Seul

Martha se précipita dans la chambre de Seren et vit la jeune dame assise dans le lit tout en serrant sa couette contre sa poitrine, regardant autour d'elle, paniquée.

« Ma dame, tout va bien ? » demanda Martha.

La Seren, stupéfaite, regarda Martha et murmura incrédule, se rendant compte de ce qui s'était passé un moment auparavant, « Il m'a vue nue ? »

Martha ne comprenait pas ce que Seren voulait dire. Elle s'assit au bord du lit tandis qu'elle observait la panique sur le visage de Seren. « C'était un cauchemar, ma dame ? »

Seren secoua la tête et murmura à nouveau, «Ce matin... dans mon bain... il m'a vue sans vêtements. »

« Qui ? » demanda Martha.

« L'homme aux yeux rouges, » répondit Seren, ses yeux cherchant l'affirmation de Martha. Au moins, cette fois, elle la croirait, n'est-ce pas ?

Martha prit la main de Seren qui s'accrochait à la couette et la caressa. « Personne ne peut venir ici, ma dame. »

« Mais c'est moi qui suis allée là-bas, » répondit Seren, ne sachant pas comment expliquer pleinement ce qui s'était passé. « Mais vous ne me croirez pas, je le sais. » Elle avait l'air impuissante.

« Expliquez, » ordonna Martha. Ce n'était pas une instruction de la part d'une nourrice mais de la femme qui était là pour la protéger toute sa vie.

Seren lui expliqua ce qui s'était passé le matin quand elle était allée se baigner. « Et je pense que c'est le même homme que j'ai vu au marché, l'homme qui a décapité quelqu'un. »

L'expression de Martha devint sérieuse, mais au fond d'elle, elle était tout aussi perplexe. Même si elle avait de nombreuses questions en tête, son visage n'exprimait rien à l'extérieur, ne voulant pas effrayer la princesse.

« Ma dame devrait dormir. Nous en parlerons demain. »

Seren acquiesça et se recoucha dans son lit. S'assurant que Seren s'était calmée, Martha retourna dans sa chambre.

Cependant, la pauvre princesse continua à se tourner et à se retourner dans le lit.

« C'est pour ça qu'il m'a demandé qui je suis comme s'il me connaissait. C'était définitivement lui, l'homme sous l'eau, et il m'a reconnue à cause de mes yeux et... m'a vue sans vêtements. Arghh ! Pourquoi cela s'est-il passé quand je n'avais pas de vêtements ?! La prochaine fois, je n'entrerai pas dans l'eau sans vêtements ! »

Seren continua à bouder alors que le sommeil la fuyait, sans vouloir revenir de sitôt.

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Le lendemain, après s'être occupée des besoins matinaux de Seren, Martha alla voir le Roi Armen dans son cabinet de travail personnel, et c'était la réunion secrète où Sieur Barolt, le commandant des chevaliers, gardait l'entrée du lieu.

Martha s'inclina devant le Roi, qui siégeait avec majesté sur sa chaise tout en buvant son thé matinal.

« Quel est le problème ? » demanda le Roi.

« Votre Majesté, avons-nous des invités dans le palais qui ont les yeux rouges ? » demanda Martha.

Le Roi acquiesça. « Le Roi de Mégaris. »

Les yeux de Martha s'écarquillèrent alors qu'elle répétait, « Mégaris ? »

« Hmm, le prétendu fils du diable…. »

« Ce n'est pas qu'une rumeur, Votre Majesté, » interrompit Martha le Roi et réfléchit à haute voix, « Alors c'est le fils de l'ancienne Reine de Mégaris, la Reine Esther. »

Le Roi acquiesça en signe d'accord.

« Votre Majesté, je dois sortir du palais, » informa Martha. Seule savait ce qu'elle avait en tête.

« Cela concerne-t-elle la Troisième Princesse ? » demanda le Roi.

« Oui, Votre Majesté. »

« Combien de temps cela prendra-t-il ? »

« Cette fois, je ne peux pas confirmer combien de temps, » répondit Martha en baissant la tête. « Je demande à Votre Majesté de protéger la tour en mon absence. »

« Soyez tranquille. Quand partez-vous ? » demanda le Roi d'Abetha.

« Tout de suite après avoir informé ma dame. »

Martha s'excusa après s'être inclinée devant le Roi. Sieur Berolt entra dès qu'elle eut quitté la pièce et demanda, « Avez-vous des instructions pour moi, Votre Majesté ? »

« Martha ne sera pas dans le palais pendant quelques jours. Assurez-vous de garder la tour, » ordonna le Roi en terminant son thé.

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Martha retourna à la tour.

« Ma dame, je serai absente pendant quelques jours, » informa-t-elle, faisant lever les yeux à Seren du livre qu'elle lisait.

Ses mots surpris Seren car c'était si soudain. « Où allez-vous ? »

« Une urgence s'est présentée, » répondit Martha.

« Qu'est-il arrivé ? Est-ce le Roi qui— »

«Non, ma dame. Fiez-vous à moi. Tout va bien, » assura Martha, mais son ton impliquait que Seren ne devait rien demander de plus.

« Mais… »

« Ma dame doit suivre les instructions que je donne chaque fois que je quitte le palais, » continua Martha.

« Je le ferai. »

« Puis-je savoir quelles sont ces instructions, ma dame ? » demanda Martha comme une enseignante stricte.

« Je ne dois pas sortir de la tour. Si je le fais, je dois rester silencieuse dans le jardin. Je ne dois pas manger de nourriture si quelqu'un m'envoie quelque chose et je dois cuisiner moi-même… » Seren s'interrompit et regarda Martha. « Est-ce pour cela que vous êtes intransigeante sur l'enseignement de la cuisine ? Pour que vous puissiez partir quand vous le voulez ? »

Martha l'ignora. « J'attends que ma dame termine la liste des instructions. »

À contrecœur, Seren continua, « Je ne dois pas répondre à quiconque s'ils me demandent. S'il y a quelque chose de suspect, je ne dois rester que dans ma chambre. Vous allez jeter un sort sur l'entrée principale de la tour afin que personne ne puisse y entrer, et je serai en sécurité à l'intérieur. Je ne peux pas pleurer même si je me sens seule ; je ne peux pas crier même si j'ai peur, et je ne peux même pas me mettre en colère même si je suis frustrée d'être enfermée seule. »

Seren s'arrêta et Martha l'encouragea, « Et ? »

« Quoi que j'entende ou que je voie, je ne dois jamais sortir de la tour la nuit, » répondit Seren à contrecœur.

« Bien. Attendez-moi, » dit Martha alors qu'elle se préparait à partir.

Seren eut l'impression d'être abandonnée et faillit pleurer. Ne pouvant se contrôler, elle se leva et étreignit Martha. « Vous reviendrez, n'est-ce pas ? »

« Ce n'est pas la première fois que je sors, ma dame, » dit Martha en caressant le dos de la jeune princesse.

« Je sais, mais cette fois, cela semble différent. Promettez-moi que vous reviendrez, » insista Seren.

« Je le promets. »

Après avoir rassuré Seren une fois de plus, Martha partit, et Seren ne put retenir ses larmes. Alors qu'elle regardait la silhouette familière s'éloigner, son cœur se sentait lourd, lui donnant l'impression qu'une partie d'elle-même était partie.