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[FR]Shoto Todoroki - Terroriste des Temps Modernes

« Un meurtrier de masse, l’appelait-on. Le terroriste des temps modernes » Je croyais que j’avais de la chance. Que j’étais différent. Que je pourrais vivre ma vie comme je l’entends. Mais les dés étaient joués depuis longtemps. « C’est amusant, tu ne trouves pas ? Je suis devenu tout ce qu’ils ont dit que je serai » -------- PATREON : patreon.com/Nar_cisseFR English version available on my account

Nar_cisse · アニメ·コミックス
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125 Chs

Chapitre 19

Le bureau d'Enji était une pièce plutôt large.

Il y avait une cheminée électrique, un coin salon juste devant et une pile de livres sur la table basse. Des tapis aux airs orientaux recouvraient le parquet et des fleurs vertes et bleues étaient disposées de part et d'autre de la fenêtre close.

Devant celle-ci se trouvait le bureau en chêne et Enji qui remplissait une pile de dossiers, les parcourant en diagonale. Des lunettes rectangulaires ornaient le bout de son nez.

J'ouvris la bouche pour parler ; il leva un doigt sans détourner le regard de son travail.

- Une minute

Je fermai la porte derrière moi et me glissai sur le canapé. Mes yeux se promenèrent sur la pile de livres.

Dracula, Le Comte de Monte-Cristo, Lorenzaccio.

Lire n'était pas une de mes activités de prédilection mais je connaissais mes classiques. Cependant le dernier livre ne me disait rien._

Je le pris et commençai à le lire pour faire passer le temps. Les pages étaient cornées et les coins de la couverture abîmés.

Un homme dépravé au possible...

- Tu aimes ?

Je levai les yeux vers Enji.

Il se déplaçait toujours sans un bruit.

Il s'installa sur le grand fauteuil à ma gauche.

- C'est un de mes livres préférés

Je regardai le livre de cuir sous un jour nouveau.

Je me demandai ce que l'histoire d'un homme aux mœurs douteuses avait d'attrayant aux yeux de mon père.

- Je peux te l'emprunter ?

- Bien sûr

Je le refermai et le posai sur le canapé à côté de moi.

Je commençai à farfouiller dans mon cartable pour en tirer les documents.

- Comment était l'école aujourd'hui ?

- On a juste fait des trucs comme d'hab. Ils veulent qu'on s'entraîne pendant les vacances pour éviter de tout oublier.

Mes doigts se refermèrent sur le polycopié agrafé.

- Veux-tu que j'embauche quelqu'un pour t'aider durant les deux mois à venir ?

- Pour l'épée et le couteau, oui. (Et, comme une seconde pensée, j'ajoutai) S'il te plaît

Je lui tendis la pile de feuilles que m'avait remise Maoki.

- Tiens. Il faut que tu signes ça.

Il baissa à nouveau ses lunettes sur ses yeux. Il avait l'air d'un vieillard en fin de vie.

J'eus du mal à cacher à mon sourire.

- T'as quel âge ?

- J'aurai 34 ans cette année

Wow, il est jeune.

Il souleva le coin de la première feuille et lut la seconde.

- Ta professeure veut mon autorisation pour que tu prennes plus d'options...

Je me redressai, fier de ce que j'avais réussi à accomplir en dix mois. Mis à part l'autre blondasse, j'avais eu le score le plus élevé de notre classe.

A part pour quelques exceptions la moyenne tournait autour de 55. Et dire que la moitié de ces incapables avaient deux fois mon âge…

- Ils veulent t'autoriser à choisir une troisième arme l'an prochain. Tes professeurs de Kenjutsu veulent aussi t'apprendre des choses extra-curriculum.

Il avait l'air un peu étonné.

Plus il lisait leurs commentaires et plus je me sentais fier.

J'avais travaillé dur depuis l'incident. Au départ, la peur et l'anxiété avaient été ma source d'énergie.

