webnovel

Arc 4 – Épisode 21 : Confinement.

Voir la légende en personne dominer à ce point la menace la plus sérieuse qu'a connu Faironne enthousiasme énormément Lyn. Tant d'énergie qui émane de lui ! Si elle s'approchait, ne serait-ce que d'un pas, elle se sentirait si submergée qu'elle pourrait s'évanouir en quelques secondes. Le plan de Kenshiro ayant porté ses fruits, le vice- conseiller tient à le poursuivre en tendant un bras vers le Kiyuza.

« Rajik. Nous devons poursuivre. Bien que le résultat soi évident, je préfère mettre toutes nos chances de notre côté. Donne-moi tout ce qu'il vient de te léguer. »

Le ki transféré par son mentor commence à s'accumuler dans le grimoire de son ami.

« Parfait, ça fonctionne ! »

« Je... Je suis en train de me vider... Je vais tomber. »

« C'est le but. Ne t'en fais pas. Tu seras toujours capable d'utiliser l'énergie neutre à l'avenir. Le ki est universel et comme tu y as été associé, aucun souci. Tiens le coup. »

« Facile à dire... »

Pendant ce temps, de l'énergie noire émane du corps de Fraya.

« Tu crois avoir gagné ? Maudit Shirenai ! »

Des lignes noires apparaissent aux coins de ses yeux eux-mêmes complètement noircis.

« Rien ne m'arrêtera ! »

En plein craquage, le Zigrik forme une énorme sphère incandescente d'énergie noire, plus imposante que les précédentes. Tout ce qui possède une énergie exploitable à proximité s'en retrouve absorbé. Conscient de ça, la lumière produite par l'Hoshaku, sous la volonté de son porteur, vient délimiter une zone comprenant ses amis, afin de les écarter du danger. L'énergie dégagée est telle, que, dans la Chambre élémentaire, les quatre entités suprêmes régissant sur Faironne sont paralysées de terreur.

« Je vous consumerai tous ! »

Constatant qu'il ne prend pas la chance qu'il lui avait laissé, Rai serre les dents. Son adversaire lance sa sphère vers lui. Le symbole d'œil inversé réapparaît sur la pupille gauche du porteur de l'Hoshaku.

« Kukanar ! »

L'imposante et destructrice attaque noire se désintègre sous la vivace lumière qui envahit la zone. Les phénomènes précédemment provoqués par l'influence de l'énergie noire sont stoppés instantanément.

« Impossible ! » s'indigne l'ancêtre Zigrik.

Soudain, un vif rayon blanc atteint son épaule droite. La violence avec laquelle Rai a réalisé ça choque Kenshiro, craignant ainsi qu'il a réellement décidé de tuer le Kirioku, quitte à ce que Fraya y passe également.

« Je te hais ! Je te hais ! Je te hais ! »

Alors qu'il allait une nouvelle fois produire une flamme noire, l'ancien Shirenai se téléporte encore à moins d'un mètre de lui et lui inflige un direct du droit dévastateur en plein ventre qui le propulse sur une assez grande distance, équivalente à au moins une cinquantaine d'hommes de taille moyenne. Pendant qu'il essuie une raclée monumentale, le plan de Kenshiro se poursuit. Le grimoire de Yoru retient de plus en plus de ki.

« Je faiblis... » avoue Rajik, prêt à tomber d'épuisement d'un instant ou l'autre.

« Tiens le coup. Nous y sommes presque. » souligne le spécialiste de la glace.

Les deux pyromanciens les rejoignent.

« Quelle énergie ! C'est vraiment impressionnant ! » soulève Tencubo.

« Il pousse le Kirioku dans ses retranchements. Encore un peu de patience et nous pourrons vérifier si ma théorie est correcte. Sans quoi, je ne sais pas ce qu'il faudra faire. Tous nos espoirs se jouent là. » maintient Kenshiro.

« Les artefacts de la légende tiennent à leur renommée. Ils pourraient détruire Faironne à eux deux ! » ajoute Lyn.

