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Je connais ce nom.

Hana regarda avec crainte l'homme en face d'elle. Que voulait-il dire par le fait que l'entreprise ne tolérait pas la violence ?

Était-il en train de dire qu'elle serait sûrement renvoyée ?

Ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle avait encore des choses à faire ici. Elle ne s'était même pas encore habituée à son travail, alors comment pouvaient-ils déjà la renvoyer, pour quelque chose dont elle ne se souvenait même pas ? Cet homme du nom de Kubo l'accusait de quelque chose de sérieux, et elle ne savait même pas par où commencer pour se défendre. Peut-être qu'expliquer tout ce qui s'était passé avant qu'elle ne perde connaissance pourrait lui rafraîchir la mémoire, ou tout du moins lui donner assez de temps pour plaider son cas ?

Cependant, les paroles tranchantes de l'homme du nom de Serizawa vinrent couper court à toute forme d'espoir.

« Il nous faut votre version des faits, bien entendu, mais vous risquez purement et simplement le licenciement, même en cours d'année d'internat. »

Le licenciement, rien que ça.

Hana paniqua un peu. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire dans ce genre de situation ?

Ce n'était pas comme si en l'appelant, Nana allait se montrer d'elle même.

« Pouvez-vous dire pourquoi vous avez frappé Kubo-san ? » L'interrogea-t-il.

Qu'est-ce qu'elle devait dire ?

Par quoi devait-elle commencer ?

Elle l'avait sûrement frappé, mais comment pouvait-elle avouer ça sans être immédiatement licenciée ? Est-ce qu'au moins, cet homme en face d'elle l'écouterait ?

Au même moment, Takao sortit de l'ascenseur et à travers les parois vitrées, il vit au loin que Hana était déjà en train d'être questionnée par Serizawa ; et à voir son air de plus en plus paniqué, elle ne devait pas savoir quoi dire.

Bien sûr qu'elle ne savait pas comment répondre, étant donné que Nana avait toutes les réponses. Sauf que Nana n'était pas là, et qu'elle ne serait pas là à moins de…

Attendez…

Soudain, Takao eut une idée. Si Nana savait ce qui s'était passé, alors il n'avait qu'à la faire venir !

Il savait aussi comment la faire apparaître ; restait à savoir comment faire.

Le jeune homme regarda tout autour de lui. Que pouvait-il utiliser au sein d'un bureau pour mettre la jeune femme en danger, sans que ce soit trop sérieux ? Devait-il lui lancer quelque chose ? Tenter de lui donner une baffe ? Est-ce que ce geste serait au moins considéré comme un danger, ou devait-il faire quelque chose de plus extrême ?

L'odeur de café tout juste fait parvint aux narines de Takao. Une des employées des Ressources Humaines passa dans le couloir en avançant vers lui pour se rendre dans un des bureaux près de l'ascenseur, et il l'arrêta en se mettant sur son chemin.

L'employée le regarda avec confusion, et immédiatement, le jeune Directeur lui prit des mains le gobelet de café chaud qu'elle avait ramené avec elle.

« Qu'est-ce que- ?! » S'exclama-t-elle avec surprise.

« Je vous en ramène un autre ! » S'excusa-t-il sans même attendre qu'elle proteste plus.

Déterminé, il s'avança à grandes enjambées vers la salle de réunion, non sans être légèrement anxieux.

Il ne faisait pas d'erreur, hein ?

Elle allait esquiver, hein ?

Cependant, il ne put pas réfléchir davantage aux possibles conséquences de son acte, car déjà, il ouvrait la porte de la salle de réunion, et passant outre l'air offusqué de Serizawa, s'avança vers la table et souleva le gobelet de café brûlant.

Hana le regarda avec des yeux écarquillés, et avant qu'elle ne puisse réagir, le liquide fumant fut projeté vers elle.