Je ne me levai pas à l'aube parce que ça m'amusait : courir jusqu'à ce que mes jambes me lâchent, rentrer épuisé chaque jour avec à peine assez de temps pour me changer les idées avant de m'endormir…

J'avais voulu abandonner plus d'une fois et je n'avais aucune honte à le dire. Passer d'une vie sans efforts à 300% d'un coup avait été la chose la plus difficile que j'avais jamais eu à faire.

J'avais dû me battre contre mes propres faiblesses, contre mes envies impromptues de reporter et de 'remettre ça à demain', contre la paresse qui me disait que je n'avais qu'à m'allonger sur le canapé et me reposer un peu, juste un peu, encore un petit peu.

Sword and Cross avait joué dans beaucoup pour que je ne lâche pas.

Voir d'autres enfants – des vrais, ceux-là - dans des situations similaires à la mienne, qui avaient peur de ce qu'on pourrait leur faire et qui s'entraînaient sans relâche pour être capable de survivre au prochain attentat sur leur vie, avait été comme une illumination.

Je n'étais pas spécial.

Parce que l'oeil m'avait choisi, en quelque sorte, et que je m'étais réincarné en un personnage de premier plan au potentiel infini, j'avais cru que j'avais quelque chose de plus que les autres.

J'avais cru que les problèmes que j'avais rencontré étaient uniques parce qu'ils me concernaient. Je croyais que personne n'avait jamais vécu ce que je vivais, et qu'en conséquence j'étais une sorte de personnage tragique au passé sombre.

Mais ces gosses là – ceux qu'on imaginait privilégiés et heureux grâce au hasard de leur naissance – m'avaient montré que je n'étais juste que l'un d'entre eux parmi tant d'autres.

Pour certains, comme la française, ce n'était pas leur frère qui avait essayé de les tuer, mais leur père.

Pour d'autres mourir aurait été une bénédiction au vu de ce à quoi ils avaient survécu.

Il y avait aussi ceux qu'on avait jamais revus.

Et tout ça n'était même pas dû à qui ils étaient en tant que personne. La majorité de leurs Alters n'avait même rien d'exceptionnel. La seule chose qui les rendait spéciaux – nous rendait spéciaux – était que nous étions des fils de, des cousins de, des neveux de.

Nous, en tant qu'individus coupés de nos connexions, ne valions rien.

Ca m'avait mit un coup à l'égo.

Mais ça m'avait aussi fait prendre conscience de tout un tas d'autre choses.

Le psychopathe avec lequel je partageai mon sang n'était que le premier d'une longue liste à venir.

Et il fallait à tout prix que je devienne plus fort.

Parce que je refusai de me retrouver encore une fois à la merci d'autrui.

Je savais déjà que beaucoup d'entre nous n'atteindraient pas la puberté.

A vrai dire, si quelqu'un apprenait ce que je pouvais faire avec mon chakra, il se pouvait que je disparaisse du jour au lendemain sans laisser de traces.

Mais ça n'était qu'une raison de plus pour que je m'entraîne plus, plus longtemps et plus fort.

Je n'étais pas un meurtrier – le seul animal que j'avais même jamais vu mort était le steak dans mon assiette.

Voir autrui souffrir ne m'amusait pas. Je n'aimais pas les enfants mais je ne prenais pas de plaisir sadique en en voyant pleurer après les avoir frappés un peu trop forts en duel.

Mais je me connaissais très bien.

Et je savais aussi que s'il en allait de ma survie, je serai capable de vendre mon âme au diable.

Parce qu'il y a des choses pire que la mort.

- Shoto

Je relevai les yeux vers Enji.

Il me scrutait avec attention.

- Oui ?

Ma main gauche tremblait.

Je la cachai sous ma cuisse.

- Tu veux être fort. Je le vois à ta détermination et à ta discipline. Mais pourquoi ?

Je fronçai légèrement les sourcils.

- Être fort… ce n'est pas une fin en soi ?

En étant fort je pouvais éviter de souffrir. En étant fort j'évitai d'être à la merci d'autrui.

Ca me paraissait être une raison suffisante.

Enji m'étudia en silence.

