Chapitre 23 - Partie 2 :

Asgorath courrait à grande vitesse vers l'intérieur, s'éloignant au maximum de là où il avait été attaqué. Rapidement, il traversa plusieurs centaines de mètres. Le jeune démon ne s'arrêta qu'après avoir parcouru plusieurs kilomètres. Légèrement essoufflé, il s'assit sur une branche, en haut d'un arbre, et commença à récupérer l'énergie dépensée auparavant. Il créa deux vortex d'énergie et absorba avidement toute l'énergie environnante. Il remplit ses réserves et les augmenta même un petit peu en quelques minutes.

Un puissant rugissement fit vibrer les branches et sortit Asgorath de sa transe. De nombreux rugissements similaires au premier résonnèrent, comme pour répondre au premier. Le jeune démon fronça les sourcils. Il ne reconnaissait pas le type d'animal au son. Il n'eut cependant pas le temps de s'interroger à ce sujet. A l'instant où le dernier rugissement s'éteint, le sol et les arbres se mirent à trembler de plus en plus fort. Des hurlements d'effroi et de douleur se firent entendre un peu partout, accompagnés par ceux enragés de bêtes magiques. C'est ce dont la réceptionniste de la Guilde des Mercenaires parlait : un Déluge des Bêtes Magiques, comprit sombrement le faux humain. S'enfuir … est compliqué. Ma meilleure chance est de me cacher. Il va y avoir pas mal de morts parmi les étudiants, cette fois. Asgorath ne s'inquiétait pas pour autant. Il était complètement détaché des risques, comme s'il était impossible que quelque chose lui arrive. Il observait simplement la forêt de sa position, juste une peu ennuyé car cela rendait la chasse plus compliquée. C'était la limite de ses émotions sur l'affaire.

Les rugissements bestiaux se rapprochèrent du jeune démon. Le passage des bêtes magiques faisaient trembler des arbres de plus en plus proches de lui. Et étrangement, les bêtes ne déviaient pas d'un iota. Le jeune démon se retourna brusquement. Sa lame frappa rapidement. Un craquement résonna et un liquide trempa Asgorath. A une cinquantaine de mètres de lui, un homme dans des vêtements noirs ricana, attirant l'attention du jeune démon, et partit en courant. Asgorath renifla le liquide, une expression perplexe sur le visage.  Ça sent mauvais mais c'est tout. On ne dirait pas que c'est de l'acide ou du poison. Ce liquide doit avoir un effet. Ce gars devait être un autre assassin, comme les mecs précédents … … J'ai compris ! Ce liquide doit attirer et/ou exciter les bêtes magiques. Il veut les utiliser pour me tuer !

Comprenant sa situation actuelle, Asgorath s'enfuit sur sa droite. Il voulait vérifier si les bêtes changeraient de direction pour le suivre. Ce qu'elles firent sans hésitation ou réflexion. Elles le suivaient et se rapprochaient lentement. Le faux humain les scanna avec son énergie spirituelle. Il avait besoin de connaitre les caractéristiques de ses poursuivants. La majorité était grosse comme des tigres. Ces bêtes avaient six pattes et étaient couvertes d'écailles vertes foncées. Un fin duvet recouvrait les écailles. Une queue épaisse et puissante longue près de un mètre. La tête était allongée. Elle rassemblait à celle d'un T-Rex mais en plus aplatie. Son épaisseur était à peu près égale en tout point, comme les crocodiles. Ses oreilles étaient deux petits trous. A leurs côtés, en retrait, il y avait deux yeux en plus de ceux sur le devant du crâne. Lorsque l'une des bêtes ouvrait sa gueule pour rugir, les mâchoires formaient une ouverture béante. Cela donnait l'impression que leur tête se séparait. A un tel point que les bêtes auraient pu dévorer un enfant. A l'intérieur se trouvait quatre rangées de dents acérés. Une longue langue aussi grande que la queue se cachait derrière les dents. La langue était recouverte d'une salive adhésive.

L'apparence est terrifiante mais, pire encore, il y en avait plus de deux cents à la poursuite du jeune démon. Les plus faibles étaient au 1er et 2ème niveau du Domaine Terrestre. Les plus forts au Domaine Evolutif. Ce groupe était loin de ce que pouvait affronter le jeune démon. Fuir était la seule solution.

Mais Asgorath ne pouvait pas fuir dans n'importe quelle direction, ou qu'il ne pourrait jamais s'en débarrasser. Le faux humain réfléchit. Il se décida et ses yeux se durcirent. Il changea encore une fois de direction. Il s'enfonça dans les territoires les plus territoires dangereux où les bêtes magiques les plus fortes se trouvaient. Les bêtes magiques ont beau être plus intelligentes que des animaux normaux, elles leur restent très similaires. Elles sont très territoriales. Si j'entre dans leur territoire avec toutes les bestioles me suivant, elles devraient fortement s'énerver. Avec un peu de chance, elles s'attaqueront à celles qui me suivent.

