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Arc 3 – Épisode 1- Protocole Particulier

Les deux mercenaires, sortis vainqueurs de la bataille du temple de Ki-Ramen, avancent côte à côte, suivis par Endalia, toujours menotté. L'esprit du pyromancien reste assailli par un doute permanent concernant son collègue, notamment appuyé par les récentes révélations. Le défendra-t-il devant la prochaine décision du Conseil ? Pour le moment, aucune réponse à apporter à ce tourment. Grandit dans l'âme de l'invocatrice une profonde frustration, vue la rouste qu'elle s'est prise et surtout l'absence de sa très chère proie. Quelques instants plus tard, ils arrivent devant Kigen. Shipé les y attend.

« Mercenaire Shipé ? Qu'est-ce que vous faîtes ici ? demande l'affilié à l'élément de la terre.

- Tout le monde ici a ressenti de fortes manifestations d'énergie provenant. J'ai cru reconnaître le flux de cette satanée énergie noire. Et là, incapable de la ressentir. Vous pouvez m'expliquer ce qu'il s'est passé ?

- La mission a été un succès total.

- Laquelle ?

- Celle que les conseillers lui ont [...]

- Je ne veux pas t'entendre toi. Je te rappelle que t'es qu'un novice ! » interrompt sèchement Shipé.

Le manque de respect flagrant agace le pyromancien au plus haut point, se retenant de se ruer sur lui.

« Laisse-le. Il a toujours été comme ça, même le jour où j'ai obtenu le prestigieux titre de mercenaire.

- Toi, c'est différent. Les conseillers t'ont accordé pleine confiance alors je n'ai rien à ajouter. Bon, vous pouvez enfin m'expliquer ce qu'il s'est passé ?

- Nous avons affronté l'énergie noire. Nous avons eu l'aide de plusieurs personnes. Notamment l'ex-mercenaire Kenshiro.

- Quoi ?! Lui ?! Sérieusement ?!

- Ainsi qu'un Enijiakku du nom de Yoru. ajoute Tencubo.

- Un Enijiakku ?! Ha ! La bonne blague ! s'égosille Shipé.

- C'est pourtant vrai. affirme avec sobriété Tetsuo.

- Pas possible... Je n'y crois pas.

« Tu veux encore plus fort ? Il se trouve que celui qui a vaincu l'énergie noire n'est d'autre qu'un Shirenai qui portait l'Hoshakaku autour de son cou. » ajoute le gradé de feu.

Cette annonce stupéfait le mercenaire sceptique.

« Et quel est son nom ?

- Rai. poursuit-il.

- Rai... Rai... Tu veux dire le Shirenai que j'ai tenté d'arrêter ? »

Il lui fait comprendre d'un mouvement de tête que c'est effectivement le cas. Le malheureux Shipé est totalement paumé entre le fait que c'est le Conseil qui lui a ordonné de le capturer et le fait que c'est finalement lui qui a sauvé Faironne.

« Et, en supplément de cette grande victoire, nous avons eu une personne recherchée. » ajoute le mercenaire le plus jeune.

Ce dernier dévoile l'invocatrice, tenue prisonnière derrière eux.

« Belle prise ! complimente l'affilié à l'élément de l'eau.

- La ferme ! s'insurge-t-elle.

- Elle accompagnait l'ancienne recrue Alnor. souligne Tetsuo.

- D'accord. D'ailleurs, vous ne l'avez pas attrapé lui ?

- Il a été tué par l'énergie noire. » avoue d'un ton froid Tencubo.

Devant l'étrange ironie de cette phrase, Shipé ne peut se retenir d'éclater de rire.

« C'est quoi cette histoire ? On dirait le récit d'une comédie ! Et où est ce Rai ? Que j'aille le remercier.

- Il n'est plus aussi. » lui avoue le géomancien.

Cette cinglante déclaration inflige un froid entre les trois Shirenais. Celui qui l'a côtoyé fait tout pour garder son calme malgré le souvenir bien récent de sa disparation, bien ancré dans son esprit. Rappeler ce triste événement agace Endalia.

« Le danger a été neutralisé. C'est le principal. Nous allons emmener l'invocatrice au Conseil. Ils la jugeront. engage Tetsuo.

- A ce propos, il y a comme un souci. » leur avoue le mercenaire au caractère parfois impulsif.

L'incompréhension se lit aisément sur les deux geôliers de l'invocatrice.

« Suivez-moi. Vous comprendrez sur place. »

Guidés, ils entrent à l'intérieur du quartier général du corps Shirenai. Quelques instants plus tard, ils arrivent dans la salle des archives. Tout est sans dessus dessous. Des parchemins traînent au sol. Les étagères ont été dévalisées par endroits. Seuls quelques documents sans importance subsistent.

