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Arc 3 - Épisode 6 – Au Cœur du Froid

Deux jours après le début de l'entraînement au Kuwanoren pour Tencubo, Yoru, le grimoire bien plaqué contre son torse, progresse dans un décor enneigé et montagneux. Un vent souffle de manière régulière. Bien qu'il soit un spécialiste de la glace, le froid persistant ici parvient à le sensibiliser. Le long de son chemin, il remarque des colonnes de glace de plus en plus grandes par ci par là. Bon signe pour lui. Soudain, parmi elles, il aperçoit des corps prisonniers à l'intérieur. Curieux, il s'approche de l'un d'eux.

« La rumeur était donc fondée. » affirme-t-il.

En scrutant la personne enfermée à l'intérieur, il remarque que plus aucun flux ne circule. Seul le haut d'un fourreau lui permet d'identifier le peuple auquel cette pauvre victime appartenait. Point effrayé par ça, il reprend sa marche. Le verre de ses lunettes artisanales est recouvert par une légère couche de givre. Il essaye de l'enlever mais en vain.

« Il ne manquait plus que ça. »

Il les range. Alors qu'il allait se remettre en route, malgré sa perte de vue, il se rend compte que ses pieds sont pris dans de la glace. Tout de suite, grâce aux entraînements fournis par Kenshiro, il parvient à se libérer. Soudain, le vent se renforce. La neige tombe en énorme quantité. Afin de se protéger de tous ces tumultes climatiques, le Z igrik active son aura. Seulement, au bout de quelques secondes à peine, celle-ci commence à faiblir. Pour palier à ça, il l'amplifie au point où la neige qui la touche se condense et coule instantanément. Le vent tombe net. Tout à coup, un cône de glace d'une hauteur de trois mètres, surgit devant lui et éclate en mille morceaux, laissant place à une sphère d'eau liquide.

« Qui va là ? »

Cette soudaine découverte le fascine. Comment une eau peut-elle rester ainsi dans un milieu comme celui-ci ? Autre question qui a toute son importance également : Par quel miracle est-elle capable de parler dans le dialecte actuel qui règne sur Faironne au lieu de celui utilisé par les ancêtres ?

« Oh mais... Tu n'es pas un Shirenai toi ! Tu dois être un Zigrik ! Je pourrais enfin me vanter devant les autres ! »

Les autres ? Parle-t-elle des trois autres éléments ? Le fait qu'elle accueille enfin un être encore vivant chez elle la ravit énormément. En témoigne l'instabilité de sa forme. Le disciple de Kigzir creuse plusieurs hypothèses sur l'obtention de telles informations alors que, selon son défunt maître, la hiérarchie suprême des forces existantes de Faironne est supposée être totalement à l'écart de l'administration mise en place par les Shirenais, comme le suggère l'absolue passivité de leur part lors du massacre survenue il y a deux siècles. Une fois l'excitation passée, la sphère se stabilise.

« Passons aux choses sérieuses. Si tu te trouves ici, ce n'est pas par hasard, n'est-ce pas ? Quelle est ta motivation ? »

Cette question attise la curiosité du visiteur. Avant de répondre, il essaye de déceler son intention. Sans succès.

« En quoi ça vous regarde ? »

« Je n'aime pas le ton avec lequel tu me parles, jeune homme. J'ai horreur de l'impolitesse. Sais-tu à qui tu t'adresses ? »

Son aura faiblit soudainement. Yoru émet l'hypothèse qu'il serait en train de passer un test. Si sa théorie s'avère vraie, il doit se montrer à la hauteur en poussant son énergie à son paroxysme et créer la plus solide des glaces qu'il puisse produire. Il ouvre son grimoire qui se met à briller d'une forte lumière bleue, mettant fin à l'affaiblissement constant de sa manifestation physique d'énergie.

« Je ne finirai pas comme ceux qui ont tenté de vous affronter ! » s'avance-t-il après avoir jeté un bref regard vers les pauvres statues de glace.

Une telle maîtrise provenant de quelqu'un d'autre qu'un Shirenai impressionne l'entité présente dans la sphère. Cependant, l'arrogance qu'il témoigne l'agace. Péché ultime pour l'ultime puissance de Faironne. Afin de mettre court au sursaut de confiance en lui-même, l'élément de l'eau, via la télékinésie que lui permet son rang, ordonne à la neige autour de Yoru de se soulever et de se transformer en givre en très peu de temps.

« Ejedmar Ilwai ! »

Une prison givrée encercle alors le Zigrik, ne pouvant que constater, via l'aspect du flux qui l'entoure, l'incroyable force de l'être qui se dresse devant lui. Ne voulant absolument pas finir comme les autres victimes, il engage toutes ses forces.

