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Chapitre 2

Le départ d'Aniaba de la cour de France était une entreprise qu'il ne prenait pas à la légère. Depuis des semaines, il avait mis en place un réseau discret mais efficace pour organiser son retour sur le continent africain. Chaque étape était préparée avec une minutie qui reflétait son esprit stratégique, forgé à la fois par ses années passées à la cour de Louis XIV et par son héritage royal.

Les premières lettres avaient été envoyées à ses alliés restés dans son royaume natal. Elles portaient des instructions précises, rédigées avec soin, pour s'assurer de leur fidélité et coordonner leurs efforts. Aniaba avait appris l'art de l'éloquence et de la persuasion en observant Louis XIV manipuler les grandes familles de France. Ces compétences lui étaient maintenant indispensables pour rassembler des partisans en prévision de son retour.

Dans le même temps, il avait discrètement recruté des espions parmi les domestiques et les marins qui faisaient route entre la France et l'Afrique. Ces hommes et femmes, apparemment insignifiants, étaient ses yeux et ses oreilles sur le terrain. Ils lui rapportaient des informations cruciales sur l'état de son royaume, les alliances formées par ses frères et sœurs, et les mouvements de ses éventuels ennemis.

À la cour, Aniaba continuait de jouer son rôle avec brio. Lors des réceptions et des bals, il cultivait ses relations avec les nobles influents, consolidant leur soutien à son projet. Louis XIV lui-même était intrigué par son ambition et son assurance. Lors d'une conversation privée, le roi lui avait dit avec un sourire amusé :

— Vous êtes un homme d'audace, Aniaba. Mais rappelez-vous que les grandes entreprises exigent plus que du courage. Elles exigent de la patience et de la prudence.

Ces mots, bien qu'apparemment anodins, restaient gravés dans l'esprit d'Aniaba. Il savait que son parrain avait raison. Son retour devait être soigneusement orchestré, car une seule erreur pourrait ruiner ses chances de succès.

Une autre étape cruciale de ses préparatifs était l'organisation de son itinéraire. Après avoir longuement réfléchi, il avait décidé de changer son port de départ au dernier moment. Nantes, initialement prévu, était trop prévisible. Il opta pour Bordeaux, un choix plus discret mais tout aussi stratégique. Seuls quelques hommes de confiance étaient au courant de ce changement.

Dans les jours qui précédèrent son départ, Aniaba réunit ses alliés proches pour un conseil stratégique. Autour d'une table, ils étudièrent des cartes, discutèrent de leurs plans et prédirent les réactions de leurs ennemis.

— La force de nos adversaires réside dans leur division, dit Aniaba en traçant une ligne sur la carte avec son doigt. Nous devons frapper vite et fort avant qu'ils n'aient le temps de s'organiser.

Un des généraux présents hocha la tête.

— Et vos frères ? demanda-t-il. Ils ne céderont pas facilement.

Aniaba sourit, mais ses yeux étaient froids.

— Ce ne sont pas mes frères qui me concernent le plus. Ce sont leurs alliés. Mais avec le soutien de la France, ils comprendront vite qu'il est dans leur intérêt de me suivre.

Lorsque le jour du départ arriva, Aniaba était prêt. Il monta à bord du navire qui l'attendait à Bordeaux, ses yeux fixés sur l'horizon. Il savait que son retour ne serait pas une simple réunion familiale, mais une conquête. Et il était déterminé à réclamer ce qui lui revenait de droit.

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