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[FR] Les Sentiers de Dieu - Sulkin Tierran

Dans les profondeurs de la mine de Kvara, Sulk est un tierran de 13 ans. N'ayant jusque là connu que cette vie d'esclavage, sa découverte hasardeuse d'une rune magique va totalement bouleverser son univers. Dès lors qu'une voix ancienne mystérieuse infiltre ses pensées, Sulk va débuter sa cultivation de la Voie tout en songeant aux mystères de plus en plus attrayants du monde de la surface. "Contre les Anciens et les Dieux, la Voie qui a été scellée s'ouvrira de nouveau !"

d3trois · Kỳ huyễn
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L'épanouissement de Kahn

Comme la veille, les deux garçons mangèrent ensemble, sans Arega cette fois ci.

La mère de Sulk avait passé quasiment toute la journée à dormir, et ne s'était pas réveillée une seule fois. Cela montrait à quel point elle avait besoin de repos.

Toute femme forte qu'elle était, elle devait dormir pour sa propre santé.

Sulk avait donc décidé de ne pas la réveiller lorsqu'il était allé méditer à ses côtés.

Elle avait loupé deux repas, mais Sulk lui avait gardé de quoi manger suffisamment.

Lorsque la salle se vida peu à peu, Lingi vint se joindre aux deux garçons.

Elle posa le même cristal lumineux que la veille, entre Kahn et Sulk, à côté du morceau de pain et du bol de soupe pour Arega.

Elle glissa aussi discrètement un pain sucré cuit à la vapeur, comme cadeau pour Arega.

Sa préoccupation toucha Sulk profondément, qui la remercia. Lingi laissa échapper un bâillement et se retira bientôt pour aller dormir.

Sulk se rendit compte à ce moment là que cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait pas dormi du tout.

Au début il avait attribué son manque de fatigue au fait qu'il avait passé plusieurs jours dans le coma, ce qui revenait à dormir profondément.

Mais maintenant qu'il comprenait mieux les changements qui s'opéraient dans son corps, il savait que c'était dû au méridien.

A chaque session de méditation, l'énergie qu'il sentait tourner dans son corps le long de ce méridien se répandait dans son être et semblait le nourrir de l'intérieur.

Toute la fatigue qu'il avait alors était dispersée par une force douce qui venait par vagues à l'intérieur de ses membres.

Sulk se dit que bientôt il n'aurait plus du tout besoin de dormir, ce qui allait représenter un gain de temps incroyable dans ses entraînements.

Ce fut pourtant avec une certaine mélancolie qu'il remarquait que sa vie s'éloignait de plus en plus de celle des tierrans normaux.

Ses sens étaient plus précis et aiguisés, il ne ressentait plus le sommeil, et il pouvait manipuler son esprit d'une manière impossible à comprendre pour un tierran non initié.

Il pensait à ce que lui avait dit Yahzin sur la transmission de la Foudre et sur l'éveil au monde de la magie de ses amis.

Il trouverait un moyen un jour d'aider sa mère, Kahn, Lingi, et tous les gens auxquels il tenait.

Il leur enseignerait comment se passer de sommeil, et comment voir toujours plus loin, sentir le monde autour de soi, et faire circuler son énergie interne.

Mais pour leur enseigner tout cela il fallait avant tout qu'il progresse lui même.

Il ferait de son mieux pour devenir plus puissant, pour que Yahzin puisse l'aider.

Kahn termina son repas quelques minutes après Sulk qui était toujours pensif.

Il semblait perdu dans ses pensées et avait une expression mélancolique sur son visage.

Sulk ne le savait pas, mais depuis tout le temps qu'ils passaient ensemble, Kahn avait appris à lire son visage comme personne d'autre.

Même Arega ne discernerait pas forcément tout ce que lui remarquait.

Le fait d'avoir perdu sa langue était une tragédie pour Kahn, mais il se rendait maintenant compte que à force de vivre dans le silence il avait appris à mieux observer la situation avec une certaine distance.

Sa capacité à lire les gens, à savoir trouver les indices dans leurs comportements qui indiquaient leur état d'esprit, était quelque chose que peu de gens pouvaient se vanter de posséder.

Kahn voyait peu à peu son ami changer.

Était-ce le fait qu'il soit en période de repos et qu'il n'ait pas travaillé dans les profondeurs récemment ?

Il paraissait comme ennuyé, comme si le monde qu'il avait devant lui n'était plus le sien.

N'ayant aucun moyen de savoir la vérité ou d'en parler à Sulk, Kahn se résigna à penser à autre chose.