« J'irai au cœur du glacier que vous le voulez ou non ! Qui que vous soyez ! Je produirai la plus solide des glaces ! »

Sa motivation maintenant clarifiée, l'entité aquatique procède à distance à un changement brutal sur la couche supérieure de la sphère qui gèle instantanément.

« Gibarilwai ! »

La sphère émet une onde, désactivant l'aura du Zigrik lorsqu'elle l'atteint, brisant ainsi tout espoir dans son cœur.

« Savez-vous pourquoi vous ne possédez qu'une infime partie de nous ? J'ignore par quel miracle tu as pu aller plus loin. Cela n'excuse par l'orgueil que je peux lire dans tes yeux. Shirenai ou non, personne n'a appris la leçon que nous a transmis Faironne. Cela m'attriste énormément. Jeune homme, si ta seule motivation consiste uniquement en l'efficacité de l'utilisation du précieux don que je t'ai légué à la naissance, je suis désolée mais c'est trop léger pour que je cède. Tu dois être puni. »

« Non ! Vous vous trompez ! Je suis venu pour [...] »

« Assez ! »

D'un seul coup, Yoru est totalement envahi par la glace. Sa tentative d'explication est donc complètement brisée. Une victime de plus. Que c'est pitoyable. L'être d'eau éprouve une profonde frustration. Quand aura-t-elle quelqu'un digne de suivre son enseignement ? Elle ne peut qu'être jalouse vis-à-vis de Chijo et d'un certain Denki. Ainsi, elle résout à patienter, encore. Lassée de ce constat affligeant, elle se glisse dans le cône par lequel elle est apparue. Ce dernier éclate quelques secondes plus tard. La neige recommence à tomber. Pendant ce temps, le maître Kenshiro et le disciple Rajik marchent ensemble. Le vent souffle fort. Le ciel est noir. La pluie tombe.

« C'est encore loin ? » demande l'apprenti.

« Non. Les éléments se déchaînent. Si on peut le dire comme ça. Je sens les signaux distinctifs de la foudre et de l'eau s'exciter. »

« Tant mieux. Je commence à en avoir marre. »

« Un petit peu de patience. »

Ils arrivent au bord d'une falaise.

« Nous y sommes. »

La mer est très agitée, notamment à cause d'un large siphon, entouré de typhons. Des éclairs puissants viennent encercler le lieu.

« Je te présente la zone des tempêtes. Le seul endroit où la foudre se manifeste de façon constante et localisée. »

« C'est fou ! »

« Tu vois ça ? » répond le maître en pointant du doigt une direction.

« C'est quoi ? »

L'apprenti découvre une plate-forme de terre en apesanteur des centaines de mètres au- dessus du siphon.

« Comment ça fait pour tenir en l'air comme ça ? »

« Les signaux de l'eau et de la foudre sont tellement puissants que, certainement, lorsque ce lieu a dû être crée, ça a soulevé la terre qui s'y trouvait. Et donc, avec le temps, crée une surface qui plane. »

« Comment on fait pour y aller ? »

« Impossible par la mer. Seule une accélération maîtrisée et suffisante peut nous y mener. Tu veux venir avec moi ? »

Lorsqu'il pose les yeux sur son disciple, il ne peut que remarquer le malaise bien présent sur son visage.

« Je n'en aurai pas pour longtemps. Si tu veux rester ici, je peux comprendre. Un éclair de cette amplitude te serait fatal, même si tu renforçais ton corps. »

« Allez-y... » répond-il en baissant la tête.

Pour le réconforter, Kenshiro vient lui frapper doucement sur l'épaule.

« Dès que je serai devenu plus fort, on se fera un combat. »

« Vraiment ? »

« Promis. »

« Et bien alors moi aussi je serai plus fort à votre retour ! Foncez ! »

Alors qu'il se préparait à produire une puissante propulsion d'énergie via ses jambes, tel un sprinter, il entend un léger écoulement d'eau. Comprenant de qui il s'agit, il préfère ne pas s'en intéresser plus que ça, confiant que Rajik pourra s'en charger. De l'électricité entoure ses jambes.

« Zéréyon ! »

Ainsi, il bondit en direction de la plate-forme. Rajik le regarde s'éloigner un peu, lui souhaitant bonne chance intérieurement. Se fichant totalement des règles d'inscription du tournoi, bien décidé à leur prouver qu'il peut être aussi fort qu'eux, il entame une phase de concentration en s'installant en tailleur. Soudain, au bout de quelques secondes à peine, Shipé arrive et voit le décor de la zone des tempêtes avant de remarquer la présence du Kiyuza, le reconnaissant immédiatement. Fort gêné de sa présence qui lui semble illégitime à proximité du lieu de ses ambitions, il décide de le dégager.

