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Nous avons quelque chose d'inattendu en commun.

Regardant un peu trop longtemps le fond d'écran de verrouillage du portable de Kobayashi Shinsuke, Hana entendit un raclement de gorge agacé, et relevant les yeux vers l'homme qui s'impatientait en face d'elle, prit un air désolé.

« Ah… Pardon... » Dit-elle en tendant précipitamment le téléphone à son propriétaire.

Relevant un sourcil réprobateur, Shinsuke récupéra son téléphone, et tandis qu'il le mettait dans sa poche, Hana reprit la parole.

« Je ne savais pas que vous aimiez ce genre de clichés, » dit-elle avec un air étonné.

« Hein ? » Dit-il en levant les yeux pour croiser son regard.

« La photo qui vous sert de fond d'écran, » précisa Hana.

« Ah... »

À son tour un peu gêné, Shinsuke se gratta la tête avant de grimacer en voyant que la jeune femme lui souriait légèrement. Elle se moquait de lui, ou est-ce qu'elle essayait de lancer une conversation ?

« Quoi ? C'est surprenant de voir le genre de choses que j'apprécie ? » S'offusqua-t-il.

« Hum, un peu, » avoua Hana sur un ton franc.

Lancement de conversation, donc. Shinsuke se détendit un peu, et Hana en profita pour lui tendre sa veste.

« Vous pouvez la reprendre... » Dit-elle.

« C'est loin ? » Demanda-t-il sans perdre un instant.

« Hein ? »

« Chez toi, c'est loin ? » Précisa-t-il.

Hana comprit enfin qu'il voulait savoir s'ils étaient encore loin de chez elle, et si elle devrait continuer de marcher pendant un moment. Elle lui répondit donc qu'il lui faudrait encore sûrement une quinzaine de minutes à pieds pour rentrer ; ce à quoi l'homme répondit en levant une main devant lui.

« Dans ce cas garde la veste, tu me la rendras plus tard, » dit-il avec une légère gêne.

« Vous… Vous êtes sûr ? » Demanda-t-elle avec crainte.

Il haussa les épaules malgré lui, et Hana ne put s'empêcher de penser qu'il venait peut-être de réprimer un frisson de froid. Ceci dit, Shinsuke était suffisamment obstiné pour ne rien laisser paraître, et Hana remit alors sur ses épaules la veste un peu trop grande.

« Très bien… Dans ce cas... » S'excusa-t-elle avant de le saluer pour lui dire au revoir. « Merci, Shinsuke-san. »

Elle se tourna pour reprendre sa route, et fronça les sourcils.

Des bruits de pas l'avaient suivie avant d'accélérer pour arriver à son niveau, et quand elle s'arrêta à nouveau pour tourner le regard sur sa gauche, elle vit avec surprise que le Chef Kobayashi s'était mis à marcher à ses côtés.

« … Chef ? » Dit-elle, un peu déstabilisée.

L'homme s'était aussi arrêté, les mains dans les poches de son pantalon, et lui renvoyait un regard imperturbable.

« Il est tard alors je te raccompagne, » dit-il pour se justifier.

Il faisait juste ça parce qu'il se sentait encore un peu coupable, et rien de plus.

Hésitante, Hana hocha de la tête pour accepter, et le duo recommença à marcher silencieusement côte à côte.

L'automne avait déjà commencé à faire tomber le feuillage de certains végétaux et à colorer de jaune et de rouge d'autres arbres qui décoraient le large trottoir aux dalles de pierre lisses et brillantes ; et l'air frais du début de la nuit, immobile, saisissait à bras le corps humains comme animaux.

Pourtant, ces températures basses n'arrivaient pas à entièrement refroidir la poitrine de la jeune femme. Son cœur y battait toujours avec nervosité, et pour se calmer un peu comme briser le silence actuel, décida à nouveau de lancer une conversation.

« Vous avez d'autres images comme celle-ci sur votre téléphone ? » Demanda-t-elle en levant les yeux vers lui.

