En regardant la boîte dans sa main, il fut surpris de voir qu'elle était exactement la même que celle que l'A.M.K leur donnait chaque mois depuis quelques années.
"Je suis impressionné," grogna Damien, la retournant dans ses mains. Il y avait même une date d'expiration et un numéro de production.
Soit ce type la recevait directement de l'entreprise elle-même, soit il était vraiment doué pour vendre ses drogues.
"Non, tu ne l'es pas. Mais ce n'est pas grave. Tu sais où est la sortie," grogna le Marchand, visiblement désintéressé de rester cordial.
"Et pour le paiement ?" demanda Damien avec un sourire en coin. La rumeur disait qu'il ne demandait jamais de paiement. C'était ce qui le distinguait de tous les autres trafiquants. Mais c'était impossible. Ces choses valaient une fortune, surtout ici dans la rue.
"Ils sont gratuits, ce que tu sais parce que ta sœur te l'a déjà dit," répondit le Marchand. Il restait encore dans l'ombre, refusant de montrer son visage à Damien. Mais s'il pensait vraiment qu'il allait pouvoir échapper à la meute, il se trompait lourdement.
"Tu ne me sembles pas être quelqu'un d'assez stupide," haussa les épaules Damien, sans se presser. L'homme en face de lui n'allait nulle part ailleurs qu'à travers lui, et même s'il y parvenait, il devrait encore passer le reste d'entre eux.
On entendit le bruit d'une bombe aérosol pulvériser avant que l'homme ne fasse un pas vers la lumière.
"Je ne suis pas le méchant ici," dit le Marchand, venant dans la lumière. Ses mains étaient tendues sur les côtés, montrant qu'il n'était pas armé. "Et si tu continues sur cette voie, tu vas juste l'énerver encore plus."
"Elle ?" demanda Damien, confus. Il observa l'homme devant lui. Il avait l'air de sortir d'un magasine GQ plutôt que de l'image qu'il s'était faite dans sa tête.
Quel trafiquant de drogue ne ressemble pas à un trafiquant de drogue ?
Damien connaissait déjà la réponse à celle-là. Quand on avait affaire à quelqu'un de haut placé dans l'organisation.
"Ah, pas étonnant qu'elle ne pense pas grand bien des loups. Vous passez toujours votre temps à courir après votre queue au lieu de voir ce qui est juste devant votre museau. Mais c'est bon. Vous n'avez pas besoin de le voir de toute façon," ricana le Marchand, une main dans la poche de son pantalon de costume.
Le loup à l'intérieur de Damien s'agita, n'appréciant pas le manque de respect dans le ton de l'autre homme. Bien que le vent ne soit pas propice pour pouvoir le flairer, il en savait assez pour comprendre que l'homme n'était pas un loup.
Les loups étaient les rois de ce territoire, et tandis que d'autres changeurs de forme étaient autorisés à vivre ici, ils pouvaient tout aussi facilement être expulsés s'ils ne montraient pas le respect approprié envers ceux qui régnaient.
"Tu essaies de trouver comment me punir pour ne pas m'être soumis ?" ricana l'homme ; il s'appuya contre la grande poubelle à côté de lui, apparaissant complètement confiant.
"À peine," haussa les épaules Damien, essayant de contenir son loup. "Je cherche juste à comprendre pourquoi tu penses pouvoir traiter sur notre territoire."
"Probablement parce que ce n'est pas votre territoire," rit l'homme comme s'il avait entendu la chose la plus drôle au monde.
"Voudrais-tu reconsidérer cette affirmation ?" demanda un nouvel homme en approchant Damien par derrière.
Damien inclina la tête envers Raphaël et se décala sur le côté, montrant une différence envers son alpha. Bien que Raphaël n'exige pas normalement ces actions de la part de son cercle intime, Damien et les autres insistaient toujours pour les faire en présence d'étrangers.
"Alpha," acquiesça le Marchand. Sa pose décontractée ne changea pas, mais il n'ignora pas Raphaël non plus. C'était la quantité minimum de respect que quelqu'un devrait montrer envers l'Alpha.
Mais pour une raison quelconque, cela ne tourmentait pas autant le loup de Raphaël qu'il l'aurait cru.
"C'est toi le vendeur des Suppresseurs de Chaleur ?" demanda Raphaël ; il examina l'homme devant lui. Son loup voulait faire preuve de prudence, sachant que l'homme pourrait représenter une menace s'il était trop poussé, mais il ressentait aussi la même chose que les autres gars face à lui.
C'était une situation étrange, une qu'il n'avait jamais expérimentée depuis qu'il avait formé son cercle intime.
"C'est bien moi. Mais c'est simplement parce que nous voulions nous assurer que les femelles obtiennent toujours ce dont elles ont besoin," haussa les épaules l'homme.
"Nous ? Qui sommes-nous ?" demanda Raphaël, un petit sourire sur le visage.
"Ah, tu veux mes secrets, hein ? Ça ne va pas arriver. Tu peux contrôler ta meute, mais tu ne sais rien du monde autour de toi en dehors de ça."
"C'est la deuxième fois que tu mentionnes que nous ne voyons pas ce qui est devant nous. Pourquoi ne pas nous le dire simplement ? Assez de toutes ces énigmes et conneries," grogna Lucien en sortant de l'ombre.
Même en étant en infériorité numérique, le Marchand ne broncha pas.
Il allait ouvrir la bouche quand un téléphone se mit à vibrer.
"Oui ?" répondit le Marchand, ses yeux ne quittant jamais les trois hommes devant lui. "Compris. Je vais m'en occuper. Devrions-nous informer les loups ?" Le sourire sur son visage s'élargit alors qu'il fixait Raphaël. "Tout va bien. Je voulais juste demander."
Quelques secondes plus tard, l'homme raccrocha le téléphone et se tourna à nouveau vers les trois hommes. "Eh bien, ce fut amusant. Mais je dois partir. Espérons que nous ne referons pas cette même vieille rengaine la prochaine fois que nous nous rencontrerons."
L'homme fit un pas en avant comme s'il s'attendait à ce que Raphaël et Damien s'écartent pour le laisser passer. Cependant, Raphaël leva une main, l'arrêtant.
"Si tu penses sortir vivant de cette ruelle, tu te trompes lourdement. Nous ne tolérons pas les Marchands sur notre territoire. Il n'y a qu'une seule façon de sortir d'ici, et c'est dans un sac mortuaire," sourit Raphaël, son comportement ne changeant jamais.
"Ah, mais ma Patronne m'a demandé de me pencher sur quelque chose, et je ne peux pas le lui refuser," haussa les épaules l'homme comme si ce n'était pas si important.
Lucien grogna, faisant un pas en avant. Mais l'homme recula et simplement… disparut.
"C'est quoi ce bordel ?" grogna Lucien, regardant partout. Les ombres l'empêchaient de distinguer quoi que ce soit.
Faisant un pas en avant, il regarda vers le sol et vit un tas de vêtements devant lui. Cependant, même après les avoir frappés quelques fois, rien ne sortit.
"J'aurais misé sur lui comme étant un ours," grogna Damien, s'appuyant contre le mur à côté de lui. "Il avait l'attitude de l'un d'eux."
"Oui, mais remarques-tu quelque chose ?" souligna Raphaël. Il avança jusqu'à se tenir à côté de Lucien puis s'accroupit, ramassant la chemise. La portant à son nez, il prit une grande inspiration. "Il n'a pas d'odeur."