La boisson atteint la surface de la table en bois, le tissu des sièges, et le mur derrière. Toutefois, malgré l'abrupte attaque, la jeune femme avait réussi à esquiver le café fumant en bondissant hors de son siège, et se tenait à présent debout et à l'écart.

« Mais qu'est-ce qui vous a pris ?! » S'écria Serizawa, choqué et en colère.

Il avait beau se montrer mécontent, Takao ne lui accorda aucune importance. Le regard du jeune homme suivit les traces de café et le liquide coulant sur la moquette, jusqu'à parvenir au torse de la jeune interne. Puis, relevant les yeux, il chercha le visage d'Hana, et quelle expression elle arborait.

Elle semblait surprise, et l'espace d'un instant, Takao se demanda qui il avait en face de lui.

« Shinohara-san, vous allez bien ?! » S'enquit Serizawa.

La jeune femme hocha la tête pour dire que oui, ce qui permit à Takao de surenchérir en faisant passer cela pour un banal accident.

« D-Désolé, » s'excusa-t-il en feignant un ton plein de remords. « Je voulais apporter un café à Shinohara-san, et j'ai trébuché sur la moquette…. »

Serizawa le regarda avec suspicion, ne croyant pas du tout l'explication qui venait de lui être donnée.

« Puisque qu'on en est là, autant faire une pause, pas vrai ? » S'empressa de dire Takao.

L'employé du Service Juridique ne sut pas quoi dire, sûrement gêné de devoir aller à l'encontre de l'homme qu'il savait être le neveu du Président de l'entreprise.

« On revient dans cinq minutes, » ajouta Takao.

Il fit le tour de la table, et saisissant la jeune femme par le poignet, l'entraîna derrière lui pour sortir de la pièce. Puis, l'emmenant vers les toilettes, il s'arrêta juste à leur entrée, à l'abri des regards indiscrets. La jeune femme ne réagit pas, même quand il leva sa main enserrant toujours son bras à elle devant lui.

Elle se dégagea enfin de sa poigne, et fronçant les sourcils, leva un regard plein de reproches vers lui. Takao eut encore du mal à savoir qui lui faisait face. Était-ce Hana, ou Nana qu'il avait en face de lui ?

« Vous… Êtes qui ? » Demanda-t-il avec doute.

La jeune femme croisa alors les bras, et le regardant droit dans les yeux en le toisant, dit :

« À ton avis ? »

Pas de doute possible, avec cette attitude.

« C'est… C'est vous, pas vrai ? » S'assura une dernière fois Takao.

« Qui ça serait, à part moi ? » Railla-t-elle.

Le Directeur poussa un soupir de soulagement en voyant que son plan de dernière minute avait fonctionné.

« Et donc ? Pourquoi je me retrouve ici ? » Demanda Nana.

« Shinohara Hana était en mauvaise posture, » se justifia-t-il. « Alors j'ai dû vous faire venir... »

« J'en doute pas... » Remarqua Nana.

« Vous… N'en doutez pas ? » Répéta-t-il avec confusion.

« Comment tu crois que je me retrouve ici? » Dit-elle. « Je ne sais pas du tout ce qui se passe quand je ne suis pas 'là', mais Hana fait forcément appel à moi quand elle se sent en danger. Je suis prête à passer l'éponge sur le fait que tu l'as presque ébouillantée il y a quelques instants, mais il va me falloir une bonne explication. Cependant, ce n'est pas le pire dans cette situation. Tu te rends compte de ce que tu as fait ? »

Sous le regard réprobateur de la jeune femme, Takao déglutit. C'était si grave que ça, ce qu'il venait de faire ?

« Tu as probablement lancé volontairement ton café sur moi, enfin, Hana. Ce qui veut dire que Hana elle-même a vu que tu avais fait exprès » Révéla-t-elle. « Comment tu vas bien pouvoir lui expliquer ça, en sachant que juste après j'ai fait mon apparition ? Quand elle reviendra, elle saura ce que tu as fait, et que tu sais à propos de moi... »

Sur le moment, il n'avait pas pensé aux possibles conséquences de son acte. Ce n'est pas comme si il avait eu beaucoup de choix.