« C'est pour ça qu'il faut que mon idée aboutisse. Je n'ose imaginer la suite si ça échoue. »

De petites étincelles apparaissent au niveau de la bague, synonyme évident de la perte de possession qui s'entame. Malgré ça, l'ancêtre Zigrik se relève, harcelé par les mots chuchotés par l'entité qu'il nomme Majesté. Lorsqu'il voit Rai s'approcher, le dos droit, le pas assuré et lent, un regard perçant, il a l'impression de voir Densetsu. Un effroi parcourt son dos. Le même sentiment de peur et de terreur lorsqu'il plongea pour la première fois dans cette étrange dimension, rencontrant alors une étrange silhouette humanoïde fine, arborant un œil unique inversé, ce qu'appellent les Kiyuzas : l'Interdit. Ce rapprochement émotionnel laisse cette horrible sensation l'envahir. A chaque pas avancé par Rai, il recule un peu plus.

« Va-t-en ! »

Il n'a que faire de son interjection. Plus jamais il ne laissera la peur que le Zigrik a voulu propager paralyser ses amis. L'ancien Shirenai continue sa progression.

« Dégage ! » vocifère Fumiaki, tout en invoquant une flamme noire dans sa main droite, comme pour vouloir dire qu'il est prêt à tirer à tout moment pour l'en dissuader.

Menace une nouvelle fois non calculée par son destinataire. Rai dévie aisément le tir qui s'en suit.

« Dégage ! » hurle-t-il.

Complètement acculé, l'ancêtre Zigrik balance une salve de boules de feu noir, toutes tirées sans la précision habituelle avec laquelle il adorait rabaisser tous ceux qui osaient se mesurer à lui. Toutes déviées facilement.

« Kirioku, avoue. Toi aussi, tu entends cette voix, n'est-ce pas ? Peu importe la mission que tu me vends à chaque fois, j'ai choisi, certes, de totalement assumer cette étrange puissance mais jamais je ne la laisserai me retourner la tête pour devenir comme toi ! »

Alors que Fumiaki tentait encore une fois de tirer, la bague produit de nouvelles étincelles. Le noir sur ses yeux commence à s'effacer.

« Cette femme, Fraya, peut encore lutter et reprendre le dessus. Tu as eu la preuve ultime de ça, il me semble, non ? Ta place n'est pas ici, Kirioku. Nous la délivrerons. Que tu le veuilles ou non ! »

« Assez ! »

« Yamaz. » lui murmure la même voix communiquant avec Rai.

Poussé par cette dernière, les traits autour de ses yeux grossissent et se prolongent sur tout le de son corps. Sa manifestation physique d'énergie prend de l'ampleur. Son adversaire reste impassible. Les quatre autorités suprêmes de Faironne sont choqués par ce qu'ils ressentent. Sur le lieu de bataille, des amas de terre se soulèvent, des éclairs éclatent, de la végétation s'embrase. Tout ceci vient se désintégrer au contact de l'aura de Fumiaki. Les spectateurs prennent peur.

« Dépêchez-vous ! » panique Tencubo.

L'ancêtre Fumiaki effectue un énorme rayon incandescent d'énergie noire. En réponse, sa cible active son aura et l'amplifie au maximum. Cette fois-ci, le fameux œil rattaché à Sa Majesté se réplique sur ses deux pupilles.

« Pejer Kukanar ! »

Il réplique par un autre énorme rayon d'énergie blanche. Les deux se percutent violemment à puissance égale. Leur confrontation annule temporairement les effets provoqués par le Kirioku. Autre conséquence notable : la disparition soudaine de la signature de l'Interdit dans les yeux de Rai. Le grimoire de Yoru brille de mille feux.

« C'est bon, tout le ki est dedans ! »

Une fois cette phrase prononcée, Rajik tombe. Il est rattrapé par l'aspirante. Ne sachant pas s'il est encore en vie, son réflexe est de prendre son pouls. Heureusement, il n'en est rien. Le vice-conseiller a du mal à garder stable l'énergie accumulée dans son ouvrage.

« Il y a beaucoup, beaucoup d'énergie à l'intérieur ! J'ai du mal à la manipuler ! »

« Tencubo, aide-le. Rejoignez Rai. Lyn et moi veillerons sur Rajik. »

Suivant les indications fournies par Kenshiro, le maître-conseiller porte le grimoire avec son bras droit, tous les deux en route vers l'homme poussant à bout le pire danger que Faironne peut connaître. D'ailleurs, aucun des deux ne prend l'avantage.

« Vous allez tous mourir ! » hurle le Zigrik avant d'engager plus de forces dans son attaque.

