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CHAPITRE 18 AFFRONTEMENT SANGLANT

— Je n'arrive pas à croire que vous ayez osé me jeter un sort !

Jonathan râlait encore plus que d'ordinaire, si c'était possible, depuis qu'il avait repris conscience dans la forêt jouxtant les mines. Les jeunes gens avaient repris la direction de celles-ci depuis près d'une demi-heure, mais le sorcier ne décolérait pas.

— Tu aurais fini par accepter après d'âpres négociations, lança Yohan avec un sourire, on a juste économisé un temps précieux.

***

Bientôt ils atteignirent les mines et s'arrêtèrent pour choisir le chemin le plus approprié. Tandis que Yohan et Katherine penchaient pour le même tunnel que le jour précédent, Eowyn, Adrien et Mark étaient plus circonspects. Edward étant un élémental de la Terre, se retrouver dans des mines inconnues ne devrait pas l'effrayer outre mesure. Mais par où commencer dans ce cas ?

— Je pourrais peut-être lancer un sortilège de localisation, proposa Eowyn.

— Edward est vraisemblablement possédé par le sabre, intervint Yohan, je doute, qu'il puisse être trouvé comme n'importe quel sorcier…

— Pauvre Théodore, gémit Katherine.

— Mais oui ! Bien sûr ! s'exclama Adrien. Il y a le sang de Théodore sur le sabre.

— On peut donc lancer un sortilège de localisation sur lui, compléta Eowyn. Brillant !

— Tu commences à penser comme un traqueur, le félicita Mark. Allons-y, ne perdons pas de temps !

A peine lancé, le pendule se mit à osciller entre la Cité Blanche et les mines. Lorsque la partie de la carte contenant la Citée Blanche fut repliée, le pendule se fixa en un point précis au niveau des mines.

— Au moins, on est sûr qu'il est là ! affirma Mark.

— Et si on appelait des renforts ? Suggéra Jonathan

— Si la cavalerie arrive, elle va faire un boucan du tonnerre, dit Mark en secouant la tête. Non, on va se débrouiller seuls. De toutes façons, cette situation est un peu notre faute.

— Ce n'est pas notre faute si le royaume forme des psychopathes capables de tuer les gens qui se mettent en travers de leur mission, s'exclama Jonathan.

— Certes, lui dit calmement Katherine en posant une main sur son épaule gauche, mais il n'est pas réellement lui-même. Il n'a essayé de tuer qu'après avec eu le sabre en sa possession.

— On n'a tenté de tuer personne, nous, quand on avait le sabre entre nos mains, ni même les loups garous ! fit remarquer Jonathan.

— C'est parce qu'il est entré en notre possession grâce à l'altruisme d'Adrien. Edward, lui, s'en est emparé en assommant deux personnes et en le volant. Le mal engendre le mal. Le sabre n'a eu aucune prise sur nous, parce que la seule chose qui nous préoccupait était de sauver Maître Guillaume. Les loups garous voulaient juste nous désarmer, pas l'utiliser. Edward le désirait pour son succès personnel.

— C'est bien ce que je disais, c'est sa faute à lui.

— Mais il reste une victime, nous y allons, trancha Mark.

Et sans un mot de plus, ils s'enfoncèrent dans les profondeurs de la mine d'argent désignée par le pendule, affublé là-encore de torches fabriquées par Eowyn. L'intérieur était plus spacieux que celui de la précédente mine, comme si elle avait été plus fréquentée.

— Plus fréquentée et donc plus vaste, pensa Eowyn.

— Cela va nous prendre un temps fou à tout explorer, lui répondit silencieusement Adrien.

Comme pour répondre à leur discussion mentale, une série de portes se présentèrent à leur droite et à leur gauche. Au vu de la quantité de battants à ouvrir, ils décidèrent de se séparer en deux groupes. Eowyn, Adrien et Mark d'un côté, Yohan, Katherine et Jonathan de l'autre.

Les premières salles ressemblaient beaucoup au magasin de la mine explorée le jour précédent bien que l'état des pièces était bien plus misérable. Les pièces avaient été pillées avant d'être saccagées. Certaines tapisseries étaient lacérées. Les épaisses couches de poussières permettaient avec certitude de savoir si l'une ou l'autre salle avait été occupée récemment et ce n'était vraisemblablement pas le cas de celles qu'ils avaient visité pour le moment.

