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Je ne suis que Victor Sorel

Les objets dévoilés un à un étaient des œuvres d'art et des artefacts qui semblaient tout droit sortis de légendes anciennes. Chaque pièce avait son propre récit, une histoire envoûtante tissée dans les fibres du temps. La commissaire-priseur les présentait avec une éloquence captivante, dévoilant les détails et les pouvoirs cachés de chaque trésor. Les collectionneurs se lançaient dans des enchères fiévreuses, chaque hausse de main était un murmure dans la symphonie de la soirée. Les prix montaient, atteignant des sommets vertigineux. Les regards avides se croisaient, les compétitions prenaient vie et les enchérisseurs se laissaient emporter dans une danse de désirs et de détermination. Beaucoup d'objets misent en vente étaient de véritables antiquités d'une autre époque, certes, mais beaucoup d'autres étaient des pièces uniques produites par les plus grands artisans de cette ère. Ces objets étaient d'ailleurs souvent les plus prisés par les enchérisseurs. Au fur et à mesure que les objets uniques trouvaient de nouveaux propriétaires, la salle était imprégnée d'une énergie électrique. Chaque transaction était plus qu'une simple vente, c'était une fusion d'histoires, de rêves et d'aspirations. Les émotions tourbillonnaient dans l'air, allant de l'excitation à la déception, de la jubilation à la contemplation. Parmi les objets présentés, un artefact particulièrement mystérieux attira l'attention de tous. Une statuette d'apparence simple, mais dont le pouvoir était palpable. La tension monta tout aussi vite que le prix et finalement, il y eut un moment suspendu dans lequel tout semblait retenir son souffle. Dans une loge de première classe, un peu plus loin de celle où se trouvait Victor Sorel, une femme dont le nom était connu de tous, se manifesta pour la première fois de la soirée, brandissant un panneau blanc. Un seul chiffre y était inscrit, huit.

« Huit cent milles royes ?! Mais ça fait quatre vingt millions de deniers ! » s'écria un enchérisseur.

« Notre premier ministre n'est pas quelqu'un qui apprécie avoir de la concurrence » s'exclama un autre, dépité mais trouvant toujours un certain amusement à la situation.

Les regards se croisèrent dans un silence presque pesant, puis, avec une clarté cristalline, la commissaire-priseur martela son marteau, scellant le destin de l'objet et de son nouveau propriétaire. Victor Sorel, assista à cette scène depuis le haut de sa loge sans en être surpris. Lui, n'avait toujours pas enchérit depuis que la vente avait commencé. Il faut dire qu'il était tout de même venu ici avec une idée précise de ce qu'il voulait, et cet objet don't il avait tant besoin ne s'était toujours pas présenté à lui. Certaines des reliques et artefacts présentés l'avaient pour sûr intéresser, bien évidemment. mais monsieur n'était pas un acheteur compulsif, ou du moins ce soir il n'était pas d'humeur à se laisser séduire par toutes ces ravissantes pièces de collection. Après avoir assisté à une telle vente, la tension monta davantage dans la l'assemblé, elle semblait s'enflammer. Les enchérisseurs suivirent la tendance, et se laissèrent emporter par leur avidité ardente. Ils n'avaient plus peur de sortir des sommes astronomiques de leur compte en banque. Le public était bouillonnant d'une extase perverti par cette ambiance enivrante au doux parfum de convoitise. À chaque vente conclue, un frisson d'excitation parcourait l'assemblée, un frisson qui rappelait que ces objets étaient bien plus que de simples possessions. Ils étaient des passerelles vers des mondes oubliés, des portails vers des horizons inexplorés. Cette vente aux enchères n'avait pas seulement un but commercial, c'était un rituel, une communion entre ceux qui possèdent et ceux qui rêvent. Et alors que la soirée avançait, le rythme de la vente ralentit. Le dernier objet fut présenté. Un collier de perles, un objet très féminin mais qui attira pourtant l'attention de tous les saints de hauts rang présents dans la salle.

« Mesdames, messieurs et vous autres, j'ai le plaisir de vous présenter ce soir, un objet venu tout droit de l'empire de Curson. Même si à vos yeux cet objet ne paraît n'être qu'un simple bijou, détrompez vous, car cette relique aurait appartenu à un véritable ange venue des royaumes supérieurs. »

Les quatres mots clés, réunis dans la même phrase agitèrent fortement le public. 