« Hé ! Vous là ! Vous n'avez rien à faire ici ! Qu'est-ce que vous faîtes là ? »

Rajik le reconnaît à son tour.

« J'attends le retour de mon maître. » répond-il en se levant.

« De qui ? »

Tout à coup, le mercenaire aquamancien, en tournant brièvement les yeux vers l'endroit symbolique de ses désirs, détecte le flux de Kenshiro.

« Attends un instant. Tu es en train de me dire que ce renégat de la pire espèce, Kenshiro, est ton maître ?! »

« Oui ! »

Le gradé éclate aussitôt de rire. Comment ce traître de la dernière heure est capable d'enseigner quoique ce soit à quelqu'un qui n'est pas un Shirenai ? Quelle bonne blague !

« Quoi ? J'ai dit la vérité ! Je suis son disciple ! »

Shipé n'a que faire de la persistance verbale de son interlocuteur. Cette affirmation lui paraît si saugrenue et improbable qu'il continue de rire.

« C'est n'importe quoi ! Comment un être sans élément dans ton genre peut être l'élève d'un Shirenai ? »

« Je peux être aussi fort que vous ! »

Lassé qu'on le prenne une nouvelle fois pour un imbécile, désirant plus que tout fermer le clapet de celui qui ose insulter son mentor, Rajik prend une posture qu'on lui a enseigné récemment. L'énergie neutre présente aux alentours commence à être attirée vers lui. Shipé, détectant un flux croissant en lui, arrête de rire. Au bout de trois secondes, l'aura grise du Kiyuza se manifeste, à la grande surprise du mercenaire expérimenté.

« Comment est-ce possible ? Tu ne maîtrises aucun élément ! Qu'est-ce que t'es ? »

La panique légèrement présente dans la voix de son interlocuteur procure un peu de plaisir à Rajik malgré le manque de respect total de ce dernier.

« Comme me l'a dit maître Kenshi, je suis un Kiyuza et ma force c'est le ki ! »

« Tu dis des conneries ! Personne d'autre que ceux possédant l'un des quatre éléments fondamentaux n'est capable de ça !… Sauf… Je crois avoir tout compris. Toi aussi, tu as inventé un stratagème tordu pour tenter de nous égaler ! Vous êtes pathétiques ! Je t'ai démasqué, petit Enijiakku. Vous inventez des termes plus ridicules les uns que les autres ! Comme vos trucs là ! C'est quoi déjà ? Un Obuje... Oh c'est tellement minable que je suis incapable de m'en rappeler ! »

« De quoi tu parles ? Je le répète. Je suis un Kiyuza et rien d'autre ! »

« Seuls ces raclures sont capables de faire de tels tours de passe-passe. Mais ça ne prend plus avec moi. Je ne me ferai plus berner ! »

« Tu ne gêneras pas Kenshi ! »

« Et qui va m'en empêcher ? Toi et ton excuse pitoyable ? » déverse-t-il d'un ton narquois avant d'exploser à nouveau de rire.

« Je t'interdis de dire du mal soit du grand Kenshi soit du peuple de mon ami ! » hurle Rajik, lassé que son modèle se fasse insulter de la sorte.

« Oh, parce qu'en plus tu as des complices ? Peu étonnant de votre part. Un être sans élément reste un être inférieur ! Tu affrontes l'élite de l'être humain ! Le mercenaire Shipé et futur conseiller ultime de Kigen ! » enchérit-il en dégainant son épée.

La provocation de trop pour le combattant habitué aux coups de poings. La colère qui en découle agit directement sur son halo en l'amplifiant brusquement, drainant par la même occasion plus d'énergie provenant du sol, de l'air et de la végétation flétrissant à vue d'œil.

« Charge Bestiale ! »

Grâce à une accélération, tout en préparant une attaque dans la foulée, il arrive en une seconde à peine à environ trois mètres de son adversaire du jour. Malgré la vivacité et le vélocité dont il fait preuve, cela n'effraye pas l'épéiste.

« Awor ! »

Quand, soudain, un torrent, préparé en secret dès qu'il sortit son épée, notamment en absorbant l'humidité en excès présente sur place, sort de la pointe de sa lame, repoussant violemment son agresseur, sans que ce dernier ne se relève une fois l'attaque encaissée. Confiant qu'il lui est supérieur, Shipé se permet de redonner à sa lame chérie son aspect normal.