- Tu es un garçon intelligent. Mais tu es toujours un enfant.

Il signa la feuille et me la rendit.

- Pense à ce que je t'ai dis

Il retourna à son bureau et me fit signe de sortir.

*

Rei regarda sa montre, un sourire incontrôlable sur les lèvres.

Elle avait mit une robe blanche à fleurs bleues et des sandales noires. Un immense chapeau de paille décoré d'un ruban trônait sur sa tête. Rien qu'en traversant le couloir de sa chambre au hall d'entrée elle avait failli renverser tableaux et vases.

Les domestiques couraient partout autour d'elle pour limiter les dégâts mais Rei, aux anges, ne remarqua rien.

- Tout le monde dans l'allée, c'est l'heure !

Natsuo grommela et tira sur son nœud papillon.

- Stupide pique-nique…

Rei adorait le bleu.

Elle adorait aussi habiller ses enfants comme des poupées géantes. Fuyumi était sa version miniature, quoique un ruban rose ornait son chapeau, et Natsuo et moi avions écopé du look marin : bretelles, shorts et chapeau de paille qui vous grattait jusqu'au sang.

Rei nous observa tour à tour avec appréciation.

- Shoto, où est ton chapeau ?

- Il s'est perdu

Elle n'avait pas l'air convaincue.

- Heureusement que j'ai demandé à ce qu'on t'en prenne un autre au cas où tu perdais encore celui-là

La gouvernante arriva de nul part et lui avec la copie conforme de celui que j'avais égaré. Pendant une seconde je me demandai si elle n'était pas allée le chercher sous mon lit.

Je serrai les dents en le mettant sur ma tête, me forçant à sourire à Rei qui me regardait avec joie.

Je le réduirai en cendres à la seconde où tu auras le dos tourné.

La gouvernante ouvrit la porte.

- Bon après-midi Todoroki-sama

Rei lui offrit un sourire radieux.

Elle nous fit sortir sur le perron de la porte puis mit une main sur mon épaule et celle de Natsuo pour nous empêcher d'avancer.

- Attendons que notre invité spécial arrive

- On est pas censés retrouver Papa au parc ?, demanda Fuyumi

Rei chuchota comme une conspiratrice :

- Ce n'est pas votre père que nous attendons

La remarque fut une douche froide.

- C'est qui ? C'est qui ? Oh je sais, t'as invité ma maîtresse !

- Bien tenté Fuyumi, mais non !

Natsuo s'immisça :

- T'as invité mon prof de foot !

Rei pencha la tête sur le côte, un peu confuse par la suggestion.

Fuyumi fronça les sourcils.

- Pourquoi elle inviterait ton vieux prof tout nul 

- Pourquoi est-ce qu'elle inviterait ta maîtresse puante ?

Fuyumi leva les mains pour l'étrangler et Rei essaya de les séparer au mieux avant que ça ne dégénère.

- Arrêtez de vous battre ! Natsu, non, pas les dents ! Fuyumi si tu lui mets encore un coup de pied je jure que-

Je m'éloignai du chaos et en profitait pour jeter mon chapeau dans les rosiers bordant la maison.

Une Mercedes noire se gara dans l'allée.

Les deux enfants relevèrent la tête en même temps. Rei était complètement décoiffée.

Le chauffeur se précipita pour ouvrir la porte arrière.

L'individu en sortit et regarda la maison comme s'il la voyait pour la première fois.

- C'est exactement comme avant

Rei lâcha les trouble faits et se redressa, passant une main dans ses cheveux.

- Bienvenue à la maison

Natsuo et Fuyumi étaient totalement surpris. La petite fille lâcha la touffe de cheveux de son frère.

- C'est- c'est-

Un immense sourire fendit son visage en deux.

Ses yeux étaient à peine visible.

- Je vous ai manqué ?

Touya promena son regard sur notre petite assemblée.

Ses yeux s'arrêtèrent sur moi. Son sourire s'agrandit.

Instinctivement mes doigts caressèrent le couteau caché dans ma poche.

- Je suis content d'être à la maison