… J'aperçois le bout du tunnel.
Le chemin était plus court que prévu…
Ce n'était pas le parcours que j'avais souhaité prendre.
Cependant, la fin qu'elle m'offrait me ravissait pleinement.
Alors juste pour cette fois, permettez moi de vous conter ma vie, mais aussi de vous introduire celle du petit garçon que vous suivrez.
… Il me reste encore un peu de temps, juste assez, en attendant d'admirer le coucher du soleil.
Par où commencer ? Alors déjà, qui suis-je ? Mon nom est Vald A-, …On se contentera de Vald.
C'est ainsi que je me présente depuis que j'ai renoncé à mon nom.
Fuguant de ma maison, j'ai laissé derrière moi toutes les responsabilités et engagements qui l'accompagnaient.
Pourquoi me suis-je enfuie ?
Une seule raison, assouvir le désir ardent d'aventure qui me démangeait nuit et jour.
Le monde qui m'était dépeint au travers des histoires que je lisais ou de celles que l'on me racontais, me semblait si enchanteur et passionnant que je ne pu résister à son appel.
Je voulais cesser de m'imaginer à la place de ces grands êtres et héros qui avaient marqué leurs époques, inscrits leurs noms dans le temps, grâce à leurs histoires et épopées héroïques.
Mon souhait était de devenir comme eux…
Ma famille ? Elle n'avait pas une once d'importance pour moi, ce n'était rien de plus qu'un obstacle à surmonter pour aller à la poursuite de mes rêves.
Je n'ai donc pas hésité un seul instant quand l'opportunité s'est offerte à moi de m'échapper de ma cage et d'aller à la découverte du monde.
J'étais jeune, intrépide et ignorant, cela m'avait joué de nombreux tours, beaucoup trop pour que je puisse les compter.
Bien que cela m'ait amené à me retrouver dans des situations difficiles par moment, je ne m'en étais jamais plein, car je trouvais tout cela amusant.
Pour moi, cela faisait partie du processus pour apprendre et découvrir, chaque erreur et échec participait à enrichir mon expérience.
C'était pour vivre ce genre de moments que je m'étais lancé à la découverte du monde.
… Malheureusement, mon bonheur ne dura pas bien longtemps.
Un bateau en mer, une tempête et un cercle de Cromlech, ces éléments suffirent à eux seuls pour mettre fin à mon voyage…
Les cercles de Cromlech, ce sont des zones maritimes réputées pour leurs capacités à téléporter aléatoirement tous les êtres qui se font prendre dans leurs griffes vers les différents espaces marins du monde.
Seul sur mon navire, je m'étais retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment…
Je fus envoyé dans des eaux qui m'étaient complètement inconnues, et à l'horizon, je ne pouvais apercevoir aucun rivage.
… J'avais été jeté au beau milieu de nulle part.
Ne sachant pas quelle direction prendre, je m'étais mis à avancer sans but dans l'immensité de ces eaux à la seule force de mes muscles.
Et alors que je me rapprochais dangereusement de mes limites physiques et mentales, je m'étais soudainement retrouvé pris dans un puissant courant marin qui me laissa inconscient sur la côte d'une île.
Étais ce de la chance ou de la malchance de m'y être échoué ?
Une bénédiction, car je n'allais pas mourir pathétiquement perdu au milieu de l'océan ou d'une malédiction, car je resterais à jamais piégé dans cet endroit.
Quand je repris connaissance, j'avais pu constater la gravité de mes blessures, ma survie ne reposant que sur les soins que j'avais reçu d'une native de cette île qui possédait une beauté que j'avais rarement vu.
J'étais heureux d'être en vie et reconnaissant envers elle d'avoir pris la peine de me soigner.
Tous les habitants que je vis sur cette île avaient une chevelure blanche et des yeux noirs comme caractéristiques.
Ils parlaient une langue qui m'était complètement inconnue et le fait que je ne puisse rien comprendre de leurs mots me fit prendre conscience d'une chose.
… J'avais perdu quelque chose d'important, de très important.
Mes aspirations et mes rêves, je pouvais tout oublier si je ne réussissais pas à le récupérer.
Et pour y parvenir, je devais partir de cette île au plus vite, et ceux bien que j'étais encore loin de m'être remis de mes blessures.
Seulement, la réalité était beaucoup plus cruelle que ce que je m'étais préparé à accepter.
Un bateau, qu'il soit petit ou grand, lourd ou léger, il n'y avait qu'un seul résultat, je ne pouvais pas m'en aller.
Un puissant courant marin parcourait l'ensemble de l'île, il était facile de s'y faire entraîner, mais difficile voir impossible d'y sortir, surtout pour la personne handicapée que j'étais devenu.
Quand j'avais réalisé cela, l'impression d'un ciel tout entier s'effondrant sur ma tête me paraissait tellement réelle…
Les jours qui suivirent ce choc, je les passèrent à pleurer et à hurler au ciel sans jamais cesser, accusant le monde du malheur que je vivais…
Mon esprit se vidait, perdant peu à peu la tête, je devenais lentement déséquilibré.
Je m'étais mis à errer aux abords de l'île avant de me décider à mettre fin à ma vie.
Et alors que je me préparais à y mettre un terme, la native qui avait pris soin de moi depuis mon arrivé ici se mit au travers de ma route.
Ma réaction à cela m'avait fait commettre un acte irréparable, ce jour-là, j'avais fait quelque chose qui m'avait profondément dégoûté de moi-même.
Dans mon hystérie, j'avais abusé d'elle…
Pourquoi avais-je fait ça ? Étais ce un désir inavoué que je nourrissais à son égard qui m'avait poussé à le faire ? Savais-je même encore ce que je faisais ?
Je me sentais profondément ingrat et je maudissais chaque parcelle de mon être qui m'avait conduit à cette folie.
… Je ne connaissais même pas son nom.
Elle ne méritait pas ça, pas après tout le bien que j'avais reçu d'elle, pas après qu'elle m'ait à nouveau sauver la vie.
Après cet événement, je m'étais enfuie, je voulais complètement m'isoler, j'avais tellement honte de moi.
Je cherchais à oublier et à me faire oublier d'eux, surtout d'elle…
Et alors que j'avançais dans une forêt qui s'assombrissait dû au déclin du soleil, aux abords d'une falaise, je finis par tomber sur un phénomène d'une splendeur indescriptible.
… C'était beau !
L'émerveillement, c'était la seule émotion que je ressentais face à ce spectacle.
Ce n'était pourtant qu'un simple coucher de soleil, mais alors, pourquoi m'avait-il si profondément marqué ?
Étais-je réellement subjugué par sa beauté, ou alors c'était mon âme sombrant dans les ténèbres qui hurlait à la première source de chaleur venue pour s'en abreuver ?
Quelle que soit la réponse, la seule chose que je souhaitais désormais, c'était d'être encore là pour observer les prochains couchers du soleil.
Pas loin de là, je parvins à trouver une grotte isolée et bien cachée, je m'y étais installé cherchant à y vivre seul jusqu'à la fin de mes jours.