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Chapitre 27 Le calme avant la tempête.

La fin de l'année est arrivée à toute allure. Les élèves de terminale préparent leurs examens finaux. Les professeurs corrigent à tour de bras des exercices d'entrainement. Mike avait été exclu du lycée pour le reste de l'année et poursuivait les cours à domicile. Même si je savais d'après la fenêtre de statut qu'il avait vraiment voulu me tuer, il avait bu et ses parents avaient tout mis sur le dos de l'alcool. Le lycée avait été tenu pour responsable de ne pas avoir surveillé le punch et c'était la parole de Mike contre la mienne. J'avais donc décidé de ne pas porter plainte, mais plutôt de déposer une main courante, au cas où il retenterait quelque chose contre moi.

Edward prépare notre voyage estival en Asie, le veinard est officiellement majeur. Moi je devais demander l'autorisation à mes parents de quitter le territoire. Ma mère était extatique et me dit de lui ramener plein de photos du mont Fuji. Charlie ne fit pas de problème non plus. Il se contentât de demander à Edward de se souvenir de sa promesse. Promesse qu'Edward n'a jamais voulu m'avouer, même sous la torture d'une fellation à la fois lente et « douloureusement agréable » selon les propres termes de mon entêté de compagnon. Ceci-dit, étant donné que je ne lui ai pas avoué que j'avais vu à travers ses yeux lors de sa conversation avec mon père, je nous considérais comme quitte.

Alice et moi mettions au point notre plan pour remettre Edward sur les bons rails dès qu'il se mettrait à péter un boulon en septembre. Quand j'ai eu l'occasion d'être seule avec elle, je l'avais mis au courant de l'accident à mon anniversaire et de la décision d'Edward de me quitter. J'ai été jusqu'à lui décrire l'état pitoyable qu'il aurait au bout de six mois. Elle a haleté quand elle a su qu'il se laisserait mourir de faim. Elle n'avait bien sûr rien vu, mais comme ses visions n'étaient basées que sur les décisions des personnes, ce n'était pas surprenant. Edward n'avait pas encore décidé de me quitter comme un idiot surprotecteur. Alice faisait cependant confiance à mes visions et je lui avais parlé de ma nouvelle habileté. Elle a convenu que c'était très pratique et que l'on pourrait l'utiliser pour communiquer en cas de problème durant l'absence des Cullens à Forks.

Elle regarderait une carte à heure fixe en pointant son emplacement avec Jasper, ainsi que celui de Carlisle et Esmée. Nous contournerions ainsi le problème de la promesse, qu'Edward lui soutirera, de ne pas me contacter. Le problème résidait en Jasper. Il ne quitterait jamais le côté d'Alice et il fallait donc le mettre dans la confidence, mais le convaincre d'était pas chose aisée.

Je savais déjà que Rosalie et Emmett prévoyaient d'aller en Afrique comme dans le livre. Le fait que je sois déjà au courant alors qu'ils ne l'ont annoncé que deux jours après mon avertissement à Alice, a convaincu aussi Jasper de la réalité de ma prédiction. Edward avait raison, il m'appréciait réellement, mais il ne voulait pas se mêler de nos histoires avec Edward. Son opinion a changé quand je lui ai dit qu'il irait jusqu'à demander aux Volturi de le tuer.

Alice et moi avons convenu d'une cachette où elle enterrerait un téléphone portable avec une carte prépayée au cas où Edward déciderait de me piquer, en plus de mes souvenirs, le téléphone offert il y a quelques mois par Alice, de l'argent liquide et une adresse mail d'urgence. Elle m'avait aussi laissé des affaires de chaque membre de la famille dans un carton sous son lit pour que je puisse utiliser ma préscience et voir à travers leurs yeux, en cas de besoin. Elle avait également insisté pour me laisser une carte bancaire que j'avais cachée tout au fond de mon tiroir de petites culottes, la seule partie du dressing qu'Edward contournait volontairement. On, aurait pu croire qu'après toutes ses heures à découvrir la sexualité ensemble, il se serait un peu détendu de ce point de vue-là, mais non… C'était à la fois mignon et exaspérant. Mais bon ! Cela faisait bien mes affaires !

