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Nous sommes plus similaires que ce que j'aurais cru.

Tapotant encore le dos de Hana, Mari essaya de la rassurer et de la calmer.

Au départ, elle avait ramené la jeune femme à son bureau, mais voyant qu'elle semblait toujours perturbée par ce qui venait de se passer, elle avait décidé d'emmener la jeune femme sur le toit aménagé de l'immeuble. Hana avait été un peu surprise de se retrouver à nouveau à cet endroit, et se retrouver un peu à l'écart l'avait apaisée. L'air frais lui avait fait du bien, et la présence de Mari à ses côtés lui avait permis d'être un peu plus à l'aise.

« Ça va mieux, Hana-chan ? » Demanda Mari avec un air soucieux.

La jeune femme hocha silencieusement de la tête. Ce n'était pas la première fois qu'elle se faisait crier dessus, même si cette fois-là, c'était plus agressif et plus injuste que les fois précédentes.

Il était impossible qu'elle ait laissé passer un document sans la mention 'copie'. Elle s'assurait à chaque fois de vérifier que le document en question était bien une copie, et pas un original, et lorsqu'elle avait un doute, elle le mettait toujours à part. Elle ne pouvait donc pas avoir détruit ce document par erreur.

De plus, comme Takao l'avait dit, n'importe qui avait accès au local de tri, et donc n'importe qui avait pu le détruire. Elle avait aussi des doutes quant à la véracité des aveux de Takao. C'était un peu trop pratique qu'il arrive à ce moment-là et porte le chapeau. Est-ce que quelqu'un l'avait forcé à porter toute la responsabilité ? Et dans ce cas, qui ?

Ce n'était pas normal qu'un employé nouvellement arrivé soit obligé de supporter tout le blâme pour une erreur qui pouvait lui coûter son poste.

« Qu'est-ce qui va se passer, maintenant ? » Demanda Hana.

« Ce… Qui va se passer ? » Répéta pensivement Mari. « Hum, pour l'instant, j'attends que tu ailles mieux. C'est tout ce qui importe. »

Avec ces mots, elle passa sa main plusieurs fois sur le dos de la jeune femme assise à ses côtés sur le banc, et eut un sourire plein de sympathie.

« Dis, Hana-chan... » Dit Mari avec précaution. « Je ne veux pas non plus t'affoler ou te juger… Mais... »

Sa collègue semblait hésiter sur ses prochaines paroles, et Hana ne sut pas trop pourquoi. Qu'avait-elle peur de lui demander ?

Pour encourager Mari à parler, Hana décida de poser sa main sur celle de sa collègue.

« Tu peux me demander ce que tu veux, Mari, » dit-elle avec un petit sourire.

Sa collègue fut ravie de l'entendre utiliser son prénom, signe que la jeune femme souhaitait qu'elles soient proches comme des amies, et qu'elle l'invitait à continuer sa question indiscrète.

« Dis, Hana-chan, est-ce que tu penses toujours avoir des sentiments pour le Chef Kobayashi, même après ce qui vient de se passer ? »

La jeune femme resta silencieuse un instant, réfléchissant à comment présenter les choses, puis reprit la parole.

« Tu dois certainement te dire que je ne devrais pas faire une fixation sur quelqu'un d'aussi colérique... » Commença Hana.

Mari hocha la tête.

« C'est ce que je pensais, oui, mais j'hésitais à le dire... » Avoua Mari.

« Ça doit te paraître bizarre, que même après ça, je ne lui en veuille pas ? » Demanda Hana.

« Oui, assez… Je ne comprends pas ton point de vue... » Dit Mari à demi-mot.

Hana tenta alors d'expliquer son point de vue à Mari.

« Ça m'a blessée, qu'il me crie comme ça dessus, surtout que je n'avais rien fait, » dit Hana. « Je ne peux pas le nier. N'importe qui serait blessé par ça... »

« Alors tu devrais te résoudre à ne plus être intéressée par lui, » dit Mari. « Ce n'est pas normal d'être à ce point conciliante avec quelqu'un, même si tu as des sentiments pour lui... »

« Mari, » l'interrompit Hana. « Je comprends que tu puisse penser ça, et que tu veux mon bien en me conseillant comme ça. »

« Mais ? »

Hana hocha de la tête.

« En tant qu'employée plus ancienne que moi, tu dois savoir qui est vraiment le Chef Kobayashi, non ? » Dit Hana. « Tu sais comment il se comporte au quotidien, et pourquoi il prends certaines décisions ? »

Sa collègue la regarda un moment sans rien dire, puis, résignée, elle dit :

« Tu n'as pas à me le dire. Ce type n'arrête pas de crier à n'importe quelle occasion... » Soupira Mari. « Peut-être bien qu'il est énervé depuis la naissance. »

Hana sourit, puis elle serra la main de Mari dans la sienne.

« C'est quelqu'un qui a un tempérament facilement perturbable, » dit-elle. « Mais je sais aussi que ce n'est pas quelqu'un de foncièrement mauvais. »

« Je pense aussi que ce n'est pas son genre, mais je ne peux pas m'empêcher de me faire du soucis pour toi, Hana-chan. » Concéda Mari. « Ça ne sert à rien de se rapprocher de quelqu'un si c'est pour être sans arrêt blessée. »

La jeune interne secoua la tête, balayant ces paroles qui pour elle ne reflétaient pas la réalité des choses.

« Même si je suis un petit peu blessée par moments, ça n'efface pas l'image que j'ai de lui, » dit-elle.

« L'image que tu as de lui ? » Répéta Mari, perplexe.