« La relique d'un ange ? Comment osez-vous blasphémer contre dieu !? »

Une partie de l'assemblée se mit à crier au blasphème.

"Essayez vous de nous tromper à l'aide de pitoyable rumeurs ?!" 

"C'est grotesque !" 

"Honteux !" 

"Que Dieu punisse cet affront !" 

Néanmoins, la commissaire priseur ne se laissa pas déstabiliser par cette agitation, et continua la présentation. 

"Le prix de départ pour cette relique divine est d'un millions de royes !" 

Trop choqué par cette annonce, la cacophonie de l'assemblée disparut, ne laissant que quelques rares éclats de stupeur rompre le silence, les autres étaient juste incapable de sortir un quleconque son de leur bouche. Cependant, ils finirent par très vite reprendre leur esprit, et alors que le tumulte était sur le point de reprendre, la dégénérescence fut interrompu par une voix forte, tonitruante venue du plus haut des gradin, une loge de première classe duquel un homme masqué d'une coquille d'argent brandissait un panneau blanc. C'était la première fois que cet enchérisseur se manifestait. Mais le nombre indiqué sur la petite affichette, ajouter à celui qu'ils venaient d'entendre haut et fort à travers le théâtre entier, leurs à fait réaliser une chose. Quelque soit l'espèce, la folie n'a aucune limite. 

"Je l'achète pour cinq millions !". 

Et puis l'assemblé n'eut même pas le temps de raisonner cet homme qu'un peu plus bas dans les gradins un nouveau prix fut proféré.

"Six millions !" 

C'était un elfes portant les nobles habits de son peuple et dont l'âge était indéterminable. Mais sans attendre, Victor Sorel fit grimper l'enchère à dix millions. 

"Mais qui est-il pour pouvoir dépenser autant d'argent ?" s'exclama un vieil homme. 

"Il porte un masque, impossible de savoir qui il est" 

"S'il se cache, c'est qu'il est connu et qu'il n'a rien à faire ici !" 

L'assemblée devenait bruyante à nouveau, alors la commissaire priseur leur ordonna de se taire. 

"Dix millions, une fois" demanda-t-elle à l'encontre du public. Mais le sort de la prétendue relique était déjà scellé aux yeux de tous. Après tout, qui irait jeter plus de dix millions de royes dans un bijou dont le pouvoir mystique était basé sur d'invraisemblables rumeurs ? Personne, et pourtant, un autre enchérisseur manifesta son intérêt pour l'objet. 

"onze millions" annonça-t-elle depuis le haut de sa loge. 

"La première ministre s'y met aussi !?" 

"Comment peuvent-ils croire cette histoire d'ange ?" 

Un peu plus loin de là où se trouvait le nouvel enchérisseur, Victor Sorel commençait à avoir les mains moites.

La première ministre ne tient certainement pas à acquérir cette relique. Je me suis montré trop ferme, elle sait que je souhaite absolument obtenir le collier. 

Tout le monde dans l'assemblée devait s'attendre à voir l'homme au masque d'argent renchérir, cependant ce n'est pas lui qui était passé à l'action mais une tierce personne du public. Une sidhe du nord, sans aucun doute une puissante sainte. Elle avait de long cheveux noir, une peau bleu roi et des oreilles semblables à ceux que possédaient les elfes. Sur le panneau qu'elle brandissait était inscrit un quatre. La commissaire priseur, plus que ravie de la tournure des évènements ne perdit pas de temps pour annoncer le nouveaux prix. 

"Quinze millions, pour la demoiselle sidhes" 

Cette fois, personne n'eut le temps de s'étonner du prix avant qu'un nouveau ne soit déjà annoncé. Victor Sorel brandissait maintenant un trois. 

"Dix-huit millions, pour notre mystérieux homme masqué !" 

Mais comme Sorel l'avait prédit, la première ministre n'avait pas l'intention de lâcher prise. 

"Dix-neuf millions pour moi !" La demoiselle sidhe répliqua à son tour, faisant grimper l'enchère au-dessus des vingts millions. 

