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Le piège

Lucia Monica Fabien

J'étais plongée dans une incompréhension totale. Jamais dans ma vie je n'ai eu à vivre pareille situation. Si je ne percevais pas cet air sérieux sur le visage de cet inconnu debout face à moi, j'aurais crû que cela soit une mauvaise blague. Pourtant ce n'était rien de tel. Cet homme pouvait il être si serein après tous ça ? Non, je ne crois pas.

Un mariage, carrément ! Comment cet homme qui ne me connaissait pas plus tard qu'hier pouvait il me demander de l'épouser si promptement ? Le mariage c'est un sentiment sacré. C'est la promesse solennelle de deux cœurs qui s'aiment et qui se sentent prêts à fonctionner dans une symbiose quasi parfaite. On ne se marie pas sur un coup de tête. Avec n'importe qui encore moins. Quand on fait le choix de sauter le pas, il faut d'abord être sûr de connaître la personne en face et de pouvoir vivre avec elle, de l'aimer même dans ses mauvais jours. Rien avoir avec moi et cet inconnu.

J'aurais crû être dans un rêve. Pourtant la situation était tous ce qui a de réel. Cet homme n'avait pas l'air de blaguer quand il m'a fait sa demande. Ce qui, est d'autant plus surprenant pour moi. Ce matin encore il me lançait des menaces à profusion. Il doit être bipolaire.

Ce monsieur doit sûrement avoir perdu la tête. Il n'y a que cela qui puisse expliquer un tel délire. Et si tel est le cas, j n'en payerai pas les frais de sa folie. J'ai encore toute ma tête, je me répétais.

- Je ne sais pas ce qui ne tourne pas rond chez vous. Mais il est hors de question que je me lance dans un truc pareil.

- Attendez, vous m'avez mal compris mademoiselle.

- Ah oui ! Vous voulez dire que vous ne venez pas à l'instant même de me proposer de devenir votre femme monsieur ?

- Si, si. Mais...

- Qu'importe ce que vous avez voulu dire. Je ne suis pas intéressée par votre... truc.

- Vous n'avez même pas encore ecouté ce que j'ai...

- Le peu que j'ai déjà entendu est suffisant pour que je puisse savoir que je ne souhaite pas m'embarquer dans votre délire, je le coupai. Trouvez vous quelqu'un d'autre. Je suis sur que la file d'attente est assez longue pour ça. Les femmes doivent se bousculer à votre porte pour être avec vous.

- Écoutez moi d'abord. Vous jugerez par vous même.

Je venais enfin de terminer mon boulot dans la chambre du grand Mathis Johnson. Et oui, j'ai du entendre son nom dans le hall. Enfin, je pouvais écourter cette stupide conversation qui n'allait inévitablement aboutir à rien d'intéressant selon moi. Je range tout dans le chariot et me dirige vers la porte. Entre temps Mathis est allé se servir un verre de scotch. Il est assez tard pour boire, mais de cela il s'en fichait. Il avait besoin d'être détendu.

- Vous savez, vous n'aurez pas besoin de vraiment jouer votre rôle d'épouse, entendis je derrière moi alors que je partais. Juste quelques apparitions publiques au besoin. Assez simple, vous ne trouvez pas, dit il en buvant une gorgée de sa boisson.

Mon Dieu, quelle absurdité ! Comment cet homme peut il être capable d'avoir pareille pensée qui arrivent à parcourir ses neurones ? Me proposer un mariage blanc carrément ? Mais ce genre de chose, ne sont elles pas supposées se passer que dans les films ?

Je me retourne, relève la tête afin de regarder l'homme en face de moi. C'est un très bel homme. Il a le physique qui va avec. Le genre que recherchent toutes les femmes. Et de surcroît il est riche. Très riche même si l'on tient compte de la suite qu'il occupe en ce moment à l'hotel. Un homme comme celui là peut avoir la femme qu'il veut. Alors pourquoi il m'a choisie moi ? C'est encore plus farfelue quand on y pense.

- Vous êtes tellement grotesque, déclaré je avec dégoût. Qu'est ce que vous croyez ? Que parce que vous avez de l'argent, vous pouvez tout vous permettre ? Vous savez quoi, je vais vous le répétez une dernière fois. J'espère que cette fois vous allez comprendre. Moi, vivante, jamais je ne vous épouserai.