Tout en continuant de marcher à la même allure qu'elle, Shinsuke lui répondit sans pour autant regarder ailleurs que devant eux.

« Je suppose… Je les compte pas vraiment. Pourquoi ça ? »

« Pour rien... » Dit-elle un peu trop rapidement. « J'aime bien ce genre de photographies de paysages, et vous ? »

Les deux s'arrêtèrent devant un passage piéton et même si les voitures se faisaient rares, ils attendirent tout les deux patiemment que le feu de signalisation les autorise à traverser.

« Je les apprécie aussi, » dit-il en tournant la tête vers elle. « Mais je ne m'attendais pas à ce que toi aussi tu apprécies ça. Ça colle pas du tout à l'image que je me fais de toi. »

« L'image que vous avez de moi ? »

Il tourna à nouveau la tête pour observer le feu de signalisation en face d'eux, et se grattant un peu la tête, lui répondit :

« Jusqu'à présent je te voyais plutôt comme quelqu'un de turbulent avec une attitude exécrable, » dit-il lentement. « Donc ça m'étonne de découvrir un tel aspect chez toi. »

Un peu gênés par cet aveu, Shinsuke regarda droit devant lui avec insistance, et Hana croisa rapidement ses mains devant elle.

Se pouvait-il qu'elle ait trouvé le moyen de faire changer l'attitude de cet homme envers elle ? Alors que selon les mots de Nana, il la détestait ?

Avec les mots qu'il avait eux, Hana n'était plus très sûre que ce soit le cas.

« Je ne savais pas que vous pensiez ça de moi... » Dit-elle à demi-mot.

« C'est pas comme si notre première rencontre avait été agréable et cordiale... » Dit-il avec sarcasme.

Le feu de signalisation afficha enfin une silhouette humaine en train de marcher, et les deux commencèrent alors à traverser la petite rue.

Hana ne pouvait pas s'empêcher d'être déçue, en l'entendant parler de première rencontre.

Le Chef Kobayashi ne se souvenait vraiment pas de l'avoir déjà rencontrée avant cette soirée où Nana s'était déchaînée sur lui ; ce qui déprimait un peu la jeune femme. Elle avait la sensation d'avoir gâché cette première impression, alors qu'elle-même avait une haute estime de cet homme depuis leur véritable première rencontre.

Cependant, c'était peut-être une chance qui s'offrait à elle.

Si Kobayashi Shinsuke ne se souvenait pas de leur première rencontre, alors il ne se souviendrait pas de l'état de faiblesse dans lequel elle s'était retrouvée, ni ce qu'elle avait tenté de faire ce jour-là.

S'il ne se souvenait pas l'avoir secourue, ce jour orageux, alors il n'aurait pas pitié d'elle, et la considérerait comme une jeune femme tout à fait normale. Puis, quand elle se serait suffisamment rapprochée de lui, elle pourrait lui donner ses remerciements et lui révéler qu'ils s'étaient déjà rencontrés avant.

Ils atteignirent l'autre trottoir en face, et Shinsuke, qui avait marché un peu plus vite, se tourna vers elle pour s'assurer qu'elle l'avait bien suivi.

« Hum… C'est par où ? » Demanda-t-il.

Hana pointa du doigt sur sa droite et le reste de la rue qu'ils venaient de traverser, et en profita ainsi pour revenir à ses côtés. Puis, ils se mirent tous les deux à marcher dans la direction que la jeune femme avait indiquée.

Maintenant, elle avait aussi une autre arme – inattendue et bienvenue – dont elle pouvait se servir pour essayer de se rapprocher de lui.

« Qu'est-ce qui vous a fait mettre cette photo en particulier comme fond d'écran ? » Demanda-t-elle en levant à nouveau les yeux vers lui.

« La photo de lune ? » Dit-il sans curiosité. « Je préfère ne pas en parler. »

« Je vois… Dans ce cas, est-ce que vous avez beaucoup de photos prises par ce photographe ? » Demanda-t-elle.

« Hum… Plutôt, oui. » Dit-il d'un air songeur.

