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Rituel

Quartier nord de Kleger Wood. Dans la base des forces de sécurité publique de la ville. Assis dans la salle de réunion. Deux hommes portant l'uniforme militaire de l'empire, écoutaient attentivement les détails d'une mission de dernière minute. 

En début d'après-midi, des membres du personnel de la gare étaient venues apporter le cas d'une affaire grave qui avait eu lieu dans l'un des trains venant d'entrer en gare. Suite à cela, une équipe avait été envoyée pour enquêter sur l'affaire. Mais seulement quelques heures à peine après le début de l'enquête, il avait été rapporté que les clercs d'une église de la ville avaient mystérieusement disparu. Après plusieurs discussions, les officiers en ont déduit que les deux affaires étaient liées. La gravité du cas dépassant ce que de simples officiers étaient capables de gérer, deux membres des forces spéciales qui se trouvaient par chance dans la région avaient été réunis en urgence.

La salle dans laquelle avait lieu la subite réunion était ronde et couverte d'un haut dôme de marbre bleu, la partie la plus proche des murs scintillait de moulures dorées. Une telle pièce était normalement faite pour accueillir une centaine d'officiers au moins, mais seulement trois personnes y étaient présentes en ce moment.

« Votre excellence, puisque nous sommes ici sans notre capitaine, qui est-ce qui dirigera l'opération ? »

Celle à qui on s'adressait par 'son excellence' était la directrice des forces de sécurité publique de Kleger Wood. Habillé en civile, elle portait un pantalon noir et un chemisier blanc. Ses longs cheveux bruns lui donnaient une allure élégante. Lorsqu'elle entendit la question du soldat, un sourire se dessina sur ses lèvres.

— « Je m'en charge. »

Les deux hommes échangèrent un regard, tous deux surpris par la réponse de la directrice.

— « Vous nous accompagnez ? » Demanda l'un deux, visiblement stupéfait.

— « Je n'ai pas vraiment le choix », expliqua-t-elle. « Si deux soldats des forces spéciales venaient à mourir dans mon secteur et sur une mission préparée à la dernière minute, c'est moi qui risque d'en subir les conséquences. »

— « Pensez-vous réellement que cette mission puisse être dangereuse au point qu'un saint illustré se doit d'intervenir ? » demanda le second, visiblement moins serein qu'il y a un instant.

— « Honnêtement je n'en suis pas certaine, mais je crains que ce soit le cas. »

***

Périphérie de Kleger Wood. Dans une zone où les logements étaient tout particulièrement éloignés les uns des autres. 

Marchant au travers d'une prairie à la végétation florissante. Deux silhouettes de différents gabarits se dirigeaient vers un lieu précis. Le plus petit avait de courts cheveux blonds et des yeux d'un brun clair. Il portait une robe de clerc bleue et paraissait étonnamment mature pour son âge. L'homme à ses côtés était bien plus grand. Il avait des cheveux noirs et des yeux d'un vert profond. Ses traits dû visages étaient nobles et d'une grande beauté, mais son expression se montrait froide et austère. 

"Au fait, tu ne m'as toujours pas dit ton nom."

— "Sullivan, et toi ?"

— "Tu peux m'appeler Emile."

Les deux garçons s'étaient déjà rendus dans les différents temples et églises de la ville pour demander de l'aide, mais l'information comme quoi les prêtres de Soara avaient disparu s'était apparemment déjà bien répandue puisqu'aucun des différents cultes n'était prêt apporter leurs aides. La situation était en fait suffisamment étrange pour que même les saints liés aux divinités ne veuillent s'en mêler. Finalement le jeune prince décida de s'en charger lui-même.

Dans un funèbre manoir à l'extrémité de la ville. La magnifique créature vêtu d'un linge blanc, s'approcha du dernier prêtre. Elle plongea une main dans sa poitrine et en retira le cœur. Elle replongea une main dans son crâne et en retira la glande pinéale. Puis elle plongea une main dans son estomac et en retira le Kernel, noyau du corps et porte de la vie. A cet instant le pauvre homme s'éteignit. Les trois éléments furent ensuite posés dans un récipient en argent que la créature plaça sur un hôtel. 

"Soara, mon dieu et mon unique seigneur !"

Je t'ai aimé seigneur mon dieu de tout mon cœur, de toute mon âme, de tout mon esprit et de toute ma force !"

L'être de toute beauté versa de l'eau dans le récipient d'argent et broya les organes qu'il y contenait. 

"Mon seigneur Soara ! Détenteur des autorités de la justice et de la réconciliation !"

Un sublime sourire était exhibé sur son visage d'une splendeur sacrée alors qu'une larme ruisselait sur sa joue. 

"Pourquoi ne vois-tu pas l'amour que je te porte seigneur ? Qu'est-ce que l'Homme pour que tu lui accordes tant d'importance ? Tu fixes sur lui ton attention, tu l'inspecte chaque matin, tu le scrute à tout instant. Ne peux-tu pas me regarder moi ton serviteur ?"

