Artémis marchait dans les longs couloirs du Jardin. L'horizon brûlait du lever de l'aube, et le monde profitait de ses derniers instants de silence. Bientôt, un brouhaha sonore s'élèverait, trouvant son origine dans les discussions et occupations diverses des habitants de la citadelle antique. Artémis en était consciente, témoin de cette scène chaque jour.
Elle avait deux objectifs aujourd'hui : accomplir quelques missions et aller tenir compagnie à Iris. La voyante aveugle devait encore dormir, à cette heure... Non pas qu'elle soit paresseuse, mais la charge mentale qu'exigeaient ses pouvoirs était considérable. Elle ne pouvait pas scruter le pays entier chaque jour sans contrecoup, surtout avec l'influence étendue de Zéphyra.
C'était une journée comme une autre, qui commençait comme une journée comme une autre...
Artémis marcha calmement dans le long couloir, jusqu'à arriver dans une grande salle où se trouvaient déjà quelques personnes, mais pas autant qu'il y en aurait sûrement dans quelques heures. Ne prêtant aucune attention aux autres, elle fixa le grand panneau d'affichage sur lequel étaient épinglées quelques feuilles : des demandes de mission.
Plus l'armée révolutionnaire se renforçait, plus les missions manquaient. C'était logique, car il y avait plus de soldats pour les accomplir. Artémis n'avait alors d'autre choix que de se frotter aux missions les plus difficiles : chasser des hordes de monstres, tendre des embuscades à des caravanes humaines bien gardées...
Artémis soupira. Il fallait bien s'y mettre.
« Eh bien... j'imagine qu'au moins, je vais me dégourdir les jambes », pensa-t-elle.
Elle confierait la sécurité du Jardin à Loyd pendant son absence. Il devrait bien pouvoir tenir quelques heures, elle ne s'inquiétait pas vraiment pour cela. Non, ce qui l'inquiétait vraiment, c'était que Noctis et Ahmès n'étaient toujours pas rentrés de leur petite chasse.
Elle avait néanmoins confiance en eux et en leurs capacités de réussite. Après tout, elle connaissait bien Noctis. Son art de l'épée avait été sculpté en très peu de temps, mais était déjà extrêmement solide ; et puis, surtout, il y avait Guerrière. Elle avait également expérimenté les talents d'archer d'Ahmès, tout à fait exceptionnels, sans compter le fait qu'ils étaient accompagnés par une bande de guérisseurs compétents.
« Il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter », conclut-elle.
Elle ne pouvait cependant s'empêcher d'être inquiète. Un mauvais pressentiment lui serrait le cœur, à l'image d'une fine chaîne : à peine perceptible, mais pourtant une entrave solide.
Alors qu'elle pensait péniblement, plongée dans sa réflexion, un grand bruit retentit soudain, comme une explosion. Il semblait lointain, mais proche à la fois, sûrement étouffé par les murs. Il y eut alors du mouvement, tout le monde accourait pour percevoir l'origine du son tonitruant.
Artémis, violemment tirée de ses pensées, appela presque immédiatement son jian blanc et commença à courir. Il y eut alors un autre grand bruit, faisant trembler la montagne, et la poussière envahit sa vision.
« Que se passe-t-il ? » pensa-t-elle calmement.
Elle ne paniquait pas, calculant rapidement ses options et énumérant des théories dans sa tête.
Sa première idée était que le Jardin du Colosse était attaqué, ce qui ne faisait aucun sens, car Iris les aurait prévenus de l'approche d'un potentiel ennemi. Cependant, actuellement, Iris dormait.
Tout autour d'elle, Artémis entendait les troupes révolutionnaires retrouver un semblant d'ordre. Lentement, la panique cessait, mais les explosions tonitruantes continuaient à rugir sans fin.
Artémis donna des instructions aux généraux qu'elle trouvait, qui aboyèrent des ordres à leurs divisions, puis quitta la salle d'attribution des missions en hâte, courant à travers la poussière. Elle croisa d'innombrables troupes, toutes désordonnées : personne ne savait encore ce qui se passait.
Artémis jura silencieusement et s'engagea dans un couloir vide et plein de poussière, menant directement au grand hall de la forteresse. Une autre silhouette apparut dans la poussière.
- « soldat ! » appela Artémis avec espoir.
Si le soldat venait du grand hall, il pourrait la renseigner sur le chaos qui s'y passait. Elle remarqua cependant une posture étrange chez le soldat, comme s'il tenait quelque chose dans la main...
Artémis écarquilla les yeux et leva son jian, juste à temps pour arrêter la lame du soldat, qui visait sa gorge. Avec la force d'un Maître, Artémis repoussa le soldat contre le mur et l'y plaqua, avec une force telle que le mur se fendit et que toute la poussière autour d'eux se dispersa. Elle pouvait enfin voir le soldat, et elle réalisa toute la vérité.
L'armure du soldat était en réalité un broigne accompagné d'une légère cape rouge, et l'épée l'ayant attaquée était un khépesh aiguisé.
- « Un soldat... de la reine ? » murmura-t-elle.
Son instant d'hésitation faillit lui coûter la vie. Le soldat impérial leva à nouveau son khépesh vers sa gorge, mais Artémis était plus rapide : elle dévia le coup de telle sorte que la lame du khépesh se plante dans la poitrine du soldat. Puis elle le lâcha, le laissant s'effondrer au sol en laissant une tache de sang sur le mur fendu.
La jeune femme se figea un instant, puis tendit l'oreille pour prêter attention au mélange de sons chaotiques qui l'entouraient.
Il y avait des cris.
Les gens mouraient par dizaines ; sans que personne ne sache comment, les soldats de la Sorcière-Serpent avaient envahi le Jardin.
Alors, un grand bruit alerta Artémis. Quelque chose traversa les murs, comme si une immense bête chargeait. Artémis sauta en arrière juste au moment où le mur devant elle explosa, et une silhouette s'écrasa sur le mur derrière elle.
Artémis fut à la fois soulagée de reconnaître la silhouette comme étant Loyd, et horrifiée de constater qu'il était couvert de sang.
Il n'y avait pas d'illusion : c'était bel et bien la guerre.
- « Ça va ? Comment sont-ils entrés ? » demanda-t-elle en soutenant Loyd.
Celui-ci cracha un peu de sang, puis s'essuya la lèvre.
- « Aucune idée, mais nous avons un gros problème », répondit-il.
Des pas lourds résonnaient à travers le nuage de poussière derrière le mur effondré. Artémis leva son jian, et Loyd se remit en position de combat.
Alors, un géant d'acier blanc apparut devant eux. Un homme d'au moins trois mètres, caché sous une armure blanche blindée, tenant dans une main la longue poignée de sa lourde épée disproportionnée.
- « Toi... t'es qui, bâtard ? » grogna Loyd.
C'était visiblement cet ennemi qui lui avait donné tant de mal.
Quelque chose scintilla légèrement dans la visière de l'armure, puis un rire glacial d'une voix grave résonna contre les parois d'acier de l'armure blindée.
- « Moi, gamin, je suis Björn, ancien commandant de Summer Bell. Maintenant... » commença-t-il.
Il tendit son bras vers eux et ferma brusquement son poing, laissant s'échapper des étincelles.
- «... Où... est... le prince ? »
Je suis désolé pour l'irrégularité de sortie des chapitres. Comprenez que je fais de mon mieux.
Un jour, je terminerai Far From the Forest, ne vous inquiétez pas pour ça :]