« Hum. Disons qu'une personne que tu connais se comporte mal au quotidien, » commença à expliquer Hana.

« Oui, disons 'une personne', même si je suis sûre que tu parles du Chef Kobayashi, » sourit Mari avec un air narquois.

« Ah, bref ! Disons que cette personne se comporte mal, mais que tu l'as déjà vue faire preuve d'un comportement totalement opposé. »

« Opposé ? Comme quoi ? Être silencieux ? » Se moqua Mari.

« Non, enfin… Aussi… Mais ce n'est pas ce que je voulais dire ! » S'empressa de dire Hana pour la corriger. « Disons que cette personne a fait preuve d'une extrême gentillesse envers toi. Tu ne pourrais jamais penser du mal d'elle, même si tu le voulais, pas vrai ? »

« Le Chef Kobayashi, faire preuve de gentillesse ? » S'étonna Mari avec un rictus.

« Pars du fait que c'est arrivé, d'accord ? » tenta de la convaincre Hana.

Mari fit la moue, peu sûre de pouvoir faire confiance à Hana sur cette question, mais décida tout de même de jouer le jeu.

« Hum… Ok… Continue... » Dit-elle en balayant l'air de sa main et en levant les sourcils.

Hana hocha de la tête, et reprit son explication sous le regard inquisiteur de Mari.

« Bon, imagine maintenant que cette personne ait fait preuve de gentillesse pendant la pire période de ta vie. Il aurait eu une influence non négligeable sur ta vie, non ? » Expliqua Hana.

« A-Attends ! Attends un instant, Hana-chan ! » L'interrompit Mari. « Tu es en train de me dire que le Chef Kobayashi a fait quoi, au juste ? Il t'a fait quoi ? »

L'employée plus âgée semblait déstabilisée par les paroles d'Hana, et gênée, ne savait pas trop où le récit de la jeune femme allait la mener.

« Ne t'inquiètes pas, ce n'était rien de scandaleux... » La rassura immédiatement Hana.

« Vu comme tu formules les choses, on peut se méprendre ! » Rougit d'embarras Mari. « Et donc, qu'est-ce qui s'est passé, alors ? »

« Hum… Ce n'est pas non plus quelque chose que j'aime raconter dans les détails, » reprit Hana en baissant les yeux. « Mais si je dois te dire l'essentiel, c'est que le Chef Kobayashi m'a sauvé la vie... »

Mari ne dit rien, et le silence s'installa, ce qui perturba un peu Hana. En avait-elle trop dit ? Aurait-elle dû garder cela pour elle-même ?

Est-ce que c'était trop sensible comme sujet à aborder ?

Inquiète, elle releva les yeux, et vit avec surprise que Mari la regardait de ses yeux brillants, le rose lui étant monté aux joues.

« M-Mari ? » Dit avec doute Hana.

Sa collègue mit alors sa deuxième main sur celle d'Hana qui serrait déjà la sienne, et se pencha vers elle avec un grand sourire.

« C'est comme dans les films, alors! » Dit-elle avec excitation.

« Les… Les films ? » Répéta Hana, déstabilisée.

« Oui ! Comme dans les films ! Il est venu à ton secours, alors tu l'as cherché toutes ces dernières années ?! » Demanda avec un air enjoué Mari.

Son attitude avait fait un tour complet à 180° , ce qui perturbait encore plus Hana. Elle ne s'attendait pas du tout à ce genre de réaction, et ne savait pas trop comment gérer cette soudaine attitude curieuse de la part de sa collègue.

« On… Peut dire ça, je suppose ? » Dit avec gêne la jeune femme.

« Et donc ? C'est une façon de parler, ou il t'a vraiment sauvé la vie ? » Demanda avec curiosité Mari.

« Ce… N'est pas une façon de parler, non... »

« Wah, c'est encore plus incroyable que ce que je pensais ! » Dit Mari avant de mettre une main devant sa bouche. « C'est pour ça alors ? C'est pour ça que même s'il s'énerve sur toi, tu ne lui en veut jamais ?! »

Hana hocha timidement de la tête, et Mari se mit alors à lui frapper le bras à plusieurs reprises.

« Espèce d'idiote ! Ce n'est pas parce que quelqu'un est gentil avec toi qu'il peut faire ce qu'il veut ! Tu as le droit de te mettre en colère ! » Dit-elle en ponctuant chacune de ses phrases d'une nouvelle tape sur la jeune femme.

Puis, tandis qu'Hana massait son bras endoloris, Mari lui caressa le haut de la tête.

« Ah, qu'est-ce qu'on va faire de toi, Hana-chan... » Soupira-t-elle. « Parfois, je me fais beaucoup de soucis pour toi... »

Mari eut un petit sourire sympathique, et ne put s'empêcher de faire le parallèle avec son propre passé.

Elle aussi, elle avait eu une période très difficile de sa vie ; et elle aussi, avait eu quelqu'un qui l'avait soutenue dans cette période, de façon plutôt inattendue.

Elle ne put aussi s'empêcher de sourire par amusement et par amertume.

Quelles étaient les chances pour que Hana comme elles aient été soutenues de la même façon dans un moment critique, et qu'elles finissent toutes les deux par avoir des sentiments pour cette personne ?

C'en était ridicule, et en même temps si amusant. Sa curiosité avait aussi été poussée à bout, et elle voulait demander beaucoup de choses sur Hana et son passé.

Cependant, elle savait aussi ne pas trop brusquer la jeune femme quand il le fallait, et se doutait qu'à un moment ou à un autre, Hana se sentirait capable de lui raconter d'elle même ce qui s'était passé.

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