« L'harmonie entre les éléments doit être préservée. Hors de question que je te laisse la perturber. » lui répond-il en répliquant de la même manière.

Les deux conseillers arrivent sur les lieux.

« Nous y sommes. Plaçons-nous de sorte que tu puisses la viser. »

Les deux combattants utilisant les deux progénitures de l'Interdit les remarquent.

« Que viennent-ils faire ici ceux-là ? » s'étonne Fumiaki.

Puis, le grimoire rempli de ki lui saute aux yeux.

« De l'énergie neutre ? Trop faible pour me faire quoique ce soit ! » affirme-t-il avant d'impliquer encore plus de puissance dans son rayon, sans prendre en compte que ça pourrait mettre fin à sa possession.

Le plan de Kenshiro encore bien présent dans l'esprit de Rai, il sait qu'il doit juste retenir son adversaire. Ainsi, il dégage l'équivalent de ce qui a été engagé. Les deux conseillers actuels sont en place.

« Ici c'est parfait. » dénote Tencubo.

« Oui, reste plus qu'à tout balancer. Laisse-moi me concentrer. »

« Mais qu'est-ce qu'ils croient pouvoir me faire ?! » persiste Fumiaki, ignorant totalement ce qui se prépare.

« Qui te dit que c'est toi qu'ils visent ? » se permet de dévoiler son adversaire via un sourire un poil mesquin.

« Ibafar Énar ! » prononce Yoru.

Grâce à cette formule, une boule d'énergie grise, légèrement lumineuse, sort de son précieux héritage. La matérialisation de cette dernière étonne l'être du Kirioku.

« Feu ! » hurle Tencubo.

Tout de suite après, le spécialiste de la glace lance la boule. Ne pouvant en aucun cas l'esquiver, vu qu'il ne peut se permettre d'ignorer le déferlement lumineux auquel il se confronte, l'ancêtre Zigrik se la mange de plein fouet. Le choc énergétique provoqué parviennent aux sens incommensurables des deux anciens conseillers.

« C'était quoi ça ?! Du ki matérialisé ? » s'étonne Daigaku.

« Alors... Ça voudrait dire que... » entame Aritsune, la voix légèrement tremblotante.

« Nous devons accélérer le mouvement. »

Bien que la cible fut touchée, la confrontation entre les deux artefacts se poursuit. Aucun changement notable en surface. Cependant, Fumiaki semble incapable de répondre. Rai en profite pour amplifier son rayon lumineux. Son opposant, en l'absence de réaction, se laisse submerger avant d'atterrir lourdement.

« En plein dans le mille ! Bien visé Yoru ! »

« Je vous remercie cher collègue. »

Rai désactive son aura. Tout le monde vient le rejoindre, avec l'interrogation presque obsessive de savoir si leur intervention a porté ses fruits ou non. Tous retiennent leur souffle, tous concentrés sur leurs sens aiguisés, guettant le moindre indice qui pourrait fracasser leur espoir. Tout semble trop calme. Après quelques secondes d'un silence de mort,

Fumiaki ouvre les yeux et crache du sang. Ce dernier s'étonne de l'efficacité d'une énergie aussi banale que celle-là ! Comment a-t-elle pu l'atteindre ? C'est insensé ! Dans l'espace spirituel de Fraya, le ki tiré sur son geôlier envahit la zone, sous la forme de lignes grises translucides, et longer les structures noires qui l'avaient envahie. Puis, lorsqu'il arrive à sa hauteur, il s'incruste en elle, lui permettant d'ouvrir un œil. Cependant, ça n'empêche pas le Zigrik de se relever.

« Il est encore là ?! » s'étonne Tencubo avec effroi.

Kenshiro n'ose pas croire qu'il doit essuyer un nouvel échec. Tout semblait logique. Rai se prépare à un nouvel affrontement. La vraie Fraya aperçoit à nouveau les deux sphères faisant office d'yeux pour elle. La première image qui lui parvient est la tête à mi-chemin entre l'indignation et l'impuissance.

« Kenshi... Ro... Que fais-tu là ? »

Ces quelques mots suffisent à provoquer un violent mal de tête chez le Zigrik. La douleur est telle qu'il se tient la tête. La Kozana, constatant qu'elle est de nouveau en vie, comprend ce qu'il se passe.