Puis ce qui suivit fut un spectacle abominable, grotesque, à tel point que Sorel dû détourner le regard. Le prix augmentait sans arrêt, comme si l'argent que possédaient ces deux femmes était sans fin. La bataille entre la première ministre et la demoiselle sidhe dura de longues minutes avant d'arriver au point culminant de l'affrontement. Cette enchère fut la note finale de cette symphonie magique. Le collier de perles, présenté comme la relique qui aurait appartenu à un ange, s'était vendu pour quarante-cinq millions de royes auprès d'Armel Brown, l'impitoyable première ministre de l'empire d'Heole. Même si elle avait commencé par enchérir uniquement dans le but d'embêter monsieur Sorel, il semble qu'elle ait fini par prendre ce duel un peu trop au sérieux puisqu'elle finit par être celle qui était parvenue à acquérir l'objet. Victor Sorel s'en mordait les doigts. Du haut sa loge, il observa la commissaire priseur conclure la soirée toujours avec une grâce incomparable, elle remercia les enchérisseurs, les collectionneurs et les rêveurs pour leur participation. Déjà de mauvaise humeur, Sorel fut furieux de constater qu'il lui était impossible de masser ses tempes à cause du masque recouvrant le haut de son visage. Irrité et piqué d'une colère monstre, il ne parvenait pas à rester en place. Quelqu'un toqua à la porte, mais avant qu'il ne puisse répondre, la personne était déjà entrée. Un vieil homme paraissant bien plus jeune que ce qu'il avait réellement. 

"Votre altesse, je suis navré de ce qu'il c'est passé ce soir, mais vous devez partir maintenant"

Le poing serré, le jeune homme se retint de dire quelque chose qui ne correspondrait pas à son statut.

— "Partir ? Alors que je n'ai pas pu l'obtenir ?" 

— "Si vous ratez cette navette, comment comptez-vous vous rendre à l'académie ?"

— "Non, tu ne comprends pas Joy. Sans cet objet, je ne peux pas me rendre là bas."

— "Vous avez déjà pris assez de risques comme ça. Je vous conseille d'en rester là."

— "Joy ?"

— "Votre altesse ?"

— "Madame Brown n'a pas caché son intérêt envers moi au cours de cette soirée."

— "La première première ministre est une femme indéchiffrable qui aime résoudre d'étranges problèmes."

— "Et je suis un problème qu'elle ne peut résoudre, alors elle ne me refusera certainement pas une entrevue, n'est-ce pas ?"

— "Où est-ce que vous voulez en venir ?"

— "Cette relique ne l'intéresse pas. Ce n'est qu'un trophée à ses yeux."

— "Et vous pensez sincèrement qu'elle vous la cédera ?"

— "Je crois surtout qu'elle serait prête à me l'échanger pour pas grand chose." 

— "Vous faites une grave erreur. Ne croyez pas pouvoirs facilement négocier avec cette femme." 

— "Tu en es sûr vieux Joy ?"

— "Votre altesse ? Qu'est-ce que vous faites ?"

La loge de la première ministre n'était pas très loin de la sienne. Trois loges seulement les séparaient. En un instant, Norval se trouvait face aux deux gardes qui tenaient l'entrée. Dans les cinq secondes qui suivirent, les deux hommes étaient à terre et le garçon avait passé la porte. De l'autre côté, il vit était une femme dont la beauté équivalait presque celle de la reine. Elle était assise sur un large sofa en cuir, occupant la plus grande partie de la pièce. Lorsqu'elle vit arriver l'homme masqué à qui elle avait offert un service de met et d'alcool plus tôt, elle esquissa un sourire. "Un saint sage… vous n'êtes donc n'importe qui." dit-elle, le jaugeant de haut en bas. 

— "Je ne suis que Victor Sorel." 

— "Cependant, n'est-ce pas quelque peu impolie de votre part d'entrer dans la loge d'une dame sans y être invité ?"

— "Je ne pense pas que cela serait arrivé si vous ne m'aviez pas volé la relique." 

— "Le collier ?" demanda la ministre, légèrement amusé. "Pourtant je ne crois pas que tu l'aurais obtenue contre cette fille… mais j'ai peut-être tort ?"

— "Contre quoi êtes vous prête à l'échanger ?"

— "Vous y tenez tant que ça ?"

— "Plus que vous ne le pensez." 

— "Pourquoi ai-je l'étrange sensation qu'il va m'être difficile de refuser ?"

— "Ce n'est pas moi qui le dit." 

— "Vous et moi savons que je n'avais pas prévu de l'acheter pour commencer." 

— "Devrais-je prendre cela pour une réponse positive ?"

— "Je n'en suis pas certaine. Comment comptez-vous me convaincre ?"

— "Que pensez-vous d'une relique contre une autre ?"