- On verra ça alors.

Mathis JOHNSON

Le refus de la jeune femme a sacrément touché mon égo. Que dis je ? Il l'a machouillé. Maintenant plus que jamais je devrai l'épouser. Je n'ai jamais aimé que l'on me défie. Peu importe ce que je devrais faire pour arriver à mes fins. Ce qui est sur, cette fille effrontée n'allait pas s'en sortir aussi facilement après avoir osé me répondre comme si je n'étais personne. Je l'épouserai à tout prix. Et après cela, je me chargerai de lui apprendre les bonnes manières. C'était plus qu'une promesse.

Je la regardais laisser ma chambre d'hôtel tout de suite après la scène désagréable qui venait de se passer. Jamais une femme ne m'avait autant manqué de respect par le passé. D'habitude, elles se précipitent toutes pour exécuter mes ordres. Pourtant celle là... Bizarrement, je n'ai pas su reagir. Je me suis senti ridicule après. Je pars me prendre une bouteille. J'allais enchaîner un premier verre, une deuxième verre, puis un troisième... et ainsi de suite.

- Ça, ma grande, tu vas me le payer cher. Je t'ai laissé un petit cadeau. J'espère que tu vas aimer ma jolie, je souris cyniquement.

Je l'insulte de tous les noms tant elle m'insuporte déjà. Ceci dit, on doit lui reconnaître une chose. Elle est merveilleuse. Ses yeux noisettes, donne à son visage d'ange déchu, un attrait si doux.

- Pourquoi diable suis je encore là à penser à l'elle ? Elle est insignifiante Mathis. Alors calme toi.

Lucia Monica Fabien

Cet homme est fou, ma parole. L'épouser carrément ? Il est malade. En tout cas, ce n'est pas mon affaire. J'ai repris son travail comme si de rien n'était. J'avais assez tardé dans cette chambre. Il va falloir que je fasse moins de temps dans les autres chambres si je veux avoir le temps de tout finir. J'ai beau avoir pris résolution. Mais j'étais assez distraite par ce qui venait de se passer. Constatant cela, je décidai de ne plus y penser. Quitte à se forcer pour y arriver.

Ce que je ne savais pas à ce moment là c'est que Mathis avait glissé quelques chose dans la poche de ma blouse sans que je ne puisse me rendre compte de la supercherie et que cela pourrait me causer des ennuis. Pour quelqu'un qui voulait faire profil bas, c'était déjà mal parti pour moi.

- Lucia, on te demande au bureau de la responsable des attributions de chambres, dit un collègue juste quelques minutes après que je sois sortie de la chambre de Mathis.

- D'accord j'arrive, je répondis innocemment.

- Je me demande quelles bêtises tu as dû faire, elle tente de m'intimider.

C'etait déjà l'heure de partir. Alors j'enlevai ma blouse, l'accroche dans mon cassier et me changea avant de passer au bureau du responsable.

- Il nous a été rapporté un incident dans l'une des chambres dont tu as dû t'en occuper aujourd'hui, cette dernière m'informe à peine que je sois arrivée.

- Un incident ? Je ne comprends pas, je répondis déboussolée.

- Un des clients de l'hôtel nous a rapporté qu'il y a eu vol dans sa suite.

- Un vol vous dîtes ! Je suis encore plus confuse. En quoi cela me concerne, moi ? Je lui fis remarquer.

- En tout, vu que le client affirme qu'il n'y a que toi qui es passée aujourd'hui dans sa suite. C'était toi qui étais responsable du nettoyage à ce qu'il paraît. Il t'a laissée seule un instant. Ce n'est que tout à l'heure qu'il s'est rendu compte que sa montre en or massif avait disparu de sa boîte

- Pardon ! Je s'exclame. Sa montre a disparu. Et alors ? Devrais je savoir où est parti sa montre ?

Pauvre de moi, je me suis retrouvée prise au piège que m'avait tendu Mathis. Ce dernier doit maintenant se réjouir d'avoir eu gain de cause. Le pauvre clown.

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