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Chapitre 10 : La Montée des Alliés d’Eudes

Le château d'Eudes résonnait des échos d'une stratégie en marche. À la différence du chaos apparent de Vannes sous Edwyn, la forteresse d'Eudes dégageait une ambiance étrange : calme en surface, mais bouillonnante d'intrigues en coulisses. Ce n'était pas un calme naturel, mais une tension calculée, orchestrée par un homme qui voyait la guerre comme un jeu d'échecs.

Dans la grande salle d'audience, aux murs ornés de tapisseries usées relatant des victoires anciennes, Eudes accueillit Sir Aedan avec un mélange de respect et de méfiance. Le chevalier irlandais, accompagné de deux écuyers, portait une armure finement travaillée, arborant les insignes de l'ordre qu'il dirigeait. Ses yeux perçaient, semblant analyser chaque détail du château et de ses occupants.

"Sir Aedan," déclara Eudes avec un sourire calculé, "je suis honoré de vous recevoir dans mes modestes murs."

Aedan inclina légèrement la tête, ses gestes précis et empreints d'autorité. "L'honneur est partagé, seigneur Eudes. Mais la guerre ne se gagne pas par des courbettes. Parlez-moi de votre plan, et je vous dirai comment mon ordre peut vous aider."

Eudes fit un signe à ses conseillers, leur indiquant de quitter la salle. Lorsqu'ils furent seuls, il se tourna vers Aedan, adoptant un ton plus confidentiel.

"Mon frère, Edwyn, pense que cette guerre sera gagnée par les armes et la loyauté des vassaux. Mais il oublie une vérité essentielle : la peur et l'opportunisme sont les véritables moteurs de la guerre. Si je peux semer la peur dans ses rangs et acheter la loyauté de ceux qu'il considère comme ses alliés, il sera à genoux avant même que nous n'ayons levé une épée."

Aedan esquissa un sourire. "Vous êtes plus astucieux que je ne l'imaginais. Mais la peur est une arme dangereuse. Si elle se retourne contre vous, elle pourrait détruire tout ce que vous avez bâti."

"C'est un risque que je suis prêt à prendre," répondit Eudes d'un ton sec. "Et vous ? Êtes-vous prêt à m'aider à faire tomber Edwyn ?"

Aedan prit une inspiration, croisant les bras. "Mon ordre est prêt à vous soutenir, mais cela vient avec un coût. Des terres, proches de la côte, pour que nous puissions établir une présence durable en Bretagne. Ce sont ces terres qui nous permettront d'étendre notre influence."

Eudes fronça les sourcils, réfléchissant rapidement. Il savait que céder des terres à un ordre militaire étranger était une épée à double tranchant, mais il comprenait aussi que sans le soutien de ces chevaliers, sa victoire serait compromise.

"Considérez-les comme vôtre une fois Edwyn vaincu," finit-il par dire, sa voix ferme.

Peu après, le roi Alain II de Bretagne arriva au château d'Eudes. Son imposante silhouette dominait la salle du trône. Contrairement à Sir Aedan, Alain était direct et brutal, préférant la force à la subtilité.

"Eudes," lança-t-il sans détour, "vous m'avez promis un soutien si je vous soutenais. Qu'en est-il ?"

Eudes, toujours calculateur, ne se laissa pas intimider. "Votre majesté, vos ambitions et les miennes convergent. Edwyn, mon frère, est une menace pour nous deux. Une fois qu'il sera éliminé, Vannes pourra devenir un allié indéfectible de la Bretagne."

Alain fronça les sourcils. "Des mots, Eudes. Je veux des actes."

Eudes sourit. "Les actes viendront bientôt, votre majesté. Mais je dois d'abord consolider mes forces. Avec votre aide et celle de Sir Aedan, nous écraserons Edwyn rapidement et sans merci."

Alain hocha la tête, visiblement satisfait pour l'instant. Mais Eudes savait que le roi breton était un allié instable, toujours prêt à retourner sa veste si cela servait ses intérêts.

Dans les jours qui suivirent, les préparatifs s'intensifièrent. Les chevaliers d'Irlande commencèrent à débarquer discrètement sur les côtes, se regroupant dans des avant-postes isolés pour éviter d'attirer l'attention. Eudes envoya également des émissaires à plusieurs seigneurs voisins, leur promettant richesses et terres en échange de leur soutien.

Il avait maintenant une armée en gestation, composée de chevaliers étrangers, de mercenaires locaux et de vassaux séduits par ses promesses. Pourtant, il savait que chaque allié venait avec son propre agenda.

Alors qu'il contemplait la vallée depuis les remparts de son château, Eudes murmura pour lui-même : "Le temps est de mon côté. Edwyn ne voit pas encore la toile que je tisse autour de lui. Mais bientôt, il comprendra. Et ce sera trop tard."

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