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Même dans ces moments-là, je souris toujours.

Une fois Kobayashi Shinsuke parti, et dans la salle de pause, Hana prit la mesure de ce qui venait de se passer. Elle n'avait rien laissé transparaître jusqu'à présent, et perdue dans ses pensées, elle fut prise de court par la question de l'homme qui l'accompagnait.

« Vous voulez boire quelque chose ? » Demanda-t-il.

Pour éviter de montrer qu'elle n'avait pas écouté et n'avait entendu que la fin de sa question, Hana hocha rapidement de la tête. Cependant, sa réponse silencieuse ne devait pas être suffisante, car l'autre employé de Marline la questionna à nouveau.

« Café ? Chocolat ? Thé ? »

« Café, s'il vous plaît... » Répondit-elle enfin, à voix basse.

Il se dirigea alors vers une cafetière posée sur un meuble blanc à tiroirs ; ne lui accordant plus d'attention. Hana décida alors de regarder les plantes qui l'impressionnaient par leur taille, ainsi que la rue en contrebas de l'immeuble. Ils étaient vraiment hauts dans les étages, et elle ne se souvenait pas avoir eu une vue aussi impressionnante sur la ville...

Nana avait sûrement dit vrai, dans sa lettre. Kobayashi Shinsuke les détestait toutes les deux, et pas qu'un peu. Elle avait enfin pu s'en rendre compte avec les paroles dures qu'il avait eues à son sujet ; ne se doutant pas que la cible de sa méchanceté se trouvait juste derrière lui.

Quand il s'était retourné, leurs regards s'étaient à nouveau croisés, mais contrairement à toutes les autres fois où elle lui avait décoché un sourire encourageant ou amical, elle n'avait cette fois pas pu se résoudre à lui sourire.

C'était un peu trop lui demander, même avec l'attitude joviale qu'elle affichait tout le temps. Il l'avait prise un peu au dépourvu, aussi ; et sur ce point-là, il lui semblait qu'ils avaient tous les deux été choqués de se croiser à ce moment-là. En repensant à son visage, il lui semblait avoir aperçu une pointe de gêne ; mais sous les traits bourrus et toujours fâchés de l'homme, c'était difficile de discerner d'autres émotions.

Elle serra les dents, un peu perturbée. Une boule était en train de se former dans son estomac, et elle n'aimait pas ça.

« Shinohara-san ? » L'appela l'homme.

Entendre son nom la tira de ses pensées, et elle se retourna vers lui en s'assurant de ne plus montrer le moindre doute ou la moindre faiblesse sur son visage.

L'autre employé lui tendait un gobelet de café, et avec précaution, elle s'avança vers lui pour le prendre. Puis, sans attendre, l'homme se tourna à nouveau vers la cafetière pour préparer une autre boisson chaude. La machine produisit à nouveau le son caractéristique de l'eau chaude injectée dans la poudre de café ; le son lent et régulier hypnotisant Hana.

Elle devait voir les choses comme elles étaient. Kobayashi Shinsuke ne l'appréciait pas du tout, et avait probablement dit ces choses dans le vif du moment, sans y prêter plus attention que cela. C'était probablement un moment désagréable qu'il avait passé, à être accusé ainsi; et Hana comprenait qu'elle l'avait sûrement surpris alors qu'il était de mauvaise humeur, et peut-être aussi un peu dépassé par la situation.

Personne n'était à l'abri de vivre un de ces moments, après tout.

« Est-ce que tout va bien ? » Lui demanda alors de but en blanc Takao.

La question la sortit à nouveau de ses pensées, et directement sollicitée, Hana se sentit obligée de répondre rapidement pour dissiper tout doute quant à son état mental actuel.

« Comment ça ? » Dit-elle avec une expression neutre.

« Par rapport à ce que le Chef Kobayashi a dit à votre sujet, » précisa-t-il. « Je me doute que c'est généralement pas le genre de choses qu'on aime entendre à son propre sujet. »

Oh…

Il avait abordé le sujet de manière plutôt directe, alors cela l'avait momentanément déstabilisée.

Cependant, elle redevint rapidement maître de ses émotions, et lui répondit avec un petit sourire ; en espérant ne pas paraître trop peinée.

« Ce sont des choses qui arrivent, » dit-elle.

Après tout, tout le monde avait une journée où les choses n'allaient pas bien. Du moins, c'est ce dont Hana souhaitait se convaincre, afin de minimiser les paroles blessantes de Kobayashi Shinsuke.

« Shinohara-san. » Répéta-t-il avec les sourcils froncés. « Vous êtes sûre que ça va ? »

Face à cette insistance, la jeune femme lui lança un regard teinté d'incompréhension.

« Oui, ça va. » Affirma-t-elle, cette fois avec un grand sourire. « Pourquoi vous vous inquiétez comme ça… euh ? »

Comment il s'appelait, déjà ?

Il se souvenait de son nom à elle; mais elle, elle avait déjà oublié. Ils ne s'étaient rencontrés qu'il y a quelques jours, et même après que ce type lui ait demandé de devenir son amie, Hana avait eu du mal à retenir son nom. Déjà qu'elle n'avait pas encore en tête les noms de tous les employés de son Département…

Sa mémoire n'avait jamais été autant sollicitée que ces dernières semaines ; à défaut d'avoir beaucoup de noms à retenir pendant sa scolarité.