« Le combat est gagné d'avance. J'ai maté bon nombre d'Enijiakkus avant toi. Je suis l'élite ultime du corps armé de Kigen. Et je serai le seul et unique conseiller à Kigen. Tu ne fais pas le poids. Sois raisonnable, si tu peux, et laisse-moi m'occuper de ce mécréant de Kenshiro. » lui conseille-t-il avant de ranger son arme blanche.

Rajik n'émet pas le moindre signe de vie. L'aquamancien vérifie l'état de la mer et se dit que, s'il parvient à éviter les éclairs, grâce à l'eau qu'il pourra exploiter, cette zone là-haut lui sera facilement accessible. Le Kiyuza se relève difficilement, aura désactivée. C'est alors que, sur un sursaut de moral, amené par la mémoire du sacrifice de Rai, le Kiyuza commence à se relever et rassemble du ki. En sentant cette énergie, Shipé se retourne. La végétation aux alentours est désagrégée. L'aura du disciple de l'exilé ressurgit, renforcée. Le Shirenai comprend immédiatement ce qu'il se passe : le même procédé qu'il utiliser pour accroître ses pouvoirs.

« Copieur. »

« Deuxième manche ! »

L'épéiste croit d'abord à une exploitation d'arcanes ou de sceaux de la part de son opposant. Cependant, en prêtant largement plus attention à la manifestation concrète de son énergie, il fait le parallèle direct avec son combat contre Fraya. Sa défaite amère en bouche, désormais, il prend Rajik beaucoup plus au sérieux et active son aura, d'un bleu marine aussi foncée que la couleur du ciel après un coucher de soleil. Cette simple réponse satisfait au plus haut point le Kiyuza. On le considère enfin à sa juste valeur.

« Pourquoi t'obstines-tu à m'affronter ? Tu auras beau te surpasser encore et encore, sale imposteur. Je suis l'élite de Kigen ! Je te suis supérieur ! Tu devrais avoir peur de moi et t'agenouiller devant moi !»

« Je le suis mais… Je suis tout excité à l'idée d'affronter un autre mercenaire ! A moi tout seul cette fois ! Un Shirenai avec une seule énergie. J'en suis honoré... C'est... C'est si excitant !… Et toi ? »

« Décidément, tu es un drôle de phénomène ! Avec cette détermination, dommage que tu ne sois pas l'un des nôtres... Les combats ne sont pas un jeu. Je vais te forcer à me montrer plus de respect que ça ! » déclare-t-il avant de dégainer une nouvelle fois son épée.

Malgré l'adrénaline qui anime son corps et son esprit, le Kiyuza admet intérieurement qu'il a raison. Le sacrifice de Rai représente un parfait exemple. S'il veut devenir meilleur et tenir sa promesse, il doit désormais changer de manière de voir les combats. Il concentre plus de ki dans ses jambes. Le mercenaire perçoit un courant partir du torse de Rajik pour se diriger vers ses membres inférieurs, ne pouvant que constater une maîtrise digne d'un aquamancien classique. Lui aussi se doit de reconsidérer ceux qu'ils affrontent. Il sait, avec l'exemple de la fessée monumentale que lui a infligé le Kirioku, que la moindre erreur, physique ou mentale, peut être fatale. L'humidité de l'air et des végétaux vient s'agglutiner dans la lame du Shirenai.

« Zéréyon ! »

D'un seul coup, le spécialiste du corps-à-corps fonce vers lui.

« Olowar ! »

Grâce à un mouvement de lame et à l'humidité qu'il vient d'accumuler, le mercenaire invoque une vague.

« Zéréyon ! » répète-t-il.

Suite à une grosse impulsion de ki, le Kiyuza saute très haut dans les airs, lui permettant d'esquiver l'attaque du Shirenai. Par à un autre mouvement de lame, il ramène la vague en arrière et place la quantité d'eau invoquée en-dessous de Rajik.

« Olowakaler ! »

Alors qu'il pensait avoir déjoué la technique de son adversaire, l'eau est propulsée vers lui. L'apprenti de Kenshiro concentre son ki dans son poing droit.

« Poing Bestial ! »

Il frappe violemment l'assaut lancé par Shipé. La quantité d'eau éclate grâce à l'onde de ki qu'il produit en la touchant. Rajik revient sur terre, en ayant pris soin de conserver une partie de sa force dans ses jambes, afin qu'aucun os ne cède en lui. Encore une fois, le gradé est impressionné par l'aisance avec laquelle son adversaire parvient à doser son énergie. Cependant, malgré la remarque imbibée d'éloges, hors de question de se laisser intimider. Une nouvelle défaite face à un non-Shirenai lui serait insupportable. Cela marquerait une honte à vie sur son nom et sa réputation. Il pointe se lame vers lui. L'eau encore présente sur le sol qui entoure Rajik tremble. Tout en levant son arme, elle s'élève afin d'offrir aucune échappatoire.