Notre voyage se passa très bien. J'ai profité avec délectation de ces moments de calme et de sérénité avant la tempête de la rentrée. Je me suis aussi assurée de faire une copie des photos de nous deux et de me les envoyer par mail. Ben, oui… C'est peut-être un idiot surprotecteur, mais il va tout de même sacrément me manquer. Je veux garder sa photo pour le maudire en cas de déprime. J'envoie même à ma mère une photo de nous deux au bal de fin d'année. J'avais aussi programmé une visite à ma mère pendant l'absence d'Edward.

Quand nous revenons à Forks fin août, Edward me conduit à quelques centaines de mètres de la villa en me portant. J'aime toujours autant la vitesse de sa course et nous avons pris l'habitude de faire des sorties dans la forêt. Fun fact, il m'a vraiment fait vivre la sensation de sauter d'une falaise, évidemment, lovée étroitement dans ses bras en toute sécurité. La combinaison de l'adrénaline et du frisson du danger est devenue quasi addictive. J'envisage sérieusement de me mettre au sport extrême pour compenser lors de mon sevrage forcé.

Cette fois-ci cependant, notre virée forestière prend fin rapidement devant une petite cabane que je n'avais jamais vu. Edward me fait signe d'avancer pour regarder. La cabane est à la fois simple et adorable. Elle est en bois lazuré, et seuls les éléments de décor sont peints. Des parterres de fleurs sont placés de chaque côté de la porte et une petite sonnette est collée sur le côté. Je plisse les yeux pour lire les noms marqués sur l'étiquette et lit Bella et Edward Cullen. Je tourne brusquement la tête et le trouve un pas derrière moi, tout sourire. Il me prend la main et me dit :

« Je n'ai pas pu mettre ton vrai prénom au cas où quelqu'un tomberai sur cette cabane par hasard. Mais c'est bien à toi que je m'adresse Eowyn. Le jour où tu as débarqué dans ma vie monochrome, tu l'as recolorée avec les couleurs de l'arc-en-ciel… et avec des néons fluorescents … et des paillettes aussi… »

Je glousse.

« J'avais beaucoup de convictions et très peu d'attente pour l'avenir. Tout ce que j'avais imaginé n'était rien à côté de ce que tu m'as montré à travers tes yeux. Je ne sais pas combien de temps nous pourrons passer ensemble, mais comme tu me l'as déjà dit, il ne me reste qu'à te faire mienne, parce que je n'imagine pas mon futur sans toi. »

Il met sa main dans sa poche, pose un genou à terre et je tremble d'anticipation, alors qu'il ouvre la boîte et que je vois la bague de sa mère.

« Me feras-tu l'immense honneur de devenir ma femme ?

Oui je lui dis immédiatement avec un grand sourire. »

Il me glisse la bague à l'annulaire, dépose un baiser dessus et se relève. Je l'enlace alors et l'embrasse avec passion. Je suis toujours sur mon petit nuage quand je rentre à la maison. Je repense aux heures qui ont suivi sa demande en mariage.

Nous avons étrenné le lit avec une séance de pelotage épique. Il n'y a en fait que deux pièces dans la cabane, un salon dont le canapé se converti en lit avec un coin cuisine et une salle d'eau avec des toilettes sèche et un lavabo alimenté par une bonbonne d'eau. Edward s'était souvenu que j'avais su apprécier le confort rustique de sa maison d'enfance. La cheminée trônait fièrement en face de la porte et je m'imaginais totalement passer des heures en hiver à lire des livres en me réchauffant à son foyer.

J'avais peine à croire qu'il allait tout mettre en pièce d'ici quelques semaines. J'avais la sensation que j'allais tout de même drôlement douiller dans le processus. En attendant, j'ai beaucoup rit en constatant que des chaines avaient été incorporées à un mur. J'ai haussé un sourcil et le sourire gêné d'Edward m'appris qu'il n'avait rien oublié de notre petite conversation dans sa chambre et qu'il envisageait sérieusement de s'enchainer lors de nos ébats. Finalement, je n'aurais peut-être pas dû refuser le martinet d'Emmett, il aurait peut-être apprécié… C'est amusant, je l'aurais plus vu dans la peau du dominant, plutôt que celle du soumis, mais bon, chacun ses goûts après tout. Moi je suis ouverte à toutes les options qu'il voudra explorer, puisque j'ai la certitude qu'il ne me fera pas de mal.

Quelques semaines plus tard, je mis cette certitude au placard et la déception sortit faire la samba sur la tombe de notre avenir ensemble…

L'année avait pourtant bien commencé. J'avais obtenu un emploi du temps quasi-sur-mesure grâce à Jasper et ses compétences de hacker. Il s'était d'ailleurs montré assez impressionné par mes compétences en codage et nous avions passé de longues heures à discuter technologie du futur. Il avait presque autant hâte que moi que les smartphones et la 5G se démocratisent.