« C'est quoi tout ce bordel ?! s'étonne Tetsuo.

- Vous savez qui a pu faire ça ? interroge Tencubo.

- Nous l'ignorons.

- Nous n'avions pas laissé cet endroit dans cet état-là. J'en suis sur. murmure à voix basse le manieur de terre à son associé geôlier.

- Oui... Je m'en souviens. C'est juste impossible.

- De quoi parlez-vous ? leur demande le troisième Shirenai.

- Où est l'intendant ? demande l'affilié à l'élément du feu.

- Il a été retrouvé mort peu de temps avant votre retour. Son cadavre est déjà en route vers le cimetière du Nord.

- Qui a pu faire ça ? Allons voir le Conseil ! s'avance Tetsuo.

- Justement... Il est introuvable. »

Cette annonce insoupçonnée surprend énormément les deux autres guerriers. Reviennent dans la tête du Shirenai qui a combattu aux côtés des amis de Rai tous les soupçons énoncés par Kenshiro.

« Personne ne les a vu partir. ajoute Shipé.

- Plus personne... Ne dirige Kigen ? » panique, la voix légèrement tremblante l'épéiste qui, jusque là, restait de marbre devant n'importe quelle situation dangereuse.

Seule la Zigrik éprouve une joie intérieure face à cette vérité.

« Je veux bien en être à la tête ! affirme de vive voix son interlocuteur.

- Sûrement pas non. Tu vas mettre un vrai foutoir. Messieurs, connaissez-vous la procédure ?

- Non. répond Tencubo.

- Ah oui... Ça... J'avais oublié.

- De quoi parlez-vous ? demande l'invocatrice d'un air un peu enjoué.

- La ferme toi ! Tout ce qui concerne Kigen ne te regarde pas, satanée Enijiakku ! Si la disparition de notre très cher Conseil a quelque chose à avoir avec tes complices, nous vous exterminerons jusqu'au dernier ! s'énerve le manieur de l'eau.

- T'es un marrant, toi. A part de belles paroles, t'es capable de quoi ? Où étais-tu quand le Kirioku vous menaçait ? Tu te pissais dessus ? »

Il est durement atteint par sa provocation. Alors qu'il s'approchait, la main sur son fourreau, Tetsuo, grâce à sa grande maîtrise de son élément, resserre les menottes à distance.

« Calme-toi. Je vais l'emmener à sa cellule. Elle ne t'agressera plus de la sorte. »

Il part tout en la forçant à avancer.

« Par protocole, il parlait de quoi exactement ? demande Tencubo.

- Lorsqu'un Conseil cesse d'exister, un protocole particulier, instauré pour la première fois par le grand Densetsu, est alors mis en place. Ce dernier ordonne que tout élémentaliste, souhaitant prétendre au poste de conseiller, ou présentant un potentiel largement supérieur à la norme, est invité à participer à un tournoi. Le vainqueur deviendra maître-conseiller. Le deuxième deviendra vice-conseiller. Ainsi, ça trie de manière efficace les faibles des forts. »

Le vocabulaire employé dans la dernière phrase de l'explication fournie choque énormément le jeune gradé.

« Je vais alerter uniquement la base. Ainsi, nous serons entre nous. Des Shirenais seront en haut du Conseil. Personne d'autre. J'en serai le maître ! Tu peux participer bien sûr mais tu dois faire beaucoup de progrès si tu espères viser ma place. » poursuit-il d'un air sarcastique, limite acide envers son collègue.

Déjà bien à vif face en manque de respect évident de sa part, Tencubo n'ose pas croiser son regard.

« Bonne chance ! » s'exclame Shipé de manière ironique avant de s'en aller, torse bombé de fierté et d'une totale confiance en lui-même.

Le dernier Shirenai encore présent dans la salle des archives se remémore toutes les descriptions fournies concernant ce fameux protocole. Tout élémentaliste ? Donc Kenshiro, le Négociant et Yoru sont aptes à concourir. Il déduit de la haine sans équivoque de Shipé face aux Zigriks que la régence de Kigen transformera la société en un véritable chaos. Tencubo veut alors éviter un nouveau massacre comme celui qui s'est produit il y a deux siècles. C'est sans doute à cause d'une répression sans limite de son peuple envers celui de Yoru que l'énergie noire put voir le jour. Poussé par cause, il se dit qu'il doit aussi participer. La première étape serait d'aller recruter Kenshiro. Point besoin d'approcher Tetsuo. La puissance qu'il cache suffit largement à devenir un prétendant de poids. Concernant lui, le jeune gradé ignore ses réelles intentions, vu son rôle contre le Kirioku. Mais, avant toute chose, une bonne nuit de sommeil ne sera pas de trop. Le lendemain, dans un espace totalement dégagé de toute végétation abondante ou de toute construction humaine, Rajik est en train d'attaquer Kenshiro avec des mouvements répétés. Le Shirenai ne fait qu'esquiver. Le Kiyuza charge un poing.

