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Chapitre 25 : À travers les flammes...

L'établissement des marchands d'esclaves fut incendié, alertant ainsi les membres de Mitra. Plusieurs s'étaient regroupés sur place et tentaient d'éteindre les flammes et ils y arrivaient lentement. Au milieu de se brasier se tenait Mylon qui, dans sa rage, l'avait provoqué. Il était arrivé ainsi dans la dernière salle, assassinant les dernier gardes. Toutefois, Annie encore perdue, le suivit tout en portant sa sœur dans ses bras. Tout lui faisait peur, tout était effrayant, tout était confus. C'est à ce moment qu'ils tombèrent dans une pièce luxueuse, gardée par trois hommes au mana supérieur à la moyenne. Le voyant arriver, ils lancèrent directement des sorts mais… Rien n'y faisait, les flammes du jeune homme consumaient tout sur son passage. Elles étaient à leur limite, à la limite de devenir bleu, signe qu'il se contrôlait encore ne serait-ce qu'un peu. 

Mylon sauta néanmoins sur eux sans hésiter. Créant rapidement une lame de pierre, il échangea des coups mais vint rapidement à bout des hommes grâce à sa force. Dans cet affrontement, il fit s'effondrer par mégarde un bout du toit, laissant place à une vue sur un ciel délaissé de nuages. Le temps c'était découvert, laissant place à une lune pourpre, une lune qui donnait un ton écarlate à la pénombre. Mais une question restait en suspend dans cette dernière salle : que gardaient ces hommes ? Il n'y avait rien, aucun autre mana, que ce… vide ? Toutefois, une silhouette se tenait assise sur un lit entouré de rideaux, pile à l'endroit où se trouvait ce vide. Il s'approcha lentement du lit pendant que les flammes bloquaient les membres de l'église mais aussi lui-même et la petite Annie. Il écarta le rideau et s'exclama alors : 

— U-une elfe ? Une elfe Damnée ? 

 

Se tenait là, enchaînée au lit une elfe vêtue uniquement d'une chemise blanche. Une elfe aux cheveux blanc, aux yeux écarlates et sans mana : une Damnée. Ses yeux s'écarquillèrent sous son masque pendant que la surprise le ramenait à la raison. Se calmant, il brisa de ses mains les chaînes de la prisonnière. Celle-ci murmura quelques mots incompréhensibles mais il en comprit deux : « fuis », « désolé ». Il ne comprit pas vraiment sur le moment mais c'est alors qu'elle se leva rapidement et appuya son corps contre le sien… 

Une douleur, une brûlure, il ressentit tout à coup un dérangement anormal au niveau de l'abdomen et la vit : l'elfe venait de le poignarder. Il recula alors d'un pas, tremblant, ne sachant s'il devait retirer directement cette longue dague. Il avait encore assez de mana pour se soigner mais quand en était-il de l'après ? Il restait les membres de Mitra, les rescapés à escorter. Dans son incompréhension, il remarqua finalement un tatouage de Mélusine sur le corps de l'elfe. Il regarda donc frénétiquement si un dernier marchand l'avait échappé. C'est alors qu'il put entendre dans ce chaos et dans le crépitement des flammes, des bruits de pas provenant de derrière elle. Ils apparurent ainsi : deux hommes entourés d'une protection d'eau traversèrent les flammes. L'un d'eux s'exclama : 

— Eh bien, quel bazar que tu nous as mis là ! Tu ne croyais pas quand même que je n'avais pas de système de sécurité sur mon produit le plus précieux ? Quel sot fais-tu ! N'êtes-vous pas d'accords évêque ? 

 

— Je ne puis qu'affirmer vos dire sieur Demetricus. Seul un sot pourrait croire qu'il repartirait indemne d'un acte de vandalisme dans la ville des gladiateurs, surtout dans la ville sous ma juridiction. Enfin, après la famille Valkyar bien entendu. 

 

— Incendier mon établissement, assassiner mes employés ou encore les amputer de leur mains… Quelle bande d'incapables quand même ! Soit, au moins grâce à toi, je sais que je dois renforcer la sécurité désormais. 

 

Sans attendre, l'évêque lança subitement un sort et forma douze épées de lumière qui entourèrent notre héros et Annie. L'elfe s'était-elle réfugiée auprès de Demetricus, le regard vide mais larmoyant. La Mélusine lui forçait à obéir, lui forçait d'agir envers et contre ce « sauveur » qui, lui, voulut si bien faire. 

Demetricus, le chef des marchands, ricana alors et lança un sort qui fit s'additionner aux lames des éclairs, créant ainsi une cage pour ne leur laisser aucune échappatoire. 

Plusieurs options s'offraient à Mylon dans le laps de temps que lui laissait les deux hommes : il pouvait soit se protéger avec Annie en créant une sorte de sphère de pierre autour d'eux, soit essayer de s'enfuir en brisant le sol mais dans les deux cas, les deux allaient le poursuivre. Il y avait aussi cette dague… La situation avait dégénéré si rapidement. Tout ça, parce qu'il ne sut contrôler sa colère sur le moment. Si seulement il avait eu aussi plus de temps, qu'il n'aurait pas foncé tête baissée comme ça mais il y avait… Heli. Annie tenait toujours le corps de sa sœur dans ses bras mais s'était réfugié dans son dos. 