Il avait quelque peu sommeil, et voulait apprendre beaucoup de choses pendant la session d'écriture du soir.

Il avait passé la journée à réfléchir à la leçon de la veille, prenant le temps de tracer dans la poussière du sol les mots qu'il avait appris, pour les garder frais dans sa tête.

Il avait aussi établi une liste mentale des choses qu'il voulait écrire par la suite, et qu'il devrait mimer à Sulk pour qu'il lui apprenne.

Il fit mine de s'étirer.

Ses bras longs emplirent le champ de vision de Sulk, qui sortit de sa rêverie.

Sulk sursauta lorsque Kahn s'étira à quelques centimètres de son visage.

Il s'était perdu dans ses pensées.

Cela faisait longtemps qu'il avait laissé son esprit divaguer sans même laisser un lien vers l'extérieur.

Il constatait maintenant que Kahn avait fini de manger.

Ce dernier commença à aller chercher de la terre pour l'étaler sur la table comme la veille.

Sulk le retint.

Pour écrire, au lieu de tracer maladroitement des mots d'un bâton dans la terre, il avait prévu le coup.

Sulk sortit de sa ceinture une petite natte de paille enroulée sur elle même.

Kahn le regarda avec un air interrogateur.

Sulk déroula sur la table la natte.

Elle contenait un feuillet de bois aplati, comme un morceau de papier primitif, et quelques pinceaux, ainsi qu'un petit morceau de bois creusé.

Kahn écarquilla les yeux.

Son œil gauche qui était tuméfié encore la veille semblait aller mieux, et il était à présent ouvert aussi grand que l'autre, sous ses sourcils relevés.

Il avait déjà vu du matériel d'écriture auparavant, lors de sa vie de criminel sur la surface.

Mais c'étaient des objets quasiment de luxe, réservés à une certaine classe de gens, et venant lui même d'un milieu si pauvre qu'il devait voler pour manger, n'en avait jamais utilisé.

Il n'en avait même jamais rêvé, considérant ce luxe comme inaccessible.

Il n'avait aucun moyen de demander à Sulk comment il s'était procuré de tels outils, mais il n'en eut pas besoin.

Sulk lui dit simplement qu'il avait emprunté quelques pinceaux à Arch.

Ce dernier lui avait prêté avec joie, content d'aider Kahn à se cultiver.

Cela semblait presque banal pour Sulk, qui avait toujours vu Arch utiliser ses outils pour dessiner des plans de machinerie et des plans de la mine.

Il n'avait aucune idée du choc que ressentait Kahn à l'idée d'utiliser des vrais pinceaux.

Sulk ouvrit le petit cylindre de bois qui contenait de l'encre, trempa la pointe en poils bruns fins d'un pinceau dedans, et le tendit à Kahn.

"Alors, montre moi ce que tu as retenu d'hier. Écris le mot 'Eau'...

Très bien, maintenant 'Pain'..."

Pendant deux heures, Kahn remplit le bois blanc d'encre noire.

Ses mains agiles et précises semblaient glisser sur la feuille.

Sulk fut impressionné par la vitesse à laquelle il comprenait comment les mots étaient formés, et comment les tracer.

A sa demande, Sulk lui avait enseigné un certain nombre de mots auxquels lui même n'avait pas pensé, et qui pourrait se trouver utiles à l'avenir.

Sulk mit fin à la session d'écriture lorsqu'il surprit son ami bâiller.

Il roula délicatement le matériel d'écriture dans la natte de bois tressé avant de lui remettre.

Kahn ouvrit grand les yeux lorsqu'il reçut le présent entre ses deux mains.

"Arch m'a dit que tu pouvais le garder si tu en prends soin. Ils sont à toi maintenant. Avec ça tu peux t'entraîner comme tu veux. Et si la surface est couverte, un peu d'eau devrait la nettoyer."

Kahn s'inclina profondément.

Aussi loin que sa mémoire allait, il ne se souvenait pas avoir jamais reçu un cadeau.

Il avait toujours dû se battre pour avoir le nécessaire à sa vie. Maintenant, son seul vrai ami lui avait offert quelque chose de précieux à ses yeux.

Enfin techniquement c'était Arch.

Il irait le remercier le lendemain dès qu'il aurait le temps.

Il cala le petit paquet sous sa ceinture, et alla se coucher. Il était excité de sa nouvelle possession, qu'il sentait parfois du bout de ses doigts, comme pour s'assurer que c'était bien réel.

Le sommeil le trouva pourtant assez vite, trahissant la fatigue qu'il endurait.