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8 — Départ pour Eldoria

En sueur froide, le Duc Ramsel avala sa salive, tournant vivement la tête pour jeter un coup d'œil à la silhouette derrière lui.

La vue d'un homme au visage ridé vêtu d'un uniforme de chevalier le fit froncer les sourcils.

Comment ose un simple chevalier pointer son épée sur moi !

Bien qu'elle prenne plaisir à voir l'expression effrayée de son oncle, Cynthia toussa pour se racler la gorge.

"Laissez-le partir."

Le chevalier acquiesça, rengainant son épée.

"Je m'excuse. Je n'avais pas réalisé que c'était vous, Duc Ramsel. J'étais inquiet en voyant la princesse, qui semblait troublée," dit Hans, en s'inclinant.

"Vous pouvez partir," ordonna Cynthia.

L'homme obéit.

"Vous feriez mieux de bien vous tenir, Duc Ramsel. Sinon, je ne peux pas garantir que je vous sauverai la prochaine fois d'un chevalier qui se trouverait passer par là."

Les mots de la princesse frappèrent l'homme de colère, mais il ne pouvait laisser paraître ses sentiments.

Bien qu'il fût le frère cadet de la défunte Reine Irina, le Duc Ramsel Jihan, il ne pouvait se permettre d'offenser la famille royale malgré les liens qu'ils partageaient.

Après tout, leur relation s'était terminée le jour où sa sœur était morte et lorsque sa nièce avait commencé à se comporter froidement envers lui pour des raisons qu'il ne comprenait pas, s'accrochant à ses soi-disant frères à la place.

"Je m'excuse," dit-il, s'inclinant puis se retournant pour laisser Cynthia seule dans le jardin.

"Enfin, un peu de paix !" s'exclama la jeune femme aux cheveux d'argent, ses lèvres se courbant en un sourire éclatant.

***

Lucian retira les gants blancs de ses mains avec ses dents et jeta un coup d'œil aux chevaliers qui se tenaient à l'entrée de son hall d'étude, leurs yeux pétillants.

Un doux sourire apparu sur son visage.

"Qu'est-ce que vous regardez ?"

"Vous avez été nommé Duc ! Toutes ces années de dur labeur ont porté leurs fruits !" s'exclama Dylan, incapable de réprimer sa joie.

"Je suis tellement heureux pour vous, Votre Altesse," dit Adrian, contrairement à l'attitude enjouée de Dylan, d'une manière posée.

Le reste des chevaliers félicitèrent le prince, désormais titré Grand Duc d'Erion, une terre loin de la capitale du royaume de Selvarys, au bord de la mer.

Aucun titre n'avait d'importance pour Lucian; cependant, il était ravi de pouvoir bientôt quitter le palais du roi. La froideur de cet endroit ne pouvait être exprimée en mots.

Bien qu'il fût confus quant aux actions du roi, Lucian était prêt à exécuter toute demande de ce dernier en échange de son départ du château, que ce fût d'éliminer mille monstres ou de rester une décennie de plus sur le champ de bataille.

"Votre Altesse."

Un serviteur apparut à la porte du bureau du prince.

Le jeune homme aux cheveux noirs, vêtu d'une chemise sombre aux motifs métalliques courbés, leva un sourcil, attendant qu'il en dise plus.

"Le roi demande à vous voir en privé."

Le cœur de Lucian battait d'excitation. C'était l'une des rares fois où son "père" l'appelait. Mais son esprit dépassait ses émotions.

Il va sûrement vous faire sa demande maintenant qu'il vous a octroyé le titre de grand duc.

Il repoussa sa voix intérieure et acquiesça, suivant le serviteur qui montrait le chemin vers la salle du trône du roi.

"Vous pouvez partir," dit Lucian.

L'homme s'inclina avant de disparaître dans le couloir.

En inspirant profondément, le jeune homme aux cheveux noirs frappa à la porte.

Un faible "entrez" se fit entendre, la voix du roi étouffée par la grande porte en bois doré.