— "Voilà qui est intéressant. Vous possédez donc d'autres de ces objets."

— "Naturellement."

— "Mais rien ne prouve l'authenticité du collier, seriez-vous prêt à prendre le risque ?"

— "Ce n'est pas de moi dont il s'agit, mais de vous. Êtes vous prête à accepter ce marché ?"

— "Je ne sais rien de la relique que vous possédez."

— "Et vous n'en saurez pas plus à moins d'accepter." 

— "Ça ressemble à une arnaque."

— "Vous croyez ?"

— "Je n'en suis pas certaine."

— "Et si vous essayiez d'être plus clair ?"

— "C'est que mes pensées les plus lucides me laissent croire que je devrais accepter." 

— "Alors marché conclu ?"

— "Il semblerait."

— "Si facilement ?"

— "Profitez-en, ce n'est pas prêt de se reproduire." 

— "Vraiment ?"

— "Si je vous disais que je n'en suis pas certaine ?"

— "Alors je vous répondrai que je ne suis pas surpris." 

Plus au sud de la ville, dans la baie d'Argol, un grand nombre d'étudiants venus des quatres coins du pays étaient rassemblés devant un spatioport connu comme la porte du nouveau monde. Ce port permettait de rejoindre n'importe quel endroit du monde, sans aucune limite de distance. La raison ? Et bien la compagnie spatiale avait un droit de passage sur environ quarante pourcent de tous les trous de verres certifiés sur les terres d'Eitel. Ils possédaient en plus l'inventaire d'engins de déplacement le plus complets du continent. La porte du nouveau monde était un lieu de passage utilisé par presque tous les étudiants qui partaient étudier dans d'autres pays où régions plus lointaines. La navette pour Dryadalis partait également d'ici. Mars et Norval devaient se retrouver devant le spatioport à 23h30 puisque la navette partait à minuit. Mais il était déjà quarante cinq et toujours aucune trace de Norval à l'horizon. " Raah mais où est passé cet abruti ?" Dans la tour Gwidel, Norval attendait le retour de Madame Brown, partie chercher le collier de perles auprès de la commissaire-priseur. La relique qu'il comptait échangé était déjà posée sur la table. L'objet ne sortait pas de nul part. Norval, comme beaucoup d'autres saints qui en avaient les moyens, possédait un anneau de stockage à l'annulaire. Celui-ci permettait de stocker toutes sortes de choses dans la limite d'espaces disponibles à l'intérieur. Selon certaines rumeurs, il existerait même quelques très rares anneaux possédant un espace de stockage infini ! Malheureusement, personne n'a su prouver leur existence jusqu'à ce jour. Les minutes passaient et le jeune prince se sentait obligé de jeter un œil à sa montre toutes les vingt secondes. S'il ne partait pas maintenant, il avait de grande chance de rater la navette. Ne pouvant se permettre de patienter plus longtemps, il attrapa la relique et se prépara à partir chercher madame Brown, mais à l'instant où il allait ouvrir la porte, celle ci s'ouvrît d'elle-même. "Et où comptez- vous vous rendre monsieur Sorel ?

— "Où est-elle ?"

— "Juste ici."

Madame Brown ouvrit un petit coffre en bois dans lequel Norval put apercevoir la relique. Un magnifique collier de perles blanches et ses splendides reflets bleuâtres . 

— "Où est la vôtre ?"

Norval montra à son tour la relique qu'il possédait. Un cube de cristal contenant une pâte suintante d'un rouge cramoisi. "Un cœur de sirène", précisa-t-il. 

— "Les cœurs de sirènes ne sont pas si rares." 

— "Vous n'en trouverez pas d'autres comme celui- ci." 

Armel Brown semblait perplexe. Levant un sourcil, elle plongea son regard dans les yeux du jeune homme. Il n'a pas l'air de mentir…

— "Et qu'à t il de si précieux ?"

— "Le propriétaire de ce cœur était une guerrière de l'ordre Ksaar." 

C'était la première fois pour le prince qu'il voyait la première ministre être déstabilisée par des mots, autres que ceux de son père. Ses yeux s'écarquillèrent un instant avant de très vite revenir à leur état normal.

— J"e ne suis pas sûr que nous parlons du même ordre Ksaar." 

— "Il n'y en a eu qu'un seul au cours de l'histoire."

— "Ce peuple a disparu il y a des milliers d'années."