« Tu n'as nulle part où aller ! »

Malgré les multiples coups de poings effectués, aucune onde qui en résulte ne parvient cette fois à faire vaciller l'étau aquatique.

« Je t'empêcherai d'aller embêter maître Kenshi ! Il va devenir super fort et il gagnera le tournoi ! »

« Non ! Je serai l'unique vainqueur ! Ce traître a beaucoup trop échappé à la mort qu'il mérite ! Personne ne doit défier l'autorité existante ! Personne n'a le droit de la contredire ! Personne d'autre qu'un Shirenai ne doit remettre ça en question ! Lorsque je serai à la tête de Kigen, j'exécuterai sa sentence personnellement ! »

Cette menace énerve Rajik au plus haut point. La concentration, qu'il exerçait jusqu'à présent sur le contrôle de son ki, s'efface totalement à cause de sa colère. Le sol sous ses pieds s'assèche progressivement. Un vent de plus en plus violent balaye les environs.

« Djunar Olaï ! »

L'eau, sous haute pression, vient soudainement se resserrer sur sa cible. Rajik essaye de s'en libérer de toutes ses forces. En vain. Il est encore loin de talonner un Shirenai de ce calibre.

« Vous corrompez tout le monde ! Seul moi accéderai à l'apprentissage du Kuwanoren ! Je nettoierai mon peuple de votre influence néfaste ! Ce traître de Kenshiro en incarne le parfait exemple ! Et dire que je le respectais pour sa volonté inflexible de suivre à la lettre le Code que le grand Kenshiro nous a légué... Quelle honte ! »

« Je ne te laisserai pas gêner Kenshi ! »

« Tu n'as que ça à la bouche ? Allez. Montre-moi de quoi tu es capable, sale Enijiakku ! Vas-y ! Viens me tuer ! Transforme-moi en martyr si tu es si puissant que ça ! »

Rajik rassemble encore plus d'énergie en tentant d'activer son aura mais la pression exercée l'en empêche. Le mercenaire, maintenant certain de sa victoire, se remet à rire. Après tout, cela fait très longtemps qu'un tel sentiment aussi jouissif ne l'avait pas animé. Que ça revigore d'être supérieur !

« Tu vas rester sagement ici pendant que je dégagerai ce traître. Après que j'aurais acquis le Kuwanoren, je reviendrai te chercher et je t'enfermerai à la base. Quand j'aurais gagné le tournoi, je prononcerai également ta sentence ! Et j'éradiquerai les êtres nuisibles comme toi jusqu'au dernier ! » vocifère-t-il avant de ranger soigneusement son arme.

Par peur que son mentor se fasse tuer, Rajik persévère dans ses tentatives de délivrance.

« Moi ne suis pas comme Yoru ! Moi suis un Kiyuza ! Kenshi est innocent ! Vous l'avez dégagé pour rien ! Il voulait protéger la nature comme tout bon Shirenai ! Comme Rai ! »

« Yoru ?… Merci pour l'information. Mais n'espère pas que dénoncer tes camarades allégera le jugement. Et Rai tu dis ? Le prétendu sauveur de tout Faironne ? Je ferai mieux que lui ! Puisque plus aucun Enijiakku n'existera ! Il n'y aura plus de nouveau Kirioku ! La paix sera enfin éternelle ! »

Sur ces mots, il se dirige au bord de la falaise puis saute. Aura activée afin de ne pas couler, il plonge et part en direction de la plate-forme. A cause de l'éloignement du mercenaire, l'eau qui retenait Rajik éclate et le libère. Tout de suite, il court au bord de la falaise et aperçoit Shipé foncer à vive allure vers son maître. Malheureux et frustré de ne pas avoir pu le retenir, il frappe le sol avec ses poings, manquant presque de provoquer un éboulement tellement ses émotions sont fortes. S'il pouvait lui aussi accomplir de telles prouesses, il aurait tellement voulu le rejoindre. Encore une preuve de la suprématie à outrance de ceux qui sont affiliés aux éléments. Cependant, au lieu de se morfondre, Rajik, les dents serrés, compte bien y mettre un terme. Aussitôt, il reprend l'une des leçons de son modèle en s'assoyant en tailleur, comme s'il entrait dans une phase de méditation.