Hana ne put s'empêcher de rougir, ses joues et ses lobes d'oreilles déjà colorées par le froid se teintant encore plus de rose.

Elle ne s'attendait pas du tout à cela, et avec anxiété, posa une nouvelle question.

« Et… Vous aimez le travail de ce photographe ? »

« Je peux pas dire que je suis fan, mais j'ai ses livres à la maison et je suis ses publications en ligne, donc oui ? » Déclara-t-il pensivement.

Hana ne put s'empêcher de serrer les dents et de déglutir plusieurs fois. Cette réponse l'avait rendue encore plus nerveuse, et comme elle n'osait plus dire un mot, Shinsuke se tourna vers elle avec un air interrogateur.

Quand il vit que le visage de la jeune femme était rose, il se demanda si quelque chose n'allait pas.

« Tu ne te sens pas bien ? » Demanda-t-il en pointant du doigt les joues d'Hana ; les touchant presque.

Cette dernière fit un pas en arrière, surprise par ce geste, et balbutia rapidement une excuse :

« J-Je dois sûrement avoir froid ! » Prétexta-t-elle avec un air très gêné.

Se rendant compte que pointer du doigt la jeune femme, qui plus est aussi près de son visage, n'était pas forcément la meilleure idée qu'il avait eue, Shinsuke se racla la gorge pour dissimuler son air embarrassé.

« Dans ce cas, j'espère qu'on arrive bientôt... » Dit-il avec un air un peu agacé.

Il ne comprenait pas pourquoi il agissait de la sorte. Était-ce si gênant que ça de marcher côte à côte avec une jeune femme ?

C'est vrai qu'il n'était pas sorti comme ça depuis un moment, parce qu'il ne faisait qu'assister brièvement aux repas d'entreprise quand il ne rentrait pas directement chez lui après le travail, seul. Il avait aussi depuis longtemps abandonné tout rendez-vous galant ou rencontre arrangée, parce qu'il n'avait plus le cœur à ça. Il n'avait pas non plus eu de conversation aussi personnelle avec qui que ce soit d'autre que Saizo, et cela le surprit.

Ce n'était pas grand-chose, de parler de photographie, mais c'était pourtant déjà bien plus avancé comme sujet de conversation que n'importe quel échange qu'il avait pu avoir avec ses employés. Sans compter le fait que ses parents, bien âgés, ne quittaient plus leur maison dans son village d'enfance, et que lui-même n'allait plus leur rendre visite que pour le nouvel an et l'été.

Cependant, il espérait tout de même que cette conversation améliorerait la relation qu'il avait avec la jeune femme ; car il craignait qu'on lui reproche trop son attitude envers elle au travail ; surtout après ce qui s'était passé cet après-midi. Il était à peu près sûr que des rumeurs circulaient déjà sur les groupes de discussion des employés, et qu'on le traitait de tous les noms pour avoir réprimandé une employée sans se rendre compte qu'elle faisait un malaise. Il y avait déjà bien assez de personnes le médisant chaque jour, alors s'il pouvait enrayer ces nouvelles rumeurs à leur source, il le ferait volontiers.

Étant donné qu'ils avaient des intérêts similaires, peut-être qu'il pourrait passer outre son mécontentement et l'aversion qu'il avait pour elle ; et éventuellement la mettre de son côté.

Ainsi, si les gens se mettaient à le fustiger sur ses précédents accès de colère envers elle, la jeune femme prendrait peut-être sa défense comme elle l'avait fait envers Kubo Touma.

Il jeta un regard en coin à la jeune femme, qui continuait d'avancer en silence à ses côtés, et se mit pour la première fois à réellement détailler son visage.

De grands yeux aux cils délicats, des sourcils longs et fins, de longs et lisses cheveux noirs comme le plumage d'un corbeau. Un petit nez rond. Des lèvres rose pâle, qui lui rappelèrent inévitablement ce jour moment où il l'avait vue complètement trempée.

Il ne faisait ça que pour essayer d'améliorer les choses entre eux, rien de plus.

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