Sourire
Quelques jours s'étaient écoulés depuis l'incident dans la salle de classe, où Eliott, à bout de nerfs et de patience, avait tenté de frapper Marc avec un compas. La tentative s'était retournée contre lui. Marc l'avait sévèrement battu, ne se contenant pas d'une simple réprimande physique. Depuis cet affrontement, Eliott avait disparu des couloirs de l'école, laissant Marc et ses amis libres de spéculer et de se moquer de son absence.Le soleil commençait à décliner, projetant des ombres longues sur la ville. À la fin de cette journée de classe, Marc et son groupe s'étaient retrouvés dans une salle de boxe privée, un lieu qu'ils fréquentaient souvent après les cours. La salle résonnait des coups de poing brutaux que Marc donnait au sac de frappe suspendu au centre. Ses poings frappaient avec une violence rythmée, chacun de ses coups plus puissant que le précédent.À ses côtés, ses amis discutaient sans se soucier de quoi que ce soit, riant entre eux. Leur conversation tourna rapidement vers Eliott et son absence remarquée. Cela semblait être devenu un sujet de plaisanterie pour eux.« Eh, vous avez vu ? » commença l'un d'eux, un grand garçon à l'allure imposante. « Eliott n'est toujours pas revenu. Ça fait combien de jours maintenant ? Trois ? Quatre ? »Marc ne s'arrêta pas de frapper, ses poings enchaînant les mouvements avec une précision mécanique. « Ouais, il doit être en train de pleurer quelque part, comme d'habitude », répondit-il avec un rictus, les sourcils froncés sous l'effort.L'un des autres, plus petit mais aussi cruel, rit à gorge déployée. « Il s'est sûrement pris des jours de repos à l'hôpital après la raclée que tu lui as donnée, Marc. Faut croire qu'il n'encaisse pas si bien ! »Le plus grand des trois, celui qui aimait lancer les pires idées, leva un sourcil en se retournant vers Marc, un sourire en coin. « Et si on allait lui rendre une petite visite ? Juste pour rigoler. On pourrait passer chez lui ou même à l'hôpital, voir s'il est encore en vie. »Marc donna un dernier coup au sac de frappe, plus violent que les autres, le faisant se balancer. Il s'arrêta, essoufflé mais toujours avec cet air suffisant sur le visage. Il essuya la sueur de son front avec le dos de sa main et regarda son ami avec un sourire narquois.« À quoi bon ? » dit-il en secouant la tête. « Ce gamin est déjà un jouet cassé. Ça sert à rien de le briser encore plus maintenant. Faut juste lui laisser le temps de se remettre de ses blessures. Il reviendra tôt ou tard, et là, on pourra vraiment s'amuser. »Le groupe éclata de rire, leur cruauté évidente dans leurs éclats de voix. Pour eux, Eliott n'était rien de plus qu'un passe-temps, une distraction sur laquelle ils pouvaient déverser leur frustration et leur malveillance. Marc, le leader incontesté, avait toujours su comment dominer les plus faibles, et Eliott était sa proie favorite.« C'est vrai, » répondit le grand en croisant les bras. « Pas besoin de précipiter les choses. On aura bien d'autres occasions de s'amuser avec lui. »Marc hocha la tête avec un sourire satisfait. « Exactement. Faut juste être patients. Le vrai plaisir, c'est quand il revient de lui-même, pensant qu'il peut encore survivre dans ce monde. Et là, on lui montre à nouveau qu'il ne vaut rien. »Le groupe acquiesça en silence, comprenant que Marc était le maître de ce jeu cruel. Ils savaient qu'il aimait faire souffrir Eliott, non pas par besoin, mais par pur plaisir. L'absence d'Eliott n'était qu'une pause dans leur divertissement malsain. Mais ils savaient tous que ce n'était qu'une question de temps avant que leur victime ne refasse surface, plus brisée que jamais.Pour eux, la chasse n'était pas encore terminée.