Avant, les seuls noms qu'elle retenait, c'était ceux de ses professeurs, et des lieux où elle devait se rendre. Elle n'avait jamais pu se lier d'amitié à qui que ce soit, alors connaître le nom de quelqu'un qui rentrait soudainement dans cette catégorie, c'était un peu trop prématuré pour elle.

« Si vous voulez qu'on devienne amis, appelez-moi Takao, » Lui dit-il alors en lui faisant un petit sourire. « Quand on s'inquiète comme ça, c'est parce qu'on considère l'autre comme un ami. »

« Je… Je vois... » Dit-elle avec un regard cette fois pensif.

Est-ce que les amis s'appelaient naturellement par leur prénom ? Même entre filles et garçons ? Devait-elle lui dire de l'appeler aussi par son prénom ? Ce n'était pas comme si elle avait déjà accepté d'être son amie, mais elle se demandait aussi s'il existait un délais réglementaire pour répondre à une telle demande. Fallait-il qu'elle lui donne sa réponse avant une certaine date ?

Et qu'est-ce que ça voulait dire, de devoir s'inquiéter pour l'autre, quand on était amis ?

Un peu émotionnellement débordée par l'affirmation de l'homme en face d'elle, Hana finit par lui poser la première question qui s'imposa dans son esprit.

« Est-ce que les amis font attention les uns aux autres ? » Demanda-t-elle avec une expression très sérieuse.

« Euh… Oui, » répondit-il succinctement.

Maintenant qu'elle y repensait, c'était peut-être le moment de lui poser une question encore plus spécifique. Elle se souvenait encore de lui comme la dernière personne qu'elle avait aperçue hier, avant que Nana ne prenne le contrôle. Cela voulait donc dire…

« Et est-ce qu'ils en savent beaucoup l'un sur l'autre ? » Le questionna-t-elle avec insistance.

Il sembla hésiter un instant, cherchant ses mots. Est-ce qu'il préférait éviter le sujet ?

« Oui… Les amis ne se disent pas forcément tout, même s'ils se font confiance. Mais en passant du temps ensemble, ils finissent forcément par savoir beaucoup de choses l'un sur l'autre. » Lui expliqua-t-il.

Elle devait s'assurer d'une chose : avait -il vu la différence entre Hana et Nana ?

« Dans ce cas, est-ce que vous savez déjà des choses sur moi, Takao-san ? » Demanda-t-elle en soutenant son regard.

Rien que le fait de poser cette question faisait monter son niveau de stress, et restant immobile, elle tenta de reprendre son calme. Si elle se laissait déborder par le stress, Nana risquait de faire à nouveau son apparition, et ce n'était clairement pas le meilleur moment pour cela.

« Pour être tout à fait franc, je sais déjà beaucoup de choses sur vous, oui, » commença-t-il. « Sur les deux versions de vous, pour être exact. »

Les… Deux versions d'elle ?

Ces quelques mots suffirent à pétrifier Hana de stupeur.

Alors… Il avait bien vu la différence entre elles.

Pire, même : il semblait en savoir plus que cela, vu son choix de mots. Et il avait dit cela à voix haute sans aucune gêne.

Est-ce que des gens avaient pu l'entendre dire ça ?

Rapidement, elle regarda tout autour d'eux, à travers les parois vitrées délimitant la petite pièce : les gens continuaient de travailler dans leurs bureaux sans se soucier d'eux, et personne ne s'était approché de la porte entrouverte de la pièce, le couloir restant vide.

Rassurée, Hana se détendit ; ses épaules s'affaissant après cet accès de stress.

« Écoutez, je propose qu'on en discute au calme un peu plus tard, d'accord ? » Proposa rapidement Takao.

Hana hocha lentement de la tête, en lui faisant un petit sourire plein de gratitude.

Au moins, il avait compris qu'il s'agissait d'un sujet délicat à aborder.

Néanmoins, même si cette discussion était remise à plus tard, elle devrait avoir lieu quoi qu'il arrive. Hana devait s'assurer de ce que cet homme savait, et de ce qu'il accepterait de taire.

Elle ne voulait pas que la chose s'ébruite, ni que le regard de ses collègues de travail ne change à cause de cela.

Peut-être était-il plus juste de dire qu'elle craignait encore plus les rumeurs qui en découleraient.

Elle détestait ce genre de chose, car ça la mettait mal à l'aise et lui rappelait de mauvais souvenirs auxquels elle ne voulait plus penser.

Avec appréhension, elle fixa du regard l'homme en face d'elle.

Il semblait lui aussi réfléchir à la situation, mais il n'eut pas le temps de lui demander davantage de choses qu'ils furent interrompus.

« Nous allons commencer, » lui parvint la voix de l'employé du Service Juridique.

Il les avait silencieusement rejoint devant la porte entrouverte de la salle de pause, et l'autre employé lui répondit immédiatement.

« On arrive. »

Puis, il regarda à nouveau Hana, et elle le vit faire un sourire pincé.

« Bon, si on allait régler cette histoire une bonne fois pour toutes ? » Dit-il en maintenant son sourire, et en haussant un sourcil.

Il avait probablement cherché à la rassurer en souriant ainsi, mais il semblait à Hana que cet homme avait du mal à sourire de façon spontanée, au vu de la grimace qu'il faisait. Cela la fit légèrement sourire, et elle hocha de la tête.

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