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Chapitre 3:

La nuit est passée sans problème et je me suis réveillé à la première lumière du soleil à l'horizon. Sans aucune envie de me lever, j'ai tourné la tête vers Hu qui ne s'était toujours pas réveillé. Heureusement qu'il était vieux, sinon il serait déjà mort de faim depuis hier soir. Je me demande vraiment pourquoi les anciens peuvent réussir à passer plusieurs repas sans mourir contrairement aux jeunes brutto. Enfin, c'est comme ça et tant mieux, sinon Hu y serait resté. J'ai commencé à me relever de ma couchette en paille pour voir Don Xar dans la même position que je l'avais laissé hier soir. Il avait donc veillé toute la nuit, c'est peut-être un truc de viandu vu que Lug avait tendance à le faire aussi.

— Hu Mir, occupe-toi de rallumer le feu et de faire bouillir de l'eau.

Cet appel m'a fait sortir de ma réflexion, c'était Don Vic qui m'avait ordonné pendant qu'elle essayait de trouver le peu de nourriture qui restait dans le camp. J'ai balayé le reste du camp pour voir que tout le monde travaillait déjà. Même dans une autre tribu, je suis le dernier à me rendre utile de la journée. Il y a des choses qui ne changent pas malgré les circonstances, je présume. Je me suis levé et j'ai commencé à récupérer des feuilles et des branches pour relancer le feu. À présent bien chargé, j'ai pris le morceau de feu et un des cailloux proches du feu pour tenter de l'allumer. Après plusieurs dizaines de coups, j'ai enfin réussi à produire un feu assez conséquent pour commencer à consumer les branches sous la marmite.

Don Vic arriva juste après avec toute la nourriture du camp, qui était composée de deux pommes, d'un chou, de trois pommes de pin, de deux patates et d'un morceau de viande. Elle mit les deux pommes sur le côté du feu, empala la viande sur une branche avant de la planter dans la direction du feu et mit tout le reste dans la marmite. Même si une pomme de pin est comestible, je doute qu'elle soit meilleure bouillie comparée aux patates ou au chou. Après avoir ramené toutes les provisions du camp au feu, Vic s'assit à côté de moi pour surveiller la cuisson pendant que je me mis à compter les portions que nous avions. En tout, nous avions 8 portions de légumes et 1 portion de viande. Nous sommes 4 Collinus et un Viandu sans compter Hu. Il nous faut deux portions pour qu'un Collinus soit en pleine forme et le double pour un Viandu. Sachant qu'une portion de viande est égale à deux de légumes, cela fait que deux Collinus vont devoir se priver pour que tout le monde puisse manger.

Sans notre arrivée à moi et Hu, ils auraient tous mangé à leur faim. Il va falloir que je me donne à fond dans mes chasses pour fournir assez de nourriture pour tout le monde ! Après quelque temps, une bonne odeur commençait à se dégager de la marmite. Elle était différente que de simples légumes bouillis, c'est sans doute à cause de la pomme de pin. Ils doivent la mettre dans la marmite pour changer le goût des aliments. Même si cette odeur est plus alléchante que celle de simples légumes bouillis, rien ne pourra réussir à égaler l'odeur du plat humain. C'est sans doute à cause de ces plats délicieux que les humains arrivent à faire tant de choses par rapport aux Brutto. Pendant que je finissais mes réflexions sur la cuisine humaine, tout le monde s'était installé autour du feu et était en train de recevoir ses portions. Je regardai qui allait faire un demi-repas à cause de moi et remarquai que tout le monde possédait l'équivalent de deux portions végétales chacun.

— Don Xar ne mange que ça ? À part Xar, tout le monde ne comprenait pas trop la soudaine question de ma part.

— C'est vrai que dans les autres tribus, les viandus sont prioritaires pour avoir un repas entier car ce sont les membres les plus importants des grandes chasses. Mais vu que je ne suis pas très doué à ces chasses, on peut se permettre que j'aie un demi-repas car c'est vous les collinus qui nous rapportez le plus de nourriture.

— C'est quoi ces grandes chasses ? Vous en faites dans ta tribu, Hu Mir ? me demanda Don Mun.

— Dans ma tribu, c'était moi qui énervais des sangliers dans les plaines pour qu'ils me poursuivent jusqu'à Lug, le viandu qui les arrêtait avec son bouclier avant de les tuer.

