité Bella à revenir quand elle le souhaite et je me disais que ce serait bien si on faisait nos devoirs de temps en temps ensemble ici ou à la maison.

Eh bien c'est une bonne idée ma foi, lui répond Charlie déjà sous son charme. Merci monsieur. Appelle-moi Charlie Alice, lui dit-il en souriant. »

Elle prend congé et je prépare à manger tandis que Charlie allume la télévision. Je réfléchis aux paroles d'Alice. Mon camion est-il vraiment chez les Cullen. Je reçois alors un SMS… Alice…

« Edward et Emmett sont allés le chercher aujourd'hui. Emmett te suggère de courir plutôt que de venir en cours avec ton camion ;) »

Je ricane puis tape une réponse :

« S'il gèle cette semaine j'essayerai de venir en glissant sur les fesses, ça sera tout aussi rapide et moins dangereux… »

Ecrire ce message me rappelle un autre évènement majeur du livre : l'accident de voiture de Tyler… Que dois-je faire avec lui. La tentative d'agression, qui aurait dû avoir lieu dans plusieurs semaines s'est tout de même déroulé. C'était un évènement majeur qui faisait avancer l'intrigue… Est-ce que tous les évènements majeurs vont forcément se dérouler ? Je liste lesdits évènements du premier livre en montant ma mayonnaise.

Je pose le bol. Mis à part la prairie, que des expériences de mort imminente. Je vais avoir l'occasion d'améliorer ma chance dans les prochaines semaines… Je souffle, puis continue ma préparation de salade composée. Charlie revient dans la cuisine et me demande si cela m'ennuie que Billy et Jacob viennent manger à la maison dans la semaine. Je lui assure que je serai ravie de les revoir après tout ce temps.

« Au fait, Bella…

- Oui ?

- Où est la viande ?

- C'est mauvais pour tes reins de manger des protéines animales le soir. A partir de maintenant ce sera un jour sur deux un dîner végétarien. »

Il se renfrogne. Je souris en l'enlaçant affectueusement.

« Je prends juste soin de la santé de mon papa chéri, afin qu'il soit à mes côté le plus longtemps possible… »

Charlie rougit et bégaie que c'est d'accord et qu'il ne râlera plus.

« Complicité avec Charlie + 1 »

« Complicité avec Charlie 10/10 »

« Quête accomplie… récompense accordée : permission de sortie de 22h en semaine »

« Quête bonus : Complicité Charlie niveau 2… Gagnez 20 points de complicité pour obtenir une récompense ».

Je regarde la fenêtre bleue désabusée… Je déteste avoir 17 ans… Vivement l'indépendance… Mais en même temps, c'est chouette d'avoir un père à la maison qui prend soin de moi. A cet âge-là, cela faisait bien longtemps que mon géniteur s'était fait la malle avec une croqueuse de diamant.

Le repas fini, je monte dans ma chambre et le problème de l'accident me revient en tête. Je décide de demander de l'aide à Alice sans rentrer dans les détails.

« Alice ? Qu'est-ce que tu ferais si tu savais qu'un truc potentiellement dangereux pourrait t'arriver, mais que de toute façon il allait arriver d'une façon ou d'une autre, quoique tu choisisses? »

Une demi-seconde après l'envoi du message, le téléphone sonne. La voix paniquée d'Alice sort de l'appareil.

« Qu'est-ce que tu as vu que je n'ai pas vu Bella? Tu es en danger ?

Comment tu sais que je parle de moi ? Je pourrais parler de quelqu'un d'autre… Bella… S'il te plait, Alice, aide-moi. Dis-moi ce qu'il va se passer. Edward écoute j'imagine… »

Il y a un silence au bout du fil, puis j'entends du vent et des branches craquer… Enfin, la voix d'Alice me parvient.

« Nous sommes seules Bella, personne pour nous écouter.

Tyler va avoir un accident de voiture. Qu'est-ce que ça avoir avec toi ? Tu es dans sa voiture ? Non à côté de la mienne… Disons que je vais voir son parechoc de près… »

Alice halète. Puis je l'entends marcher et se murmurer à elle-même. Je l'appelle :

« Alice ? Alice ? Il ne m'arrive rien… Du moins il n'arrivait rien à la Bella de l'époque où j'ai eu cette vision… »

J'entends Alice s'arrêter de marcher.

« Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

-Eh bien, cela fait un moment que j'ai fait ce rêve, mais je l'ai fait avant un paquet d'autres et entre temps le futur a été changé…

- Concrètement tu es dans le brouillard, parce que tu sais que l'accident va se produire, mais tu ne sais pas si le contexte n'a pas trop changé pour être assurée que tout ira bien pour toi. C'est bien ça ?

- T'as tout bien résumé… soulagée qu'elle ait compris sans avoir à pousser plus loin mes explications. 

- Bon, résumons. Tu penses que l'accident est inévitable.

- De ce que j'ai observé de mes visions du futur, oui.

- Donc, on ne peut pas l'empêcher, mais on peut, peut-être, te mettre à l'abri ?

- Bonne idée Alice. Je pourrais tout simplement rester dans ma voiture. Elle résisterait à un tank.

- Ça, c'est sûr ! Cette monstruosité ne devrait plus rouler depuis des décennies !

- Hey ! Je proteste. Elle a le mérite de faire son travail : m'emmener au lycée.

- C'est aussi une autre solution…Si on t'emmène au lycée, plus d'accident à côté de ta voiture…

- Je ne veux pas qu'Edward doive se repayer une autre voiture.

- Au cas où tu ne l'aurais pas encore remarqué, il en a les moyens. 

- Je ne l'entrainerai pas dans mes magouilles. D'autant que si vous étiez impliqués, cela vous exposerez. Je ne veux pas risquer votre sécurité. »

J'entends son souris de l'autre côté de la ligne quand elle acquiesce.

« D'accord Bella. On va faire les choses à ta façon. Mais je garderai ton avenir à l'œil. 

- Merci Alice.

- Les amies sont faites pour ça. Au fait, comment trouves-tu ta nouvelle sonnerie de portable ?

- Tu veux parler de la musique d'entretien avec un vampire ? Très drôle Alice ! dis-je en roulant des yeux.

- Je trouve aussi. »

Nous commençons à discuter de notre journée et je l'entends courir, puis ralentir.

« C'est vrai qu'il a fait une drôle de tête quand tu lui as demandé d'essayer tous les manteaux de la rangée, dis-je en riant…

- Il faut être sûr d'avoir exploré toutes les possibilités.

- Je vais aller me coucher je pense Alice.

- Bonne nuit Bella.

- Bonne nuit Alice. Oh ! Au fait, ne t'inquiète pas si je ne viens pas un soir dans la semaine, papa a invité son meilleur ami et son fils à la maison.

- Comment s'appellent-ils ?

- Black. Ils sont de la réserve. »

J'entends plusieurs halètements à travers le combiné. Oups ! Elle devait déjà être dans la maison. J'imagine que ça veut dire que le loup est sorti du bois.