Le ciel s'illumina soudain d'une lueur rougeâtre alors la créature avalait la liqueur contenu par le récipient d'argent. A l'extérieur, Norval et Sullivan virent le ciel se déchirer et la lumière s'abattre sur la terre. Quand il ouvrit les yeux, Sullivan eut l'impression d'avoir perdu connaissance durant un instant. Terrifié, il se tourna aussitôt vers Norval et vit celui-ci inconscient. 

Au milieu d'un monde illusoire, Norval se réveilla soudainement. Autour de lui, un paysage irréel se reflétait dans ses yeux. Parmi les innombrables étoiles qui illuminaient un ciel infini, un œil à la pupille écarlate dominait le territoire par son immensité. Sous ses pieds, une mer de sang reflétait de nombreux mêmes yeux à la pupille rougeoyante. Norval savait très bien où il se trouvait. Il venait de franchir le domaine de dieu ! — Du ciel une voix se fit entendre :

"Toi qui me craint, m'adore et me sert."

"Par l'amour que tu me portes, selon ma grande miséricorde, je devrai effacer tes péchés ? "

Norval savait que ce n'était pas à lui qu'on s'adressait. Il déplaça son regard pour tomber sur un être merveilleux et d'une éternelle beauté. La créature était habillé d'un unique linge blanc. Sur le côté droit de son dos une immense aile d'un blanc éclatant s'étendait au loin. Le côté gauche en était cependant dénué. Il ne restait qu'une ignoble cicatrice allant à l'encontre de la beauté de son porteur.

Un ange ? Alors c'est lui qui a causé tout ça ?

La sublime créature s'agenouillait. 

"S-seigneur ! J'ai péché pour toi mon dieu ! Pour que tu me rende la joie d'être sauvé !"

" Aux pécheurs, tu enseignes tes chemins et vers toi reviennent les égarés !"

"Libère-moi du sang versé, Seigneur Soara, mon dieu sauveur, et ma langue acclamera ta justice !"

L'immense œil qui surplombait le ciel étoilé trembla en entendant ces mots. 

— "Enfant stupide ! Tu as sauvagement tué mes fidèles par jalousie et tu crois pouvoir gagner mon amour ?! Dieu de la réconciliation mon cul ! Je rendrai justice à ces pieux croyants en t'envoyant brûler en enfer !"

— "M-mon Dieu ! Qu'est-ce qu'on ces mortels que je n'ai pas pour qu'ils soient autant aimés de vous mon seigneur ?"

— "Je n'ai jamais plus aimé les Hommes que j'ai aimé mes dévouées serviteurs."

"Mais en blasphémant contre l'esprit saint, tu as préféré l'obscurité à la lumière ! Je te laverai tout entier de ta faute et te purifierai de ton offense en te jetant dans les profondeurs de l'abysse pour l'éternité ! "

— "Non ! Seigneur Soara ! Par la grâce je vous–"

Un faisceau d'une épouvantable obscurité tomba du ciel pour subitement s'abattre sur la misérable créature. En un instant, il ne pouvait plus sentir sa présence dans le monde illusoire. Ne restant plus que lui sur la mer de sang, Norval se demandait s'il ne serait pas le prochain à être envoyé dans l'abysse. Alors que le faisceau obscur disparaissait progressivement dans un épais brouillard gris, l'œil écarlate qui le surplombait se tourna vers lui. — La voix dans le ciel s'éleva de nouveau. 

"Voilà un invité quelque peu inattendu. Que fait quelqu'un comme toi ici bas ? 

— "Rien qui ne mériterait l'attention du dieu de la justice, je le garantis."

— "AHAHAHAHAH ! Regarde moi comme tu es docile ! Tu as peur que je "leur" en parle c'est ça ? Eh Eh t'en fais pas, je suis capable de garder un secret. Cependant tu ne dois pas oublier que tu possède une dette envers moi maintenant mon cher Ciel"

— "Je m'en souviendrai…"

Un faisceau lumineux surgit du ciel et s'abattit de nouveau sur la mer de sang, enveloppant Norval d'une chaude lumière aqueuse. Lorsqu'il rouvrit les yeux, le clair de lune illuminait la nuit et un petit garçon blond le fixait intensément. 

" Vous allez bien ?"

Norval se releva lentement et balaya d'un geste de la main les quelques brins d'herbe qui s'étaient accrochée à ses vêtements. 

— "Je vais bien."

L'enfant acquiesça, visiblement soulagé. 

Un ange… qui l'aurait cru ? Je n'aurais jamais dû me mêler de cette histoire pour commencer. Suivre mes principes m'aura seulement valu un endettement auprès d'un dieu. Tellement pitoyable…

"Dit moi Sullivan, est ce que quelque chose d'anormal est arrivé à ce manoir lorsque j'étais inconscient ?"

— "Oui, pendant un instant… il a semblé disparaître dans l'obscurité."