— J'ai déjà vu pendant mes chasses des collinus se faire attaquer par des sangliers et peu en survivent. Tu as vraiment du courage de faire l'appât, rajouta Don Vic.

— Vu que j'étais le plus rapide de la tribu, c'était obligatoirement moi le plus qualifié pour servir d'appât. Mais sans la présence de Lug, je n'irais jamais tenter une chasse comme ça ! Ça me rappelle que ces premières grandes chasses n'étaient même pas autorisées par le vieux Hu. Quand il a appris comment on obtenait cette viande, il nous a fait passer une sacrée réprimande. Mais il nous a quand même laissé la continuer mais seulement sous ces conditions.

— Tu as de la chance avec ton chef de tribu, ce vieux Xar ne laisserait pas passer quelque chose comme ça ! lança Don Vic d'un ton sarcastique.

— Et bien rien ne t'oblige à rester, espèce de petite ingrate ! rétorqua-t-il.

La fin de cette phrase fut tout de suite suivie par un pouffement de rire de la part du viandu et d'un autre de la guerrière collinus. La suite du repas fut une succession d'histoires racontées dans la bonne humeur. Le repas fini, tout le monde commençait à se lever pour repartir à ses occupations. Je me levai, m'étirai et commençai à me diriger vers la sortie du camp donnant sur la plaine. C'était maintenant que commençait mon rôle de chasseur-ravitailleur temporaire de la tribu Don.

— Tu n'as pas oublié ton gourdin pour ta chasse, Hu Mir ?

— Je n'ai jamais utilisé de gourdin pendant mes chasses, ça me gênerait juste si j'en utilisais un maintenant, Don Mun.

— Si tu le dis.

Je sortis, descendis la pente et traversai la route humaine pour me retrouver dans les plaines verdoyantes.

Pour remercier les Don pour leur bienveillance envers moi et Hu, il faut au moins que mes chasses leur permettent d'avoir des repas complets. Et pour cela, il va falloir que je ramène beaucoup de viande ! Je n'ai pas ce qu'il faut pour chasser n'importe quel oiseau ou sanglier. Donc, je vais devoir chasser des renards écarlates. Ces petites bêtes sont trop intelligentes, je vais devoir changer ma méthode de chasse à chaque fois pour avoir une chance ! Il ne sert à rien de s'inquiéter pour les futures chasses, autant commencer celle-ci.

Après avoir passé quelque temps dans la plaine à chercher un endroit convenable, j'ai décidé d'utiliser des appâts composés de pommes crépusculaires. Bien qu'elles soient encore un peu dures, l'odeur de leur jus devrait attirer les renards. Je les ai placées dans un endroit assez exposé et proche de l'arbre, tandis que je me suis caché dans des buissons pas trop loin. J'ai préparé quelques pierres à lancer et maintenant, il ne reste plus qu'à attendre.

Après une longue attente, ma chasse pouvait enfin commencer avec l'apparition de deux renards écarlates. Mes proies s'approchaient doucement de mes appâts, se méfiant de chaque bruit et mouvement. Une fois habitués à l'endroit, ils ont baissé leur garde pour commencer à manger les pommes. J'ai saisi mes deux pierres et me suis élancé vers les renards à toute vitesse. Ils ont pris quelques secondes avant de se mettre à courir dans deux directions différentes. J'ai armé mon bras en pleine course avec une pierre au bout de mes doigts et l'ai lancé sur le trajet qu'il allait prendre. Avant même que la première pierre ne frappe, j'ai réarmé mon bras pour lancer la deuxième pierre.

Je me suis reconcentré sur le renard le plus proche que mon lancer avait bel et bien surpris. J'en ai profité pour plonger sur lui et l'attraper à deux mains. Je l'ai sécurisé en le prenant par la gorge avec ma main droite et me suis relevé pour voir où se trouvait le second renard. Il n'avait rien à faire de mon lancer et commençait déjà à prendre de la distance avec moi. J'ai repris la course immédiatement pour le rattraper, et alors que je commençais à sentir une douleur dans ma main droite, le renard a commencé à me mordre car j'avais oublié de le tuer. Je lui ai brisé la nuque avec ma main, mais cela fut assez pour me faire perdre de vue le deuxième renard. J'ai commencé à ralentir pour pouvoir balayer l'horizon à la recherche de la fourrure du renard.