Mike était tenu de ne pas s'approcher à plus de 5 mètres de moi et ne se trouvait dans aucun de mes cours, contrairement à Alice et Jessica qui les partageaient tous. Malheureusement, Edward faisait de l'espagnol et non du français, mais nous pouvions nous retrouver tous les jours à la pause méridienne.

Jessica et Alice entretenait une relation étrange entre la complicité et la rivalité. J'avais parfois les fesses posées entre deux chaises à vouloir donner raison aux deux. Elles avaient cependant trouvé un terrain d'entente sur la question du shopping. Je finissais généralement en remorque derrière elles, trainant les pieds d'un magasin à un autre, les suivant, en les regardant papoter de la dernière mode à un rythme aussi effréné, que le bruit de leurs talons hauts sur le carrelage du centre commercial. Chaque séance me laissait lessivée et Edward était ravi de me cajoler à mon retour.

Autre grand changement, Charlie était maintenant au courant de mes visions. Il a pris la nouvelle beaucoup plus calmement que je ne l'aurais imaginé au départ. Quand je lui ai fait la remarque, il m'a alors listé toutes les incohérences qu'il avait remarquées dans mon attitude. J'étais en fait impressionnée, il aurait probablement deviné sans mon aveu. Il plissa les yeux, légèrement offusqué, quand je m'exclamais avec trop de surprise à son goût, qu'il était quand même un bon flic !

Charlie avait par ailleurs bien réagit lorsque je lui avais annoncé mes fiançailles. Il se contenta de me dire qu'il savait que cela allait arriver bientôt, quand je lui ai parlé de mes visions. Il se souvenait clairement de notre échange sur le mariage à dix-huit ans. Cela ne l'a pas empêché de déposer sur la table du salon un pieu taillé par ses soins lorsqu'Edward était venu lui demander ma main. C'est ce que m'avait avoué ce dernier, quand j'avais déclaré que j'avais tort de m'inquiéter de sa réaction.

J'avais aussi rendu visite à la meute. Rachel et Paul était officiellement ensemble et elle avait décidé de travailler de chez elle afin de rester à ses côtés pendant qu'il terminait ses études. Les deux couples vivaient dans la maison de Sam et Emily en attendant que le plus jeune couple ait leur chez eux. Le seul problème persistant à la Push était l'absence prolongée de Jacob, qui n'était toujours pas réapparu. Sam m'avait cependant affirmé qu'il était toujours en vie et en bonne santé et qu'il se rapprochait petit à petit de la Push. Son esprit n'était pour le moment pas ouvert à la discussion. Il se contentait de suivre son instinct animal.

J'en savais quelque chose, car je le voyais régulièrement en rêve, chassant, se nettoyant, courant sans but dans la forêt. Peu de temps avant mon anniversaire, je l'ai vu nageant près d'un autre loup, portant une humaine aux cheveux longs et brun. J'étais frustrée par le peu de détail que je récoltais dans mes visions, contrairement à Alice qui avait toujours une multitude d'indices. Je maîtrisais cependant de mieux en mieux mes dons et j'avais réussi avec succès à voir à travers les yeux d'Alice en me concentrant sans avoir besoin d'objet à elle.

La nuit du douze au treize septembre, j'eue du mal à trouver le sommeil. Notre plan à Alice et moi était prêt. J'avais rédigé une lettre pour Jasper lui expliquant que l'accident était inévitable et que je ne lui en voulais pas. J'avais aussi rédigé une lettre à Alice lui indiquant où trouver des informations sur sa famille, puisque James n'avait pas eu l'occasion de lui en donner. J'avais déposé un attrape-rêves à Esmée, dans une boîte auquel j'avais joint un petit mot de remerciement pour sa bienveillance, je lui écrivais aussi que je ne leur en voulais pas et que ce n'était qu'un au revoir. J'ai inscrit sur la boîte de ne l'ouvrir que le seize septembre, date à laquelle je savais qu'ils seraient partis. J'avais vérifié en provoquant une vision d'Esmée l'ouvrant bien à ce moment-là. J'essayais d'oublier le regard triste et désolé que j'avais vu sur son visage, maudissant les détails que, pour une fois, je n'avais pas envie de voir.