Devenir un monstre (1)

Les larmes coulaient sans contrôle des yeux d'Adrienne. Sa haine envers la famille Jiang avait atteint un autre niveau. Elle avait fait tout ce qu'elle pensait pouvoir faire pour sauver la vie de sa mère, pour découvrir que tout ceci était arrivé à cause de ces gens malveillants.

Adrienne était prête à aller en enfer et revenir pour sauver sa mère, et elle était prête à tout pour elle. Hélas, ce fut en vain. Elle pensait pouvoir sauver sa mère en donnant sa propre vie. Elle refusait d'abandonner sa mère, peu importe combien les chances étaient minces.

«Fille stupide.» Adrienne entendit Camilla cliqueter de la langue contre elle. L'audace de cette vipère de la regarder avec un visage suffisant la rendit encore plus furieuse. «Si ce n'était pour ton grand-père paternel qui a forcé tes parents à être ensemble, crois-tu que tu existerais dans ce monde ? Lewis aurait abandonné ta mère il y a longtemps s'il n'y avait pas eu toi.» Elle ajouta avec dérision.

Le mental d'Adrienne était un chaos, la rage parcourant ses veines. Si seulement elle n'était pas dans cet état horrible, elle aurait commis un meurtre là, sur-le-champ. Malheureusement, elle ne pouvait rien faire d'autre que de lancer des regards furieux aux responsables de la mort prématurée de sa mère, à ceux qui continuaient de la tourmenter à chaque occasion qu'ils avaient.

Sa mère serait sans doute dévastée si elle savait que non seulement son mari l'avait trompée, mais il avait tenté de lui ôter la vie. Tout ce qu'elle avait avant l'accident était tombé entre les mains de sa maîtresse.

Adrienne se sentait malade. Elle ferma les yeux, et tout ce qui était arrivé dans les dix dernières années de sa vie défila dans son esprit. Elle essaya de maîtriser ses émotions, mais ne pouvait empêcher son corps entier de trembler.

Pendant des années, elle pensa à quel point elle était malheureuse de mener une vie comme celle-ci. Elle avait perdu non seulement sa mère, mais aussi Myrtle dans le processus. Elle avait fini par se brouiller avec des gens qui lui étaient chers. Mais qui aurait pensé que ces gens malveillants seraient la cause de sa perte ?

Quand elle était jeune, un moine itinérant avait prédit sa naissance et l'avait considérée comme portant l'étoile du malheur pour ses parents. Sa mère, une femme d'affaires moderne, avait balayé l'allégation du moine avec un rire, mais son père la regardait comme si elle était une erreur qu'il devait déraciner immédiatement.

Cela avait un sens pour Adrienne maintenant. Le piège pour elle et sa mère pourrait avoir été posé bien avant son quinzième anniversaire. Sa naissance pourrait avoir ruiné leur plan et les avoir forcés à en concevoir un nouveau. Pas étonnant que son père était prêt à laisser mourir sa mère. Lui et Camilla devaient attendre que sa première femme périsse.

Adrienne ne pouvait s'empêcher de se souvenir de l'expression de son père lorsqu'elle le suppliait d'aider sa mère. Son regard sévère lui suffisait pour comprendre qu'il l'avait abandonnée et qu'il ne restait aucun amour pour elle, même si elle était aussi sa chair et son sang.

Elle avait tout perdu et avait été jouée comme une idiote jusqu'à la fin. Peut-être que mourir maintenant ne serait pas si mal après tout. Une punition appropriée pour être assez stupide pour tomber dans des pièges et ne pas être capable de répliquer du tout. Comment peut-elle relever la tête après avoir su cela ?

Sa poitrine lui faisait mal, et elle toussa, du sang coulant de ses lèvres. Ses veines semblaient en feu, et chaque pouce de son corps était incinéré. Ça devait être l'œuvre d'un poison. Ces trois prenaient toutes les mesures pour s'assurer qu'elle ne s'en sortirait pas vivante après cela.

Quelle folie. Adrienne pensa. Ne voyaient-ils pas qu'elle n'avait plus une once de force pour leur résister ?

«Oh, le poison commence enfin à agir maintenant. Tu n'as plus beaucoup de temps, chère sœur.» Elise, sa sœur semblable à une fée innocente, lui sourit. Elle ne pouvait même pas contenir l'excitation dans ses yeux à l'anticipation de la chute d'Adrienne.

Adrienne ne pouvait que bouillir de colère, refusant de se résigner à son sort. Voyant son expression, Elise continua avec un léger sourire. «Est-ce que grande sœur sait que je n'aime pas partager ce qui est à moi ? Je ne peux même pas tolérer de te voir me regarder de haut pour être la seconde mademoiselle de la famille Jiang. Chère sœur, j'ai supporté ton existence pendant de nombreuses années. J'ai pris tout ce qui t'appartenait. Sois assurée que je vais en profiter à cœur joie.»

Bien qu'elle soit née d'une mère différente, Adrienne avait une fois essayé de créer des liens avec Elise, mais en vain. Elle ne pouvait pas comprendre pourquoi sa demi-sœur la haïssait à ce point. Elise rit et secoua la tête comme si elle savait à quoi elle pensait.

«Pourquoi ? Ne me dis pas que tu ne me méprisais pas parce que je suis la fille de l'affaire que ton père a eue avec ma mère ? Ne pensais-tu pas que tu étais meilleure que moi parce que ta mère était la première mademoiselle de la prestigieuse famille Zhao ? C'est dommage, chère sœur. La famille Zhao ne tient pas à toi et à ta mère. Si elle était intervenue pour vous deux, il aurait été plus difficile pour mon père de tout s'approprier de ta mère.»

Adrienne savait très bien que la seule raison pour laquelle la famille Zhao n'intervenait pas, c'est parce qu'elle avait échoué à leur test. Contrairement aux autres familles fortunées, la famille Zhao élevait ses enfants d'une main de fer. Ses grands-parents avaient désapprouvé le mariage de ses parents, mais sa mère l'avait poursuivi de toute façon.

Son grand-père lui avait dit à Adrienne de devenir un tigre acharné avant de le chercher. Hélas, le vieil homme devait savoir qu'elle échouerait misérablement. Regarde juste où elle est maintenant. Elle avait permis que ces gens malveillants lui gâchent la vie pour de bon.

«Telle mère, telle fille. La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre après tout. Elle n'a probablement pas encore réalisé pourquoi sa mère ne s'est jamais réveillée.» Cayden ricana, ses sourcils se fronçant lorsqu'il réalisa que la neige allait tomber à nouveau.