Heureusement, cela a été facile à repérer sur ces prairies et j'ai pu reprendre ma poursuite à pleine vitesse. Cela faisait déjà un petit moment que la poursuite commençait à s'éterniser sans que j'arrive à l'attraper. J'allais forcément être celui qui perdrait cette course, alors autant essayer le tout pour le tout. J'ai armé mon bras avec le corps de l'autre renard pour lui lancer dessus. Je me suis arrêté brusquement et ai lancé le corps le plus fort que j'ai pu. Ce que je n'avais pas prévu, c'est qu'un faucon vienne s'attaquer au renard que je poursuivais pour se prendre celui que je venais de lancer. J'ai pris quelques secondes avant de comprendre ce qui venait de se passer, et j'ai foncé vers le rapace qui tentait de s'enfuir.

Je réussis à l'attraper au niveau du torse et de l'aile droite pour le faire tomber au sol. Il se débattait violemment et me planta ses serres dans le genou droit.

— AAAAAAAAHHHHHhhhh

Je fis glisser ma main droite de son torse à son cou et le lui brisai le plus vite possible. Tous ses mouvements s'arrêtèrent d'un coup et je m'empressai d'enlever ses serres de mon genou. Je vais sentir cette blessure pendant plusieurs jours au moins ! Je soulevai mon masque assez pour que ma bouche soit exposée et me mis à lécher ma blessure. Peu de sang ressortait de la plaie, ce qui veut dire qu'elle n'était pas grave. Je remis mon masque correctement sur mon visage et me mis dans une position confortable avant de me reconcentrer sur ce faucon. Il est arrivé en un instant et ses serres m'ont planté sans effort. Pas étonnant qu'on appelle les meilleurs chasseurs, un faucon ! Cependant, comme tous les oiseaux, il a beaucoup de plumes et pas beaucoup de viande comparé à sa taille.

Enfin, avec les deux renards et ce faucon, je devrais avoir au moins six portions de viande ! Je n'ai jamais fait une chasse en solitaire aussi fructueuse. Sans ce faucon, je n'aurais jamais rapporté autant. Alors que je me préparais à repartir, je me suis retrouvé à admirer l'arbre gigantesque de la plaine. Je n'étais jamais arrivé aussi près de celui-ci, et il était encore plus impressionnant de près. Je me souviens que Lug et moi avions débattu pour savoir si le vieux Hu ou celui-ci était le plus vieux. On avait bien rigolé, mais le vieux Hu n'était pas du genre à plaisanter, et nous avions eu beaucoup de corvées à cause de ça.

Bon, il faut que je me dépêche de rentrer, car j'ai couru une sacrée distance et ma blessure ne va pas m'aider à aller plus vite. Si Lug était là, il me dirait d'arrêter de flemmarder pour une petite égratignure et de me dépecher d'avancer, sinon on serai en retard. J'espère qu'on se reverra bientôt ! Sur ces bons mots, je me suis relevé non sans douleur pour aller récupérer les fruits de ma chasse. J'ai pris le faucon par une patte et les renards par l'autre avant de traverser la plaine en sens inverse. Après une marche des plus lentes à cause de ma blessure, j'ai enfin atteint le camp. Don Mir était en train de surveiller depuis la tour.

— Tu as pris ton temps pour ta chasse, mais tu es revenue bien chargée ! Attends, comment as-tu fait pour abattre un faucon sans aucune arme ?

— J'ai juste eu de la chance !

— Ça n'explique pas grand-chose, ta réponse. Au fait, ton vieux Hu s'est réveillé !

Le vieux Hu est déjà réveillé, mais le soleil est encore loin avant d'être assez haut pour le deuxième repas et pour que la faim le réveille. Et pourquoi je me pose des questions inutiles comme ça ? Je lâchai toutes mes proies et me mis à courir malgré ma douleur vers le feu de camp où j'avais laissé Hu. Il était assis devant le feu comme si de rien n'était et je m'arrêtai juste à côté de lui.

— Tu as l'air d'être en forme, Mir.

Il allait reprendre la parole, mais s'arrêta et souffla à la place.

— Ça fait même pas un jour et tu t'es déjà blessée.

Pendant ce temps, je restai juste debout sans rien dire. J'avais juste entendu la voix du vieux Hu et c'était suffisant pour que je pleure sans arriver à trouver quelque chose à lui répondre.

— Tu n'as jamais eu beaucoup de conversation, mais j'aurais au moins espéré un "content que tu ailles bien" !

— Bien sûr que je suis content que tu ailles bien, vieux Hu !