— "Vous l'avez dit vous même, je ne suis pas n'importe qui." 

Norval pouvait le voir. Madame Brown faisait de grand effort pour ne laisser transparaître aucune de ses émotions. Pourtant c'était flagrant, elle était perturbée par les mots de l'homme qui lui faisait face. Une autre aurait probablement refusé d'y croire et tenté d'abandonner la transaction. Mais madame Brown n'était pas comme ça. La possible valeur de cette relique était bien trop grande pour devoir tout gâcher à cause d'insignifiantes pensées rationnelles. Et malgré cet irrépressible besoin d'information, elle savait qu'elle ne pourrait en savoir plus. Ainsi, elle laissa l'homme masqué s'en aller une fois l'échange effectué.

La navette décollait dans cinq minutes, et les étudiants avaient tous embarqués. Mars était lui aussi monté mais contre sa volonté. Les hôtesses l'avaient forcé à embarquer insistant sur le fait que si son ami n'était toujours pas arrivé, alors c'était de toute façon trop tard et qu'il devra attendre la semaine suivante. Quand Norval arriva, le bateau ailé était déjà sur le point de décoller. Joy, le vieux majordome qui s'occupait d'une résidence de la famille royale se trouvant pas loin d'ici, avait déposé son jeune maître au spatioport à 00h01. Le majordome avait beau lui reprocher d'être imprudent, Norval n'y prêtait aucunement attention, il était trop enchanté d'être parvenu à acquérir la relique dont il avait tant besoin. Dès qu'il l'a vu lorsqu'elle a été présentée sur scène, il l'a sentit. Cette relique était un objet magique de type croissance de haut rang ! Autrement dit, tous ses problèmes de fausses identités étaient maintenant réglés. Ce collier allait lui permettre de restreindre son Vis stellaire, et l'aura qu'il dégagerai serait maintenant similaire à celle d'un saint illuminé de cinquième palier.

"Monsieur, votre vol était à 00h", s'impatienta une dame de l'accueil. "Il est trop tard, il a décollé il y a cinq minutes."

Appuyé contre le comptoir, Norval jeta un coup d'œil au vieux livre noir posé à coté. Il semblait avoir été ouvert sur une page au hasard et le garçon méditait sur la situation les yeux rivés sur cette page. N'importe qui aurait été en colère à sa place, pourtant lui, souriait. Comme si ses problèmes avaient tous été réglés.

— "Êtes vous bien sûr qu'il a décollé ?" 

— "Pardon ?"

Une jeune femme portant des vêtements d'hôtesse arriva dans le hall essoufflé, et légèrement paniqué. Elle fit le tour de toutes les personnes présentes aux alentours et probablement parce qu'elle ne trouvait pas ce qu'elle cherchait, elle partie demander aux autres dames qui étaient à l'accueil. "Excusez moi, auriez vous vu passer un certain Emile Jacob ?" 

La dame qui s'occupait de Norval se retourna subitement, surprise par la question. Le nom qu'elle venait d'entendre lui était étrangement familier. "Emile Jacob ? Oui, il est juste ici." Norval ramassa ses bagages et prit le livre sur le comptoir. "J'imagine que la navette n'a pas encore décollé ?" L'hôtesse soupira, soulagée de l'avoir trouvé. "Allons-y, le vol à déjà pris suffisamment de retard" Après s'être assuré qu'il la suivait bien, elle emmena le jeune homme jusqu'au quai. Un immense navire ailés portant les drapeau de la compagnie était amarré. En haut du ponton menant à l'entrée, une seconde hôtesse leur faisait signe de se dépêcher. Après avoir enfin embarqué, Norval trouva Mars en pleine discussion avec des membres de l'équipage. Il était plongé dans des explications compliquées, faisant de grands signes avec ses mains et articulant chacun de ses mots rendant son visage plus expressif encore. Lorsqu'il entra dans leur champ de vision, l'équipage lui lança de drôle de regards. 

"Emile ? Par Thalès mais où t'étais passé !?" s'exclama Mars. 

Norval afficha l'un des rares sourires sincères. — "Tout ne s'est pas passé comme prévu, mais j'ai récupéré ce dont j'avais besoin." 

Le jeune homme aux cheveux bruns le regarda perplexe. Puis il sourit à son tour. — "Toi… peu importe à quel point ce que tu dis semble absurde, tu n'es pas du genre à faire des blagues n'est-ce pas ?"

— "Non, tu as raison."

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