« Aidez-moi ! »

C'est alors que, comme un écho de son cri, en dehors, une larme coule depuis son œil droit.Sachant qui en est l'auteur, sans prévenir qui que ce soit, le manieur de foudre fonce sans réfléchir.

« Hors de ma vue ! » hurle Fumiaki avant de balancer un boule de feu noir.

Rai se téléporte pile entre son collègue et lui, intercepte le tir et le dévie dans la seconde suivante.

« Maître Kenshiro, avez-vous perdu l'esprit ?! »

« De quoi parles-tu Rai ? Fraya est là ! Voilà notre chance ! Je dois la secourir ! »

« Et alors ? Le Kirioku est toujours là ! Pardon pour ce que je vais vous dire. Ce que vous venez de faire relève de l'instinct et non de la réflexion comme tout ce que vous m'avez transmis durant nos leçons à vos côtés. Je ne veux pas de morts supplémentaires. Je vous en supplie, écartez vous. »

« Que fait cet individu entre lui et moi ? » se demande la vraie Fraya.

« Tu vas la fermer toi ! J'ai bien compris que c'était lui qui avait pour charge de te ramener envers cette pourriture ! Tu devais mourir ! »

« Voilà toute la vérité. » réalise Rai, le ton légèrement abattu.

« Ce que vous m'avez fait n'aura servi à rien, bande de vermines ! Je vais dévorer ce que vous lui avez donné ! »

« Fraya, je sais désormais que tu m'entends. J'ignorais totalement pourquoi j'ai été assigné à te retrouver. Si j'avais su, j'aurais sans doute refuser. Le devoir d'un Shirenai est de protéger, pas d'emmener quelqu'un comme toi à la mort. Je te demande sincèrement pardon de t'avoir poussé à aller jusqu'à mettre la main sur ce que tu portes au doigt. » lui adresse le porteur de l'Hoshaku en posant le genou gauche à terre, la tête abaissée, les yeux fermés, surprenant tout le monde.

Ce geste loin d'être anodin touche profondément la Kozana. Ému par son initiative, comme en signe supplémentaire de vouloir se racheter envers celle qu'il voulait tant libérer de son malheur, Kenshiro l'imite. Rajik, Yoru, Lyn et Tencubo se demandent pourquoi ils s'adonnent à une telle réaction. Est-ce un pardon ? Après une réflexion à la forme bien inutile à l'égard de l'historique émotionnel partagé entre l'exilé et celle qui voulait fuir, le maître-conseiller se décide à suivre le mouvement, succédé par Lyn par mimétisme. Le pas qu'il fallait pour que Fraya puisse avance.

« Je n'ai plus besoin de toi ! » hurle-t-elle dans son esprit.

C'est alors que le ki injecté force son dessin en forme de lotus à réapparaître sous sa gorge. Sa force revenue, elle fait exploser son aura, se libérant alors des liens noirs qui la retenait depuis trop longtemps.

« Non ! » s'écrie l'ancêtre Zigrik.

L'énergie noire émane de son corps, comme si elle était expulsée de l'intérieur, pour être redirigée vers sa prison.

« Je ne peux tolérer ça ! »

Sur ses mots, son aura explose, amenant à une perte grandissante de contrôle. L'artefact s'emballe. En s'en apercevant, le Zigrik ne peut croire qu'il perd de la puissance. Le spécialiste de la glace reste stupéfait que le plan élaboré par le mentor de Rajik ait autant d'impact. Et enfin, l'absence totale d'assaut, juste de simples mots, tout ça suffira vraiment à le vaincre ? Chez Lyn et Rajik, tous les deux supplient qu'elle enlève cette foutue bague de malheur ! Abandonne !

« Fraya ! »

La bague émet encore plus d'étincelles. Ses yeux perdent en noirceur.

« Non ! Elle m'appartient ! »

Dans un élan de frustration, dû à être passé si prêt du but, il tente de viser ceux qui ont plié le genou.

« Bande de minables ! Vous vous opposez au progrès ! Vous vous opposez à la découverte ! Au savoir ! A l'Inter[...] »

Alors qu'il allait terminer son énumération imbibée de rage, son bras gauche bouge tout seul, tentant d'attraper l'artefact.