C'est ça, je dois au moins la faire sortir. Les autres peuvent encore s'enfuir par le tunnel, je leur ai indiqué la position d'Elio. Mais merde, merde, merde, merde ! Comment je vais faire maintenant ? 

 

— Eh bien « justicier », intervint l'évêque. Ne vas-tu pas prononcer au moins un mot ? Si c'est le cas, laisse-nous au moins observer ton visage de mécréant. Si tu le fais, je te promets au moins d'épargner la fillette. Par la grâce de Stella, tu seras châtié et elle purifiée, replacée à son niveau par le sang d'Anator. 

 

— Enfin, ricana Demetricus. Pour traduire, cela ne changera pas son destin, celui d'être marqué par la Mélusine et d'être vendue en tant que ma propriété. 

 

… Mylon retira soudainement la dague de son abdomen, le faisant saigner abondement mais soit. Il prit une position offensive et répondit d'une voix déformée par le masque : 

— Pour un homme d'église, vous êtes vraiment pathétique. Soutenir de tels actes, je suis sûr que votre déesse doit vous maudire de là-haut ! Je ne compte ni obéir ni perdre. Vous n'avez en rien encore gagné ! 

 

— Bien dit mon cher, clama une énième personne. Bien dit ! 

 

Tous regardèrent en la direction du trou au toit et là, se tenait sur un fil aussi fin qu'un cheveux un homme. Un homme vêtu d'une tenue chic, d'un chapeau, d'une canne mais surtout d'un… 

Un masque de corbeau ?! Non, c'est plus simple, c'est… 

 

Les deux autres hommes grincèrent des dents en voyant l'inconnue mais surtout l'évêque. Il tourna subitement les lames de lumière se vers cet homme en grognant : 

— Toi ! 

 

— Et oui, clama l'individue. Je vous avais manqué ? 

 

Il occupa ainsi l'attention de l'archevêque mais Demetricus, lui, envoya l'elfe attaquer Mylon grâce au seau de Mélusine. D'un côté, l'homme au masque de corbeaux évita avec souplesse les attaques répétées de l'évêque qui lui envoyait des lames de lumières, de l'autre, Mylon évita bien difficilement les coups de dagues de l'elfe. En effet, il devait porter Annie et Heli tout en se soignant de sa blessure. La charge mentale fut importante avec l'ombre qui s'efforçait aussi à prendre le contrôle, dégradant ainsi sa coordination et son agilité. Dans tous ce chaos, il hésitait : fuir en portant Annie ou affronter ces hommes ? Surtout qu'il ne voulait pas faire de mal à cette pauvre femme qui l'assaillait… Or, c'est lorsque Demetricus fut lassé de ce spectacle qu'il lança un nouveau sort. Cette fois-ci, il invoqua un éclair qui serpenta autour de l'elfe et visait Mylon. Il n'eut pas le temps de se protéger ou d'éviter. L'éclair n'était plus qu'à quelque centimètre de son masque quand, tout à coup, une flopée de fils métalliques vinrent le stopper. L'un des fils fila directement vers Mylon, rentra dans sa chaire au niveau du ventre et… le recousu ?! Oui, sa plaie venait de se faire recoudre mais pas seulement. Il pouvait sentir à l'intérieur de lui que le fil reconnectait ses vaisseaux sanguins, reconnectait chaque muscle et organe endommagé. Surprit, il sentit ensuite une présence derrière lui et il n'eut le temps de se retourner, que l'individu posa une main sur son épaule et lui intima : 

— Ne t'inquiète pas mon cher, je suis de ton côté ! 

 

Mylon remarqua ensuite, plus loin, l'évêque ligoté par une multitude de fils métalliques qui le serraient d'une telle force qu'elles en coupaient sa peau. Il put voir aussi émaner du corps du ligoté une lueur blanche, signe qu'il utilisait certainement de la magie de lumière pour se soigner. 

 

— Qui- 

 

— Tch-tch-tch, coupa l'individu. Ce n'est pas ce qui importe, cher acolyte ! Tu joues un rôle plus important. Va ! Ils t'attendent. Ces pauvres victimes ont besoin de leur sauveur pour fuir. Les membres de Mitra sont aux portes du bâtiment en feu et nos amis ex-esclaves ne pourront s'en échapper seul. Ils auront besoin d'une diversion ! 

 

Il ne comprit pas très bien qui était cet homme, quel était son but mais pour le moment, il l'avait grandement aidé. Bien qu'il eut l'air plus que suspect, Mylon sentit une sorte de bienveillance émaner de cet homme masqué à l'air menaçant. Or il était inquiet pour une dernière chose… 

— Mais la femme, l'elfe Damnée… 

 

— Ah, elle ? Ne t'inquiète pas, part tranquille ! Je m'occupe d'elle, je t'en fais la promesse. Tu dois t'occuper de cette pauvre enfant et de ces pauvres gens, c'est TON rôle. 

 

Mylon esquissa un regard vers Annie, vers l'homme, vers l'évêque et Demetricus, eux bloqués par les fils. Il serra du poing et répondit de sa voix déformée par le masque : 

— Bien, je te fais confiance alors. Je te retrouverais si tu ne tiens pas parole… 

 

Il s'échappa ainsi rapidement derrière le mur de flammes en protégeant Annie et Heli derrière son manteau. Il put toutefois entendre une dernière fois l'évêque gémir de rage : 

— Pantiiin !! Relâche-moi !

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