Soudain, un vacarme assourdissant s'éleva en provenance du fond de la mine. Les six sorciers se précipitèrent dans le couloir et se dirigèrent d'un pas décidé mais leste en direction du bruit, qui perdurait, relancé irrégulièrement. Après plusieurs embranchements, ils aperçurent une lueur vacillante projetant une ombre en mouvement. La porte était entrouverte. Quelqu'un semblait passer ses nerfs sur les objets de la pièce. L'homme criait, mais les mots s'enchaînaient sans former de phrases cohérentes.

— JUSTICE… MORT… POURQUOI… RÉUSSITE… PAS FAIRE ÇA… NON… VEUX PAS… MÉRITER… PLUS DE SANG… ENCORE… NON…

Un autre meuble fut réduit en morceaux lorsqu'une lame se brisa dessus. Mark fit signe aux autres de sortir leurs épées. Eowyn indiqua l'entrée de la pièce à Adrien en secouant la tête.

— Je ne veux pas que tu sois blessé, pensa-t-elle.

— Je veux aider, répliqua-t-il silencieusement.

— Non!

Les pensées de la jeune femme étaient fermes et Adrien ne les discuta plus. Il s'adossa au mur, du côté de la charnière, de façon à pouvoir observer tout la scène sans être vu. Après s'être assuré que tous étaient prêt, Mark poussa la porte prudemment. Un homme grand et longiligne était dans un coin, se tenant d'une main à la tête et de l'autre un sabre. La main droite serrait si fort l'arme que ses jointures étaient blanches. Il avait une mine affreuse. Son teint cireux faisait ressortir des yeux noirs injectés de sang. Sa bouche était tordue en un immonde rictus, qui dévoilées des dents pointues. Ses narines frémissaient sur son nez retroussé. Quand il vit les jeunes gens, il se replia sur lui-même en position défensive. Mark prit alors la parole.

 — Edward ? Je m'appelle Mark et voici Eowyn, Jonathan, Katherine et Yohan.

 — Vous ne l'aurez pas ! lança le traqueur avec un ton hargneux.

 — Nous ne voulons que t'aider.

 — En venant à moi avec vos épées en main ? ricana Edward.

 — Nous avons entendu comme des bruits de bagarre. Nous avons cru qu'il y avait un danger.

 — Oh, mais il y a un danger… MOI !

 Il sembla vouloir engager le combat, mais Katherine prit alors la parole.

 — Le Capitaine Théodore va s'en sortir !

 — Et alors ? fit Edward, qui sembla hésiter pour la première fois.

 — Tu ne seras pas poursuivi pour meurtre. D'autant que l'influence maléfique du sabre est une circonstance atténuante.

 — Et quoi ? Je vais juste être enfermé à vie ? hurla Edward.

 — Nous ne le savons pas, nous ne sommes pas juges.

 — Non, vous êtes juste là pour m'arrêter, mais je ne me laisserais pas faire !

 Sur ces paroles, le traqueur leva ses mains vers le plafond et des stalagmites suintantes sortirent du sol. Au début, Eowyn crut qu'il avait érigé une barrière entre lui et eux, puis elle se rendit compte que les stalagmites entouraient. Elles étaient si serrées qu'elles formaient une cage de roches. Yohan toucha les barreaux et ceux-ci se rétractèrent dans le sol.

 — Argh ! pesta Edward.

 — Comme tu dis, se moqua Yohan. Allez, laisse tomber !

 Soudain Edward l'attaque, mais Yohan l'esquiva au dernier moment. Son pied gauche dérapa sur les travaillons, le déséquilibrant momentanément. Le traqueur choisit ce moment pour faire tournoyer le sabre au-dessus de sa tête. Le pommeau atteint brutalement Yohan à la tempe et le sorcier s'effondra sur le sol

 — Yohan ! hurla Katherine, paniquée.

 Edward lui lança un regard haineux, puis esquissa un rictus effrayant en voyant les larmes qui coulaient sur les joues de la jeune femme.

***

 Adrien réfléchissait à toute vitesse. Grâce aux pensées d'Eowyn, il avait une idée assez claire de la position de chacun dans la pièce. Eowyn, comprenant ce qu'il essayait de faire, se mit à balayer la salle du regard. Des débris de bois jonchaient le sol un peu partout, mêlés à une fine couche de gravillons. Un banc en pierre était le seul meuble encore intact dans la pièce.

Mark continuait d'essayer de raisonner Edward, mais, pour l'instant, cela ne faisait qu'attiser la colère du sorcier. Adrien, prit d'une soudaine inspiration demanda silencieusement à Eowyn de se baisser à trois, puis il commença son décompte.

— Un… Deux… Trois !

— Baissez-vous, cria Eowyn à ses trois amis.

