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Chapitre 12

Inconnu : Tu me déçois Fauna...

Ces paroles venaient troubler le calme présent dans les profondeurs de la grotte. Fauna, Azorius ainsi qu'un autre Symviosi sont à genoux devant un trône où siège un homme d'une cinquantaine d'années ayant de courts cheveux blancs, une cicatrice sur sa tempe droite ainsi qu'un oeil totalement noir et un autre totalement blanc.

Fauna : Je suis désolé maître Heceol, je vous jure que cela ne se reproduira plus...

Heceol : C'est pareil pour toi Azorius. Tu l'as certes sauvé mais tu n'as rien fait pour l'aider durant le combat. Je ne veux plus que ce genre d'erreurs se reproduisent.

Azorius et Fauna : Oui, maître.

Heceol : Vous pouvez disposer...

Tous deux se mirent à quitter la salle, seul un autre de leurs congénères est encore présent.

Heceol : Pourquoi voulais-tu me parler Hitch ?

Le troisième Symviosi se relève et s'avance légèrement, toujours les yeux baissés. Il a l'apparence d'un jeune homme de 17 ans, les cheveux bruns en bataille, lui tombant légèrement sur les yeux.

Hitch : J'aimerais savoir quand est-ce que je pourrai la revoir.

Heceol : Pourquoi me poses-tu cette question ? Tu as déjà la capacité de la voir.

Hitch : J'aimerai la revoir vivante, pas dans son état actuel.

Heceol lâche un profond soupir tout en regardant le parasite qui se tient debout devant lui.

Heceol : Je vois… J'aimerais le faire pour te libérer de ce poids et de cette pression qui pèse sur tes épaules mais… Je ne peux pas la ramener à la vie pour l'instant.

Hitch se crispe légèrement, pris par la colère.

Hitch : Pourtant, vous me l'aviez promis…

Heceol : Oui mais je ferais cette résurrection lorsque la race humaine et les vices qu'elle entraîne avec elle seront effacés de ce monde mais ce n'est pas encore le cas donc tu vas devoir patienter et continuer à combattre avec nous.

Le symviosi se relâche.

Hitch : Je comprends, désolé de vous avoir dérangé avec ça…

Sans dire un mot, il se met à quitter la salle creusée dans la roche, reliée par une galerie donnant sur d'autres salles, formant un véritable dédale souterrain. Une fois sorti, toujours dans les galeries de la grotte, il se fait accoster par un Symviosi ressemblant lui aussi à un adolescent de son âge.

Inconnu : Tsss... Je ne sais même pas pourquoi il se prend la tête pour te faire rester ici. C'est vrai quoi, après tout, même si tu es un parasite, tu as encore du sang humain en toi… Tu n'es pas comme nous.

Hitch continue sa route sans répondre à ses provocations.

Inconnu : Hmmmm... Ah si, j'ai trouvé. C'est parce que tu as soit disant une grande puissance, n'est ce pas ? C'est pour ça qu'il essaye de te garder dans nos rangs.

Il ne lui répond toujours pas.

Inconnu : Je me suis toujours posé la question : Comment est-ce que tu réagirais si on se mettait à manger le corps de ta bien aimée ? Après tout, c'est une humaine elle aussi, elle doit avoir un très bon goût.

D'un coup, Hitch fait demi-tour et attrape l'inconnu par le col avec sa main gauche alors que son autre bras se transforme en une liane ayant un bout pointu qu'il pointe au niveau du cou du parasite, près à l'égorger avec.

Hitch : Écoute Raollin, il garde le corps en bon état et m'a promis de la ressusciter sans sacrifice, c'est pour ça que je reste ici. Si tu ose, ne serait-ce que la toucher, je te bute... Compris ?

Roallin : Com... Compris...

Je suis de retour, au milieu de ces ténèbres. Tout est noir autour de moi mais il est encore là, celui qui me ressemble et me hante… Mon fantôme... Il a toujours ses deux yeux, l'un noir et l'autre blanc mais quelque chose a changé comparé à la dernière fois. Il ne rigole plus et il a une marque sur son cou. Une sorte de pentacle avec un œil dessiné au milieu.

Jules : Qui es-tu au juste ?

Il ne me répond pas, se contentant de me fixer.

Jules : Tu pourrais répondre, non ?

Fantôme : Je ne peux rien te dire là dessus.

Jules : Tes réponses ont enfin un peu de sens, c'est un bon début.

Fantôme : la seule chose que je peux te dire, c'est qu'il commence à s'installer.

Jules : Qui ?

