Échappatoire

Noctis ferma les yeux un instant, se concentrant sur la puissance qui parcourait son épée. L'ombre de la chaîne s'enroule fermement autour de la lame, et il peut sentir son énergie s'intensifier. L'inconnu dans l'obscurité semblait intrigué.

- « Qu'est-ce que tu fais ? » exigea-t-il, la voix teintée d'incrédulité.

- « Je suis en train de transformer notre situation », a répondu Noctis, déterminé. « Je vais faire en sorte que Soran regrette d'avoir sous-estimé un simple mortel. »

La scintillante lame de jade de l'épée bâtarde était devenue noire et sans éclat. La force des ombres lui avait accordé une puissance nouvelle, lui accordant la sombre soumission de l'absence de lumière.

- « Prêt ? » exigea l'inconnu, sa voix soudaine plus sérieuse.

- « Prêt », confirma Noctis.

Alors, il plongea simplement la pointe de la lame sur son entrave au poignet, qui se fissura et céda sans plus de résistance. La pauvre chaîne tomba sur le sol de la geôle dans un désordre de maillons rouillés, tandis que Noctis se relevait en se frottant le poignet.

Avec un sourire satisfait, il se tourna vers l'obscurité, qui reprit la parole.

- « Ne me dis pas que tu songes à m'abandonner ? » dit-elle d'une voix légèrement monotone.

Noctis fixa l'obscurité dissimulant l'inconnu, immobile. Il n'avait aucune raison de le laisser croupir là, mais il pouvait toujours se révéler dangereux.

Se décidant à bouger, le garçon prit la bougie suspendue et se dirigea dans l'obscurité, qui fuit la faible lumière, mais l'encercla de toute part. Enfin, il put voir l'inconnu.

Il n'avait pas l'air bien plus vieux que lui-même ou Artémis, simplement négligé. Avec ses longs cheveux d'argent lui tombant au milieu du dos, ses yeux d'un vert éclatant et sa peau bronzée, le jeune homme svelte devant lui semblait presque sauvage. Il n'était vêtu que de haillons et était enchaîné à chaque membre : ses deux poignets étaient entravés par de solides chaînes d'acier reliées au haut du mur, ses pieds étaient coincés dans de lourdes bottes de fer, et un grand anneau relié à sept chaînes entravait sa taille.

En voyant qu'il le regardait, le mystérieux jeune homme leva les yeux pour le regarder en face. Un sourire sauvage fissura son visage, laissant entrevoir ses dents aiguisées. « Quoi, je t'avais dit qu'ils entravaient leurs prisonniers en fonction de leurs capacités à se libérer, non ? Allez, libère-moi, et je t'aiderai à tuer Thrór ! J'y prendrai même plaisir...» murmura-t-il, sa voix semblant plus faible qu'auparavant.

- « Pourquoi avoir besoin de tuer Thrór ? » demanda Noctis. « Il suffit de fuir. »

Le sourire de l'inconnu s'élargit encore plus. - « Fuir ? » reprit-il. « Et pour aller où ? Il n'y a que la forêt, dehors, à des kilomètres à la ronde. De plus...»

Sa voix devint légèrement amusée. « Je ne sais pas si tu le sais, mais quand on tue un humain, on n'obtient pas son âme. Par contre, on obtient une partie de toutes celles qu'il a lui-même absorbées... Thrór est un Maître, et un Maître centenaire. Qui plus est, les vampires sont considérés comme des humains par la Lettre d'Hérésia, tout comme les loups-garous. Pour couronner le tout, il ne laisse personne quitter son château vivant... N'est-ce pas une bonne opportunité de gagner en puissance ? »

Les yeux de Noctis brillèrent. Devenir plus fort était son objectif, après tout.

- « Et donc, tu dis vouloir nous aider ? » demanda-t-il, ne cachant pas son intérêt ni son excitation.

Le sourire de l'inconnu diminua quelque peu. - « Tu peux me laisser moisir ici, si tu veux. Seulement, es-tu sûr de pouvoir battre Thrór et Soran ? Réponds franchement... Tu as besoin de mon aide. »

Noctis soupira intérieurement. Si l'inconnu se révélait être un tueur sadique et sans pitié, il risquait de mourir ici. Cependant, s'il ne le libérait pas, lui et Artémis mourraient des mains de Thrór ou de Soran. Grinçant des dents, Noctis fit un pas en arrière et souleva l'épée bâtarde au-dessus de sa tête. « Tiens-toi prêt », prévint-il avant de frapper l'épée bâtarde dans une ligne horizontale. Il rencontra de la résistance lorsque la lame noire se heurta aux solides chaînes d'acier, mais elles cédèrent finalement, et les chaînes se brisèrent en une pluie de maillons disloqués.

À ce moment, l'ombre enroulée autour de l'épée s'en alla retrouver son origine. Noctis soupira intérieurement. Les ombres de ce manoir étaient anciennes, vastes et puissantes, ce qui lui apporterait un grand soutien lors du combat contre les deux vampires, mais elles étaient néanmoins difficilement contrôlables. Maintenant, la seule ombre du cachot sombre ayant accepté de l'aider l'avait abandonné.

« Il faut vraiment que je me trouve une ombre fiable », pensa-t-il, pris de frustration. Cependant, ce ne serait pas chose aisée, sachant que les ombres ne se déplaceraient jamais loin de leurs origines.

L'inconnu, ignorant tout des réflexions de Noctis, émit un grognement de soulagement en se massant les poignets et les épaules. Soudain, il regarda ses entraves restantes et, avec une force surhumaine, déchira le métal froid à mains nues.

Noctis n'en était pas choqué. Il était probable que l'inconnu ait un aspect de renforcement physique, surtout en prenant en compte les solides entraves qui avaient été destinées à le retenir prisonnier.

Après en avoir fini avec ses chaînes et ses entraves, le jeune homme marcha vers la grille de la cellule en baillant, passant devant Noctis, et resta devant elle pour l'étudier.

- « Si on doit travailler ensemble, on devrait s'appeler par nos noms. Le mien est Noctis. » Le garçon était curieux de connaître le nom de l'inconnu. Après tout, il était peut-être originaire du domaine de Throne, lui aussi.

L'inconnu tourna la tête vers lui, ses cheveux argentés volant à son geste. Pour la première fois, son ton était amical et son sourire bienveillant. « Enchanté, Noctis. Je suppose qu'il est temps que je me présente…»

Il se retourna vers la grille. Soudain, ses ongles s'allongèrent pour se transformer en griffes blanches acérées, tandis qu'une fine couche de fourrure argentée recouvrait ses mains. C'est à ce moment-là que Noctis comprit.

L'inconnu n'était pas du tout du domaine de Trône.

« C'est un... »

Le jeune homme s'attaqua aux barreaux de la cellule, qui cédèrent sans résistance sous ses griffes acérées et sa force titanesque. Alors que les morceaux de fer tombaient encore au sol, il reprit la parole d'une voix enjouée.

- « Je m'appelle Loyd, et je suis un loup-garou. »