C'était la seule chance d'Asgorath, mais peu de bêtes magiques osaient s'en prendre à une telle procession. En trois heures de fuite, la horde se retrouva dans onze combats. Quatre avec des bêtes magiques et sept avec des étudiants. Les quatre bêtes magiques assaillantes se firent réduire en charpie alors que les étudiants s'enfuirent, n'attaquant qu'à distance. L'objectif de ces étudiants était d'éliminer les bêtes à distance et de récupérer les noyaux plus tard. Cela n'empêcha pas certaines des bêtes d'aller massacrer les agaçants humains. Malheureusement, ces escarmouches n'amélioraient pas vraiment la situation d'Asgorath. De temps en temps, il lançait des [Flèches Foudroyantes] pour harceler les bêtes. La plupart ne finissaient qu'avec des blessures légères, mais parfois, cela faisait trébucher quelques bêtes, créant des accidents, ou blessaient les bêtes les plus faibles. Cela ralentissait la horde déchainée, comme le voulait le jeune démon. De plus, les heures passant, les bêtes s'affaiblissaient, quelques-unes mourant à cause de l'accumulation des dommages.

Après sept heures de course, Asgorath fatiguait. Du sang coulait de son bras gauche. Il se balançait comme une poupée de chiffon le long du corps. Si le plan du jeune démon lui avait permis de réduire le nombre de poursuivants, ceux-ci l'attaquaient également. Durant la dernière heure, il avait traversé plusieurs territoires appartenant à des bêtes au 5ème Domaine. Si celles-ci avaient réussi à tuer et endommager les bêtes poursuivant le faux humain, elles n'étaient pas restées longtemps. Le nombre était cependant redescendu à cent quatre-vingt-sept, un grand nombre étant blessé. Mais c'était encore loin de suffire.

Un rugissement très proche de celui d'un lion résonna. Asgorath bifurqua et alla dans sa direction en courant. Un sifflement de serpent se fit bientôt entendre en même temps que le rugissement. Le réincarné se dépêcha. A son arrivé, il découvrit un lion rayé jaune et orange avec des dents de sabre. Il faisait plus de deux mètres de hauteur avec de longues griffes à ses pattes. Face à lui se trouvait un serpent à crinière long de cinq mètres avec huit petites pattes. Ses écailles vertes changeaient de couleur à chaque mouvement, la lumière se reflétant différemment. Les deux bêtes se battaient violemment mais la fourrure et les écailles étant très résistantes, elles étaient très résistantes.

Asgorath s'arrêta et les regarda combattre, attendant ses poursuivants. Ceux-ci apparurent quelques minutes plus tard. Le faux démon patienta jusqu'au dernier moment, lorsque les bêtes furent à moins de cinq mètres de distance, et se remit à courir. Il passa entre le lion et le serpent, à leur surprise … … et colère. Ils s'énervèrent. Ils étaient tous les deux des seigneurs de la forêt. Comment est-ce qu'un humain aussi faible osait les déranger durant leur grand duel ?

Mais ils n'eurent pas le temps de punir l'impudent humain. Avant de pouvoir réagir, la horde le poursuivant leur rentra dedans. Le lion et le serpent virent rouge et se déchainèrent. Cris de douleur et couinements résonnèrent tandis que sang et chair volaient dans les airs. Les bêtes magiques poursuivant Asgorath étaient très grégaires. Des liens sentimentaux puissants et uniques les unissaient. C'était ce qui les rendait extrêmement dangereux, car s'attaquer à l'un d'entre eux, c'était s'attaquer à la meute entière. Et alors que le lion et le serpent se mirent à massacrer leurs congénères, le reste de la meute oublia le réincarné et se tourna vers la nouvelle menace.

Hors de danger pour le moment, le faux humain se cacha et commença à récupérer tout en observant la féroce bataille. Celle-ci ressemblait aux combats des documentaires sur les animaux préhistoriques … … ou ceux de films de monstres comme Godzilla et King-Kong.

Les bêtes rugissaient. Le lion et le serpent massacraient les nouveaux arrivants. La différence de niveaux était trop grande. Mais la seule quantité d'ennemis rendait les choses compliquées pour les deux bêtes. Elles accumulaient les blessures sous les coups de crocs, de griffes et de queues qu'elles recevaient dans la mêlée furieuse. Voyant leurs frères et leurs sœurs périrent, les crocodiliens au 5ème Domaine se jetèrent dans la mêlée, la rendant plus sauvage, folle et violente qu'avant. Coups de patte. Morsures. Griffures. Frappes avec la queue. Poison. Les méthodes d'attaques étaient nombreuses et transformaient la place en abattoir. Le sang dégoulinait par flots. Le combat dura bien plus longtemps que ce que nécessitait Asgorath pour guérir. Mais après plus d'une demi-heure, la bataille se rapprochait de la fin.