Il ne me répond pas. c'est alors qu'il pose ses deux mains sur ses joues et tire. Les paupières s'étirent lorsqu'au même moment, un énorme œil s'ouvre là où était dessiné le pentacle, sur son cou, et cet œil me regarde. Il me fixe, en continue, encore et encore. Mon fantôme continue à tirer sur ses joues, la peau sous les paupières s'ouvre petit à petit et du sang commence à sortir. Une fois que le sang sort en abondance, il s'arrête et me fixe. Le liquide rouge coule sur ses joues, comme s'il pleurait.

Jules : Qu... Qu'est... Qu'est ce que c'est que ça ?

Il se met alors à pleurer tandis que l'œil qui était apparu au niveau du cou continue à me fixer. Il pleure de plus en plus, je ne réagis pas, je suis tétanisé et j'essaye de comprendre ce qu'il se passe. C'est alors qu'il se remet à tirer d'un coup sur ses paupières en criant de désespoir, la peau qui est dessous s'ouvre de plus en plus.

Je me réveille en sursaut dans ma chambre, à la guilde. Qu'est ce qu'il s'est passé ? Pourquoi il… Pourquoi a-t-il fait la même chose que moi lors du combat dans l'église, mais en pire ? Encore perturber par ce rêve, je me lève et essaye de passer la journée comme si de rien n'était. Les gérants de la guilde nous ont laissé quelques jours de repos pour que l'on puisse récupérer. Les autres ont profité de ce temps libre pour aller voir ce qu'il se passe ailleurs, du coup je me retrouve seul, ici, essayant de tuer le temps comme je peux... Suite à ce rêve étrange qui occupe toutes mes pensées depuis ce matin, je me dis qu'il serait pas mal d'aller manger autre chose que le bouillon dégueux du réfectoire et j'opte pour aller manger dans une taverne, hors de la guilde. Je ne me suis pas souvent déplacé dans Lucha, les diverses missions qu'on à eu depuis mon arrivée m'ont pris énormément de temps rendant la visite de la ville impossible donc j'en profite. Je me retrouve à déambuler dans les rues, dès le matin, avec les gens qui me regardent bizarrement à cause de mes habits… Ou de mon mana. C'était perturbant de voir tous ces regards qui se posent sur moi mais on fini par s'y habituer au fil du temps. Pendant ma promenade, quelque chose m'intrigue. Alors que je me promène dans les rues, un chat attire mon attention. Il est là, assis sur un muret, avec son pelage noir et blanc. Je m'approche de lui pour le voir de plus près et je remarque que le pauvre petit est aveugle à cause de ses deux yeux crevés. ça me fait de la peine. Je voulais lui donner à manger mais malheureusement je n'ai rien à lui donner. Je me contente juste de le caresser pour le réconforter et il se met à miauler en retour. Mais il y a quelque chose qui cloche avec se chat, j'ai l'impression de bien le connaître… En l'observant attentivement, je remarque quelque chose qui me terrifie.

Jules : C'est pas vrai…

Sur son dos, le pelage blanc et noir forme un dessin, un dessin que j'ai vu cette nuit, dans le rêve.

Jules : Ce pentacle…

C'est exactement le même sauf que l'œil qui se situait au milieu n'est pas là. Voyant ceci, je décide de m'éloigner le plus rapidement possible et j'essaye de vite oublier ce chat… Alors que je marche rapidement dans les rues tel un paranoïaque, je sens des gouttes tomber du ciel. Je relève la tête et j'observe les énormes nuages qui sont au-dessus de moi.

Jules : Il va falloir que je trouve un endroit où manger…

Je marche de plus en vite avec toujours les images de cette nuit et de ce foutu chat. J'ai fini par trouver une taverne au bout de quelques minutes sous la pluie. Il n'y a pas grand monde à l'intérieur. Seul un homme est assis au bar, pas très loin du tavernier qui rêvasse. L'homme fixe nerveusement son repas sans y toucher. Il est vraiment louche comme type mais bon, j'ai vu pire depuis que je suis ici. Je m'assois à une table, tout en observant l'homme du coin de l'oeil. Le tavernier, après avoir repris ses esprits, vient prendre ma commande avant de se diriger vers la cuisine. C'est alors que je commence à sentir une aura, elle n'est pas très puissante, mais elle grandit petit à petit. Cette aura provient du gars accoudé au bar, il commence à trembler et des gouttes de sueur commencent à apparaître sur son visage. Après être sorti de la cuisine, le tavernier se dirige vers l'homme louche.

Tavernier : Il va falloir payer monsieur.

L'homme ne bouge pas, son aura continue à augmenter mais reste faible. A quoi il joue ?

Tavernier : Monsieur ? Quelque chose ne va pas ?

C'est alors que l'homme regarde le gérant de la taverne, droit dans les yeux, et d'un coup, des veines blanches apparaissent sur un de ses bras. un flash lumineux envahit la pièce et m'éblouit pendant un court instant.