« Non ! Non ! Non ! »

Face à l'entêtement que Fumiaki impose, Kenshiro souhaite en finir le plus vite possible en allant lui-même retirer cette maudite bague. Initiative tout de suite interrompue par un geste de Rai, qui craint que le simple contact avec ne vienne renforcer l'ennemi. Soudain, l'objet de toutes leurs espérances et craintes est retiré d'un coup sec. Le corps de Fraya tombe dans la foulée. Les traits noirs aux coins des yeux s'effacent. L'inscription sur son front s'évapore. L'énergie noire sort intégralement de son corps et rejoint l'artefact.

« Fraya ! »

Le mercenaire de foudre se presse vers le corps de sa protégée et l'agrippe dans ses bras.

« Réponds-moi ! »

Le Kirioku roule sur le sol. Rai et les pyromanciens se relèvent. Rajik reprend ses esprits.

« Que s'est-il passé ? »

« L'énergie noire a été vaincue. Elle est de nouveau enfermée. Nous avons réussi. » lui explique Yoru.

Sa déclaration stupéfait le Kiyuza.

« Tencubo , si le Kirioku doit être de nouveau confinée, qu'elle le soit à Kigen. C'est la meilleure chose à faire. » conseille Rai.

« Tu crois ? Aucun risque qu'elle ne nous attaque ou qu'elle prenne l'un de nous en hôte ? »

« Non... Grâce à ça. »

Inspiré par les propos tenus par Kenshiro lors de l'explication de son plan, le porteur de la seule énergie issue de l'Interdit encore active fait jaillir une lumière parfaitement blanche depuis sa main droite et la jette sur le Kirioku.

« Tu peux la prendre en toute sécurité. Tu seras immunisé de son influence tant que ma lumière restera active. Mais tu auras intérêt à ne pas traîner. Enfermez-la dans une pièce sécurisée. Je suis certain que vous trouverez un moyen. »

Totalement confiant sur sa parole, le maître-conseiller vient près de Kenshiro et ramasse l'objet de tous leurs ennuis depuis tant de temps.

« Et toi alors ? Que vas-tu faire ? »

« Il y a certaines choses que j'aimerais savoir sur mon passé, d'où je viens par exemple. Je vais explorer Faironne afin de trouver les réponses à mes questions. Une fois ma quête terminée, je reviendrai parmi vous en toute quiétude. Je l'espère en tout cas. »

« Entendu. Lyn, nous rentrons ! »

« Vraiment ? Maître conseiller, est-ce que je peux rester avec Rajik ? Euh je veux dire avec eux un peu ? »

« Bien sûr ! Je t'attendrai. »

Ainsi se retire l'homme majeur de Kigen. Kenshiro tient toujours Fraya dans ses bras. Rai vient vers lui.

« Merci Rai. Merci de m'avoir aidé à la délivrer. »

« Trop d'erreur ont été commises. Les Shirenais doivent se corriger. Reconnaissez les descendants des Zigriks en tant que peuple à part entière et collaborez avec eux. Le conflit entre ces deux peuples a permis tout ça aujourd'hui. Cela ne doit plus se répéter. »

« Tu as raison. Je pense sincèrement que Tencubo, avec l'aide de Yoru, va y remédier. »

Soudain, Fraya se réveille.

« Fraya ! Tu es vivante ? Que je suis heureux ! »

« Je suis désolée... Tout ça est de ma faute... Je... Je ne veux pas revenir là-bas. »

« Que je te comprends... Nous verrons ce que nous pourrons faire pour que cet homme n'enclenche plus rien pour t'obliger à y retourner. »

« Je vais vous laisser profiter de vos retrouvailles. »

A peine prononce-t-il ceci, qu'un échange de regards entre l'ancienne proie et l'ancien chasseur s'opère. Un pardon adressé silencieusement. Une fois délivré, Rai rejoint Yoru, Rajik et Lyn.

« Tout va bien ? » leur demande-t-il.

« J'ai connu pire mais ça va. Et toi ? » répond le vice-conseiller.