Adrien passa alors la porte et se concentra sur le banc de pierre. Celui-ci se mit à léviter et fut projeté sur Edward, qui l'évita au dernier moment. Le banc se fracassa sur les barreaux autours de Jonathan.

— Jo ! cria Adrien. Transforme-toi en ours.

Après un temps d'hésitation, Jonathan prit sa forme animale. Il venait d'apercevoir les petites fissures dans la roche qui avait été heurtée par le banc. Il se lança alors de toutes ses forces sur les barreaux. Le deuxième assaut fut couronné de succès.

Pendant ce temps, Adrien évitait avec adresse les stalagmites, qui jaillissaient du sol pour l'emprisonner, tout en se rapprochant de Yohan.

— Hey ! Mec ! Il faut se réveiller maintenant !

Yohan gémit.

— Sérieux ! Debout ! continua Adrien. Tu risques de te faire écraser, ou pire, embrocher !

Adrien le traîna derrière une stalagmite pendant que Jonathan attirait l'attention d'Edward. Tous deux commencèrent à tirer l'épée, sous le regard inquiet de Mark et Eowyn. Katherine n'avait d'yeux que pour Yohan, qui reprenait enfin connaissance. Elle lui caressa la joue à travers les barreaux de sa prison le suppliant de revenir à lui. Adrien cherchait toujours un moyen de sortir les autres de leur cage de schiste. Eowyn le tira de ses pensées.

— Adrien ! Essaye de faire se rétracter les stalagmites comme l'a fait Yohan.

— Et comment je m'y prends ? répliqua Adrien. Je ne suis pas un élémental de la Terre moi !

— Si tu as été capable d'avoir les mêmes visions que moi, alors peut-être que si tu es suffisamment proche de Yohan, tu pourras copier aussi ses pouvoirs.

— Il faudrait qu'il capte l'essence d'un élémental, fit Mark en secouant la tête, ce n'est pas un pouvoir lié à un talent…

— Ça vaut quand même le coup d'essayer, affirma tout à coup Katherine avec conviction. De toutes les façons, on a pas d'autre idée et notre élémental de la Terre est hors-jeu pour le moment.

— On va quand même avoir besoin de Yohan, lui dit Mark. Il doit penser à l'objectif à atteindre.

— Tu entends mon chéri ? Il faut que tu te concentres.

Adrien s'empara de la main de Yohan. Eowyn lui avait appris que le contact rendait la circulation de la magie plus aisée. Son autre main était posée sur un des barreaux de la cage de Katherine. Il sentit une force émaner de Yohan, Adrien s'en empara, aspirant le pouvoir et l'amplifiant avant de le renvoyer à la main au contact de la roche. Celle-ci sembla aussitôt rétrécir.

— Je n'arrive pas à y croire, murmura Adrien.

— Il a réussi articula Mark, les yeux écarquillés. C'est un vrai médium. Il a capté l'essence du pouvoir de Yohan…

— Sors- nous de là ! le supplia Eowyn qui voyait Jonathan en mauvaise posture.

Katherine aida Adrien à faire marcher un Yohan groggy jusqu'à Eowyn. Cette fois-ci la stalagmite se rétracta plus vite et la jeune femme se jeta entre Edward et Jonathan, qui était tombé sur son flanc prêt à encaisser un nouveau coup. En quelques parades, elle réussit à acculer le traqueur dans un coin et à le désarmer.

Au moment où elle se pencha pour récupérer le sabre, Edward l'attaqua, mais il dérapa et s'effondra sur Eowyn, qui perdit l'équilibre et tomba à la renverse. Le corps du traqueur pesait lourdement sur son abdomen et un liquide chaud et visqueux se déversait par vagues le long de son flanc et de ses cuisses. Jonathan et Adrien, qui venaient de libérer Mark se précipitèrent pour la dégager du corps inerte. C'était fini… La tragédie avait effectivement frappé le possesseur du sabre.

L'arme, d'abord tâchée de sang, absorba l'épais liquide et commença à rougeoyer à un rythme régulier. À chaque pulsion la lueur s'accentuait. La lame avait l'air de prendre vie. C'était un spectacle à la fois fascinant et effrayant. Adrien attira dans ses bras Eowyn, qui ne pouvait détacher ses yeux du cadavre d'Edward.

— Est-ce qu'il est …? commença-t-elle.

— Je pense, oui, lui répondit doucement Adrien en attirant sa tête contre son torse, la forçant à détourner les yeux. Il ne risque plus de faire du mal à qui que ce soit.

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