Lucian entrouvrit la porte et jeta un œil à l'intérieur, espérant analyser la situation avant de faire face au roi.

Le Roi Valérien était assis parmi les nombreux canapés dans l'espace vaste. Une table avec deux tasses de thé était dressée sur la table en bois foncé, et une dame aux cheveux verts foncés se tenait à côté du roi, tenant une théière blanche décorée de motifs floraux.

"Qu'attendez-vous ? Entrez."

D'un pas rapide, Lucian entra dans la salle. Une fois devant le Roi Valérien, il s'inclina en salutation.

"Prenez place."

"Et vous, partez," ordonna le roi au serviteur qui avait fini de servir le thé.

Une fois que la servante eut quitté la pièce, le roi continua.

"J'espère que vous aimez le titre."

Lucian ricana intérieurement. Le roi se souciait-il jamais de ses préférences ?

"Oui, Votre Majesté."

"Alors, préparez-vous," dit Valérien en prenant une gorgée de son thé.

"Pardon, Votre Majesté ?"

"Préparez-vous pour partir pour Eldoria," le visage de Valérien se tordit en un froncement de sourcils.

Il ne s'attendait pas à ce que l'homme qui avait combattu dans la guerre pendant une décennie soit idiot, ignorant en ce qui concerne la question qu'il abordait.

"Votre Majesté..." Lucian sortit rapidement une pierre magique de sa poche. "Regardez ceci ! Je l'ai trouvée," dit-il, pinçant les lèvres, espérant désespérément changer d'avis le roi.

"Et ?"

Lucian fronça les sourcils.

"Votre Majesté, nous pouvons maintenant créer d'autres pierres magiques. Je ne sais pas comment cette pierre s'est retrouvée dans mon fourreau, mais maintenant que nous en avons un échantillon, il ne nous faudra pas longtemps pour en créer plus. La raison pour laquelle les autres royaumes n'ont pas pu recréer ces pierres magiques précises, c'est qu'ils n'avaient pas suffisamment de fonds ou de magiciens, ou d'accès à ceux-ci. Mais ici, nous avons un temple magique, où des mages du monde entier viennent, donc nous pourrions..."

Lucian marqua une pause pour reprendre son souffle.

"Donc nous pourrions éviter cette alliance matrimoniale. Nous ne devrions pas nous impliquer avec ce royaume. Ils pourraient nous trahir," dit-il dans un dernier effort pour changer d'avis le roi.

Valérien cliqua de la langue en signe de désapprobation.

"Qu'est-ce qui se passe dans ce petit cerveau à toi, Lucian ? Tu penses que je n'ai pas réfléchi à tout cela ?" Le roi saisit le morceau de roche de la paume de Lucian et le déposa sur la table.

Confus, Lucian fixa son père sans comprendre ses propos.

Le roi avait déjà tenté de créer des pierres magiques dans le passé. Mais comment avait-il eu prise sur ces gemmes ?

Personne des deux royaumes n'avait réussi à traverser le gouffre, un sortilège magique avait été jeté dessus, n'autorisant personne à entrer.

C'était l'œuvre d'un puissant magicien, mais personne n'était assez fort pour le briser. Incapables d'atteindre ce qu'ils convoitaient, les royaumes avaient décidé de cesser la guerre, épuisés par le long combat infructueux. Ils avaient essayé des magiciens du monde entier, mais c'était en vain. Personne n'avait réussi à briser le sceau.

"Partez," ordonna le roi de sa voix habituellement distante et formelle. "Vous devriez atteindre Eldoria dans la moitié d'un mois. D'ici là, les préparatifs du mariage seront complets," dit Valérien en sirotant son thé et jetant un regard à Lucian, dont les épaules tombaient en résignation.

Un sourire en coin traversa les lèvres du roi.

C'est exactement comme ça que tu devrais te comporter. Crois-tu que tu peux faire ce que tu veux juste parce que tu as survécu au champ de bataille ? Moi, le roi, je suis toujours vivant ! Mon successeur ne sera jamais un enfant illégitime né d'un coup de chance !

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