Le lion avait perdu son œil gauche et un gros morceau de chair sur le flanc du même côté. Il était tailladé en plusieurs endroits et son sang coulait fortement. Le serpent avait une patte arrachée et la queue coupée. Les deux bêtes étaient très mal en point. Tout comme leurs ennemis. Ils n'étaient plus que seize. Dont sept au Domaine Evolutif. Tous étaient blessés, certains très gravement. Mais malgré leurs blessures, aucune des dix-huit bêtes ne se replia. Elles continuaient à se battre avec tout ce qu'elles avaient, mais plus prudemment.

D'un puissant coup de patte, le félin envoya l'un des crocodiliens contre un arbre. Il en attrapa un autre dans sa gueule et lui brisa sa colonne vertébrale. Le serpent, lui, en enlaça un tel un boa constricteur. Profitant du fait que leurs deux ennemis étaient distraient, le reste des bêtes écaillées attaquèrent. Leurs crocs et leurs griffes s'enfoncèrent dans leur chair. Le serpent siffla de douleur et cracha un nuage de poison. Les crocodiliens furent contaminés mais résistèrent, bien qu'ils s'affaiblirent. L'attaque couta énormément d'énergie au serpent, le rendant plus lent et mou. Le lion, lui, était mordu à chaque patte. Sa peau était tirée, comme si les bêtes essayaient de l'écarteler.

Mais elles avaient sous-estimé la force du lion rayé. Enragé, il se mit sur ses pattes arrières et souleva les deux crocodiliens. Quelques secondes plus tard, il retomba violemment sur le sol. Les deux crocodiliens sous ses pattes. Le lion les écrasa et les tua instantanément. L'instant suivant, il rua, forçant les deux autres à le lâcher. Le poison tua trois autres crocodiliens. Il n'y en avait plus que huit. Mais le lion avait perdu beaucoup de sang et le serpent avait du mal à tenir sur ses trois pattes restantes. Le combat s'éternisait.

Les bêtes à six pattes se divisèrent en deux groupes égaux. Le premier détournait l'attention du lion tandis que le second s'occupait du serpent. Ce dernier se fit entourer et harceler à mort. Chaque fois qu'il attaquait, le serpent se faisait attaquer à revers. Désespérer, il chargea contre le plus puissant des assaillants et planta ses crocs dans la bête. Son venin pénétra l'animal et le tua en quelques secondes. Les autres crocodiliens en profitèrent pour se jeter sur le serpent. Ils labourèrent son corps de leurs crocs et de leurs griffes. Le serpent s'effondra, agonisant, vidé de son sang par toutes ses blessures. Les trois bêtes restantes retournèrent aider leurs congénères contre le lion. Elles se retournèrent et découvrirent un des leurs dans la gueule du félin, un autre sous sa patte droite.

Le lion était enragé. Sa posture était vaillante et digne, mais c'était pour cacher sa faiblesse. Les crocodiliens le savaient, mais ils le craignaient quand même. La situation, cependant, ne leur permettait pas de s'enfuir. Pas après tous les morts. Ils devaient finir l'ennemi et venger leurs frères. Leur famille.

Les bêtes à six pattes rugirent puissamment. Le lion rayé répliqua avec son propre rugissement. Les cinq bêtes survivantes attaquèrent la seconde d'après. La patte du lion vola. La cible esquiva et se rapprocha. Le lion se fit mordre à la patte arrière droite, puis la gauche. Le lion rugit de douleur. Son œil restant rouge, sa fourrure ensanglantée et sa crinière étrangement flottante lui donnaient un air malveillant et démoniaque. Le félin se tourna. Ses mâchoires claquèrent et se refermèrent sur le vide. Le crocodilien avait esquivé sans lâcher prise. La queue du félin fouetta l'air et frappa la bête. Elle couina lorsque certains de ses os cassèrent, mais elle tint bon. Un autre crocodilien s'attaqua à la gorge du lion. Il fut cueilli par la gueule de celui-ci et se fit déchiqueter. Sa mort détourna l'attention du lion et ses congénères en profitèrent. Leurs gueules se refermèrent sur les flancs de l'animal. Ils arrachèrent un épais morceau de viande avant de se replier.