« Plutôt bien. Tencubo est parti confiner le Kirioku. Certainement qu'il aura besoin de ton expertise. Ne t'en fais pas. Avec ce que j'ai appliqué, vous n'avez rien à craindre pendant un petit moment. »

« Sans doute. Hâte de m'y atteler ! Et toi alors ? N'es-tu pas effrayé par l'immense flux qui circule dans ton corps et par les conséquences qu'il pourrait engendrer sur Faironne ? Nous pouvons reproduire le même procédé de neutralisation sur ton collier, si tu le souhaites. »

« Non. Tu n'as pas à te préoccuper de moi. Je veux en savoir plus sur mes origines. Je vais partir à l'aventure. Seul cette fois. »

« Vraiment ? C'est comme tu le sens. J'ai une demeure à retrouver. Je serai de temps en temps à Kigen pour remplir mon rôle. Tout ceci a éveillé ma curiosité sur les énergies. Et je compte bien faire de plus amples recherches dessus, tu peux me croire. Et toi, Rajik ? »

« Ça fait un moment que je ne suis pas resté dans la nature, j'ai beaucoup appris grâce à elle. »

« On se ressemble là-dessus. »

Une fois leurs ambitions clarifiées, tous sourient, comme pour se retenir d'exprimer une certaine amertume, histoire de ne pas tâcher le beau moment de celui qui fut leur mentor commun.

« A la prochaine, les sauveurs de Faironne ! »

« Au revoir Lyn ! »

Touchée qu'il a retenu son nom, mais trop honteuse de dévoiler son émotion à ce moment précis, elle s'en va sans adresser quelconque réponse à son interlocuteur. Stupéfié et légèrement désappointé par son attitude, le Kiyuza ne relève pas. L'expression sur son visage le trahit. Yoru, qui ne l'avait jamais vu ainsi, en déduit facilement de quoi il s'agit. Imperméable à ça, il préfère ne rien relever, jugeant ce genre d'émois trop dangereux pour tout être doté de logique comme lui. S'en suit un moment de silence où les trois anciens compagnons, encore marqués par le récent affrontement, font mine de rester solides, surtout Rajik.

« Bon, je suppose que c'est ici que nos chemins se séparent, n'est-ce pas ? » engage après une grosse inspiration le Zigrik.

Aucune réponse. Il fallait s'y attendre.

« J'avoue que je suis un peu triste aussi, les amis. Nous venons encore de vivre d'intenses événements. Qui aurait cru au tout début qu'ils se seraient produits ? Pas moi en tout cas. »

« Pareil... » avoue le Kiyuza en ravalant sa salive.

« Je vous souhaite bonne chance dans vos projets. La seule chose que j'exige : portez-vous bien. Que ce soit toi Rajik et ta manie légendaire, ou toi Rai avec ce qu'on sait. Peut-être que nous nous reverrons un jour. »

Ses deux anciens acolytes ne relèvent toujours pas. Ont-ils encore dans la gorge l'épisode de la dispute ? Ou est-ce juste la paralysie du moment ? Personne ne le sait. Ne voulant pas enfoncer plus le clou dans la plaie, le Zigrik se retire. Rajik et Rai restent ainsi plusieurs secondes, sans rien se dire, ne témoignant point de ce qu'ils ressentent.

« J'imagine que tu vas tout faire pour devenir plus fort. Si tel est le cas, dès que je serai disponible, tu pourras prendre ta revanche. »

« Rai... Tu crois qu'il ne recommencera plus ? »

« Tout le monde peut se tromper. Je comprends pourquoi il avait pris cette voie. Ce qu'il faut retenir c'est notre victoire. Vivons chacun nos périples. Nous nous retrouverons. Je te le promets. »

« Je te jure que je deviendrai tellement plus fort que tu retireras ton truc. »

En réponse à sa déclaration, le porteur de l'Hoshaku lui tend sa main droite. Le Kiyuza s'empresse de la serrer avec vigueur, comme un serment qu'ils se passent entre eux, témoin de l'amitié forte établie.

« Il me tarde de t'affronter à nouveau. »

« Moi aussi Rai ! Moi aussi ! A plus tard alors. »

« A la prochaine, mon ami. »

Sur ses mots débordants de sincérité, le Kiyuza se retire, torse bombé, bras un peu ballants, nouvel objectif en tête. Rai marche dans la direction opposée, plein de confiance également. Ailleurs dans Faironne, la nouvelle configuration imposée par l'équipe de ses sauveurs agace profondément les anciens conseillers, n'ayant point prévu ça. Pour eux, pas le choix, il faut recruter. C'est alors qu'ils arrivent devant un village, le sourire crispé mais déterminé. Les manieurs d'éléments doivent disparaître.