Disparue ? Est-ce que c'est arrivé au moment où cet ange a été envoyé dans les abîmes ? Ou alors il y eut une purification de la zone ? Après tout, pour que cette ange fasse intervenir un dieu personnellement, je ne pense pas que la provocation seule aurait suffi. Je présume donc qu'il a mis en place un rituel ayant pour but d'attirer l'attention de Soara. Mais pourquoi un ange mettrait en place un rituel ? Il a tenté d'imiter les humains pour recevoir l'amour de son dieu ? La folie n'a en effet aucune limite. La preuve, puisqu'elle ne touche pas que les mortels ! Enfin si un rituel de ce niveau à été mis en place, sans une purification adéquate de la zone, Kleger Wood et sa périphérie subiraient de grave mutation en quelques semaines à peine. Finalement la région deviendrait invivable et mourrait en se rongeant de l'intérieur à cause de l'équilibre du Vis qui se verrait brisé par les restes d'énergies du rituel. Afin d'éviter que cette situation ne se produise, Soara s'est probablement occupée lui-même de purifier la zone infectée.

Son instinct l'y poussant, Norval attrapa immédiatement Sullivan par le bras et s'éleva dans les airs avec lui. Au même moment, le sol s'écroula sur un large diamètre avant qu'une ombre noire ne survole la zone à grande vitesse. L'ombre n'ayant pas pu atteindre sa cible, elle se freina sur quelques mètres et se tourna immédiatement vers les deux hommes dans le ciel. Depuis la haut, Norval vit trois personnes l'entourer. Deux hommes en uniformes militaires se trouvaient sur ses côté et une femme portant l'uniforme de l'orde publique se tenait en face. 

"Lâchez l'enfant si vous ne voulez pas que la situation s'envenime !" 

— "Et si je ne le fais pas ?" rétorqua Norval.

La femme leva son bras droit et referma soudainement son poing. A cet instant Norval vit une ombre colossale s'étendre devant lui. Le temps qu'il se retourne pour faire face au danger, des branches et des racines s'étaient déjà agrippé à lui. En même temps, une longue épée d'argent se retrouva sous sa gorge. 

" Heh… quel formidable travail d'équipe. Si le troisième ne m'avait pas ralentit en tentant de contrôler mon ombre, je doute que ça ce serait fini aussi vite."

L'homme en uniforme militaire serra un peu plus la lame contre sa gorge. 

— "Donne nous l'enfant maintenant." 

— "Non vous vous trompez !" s'exclama le garçon aux cheveux blonds. "Ce n'est pas lui qui les a tués, le coupable est dans ce manoir !"

Le militaire fronça les sourcils. 

— "Il n'y a personne dans le manoir. Et parmi les deux forces d'une puissance anormale que nous avons senties sur le territoire. La plus puissante des deux provenait de cet homme. Gamin, es-tu vraiment sûr de pouvoir lui faire confiance ?"

L'enfant dans les bras du prince fît un grand effort pour rester calme. Il ne pensait pas que le jeune homme qui lui avait proposé son aide puisse être aussi fort. Quand Norval a dit pouvoir s'en charger lui-même, il a pensé que le jeune homme avait un atout caché qu'il leur permettrait de s'en sortir quand la situation deviendrait critique. Mais jamais il n'a pensé que cet homme avait le pouvoir de vaincre la créature qui avait tué ses aînées. Seul un puissant saint du niveau d'un évêque ou d'un cardinal serait capable de tuer le monstre qui avait éliminé douze prêtres aussi facilement. Sullivan se rappela soudain une chose. Norval était resté inconscient jusqu'à il y a peu ! A ce moment, le garçon se demanda si la créature ailée qu'il avait vue n'avait pas échangé de place avec Norval, ou pire encore, avait pris possession de lui ! Sinon comment une telle puissance aurait pu émaner de cet homme ? Et puis, si le manoir est vide, alors où est passé le monstre ? Les yeux du garçon s'assombrirent d'effrois.

Face à l'attitude de l'enfant, le militaire réagit immédiatement en envoyant le signal à son équipier. Le garçon disparut aussitôt de là où il était, pour réapparaître aux côtés du second militaire. Norval n'étais pas surpris. Il avait déjà analysé la réflexion que Suvilane aurait faite, et il en était naturellement arrivé à la même conclusion que le garçon. Levant les mains en l'air, Il dit en gloussant :

"Vous n'allez peut-être pas me croire, mais ce n'est pas du tout ce que vous pensez."

D'un simple geste de la main, les lianes et branches qui l'agrippaient, le tira jusqu'au sol. La commandante en chef des forces de sécurité publique s'approcha et le fit s'agenouiller devant elle.

"Le puissant Vis que vous avez ressentie n'était pas la mienne !"

— "Alors à qui il appartenait ?" 

— " Soara" 

Les yeux de la femme s'équrquillèrent mais elle se resaisit rapidement. A sa connaissance les dieux n'intervenaient jamais sur terre, donc cela lui semblait inconcevable. Mais les prêtres disparus appartenaient au temple du dieu Soara, et les étudiants assassinés dans train étaient aussi ses fidèles ! Vu de cette manière, cela ne semblait pas totalement impossible. Néanmoins, elle ne pensait pas que ce cas qui était majeur pour les humains, le soit aussi pour les dieux. Non, c'était loin d'être suffisant pour qu'un dieu veuille intervenir personnellement. Fixant Norval droit dans les yeux, elle décida de le vérifier par elle-même.

"Peux-tu prouver ce que tu viens de dire ?"

— "Je le peux " 

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