« Je… Je m'en occuperai quand le moment sera venu, » dit-il. « Pour le moment, il y a plus urgent. »

« Quoi ? Qu'est-ce qui se passe? La situation est à ce point terrible ? »

Rapidement, Takao lui exposa alors ce qui s'était passé, et qu'il n'avait pas révélé à Hana : Kubo Touma étant allé à l'hôpital et ayant décidé de porter plainte en soutenant que c'était Hana qui l'avait agressé, la présence d'un témoin, et la convocation de la jeune femme par le Service Juridique avec son potentiel licenciement à la clé.

« En effet, ça ne présage rien de bon. Mais toi, en tant que membre de la famille à la tête de l'entreprise, tu ne peux rien faire ? » Demanda-t-elle avec un air pensif.

« Même si je témoigne, c'est ma parole contre la leur... » Dit-il.

« Tu devrais accorder plus de poids à ta place au sein de l'entreprise, non ? » Fit-elle remarquer. « Ta famille ne peut pas t'aider ? »

« Disons… Que je ne veux pas être redevable envers mon oncle... » S'excusa-t-il. « Je ne veux pas qu'il puisse… Exiger des choses de moi par la suite. »

« Ouais… Plutôt logique... » Soupira-t-elle à son tour. « Et le témoin ? »

Takao fit la moue, et regardant autour d'eux pour s'assurer que personne n'était à proximité, il prit la précaution supplémentaire de se pencher en avant vers la jeune femme, et de parler à voix basse.

« J'ai découvert que c'était le Chef Kobayashi, » murmura-t-il.

« Kobayashi ? » Répéta-t-elle, intriguée.

« Kobayashi Shinsuke, le supérieur hiérarchique direct de Shinohara-san... » Précisa-t-il.

Nana fronça les sourcils, en proie à la confusion.

« Qu'est-ce qu'il y a ? J'aurais pas dû me renseigner ? » Demanda-t-il.

« Non… Tu as bien fait… » Dit-elle d'un air absent. « Je ne m'attendais pas à ce que tu le fasses, même... »

« J'ai demandé à Shinohara-san d'être amie avec moi... » Commença-t-il.

« Qu'est-ce que ça a à voir là-dedans ? » l'interrompit-elle.

« Pour que vous sachiez pourquoi je cherche à l'aider. » Continua-t-il. « Je veux lui prouver qu'elle peut me faire confiance... »

« En lui mentant sur votre identité ? » Se moqua-t-elle avant de rapidement s'apaiser. « Enfin, ce ne sont pas mes affaires... »

Nana resta silencieuse, à nouveau plongé dans ses pensées, et Takao se demanda si quelque chose n'allait pas. Il devait sûrement afficher un air soucieux sur son visage, car Nana prit cela comme une question silencieuse lui étant adressée.

« C'est autre chose qui m'interpelle... » Dit-elle en décroisant les bras.

« Quoi donc ? » S'enquit-il.

Serizawa passa la tête par la porte vitrée – sûrement pour qu'on l'entende depuis l'autre bout du couloir, car tout son corps était déjà visible à travers les parois en verre – et les appela tous les deux.

« Est-ce qu'on peut reprendre l'entretien ? » S'impatienta-t-il. « Et tant qu'à faire, venez tous les deux. J'ai aussi besoin de votre version des faits, Utagawa-san. »

Les deux compères acquiescèrent d'un hochement de tête, et l'homme repartit s'asseoir dans la salle de réunion sans même les attendre.

Nana regarda le jeune Directeur retourner vers l'autre bout du couloir, décidée à le suivre dans les prochaines secondes ; son cœur se serrant dans sa poitrine.

Kobayashi Shinsuke…

C'était la première fois que Nana entendait ce nom, et pourtant, elle connaissait cette personne.

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