Tavernier : Aaaaargh !

Une fois le flash disparu et ma vue retrouver, j'aperçois l'homme s'enfuir avec son repas. Le tavernier, quant à lui, agonise contre un mur et son corps est couvert de blessures extrêmement profondes et mortelles. Une traînée de sang était visible sur le sol, montrant qu'il a été projeté contre le mur. Le fuyard sort du bâtiment et court sous la pluie, tenant fermement le repas dans ses bras. Pas le temps pour s'occuper du blessé, de toute façon, vu ses blessures, il na va surement pas s'en sortir. Les personnes travaillant dans la cuisine étaient déjà en train de s'agglutiner autour du corps, ça ne sert à rien que je reste là à le regarder. Je me précipite dehors pour suivre l'homme dans les rues, son comportement et les raisons de son acte m'intriguent. Tuer pour voler un repas ? Un repas qu'il n'a pas mangé d'ailleurs ? Et cette attaque, elle était si puissante qu'elle a presque réduit en chapille un être humain. Il faut l'arrêter avant qu'il ne recommence… Après l'avoir suivi grâce à son aura tout en gardant un distance entre lui et moi pour éviter de me faire repérer, je finis par m'engouffrer dans une étroite ruelle où il s'était arrêté. Il m'attendait dans la rue et a, dans les mains, une sorte d'épée de lumière qu'il pointe vers moi vers moi.

Homme : Qu'est ce que vous me voulez ?! J'ai déjà tué quelqu'un et je serais près à le refaire ! Donc laissez moi !

Il me menace pour me faire peur mais il est lui aussi terrifié, il faut que je fasse gaffe car ça pourrait vite dégénérer sachant qu'il a lui aussi du mana. Je transforme mon bras droit en lame, comme d'habitude, pour préparer à contre attaquer.

Homme : Vous êtes là pour me tuer, pas vrai ?! Vous voulez le venger ?! Ou pire, vous comptez m'arrêter ! Je ne me laisserai pas faire !

Jules : calmez-vous, je vous en prie. Je veux éviter le combat.

Homme : Alors pourquoi vous utilisez votre mana !

Jules : Pure défense, vous me menacez donc je me prépare.

Homme : C'est faux, laissez moi ! Laissez-moi !

Il a complètement perdu la tête…Je ne sais pas comment il en est arrivé là mais il faut que je le raisonne.

Jules : Ecoutez, calmez vous, je ne vous veux pas de...

Voix de fille : Qu'est ce qu'il se passe...

Une petite fille sort de sa cachette. Elle s'était mise derrière des cartons, près de son père. Ses habits sont complètement déchirés et elle a l'air terrifiée par la situation.

Homme : Ne t'en fais pas chérie, papa va vite s'occuper de ça. Va te cacher en attendant...

Sa fille ? Je vais engager un combat et risquer de le tuer devant les yeux de sa fille ? Et ces habits… Je comprends mieux... 

Jules : Vous avez tué le gérant de la taverne car vous ne pouviez acheter de repas pour votre fille ?

Homme : Et alors, qu'est ce que ça peux te faire ?! En quoi le sort d'une pauvre gamine et de son père peut vous intéressez ?! Je suis sûr que vous allez nous arrêter et nous livrer à la police pour encaisser une prime !

Jules : Ça change tout...

Mon bras reprend son aspect original. Surpris, il baisse son épée de lumière. Je suis soulagé qu'il n'en profite pas pour m'attaquer.

Voix au loin : Il est dans les environs ! Fouillez tout le quartier.

Jules : Je ne leur dirais rien...

Il me lance un dernier regard,avec un fond de haine, avant de prendre sa fille dans ses bras et finit par s'enfuir par l'autre bout de la ruelle. Je reste là, observant le bout de la rue qui est en face de moi. Les gardes de la ville arrivent dans mon dos.

Garde : Hey, toi ! Tu sais par où il est parti ?

Je ne me retourne pas, leur tournant le dos.

Jules : Non, j'ai essayé de la rattraper mais il était trop rapide pour moi, désolé.

Garde : Le salaud ! Continuez à chercher les gars, on va le coincer !

Je ne connais pas ton nom et je n'ai pas envi qu'il soit gravé dans ma mémoire. Je t'ai laissé t'enfuir par pitié, mais sache que tu te fera attraper par les gardes tôt où tard. Il est impossible pour toi d'échapper à ton sort. Je ne suis pas ton bourreau... J'ai évité ce choc pour ta fille… J'ai évité de te donner la mort et d'avoir ton agonie qui me hante… Mais ton visage… Le fait de t'avoir connu et de connaître ton destin… Un destin inévitable…Le fait de savoir ce qu'il va se passer et d'être impuissant face à ça… Je ne peux pas l'éviter.

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