— Bah alors, assieds-toi que je traite cette blessure.

Pendant que je m'asseyais juste à côté de lui, il demanda à Don Vic si elle pouvait aller récupérer de la bave de blob et quelques herbes dans les stocks du camp. Pendant ce temps, il prit ma jambe pour voir ma blessure de plus près.

— Qu'est-ce que tu as encore fait comme nouvelle technique de chasse pour te faire blesser par un rapace ?

— Je lui ai lancé un renard dessus en essayant de rattraper un autre renard. Hu marqua une pause avant de reprendre la parole pour être sûr d'avoir bien compris ce que j'avais dit.

— Je devrais avoir l'habitude avec le temps de tes méthodes de chasse peu conventionnelles. Et pourtant, tu arrives toujours à me surprendre. Ta chance à la chasse dépasse l'entendement.

— Voici tout ce qu'il reste de ce que tu avais demandé, Shaman Hu.

— C'est largement assez, ma petite Don Vir. Il récupéra les ingrédients et passa les herbes sous son masque pour commencer à les mâcher. Il continua en mélangeant les herbes et la bave de blob pour former une sorte de pâte qu'il appliqua sur mon genou.

— Il faudra que tu ailles me chercher mes outils à notre ancien camp, s'ils ont survécu à l'attaque ! Aux derniers mots du vieux Hu, je me rappelai de ce qui aurait dû être l'une des premières choses que j'aurais dû lui dire !

— Est-ce que Lug et les trois frères vont bien ?

— L'humain qui nous a attaqués maîtrisait bien l'élément cryo, mais heureusement, il a abandonné rapidement sa chasse après Lug et les trois frères. Donc tout le monde devrait aller bien.

— Mais alors, pourquoi ne sont-ils pas encore revenus ? Cela fait déjà un jour !

— C'est normal, je leur ai ordonné de fuir vers les monts au nord pour s'installer à côté de ma tribu d'origine.

— On quitte complètement les plaines juste pour une attaque sur notre camp ?! Ce n'est pas un peu exagéré. On aurait pu juste se déplacer à un autre endroit dans les plaines, comme à chaque fois que cela est arrivé !

— Si ça avait été comme les autres fois, oui ! Mais entre l'apparition de cette bête géante au-dessus du camp des humains et l'attaque de cet humain à la grande maîtrise élémentaire, je sens qu'il est plus prudent de quitter la plaine pour le moment !

— Si tu le dis, vieux Hu, je te crois. Mais d'ailleurs, à quoi elle ressemble cette bête ? Car j'ai juste entendu ses cris et senti ses bourrasques.

— Je ne vois plus d'aussi loin, tu sais. Mais une chose dont je suis sûr est que cette bête possède une immense quantité d'énergie anémo comparable à rien de ce que j'ai vu dans toute ma vie !

— Le camp humain a l'air d'aller plutôt bien. Comment ont-ils fait pour repousser une bête avec autant d'anémo sans dégâts à leur camp ?

— Il semblerait que selon Don Bir, quelque chose, probablement un humain, se soit envolé à son niveau et l'ait repoussé peu après son arrivée au-dessus du camp humain.

— Avec le positionnement du camp, j'aurais cru que Don Bir aurait pu discerner ce qui se passait au-dessus du camp humain !

— Il aurait pu s'il n'avait pas été chassé de leur camp avec sa tribu par des humains peu avant que la bête n'arrive.

— Ils ont été chassés de leur camp peu avant que la bête ne commence son attaque, mais ils étaient déjà réinstallés quand ils t'ont retrouvé inconscient. Il n'y a pas eu beaucoup de temps entre les deux événements, ce ne risque pas d'inciter les humains à réattaquer le camp ?

— Oui, il est probable que les humains réattaquent dans les prochains jours. Mais ils doivent tenir ce camp en rapport avec quelque chose que Don Xar attend.

Alors que nous finissions de discuter, la préparation de la nourriture avait été terminée par Don Mir et Don Vic. En plus de ma chasse plus que fructueuse, un renard et plusieurs fruits et légumes supplémentaires avaient été récupérés. Il y avait tellement de viande que le faucon n'a même pas été cuit pour ce repas. Les discussions tournaient autour de mes méthodes de chasse peu orthodoxes et de l'apparence de la bête. Et au vu de la description qu'on m'en a faite, j'espère ne jamais avoir à combattre l'humain qui a pu la repousser si aisément !