« Poing Bestial ! » crie-t-il.

Il décoche un crochet du gauche. Kenshiro disparaît juste avant de se le prendre. L'adepte du corps-à-corps se remet en position et entame une phase de concentration. Tous ses sens s'aiguisent. Dans un premier temps, Rajik tente de détecter son adversaire grâce à son ouïe. Aucun résultat. Il enchaîne avec son flair hors-norme. Parmi les divers parfums et senteurs agréables qui habitent les lieux, une odeur en particulier attire son attention. Une fois suffisamment focalisé dessus, il prend une position de sprinter, dirigeant une bonne part de son énergie dans ses jambes. Il disparaît à peine pendant quelques secondes avant de bloquer un poing de la part du Shirenai.

« Je vous ai trouvé Maître Kenshi !

- Bien bien. Mais tu as encore des progrès à faire. »

L'exilé reproduit ce que vient de réaliser son disciple avant de lui coller un direct au ventre. La douleur est telle que Rajik est obligé de reculer.

« C'est bien d'avoir des sens aiguisés. Mais... Tu a encore du mal à bien doser ton ki. Tant que je ne serai pas forcé à utiliser uniquement la foudre contre toi, disons que tu n'es pas encore au point.

- Oh moi compte bien vous faire cracher votre élément maître Kenshi ! Moi serai le meilleur Kiyuza de Faironne ! »

Le maître et l'élève se sourient mutuellement. Kenshiro à cause de l'ambition certaine de son adversaire, et Rajik à cause du défi qui se présente à lui.

« Tout repose sur une bonne gestion de ton énergie. J'ai passé du temps auprès du peuple dont c'est la spécialité. Je suis loin d'être à la hauteur de la personne qui le dirige. Tu peux me croire.

- Moi développerai ma force aussi loin que moi pourrais l'évincer ! »

L'ancien membre du corps armé de Kigen se souvient alors de tout ce qu'il a pu découvrir en étudiant les écrits de l'Ouest : des dessins variés faisant référence à des sceaux beaucoup plus complexes que ceux utilisés par les Zigriks, ainsi qu'à des symboles particuliers pouvant apparaître sur les corps, comme le fameux lotus de la Kozana. Comment un Kiyuza comme lui se retrouve en liberté ? Loin de sa terre natale ? C'est l'énigme que veut percer Kenshiro. Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir : le pousser hors de sa zone de confort. Soudain, le manieur de foudre sent une présence s'approcher.

« Quelqu'un arrive.

- Où ça ? Qui est-ce ? demande Rajik en flairant dans toutes les directions.

- C'est le Shirenai de feu. » lui répond-il tout en souriant.

En effet, Tencubo arrive sur les lieux.

« Qu'es-tu venu faire ici ? M'arrêter ? Après tout, c'était la mission dont tu avais la charge avant les événements liés au Kirioku, non ?

- Non non, pas du tout. Ex-mercenaire Kenshiro, j'ai à te parler.

- Ah. Rajik, repos.

- Oui maître ! »

Aussitôt, l'ambitieux disciple se met en tailleur.

« Qu'as-tu à me dire ? 

- Tout d'abord, je dois t'avouer quelque chose. Lorsque le mercenaire Tetsuo et moi sommes revenus à la base, nous avons fait la surprenante découverte que les conseillers n'étaient plus là, sans laisser aucune trace. Sauf le bordel monstre aux archives. »

Peu étonnant de leur part pour celui qui a été forcé à l'exil, ce dernier soupire gracieusement.

« Qu'y a-t-il ?

- Ça ne peut pas être qu'une simple coïncidence. Ils disparaissent juste après avoir concilié Rai et le Kirioku dans une faille. Ils ont fait exprès de laisser cet Alnor s'emparer de l'artefact maudit. C'est beaucoup trop gros à avaler. C'est évident maintenant. Ces deux-là mijotent quelque chose.

- Ça m'en a tout l'air. Dis-moi, es-tu au courant pour la procédure ?

- Je suppose que tu viens me voir pour que j'y participe, non ?

- Oui. Surtout pour couper la route à Shipé. Il a l'ambition d'être à la tête du prochain Conseil. Et tu dois certainement connaître son trait si particulier pour tout ce qui n'est pas Shirenai.