—----------Le lendemainMme Tanaka avait commencé sa journée comme d'habitude, jonglant entre les cours et les préparations pour ses leçons. Ce jour-là, elle se trouvait dans une situation particulièrement épuisante : elle devait transporter une pile impressionnante de manuels scolaires de sa salle de classe à la salle des professeurs. Le poids des livres et les allers-retours incessants laissaient transparaître une fatigue évidente sur son visage.Elle entra dans le couloir, les manuels entassés dans ses bras, essayant d'éviter les élèves qui déambulaient sans se soucier de son chargement. Ses pas étaient lourds, et elle peinait à avancer avec la montagne de livres. Chaque fois qu'elle posait un pied devant l'autre, elle sentait ses muscles protester.« Bonjour, Mme Tanaka ! Vous avez l'air de bien vous débrouiller, mais puis-je vous aider avec ces manuels ? » Une voix agréable et familière attira son attention.Elle leva les yeux et découvrit Kai, toujours souriant et impeccable dans son uniforme. Son expression de sollicitude et son sourire charmant étaient un véritable soulagement pour Mme Tanaka.« Oh, Kai, vous êtes un vrai sauveur ! Je peine tellement avec ces livres, je n'arrive plus à avancer. Je dois les amener à la salle des professeurs, mais c'est vraiment trop lourd pour moi », avoua-t-elle en soupirant.Sans attendre, Kai prit les manuels des bras de la professeur avec aisance. « Laissez-moi vous aider. Vous n'avez pas à vous encombrer avec tout ça. »Le soulagement était palpable sur le visage de Mme Tanaka alors qu'elle se débarrassait enfin du fardeau. Kai, avec un sourire encourageant, se dirigea vers la salle des professeurs avec les livres en main. Mme Tanaka le suivit, reconnaissante.Une fois à l'intérieur, elle observa Kai déposer les manuels sur une table et décida d'engager la conversation pour le remercier. « Vous êtes vraiment un modèle d'assistance, Kai. Merci beaucoup. Vous avez toujours été un élève si prévenant. »Kai, feignant une curiosité désintéressée, profita de l'occasion pour poser une question. « Vous savez, Mme Tanaka, je me demandais comment un élève peut signaler un changement de numéro de téléphone à l'établissement ? »Mme Tanaka, heureuse de pouvoir aider en retour, répondit avec enthousiasme. « Oh, c'est assez simple. Il suffit de voir un des professeurs pour mettre à jour les informations. Les dossiers sont dans les casiers sur le côté gauche de la salle. »Elle montra du doigt où se trouvaient les casiers tout en prenant une grande respiration pour se détendre. Kai hocha la tête, prenant mentalement note des emplacements. La professeur se rendit soudainement compte qu'elle avait soif après tout le travail et proposa, par politesse, un verre d'eau. « Voulez-vous quelque chose à boire ? Il y a une petite cuisine dans la salle voisine. »Kai, saisissant l'opportunité, accepta avec gratitude. « Un verre d'eau serait parfait, merci. »Mme Tanaka se dirigea vers la cuisine avec le verre en main, laissant Kai seul dans la salle des professeurs. Elle se mit à ranger les manuels, tout en pensant à quel point elle avait été soulagée par l'aide de Kai. Il avait vraiment été un atout précieux aujourd'hui.Kai, profitant de l'absence de Mme Tanaka, s'approcha discrètement des casiers. Ses gestes étaient précis, il ouvrit le casier contenant les dossiers des élèves, cherchant les informations qu'il désirait. Il nota toutes les informations de 5 élèves, avec rapidité.Lorsque Mme Tanaka revint avec le verre d'eau, Kai feignit d'être tout à fait à son aise. « Merci encore, Mme Tanaka. Vous êtes vraiment très gentille. »La professeur, ne se doutant de rien, retourna à ses affaires. Kai, satisfait d'avoir obtenu ce qu'il voulait, se dirigea vers la sortie avec un sourire discret. Il avait désormais toutes les informations nécessaires.Mme Tanaka, voyant Kai partir, se sentait un peu plus reposée et satisfaite de la tournure des événements. Elle avait réussi à alléger son fardeau et avait bénéficié d'une aide inattendue, sans savoir que derrière ce sourire charmant se cachait une manœuvre bien orchestrée.