webnovel

Et si tu apprenais à écrire ?

Arega et Sulk passaient pour la première fois depuis longtemps un moment en famille sans avoir le travail en tête et les épaules douloureuses à cause du poids de la roche.

Ils finissaient tranquillement leur bol de soupe aux légumes lorsque les mineurs arrivèrent pour leur repas du soir.

Lorsque Kahn arriva, il vit Sulk et sa mère en train de ranger leurs bols.

Les rishya étaient occupées à servir les mineurs alors ils le faisaient eux-même.

Sulk remarqua également son ami, et Arega, souriante, fit signe à Kahn de les rejoindre.

Elle resta avec les deux garçons pendant que Kahn mangeait.

Pendant une vingtaine de minutes, Sulk raconta à Kahn comment ils avaient obtenu du temps de repos pour Arega.

Kahn fronça légèrement les sourcils en entendant parler de Mujin, mais ses yeux se radoucirent lorsque Sulk lui parla de l'humiliation de Faryl.

Mujin était impressionnant, mais depuis qu'il avait chassé Kahn du chevet de Sulk, il s'était contenté de lui faire peur.

Faryl s'était montré violent à plusieurs reprises, et même si Mujin l'avait vu faire sans rien dire, au moins il ne s'était pas joint à lui pour le frapper.

Deux adultes dont un colosse, armés de triques, pour battre un gamin de 14 ans dépassait les limites de Mujin, malgré son aversion pour les voleurs.

Au bout d'un moment la conversation unilatérale mourut.

Sulk n'avait plus rien d'intéressant à raconter, et bien évidemment Kahn ne pouvait rien dire.

Ce fut Arega qui pris la parole ensuite.

"Kahn, cela doit être atroce pour toi de ne pas pouvoir communiquer. Tu ne sais pas écrire ?"

Kahn secoua la tête négativement, peiné.

"Si tu apprenais tu pourrais te faire comprendre plus facilement. Si jamais tu as un problème, il faut pouvoir en parler. Sulk ?

-Oui ?

-Tu te souviens quand je t'ai appris à écrire ? Tu étais encore petit, et ça avait pris du temps, mais Kahn apprendra vite je suis sûr. Vous êtes proches tous les deux et vous vous comprenez mieux que quiconque, je suis sûre que tu ferai un excellent professeur pour ton ami."

En effet les seuls contacts prolongés que Kahn avait eu avec quelqu'un de la mine étaient avec Sulk.

Sulk réussissait à déchiffrer les expressions de son ami mieux que personne, et Arega l'avait vite compris.

Kahn semblait hésitant, mais en voyant Sulk enthousiasmé par l'idée de sa mère, il accepta.

En vérité il avait vraiment envie d'apprendre, l'obstacle du manque de communication lui faisait profondément défaut, mais ne savait pas s'il en était capable.

Il n'avait eu aucune éducation, et tout ce qu'il savait il l'avait appris car c'était essentiel à sa survie.

Rapidement, le flux des mineurs quittant la salle s'épaissit.

Tout le monde partait se reposer, et Arega laissa les garçons seuls pour se joindre aux autres et se diriger vers le dortoir.

Sulk entreprit d'apprendre à son ami à se faire comprendre au moyen de l'écriture.

Tout en lui parlant il sépara son esprit.

Au fur et à mesure qu'il parlait à Kahn, ce dernier eut l'impression que Sulk était fait pour ça.

Il lui énonçait un plan adapté d'apprentissage, du plus utile au plus complet, comme s'il avait passé des heures à peaufiner son cours.

La vérité était que pendant qu'il énonçait ce qu'il allait lui enseigner, une partie de sa conscience était plongée dans sa mémoire.

Il ne faisait en fait que retrouver à la vitesse de la pensée les leçons que lui même avait eu par Arega, et les relatait à Kahn.

Ce dernier n'en avait aucune idée et était tout simplement impressionné.

Son ami avait déjà fait beaucoup pour lui et une forme de respect et de considération grandissait dans l'esprit de l'ex-voleur.

Les mineurs étaient partis et les rishya avaient fini de ranger la salle et les ustensiles de cuisine.

Les garçons étaient seuls quand le feu de l'âtre qui les éclairait commença à mourir.

Lorsque Sulk voulut lui montrer concrètement comment écrire, ils se rendit compte que Kahn et lui même étaient dans une semi-obscurité qui allait compliquer les choses.

La salle commune, comme toute la mine, était équipée de cristaux lumineux. Cependant ils étaient disposés le long des parois irrégulières de la pièce, qui était trop large.

Les rishya n'allumaient la cheminée que lorsque elles préparaient à manger, avant les repas.

C'était la seule utilité de la salle, et personne n'allait gaspiller le bois à éclairer une salle vide.

De plus sans surveillance, le feu pourrait s'étendre et provoquer une catastrophe dans l'espace clos de la mine, et le minuscule conduit par lequel sortait la fumée n'était pas suffisant pour renouveler l'air de la salle constamment.

Les garçons allaient se diriger vers le mur le plus proche pour y voir mieux quand une tâche bleue éblouissante arriva par la salle attenante.

Sulk concentra son esprit dans ses yeux et reconnut Lingi immédiatement.

La fille avait attendu que les autres travailleuses s'en aillent avant de partir et avait vu les garçons dans la pénombre.

Elle avait déniché un énorme cristal bleu, qu'elle serrait contre elle, pour les éclairer.

"Tiens Sulk, avec ça tu pourras voir. Bonjour Kahn. Qu'est-ce que vous faites au juste ?"

Kahn leva les sourcils et se pointa du doigt. Il n'avait jamais vu cette fille, comment savait-elle son nom ?

Il regrettait de ne pas avoir appris à écrire plus tôt pour lui parler.

Lingi écarta un mèche noire de son front et remarqua l'expression incrédule de Kahn.

"Bien sûr que je sais qui tu es, c'est pas la première fois que je te vois et que j'entends ton nom. D'ailleurs moi c'est Lingi. Alors vous faites quoi ?"

Sulk lui répondit.

Kahn était perplexe.

Il n'avait jamais vu Lingi auparavant, et découvrait ses yeux verts clair et ses fossettes pour la première fois.

Il se sentit honteux de n'avoir jamais fait attention aux femmes qui servaient à manger, et surtout à la plus belle fille qu'il n'ait jamais vu.

S'il avait pu parlé, il n'aurait pas trouvé les mots pour la décrire tellement il était sous le charme.

Quelques secondes plus tard, Lingi se surprit à bailler.

Elle était fatiguée, et dit au revoir aux garçons en se levant pour aller dormir.

Alors qu'elle tournait les talons elle aperçut un reflet vert venant de la queue de cheval de Sulk, et un sourire discret mua ses lèvres. S

ulk était de dos et ne le vit pas, mais Kahn qui avait remarqué le jade auparavant avait les yeux fixés sur Lingi.

Il fit très rapidement le lien, et alors que son cœur se sentait peiné, il se promit de ne pas écouter ce qu'il avait à dire.

Il s'était immédiatement épris de Lingi, mais elle n'avait d'yeux que pour Sulk, c'était évident. Et il était fort probable que ce fut réciproque.

Il n'avait pas sa chance, aussi il valait mieux passer à autre chose.

C'était la philosophie de Kahn.

Chương tiếp theo