- Oh que oui. Il ne va pas se gêner.

- Quelle est ta réponse ?

- J'accepte.

- Participer à quoi ? demande Rajik.

- Un tournoi.

- Y aura de la baston ? Je veux participer moi aussi ! s'émerveille-t-il, totalement enthousiasmé.

- Désolé Rajik mais... Tu ne peux pas.

- Pourquoi ?!

- Seules les personnes utilisant les éléments le peuvent.

- C'est pas juste ! s'énerve-t-il après avoir brisé un rocher en deux juste avec un poing.

- Si tu veux, tu pourras observer les combats. »

Déçu au plus haut niveau par ça, Rajik s'exerce à répéter des mouvements dans le vent.

« J'y pense. Yoru peut y aller lui aussi !

- C'est vrai. Le protocole ne précise pas que seuls les Shirenais sont autorisés. Allons le chercher. Donnez-moi vos mains.

- Oh non pas encore ! J'aime pas quand tu fais ça !

- Rajik ?

- Ça va... Ça va. C'est pas comme si ça ne dérangeait pas du tout moi. Condamné à être juste un spectateur d'un tournoi où moi peux pas participer... Non non pas du tout !

- Fais pas ton jaloux, s'il te plaît. Viens. »

Le gradé et le Kiyuza lui prennent la main.

« Accroche-toi Rajik. lui conseille son mentor.

- Pourquoi ?

- Tu vas comprendre. » ajoute Tencubo.

Kenshiro concentre son ki dans les jambes.

« Zéréyon ! »

Grâce à une puissante propulsion, il les emmène à grande vitesse dans les airs avec lui. Pendant ce temps, Yoru arrive à l'entrée de la forêt du Silence, bien décidé à se poser là où jadis son maître exercer son art. Il s'est fixé comme but de reprendre le flambeau, confiner toutes les connaissances accumulées au cours de son périple et en faire un recensement minutieux et rigoureux, tout à son image. Alors qu'il allait entrer, il sent trois flux se rapprocher rapidement vers lui. En les analysant scrupuleusement, il parvient à déterminer à qui ils appartiennent . Le trio atterrit doucement grâce au ki de Kenshiro. Tencubo s'étonne que Rajik n'a subi aucun désagrément à cause du voyage.

« Qu'est-ce que vous faîtes là ?! s'agace le Zigrik.

- Yoru ! Comment vas-tu ? dit le Kiyuza en voulant lui faire une embrassade, facilement évitée par celui qui devait le recevoir.

- Nous avons quelque chose à te proposer. lui délivre Kenshiro.

- Je sens que je vais regretter ce qui va parvenir à mes oreilles mais bon... Je crains de ne pas avoir trop le choix, non ?

- Nous sommes pleinement désolés si nous dérangions. Avant que tu saches ce que c'est exactement, il faut que nous t'expliquions ce qui nous pousse à venir te voir. amorce Tencubo.

- Allez-y.

- Tencubo a trouvé la salle du Conseil vide. Aucune trace des conseillers. entame le manieur de foudre.

- Plusieurs documents manquent à l'appel.

- Tout laisse penser qu'ils mijotent quelque chose. Ils ont laissé délibérément Alnor porter un Obujepawa interdit et accéder au Kirioku en toute impunité. Puis, ils ont enfermé Rai et l'énergie noire dans une autre dimension. Ils auraient pu juste les sceller à nouveau dans leurs artefacts respectifs. Je crois qu'ils voulaient les écarter. Qu'en penses-tu ? »

Le Zigrik, plongé dans une intense réflexion avec ce qui lui ait fourni, marque un temps avant de délivrer son expertise.

« C'est très suspect. De plus, ils ont utilisé des sceaux très développés.

- Yoru, rassure-moi, seuls les Eniji[...] euh je veux dire les Zigriks, peuvent les utiliser ? lui demande le gradé.

- Normalement, oui. Mais, je n'ai détecté aucun flux élémentaire en eux lorsqu'ils ont activé le troisième artefact.

- De même. Par contre, ils semblaient utiliser parfaitement le ki enfermé dans les ruines. De plus, il faut savoir que le temple qui fut dressé à cet endroit a pour auteurs le peuple de l'Ouest. ajoute Kenshiro.

- On ne peut arriver qu'à une seule et unique conclusion. Ce sont des Kiyuzas aussi.

- Comment a-t-on laissé des Kiyuza s'emparer du Conseil ? s'étonne Tencubo.