Le lion haletait. Une grande quantité de sang coulait de ses blessures. Avec son intelligence, la bête magique savait que même s'il gagnait ce combat, il mourrait. Mais il ne pouvait pas laisser ces agresseurs s'en tirer. Il allait mourir, d'accord, mais il n'était pas question de se laisser faire ! Le lion décida de mettre toute son énergie dans une dernière attaque.

Il chancela. Les crocodiliens en profitèrent et chargèrent. Une lumière vicieuse éclaira l'œil unique du lion lorsque les bêtes s'approchèrent. Elles se jetèrent sur le félin, prêtes à mordre et griffer jusqu'à sa mort. Elles ne purent le faire. La fourrure du lion s'enflamma et brûla les crocodiliens. Ces flammes, de plusieurs centaines de degré Celsius, transformèrent les assaillants en charbons noir. Les flammes s'éteignirent peu de temps après et le lion s'effondra, la respiration erratique et difficile. Ses blessures avaient été cautérisées mais il avait perdu trop de sang. Et avec les plaies refermées, les hémorragies externes étaient simplement devenues internes, noyant ses organes.

Asgorath attendit quelques minutes. Puis, une fois certain qu'aucune des bêtes ne se relèveraient, il sortit de sa cachette. Prudent, il déploya son énergie spirituelle mais ne trouva aucun autre être vivant dans les alentours. Il se concentra donc sur les cadavres. Il les scanna et découvrit que le cœur de certains battait toujours. Parmi ces bêtes était le lion. Le jeune démon employa donc son sort [Flèches Foudroyantes] et transperça les cœurs, achevant les bêtes. Sentant les cœurs s'arrêter, le jeune démon sortit son couteau et commença à les découper pour récupérer les noyaux. Bien qu'il allait aussi vite que possible, le nombre de cadavres rendait les choses compliquées et le ralentissait. Sans son sac dimensionnel, Asgorath aurait été forcé d'en abandonner une grande partie. Mais là, il pouvait tous les garder : cinquante-cinq noyaux de bêtes au 7ème niveau du 4ème Domaine, soixante-dix-neuf au 8ème niveau, vingt-sept au 9ème, six au 2ème niveau du Domaine Evolutif, quatre au 3ème et deux au 4ème. Asgorath calcula le nombre de points. En tout, il en avait 65 874, dont 65 600 provenant des noyaux qu'il venait de récupérer.

Le dicton qui dit qu'il y a une opportunité dans chaque malheur est vrai, apparemment. Je n'aurai jamais pu obtenir autan de noyaux si ces assassins ne me les avaient pas lancées à mes trousses. Par contre, je me demande s'ils m'ont suivi pour vérifier ma mort ou s'ils m'ont laissé seul parce qu'ils étaient sûrs que je mourrai. Si ce sont des pros, ils m'ont suivi. Ou s'ils sont loyaux envers leur boss, et pas trop arrogants et stupides, songea Asgorath tout en se demandant qui était l'auteur du piège et pour qui il travaillait. Au final, je dois juste faire attention. Récupérer tous les noyaux va prendre des heures. Je ferai mieux de me dépêcher.

Une flèche fila silencieusement vers Asgorath. Ce dernier se retourna. Sa main balaya l'air, essayant de stopper la flèche. Au même moment, il sauta en arrière. Il réagit trop tard. La flèche passa entre ses doigts et frappa sa poitrine sans le transpercer. Le jeune démon cracha du sang. Le choc et sa position le firent voler et tourner dans les airs. Il retomba plusieurs mètres plus loin et roula sur le sol. Il percuta un arbre et git sur le sol, inerte. Plusieurs minutes passèrent sans aucun mouvement, du réincarné et de la forêt. Deux nouvelles flèches volèrent et se plantèrent dans la jambe et le flanc droit du faux humain. L'impact fit légèrement bouger le corps, mais sans plus. Quelques minutes s'écoulèrent à nouveau. Deux hommes et une femme décidèrent finalement de se montrer et s'approchèrent du jeune démon.

« Je te l'avais dit, boss, je l'ai tué, disait l'un des deux hommes. Il n'avait aucune chance d'échapper à ma flèche.

-Peut-être, mais il vaut mieux être prudent, répliqua le second homme. Si on échoue, on aura de la chance si le Seigneur se contente de nous faire disparaitre. Matthieu, comme tu l'as tué, va chercher ses possessions. Il a dû récupérer pas mal de noyaux. Elizabeth et moi, on va prendre celles des bêtes mortes qui restent.

-Ok, boss, mais tu dois dire au Seigneur Freld, ou plutôt à son fils, que c'est moi qui l'ai tué, compris ?

-Je vais te le laisser, le bonus, ne t'inquiètes pas. Je n'en ai pas besoin.

-Ha ha ha, je t'adore, boss. »