- Après la guerre élémentaire, un arrangement avait été trouvé entre eux et les vainqueurs pour garder une certaine stabilité dans Faironne. Tour à tour, deux Shirenais ou deux Kiyuzas prennent ainsi la tête du Conseil. Ce qui assurait une variété dans l'autorité.

- D'où ma proposition, Yoru. Comme nous n'avons plus de Conseil, nous allons procéder à un tournoi qui en fondera un nouveau. Tout élémentaliste peut y participer. Veux-tu être des nôtres ?

- Et moi qui voulait réinvestir le lieu de vie de mon maître... Vous m'embarrassez.

- Si tu y tiens, nous trouverons un arrangement. »

Ce qu'il lui garantit attise la curiosité du Zigrik alors que ce dernier a toutes les raisons de refuser. Après tout, ce genre d'affaires ne le concerne pas.

« Je t'en prie Yoru. lui lance Kenshiro, accompagné d'un doux regard.

- Vous me suppliez ? C'est que vous omettez de me dire quelque chose !

- Maître Kenshi craint que ce Shipé chope le Conseil. Lui pourra créer des ennuis, même envers toi, vu que toi es un Zigrik.

- Rien que ça ? »

L'expression sur le visage du mentor de Rajik, débordant de sincérité, suffit à répondre à sa question. Le Zigrik marque une nouvelle fois un temps, en tournant en rond pendant quelques secondes, se vengeant quelque part du dérangement qu'ils lui ont provoqué, avant de leur donner sa décision.

« D'accord mais à deux conditions. Si je le remporte, je veux avoir un atelier permanent à Kigen et j'aurais le droit de pratiquer tout ce dont j'aurais envie, avec un accès exclusif à vos archives. »

La drôle de proposition de ce dernier étonnent les deux épéistes. Rajik est ravi que son meilleur ami soit de la partie.

« J'aurais besoin d'avoir mon confort personnel, vous comprenez.

- Zigrik ou Shirenai, il semble qu'être d'eau signifie qu'on a des talents de négociation apparemment. »

Le manieur de foudre sourit à la blague insidieuse de l'affilié au feu. En guise d'acceptation, il lui tend la main droite. Yoru ne tarde pas à la serrer. Ce qui conclut le marché entre eux.

« Quand aura lieu ce fameux tournoi à l'apparence si décisive pour vous ?

- Je ne sais pas mais dès que j'aurais l'information je vous tiendrai informés. Je pense qu'on aura une bonne marge avant la date définitive. Tout le monde devra être prêt.

- C'est une possibilité. Un entraînement semblera plus que nécessaire.

- A quoi ça me servira que je m'entraîne vu que je n'y participe pas ! s'insurge Rajik.

- Dans ce cas, rendez-vous à la date qui sera décidée pour tout le monde. annonce Kenshiro.

- A la prochaine les amis ! »

Le mercenaire s'en va. Les trois restants lui font signe.

« Yoru, veux-tu rejoindre la partie ?

- Non merci. Je veux le faire en solo. Ça me rappellera trop les fois où nous faisions avec Rai. Et je crois connaître l'endroit idéal pour moi. Le Glacier d'Irn. ajoute-t-il.

- C'est loin. Mais, effectivement, rien de tel pour toi. La glace y est si épaisse qu'elle est incassable. Je peux t'y emmener si tu le souhaites.

- Non merci. Il est temps que je fasse mes armes seul. Donc, ne me considérez plus comme votre disciple à partir de maintenant. Rendez-vous au tournoi pour un éventuel duel entre nous.

- Yoru, ne crois pas que moi vais rester comme ça. Moi aussi deviendrai meilleur ! » lui lance Rajik tout en posant une main sur un biceps.

Le Zigrik s'en va sans rien dire en contournant le lieu si cher à ses yeux.

« Maître Kenshi, en quoi continuer ma formation serait utile ? Moi ne peux pas combattre !

- Plus tu t'amélioreras, et plus je serai forcé à utiliser toute ma maîtrise du ki pour te rester supérieur. L'énergie neutre me donnera un avantage non négligeable durant ce tournoi.

- Donc... Moi aussi vous entraîne ?

- En gros, oui. »

Le pauvre Kiyuza reste aussi déçu de ne pas pouvoir accéder aux futurs affrontements qui se profilent. Le souvenir encore bien vif de son ami passer à travers la faille, Rajik ravale son amertume, bien déterminé à prouver à tous ceux qui pratiquent la maîtrise des éléments qu'il est de même niveau qu'eux. Ce dernier se met en position. Ne pouvant que constater l'incroyable volonté de son protégé, Kenshiro détache son katana et se met en gardes, prêt à recevoir tous ses coups.

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