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21. Premier repas ensemble

Alors que la porte se fermait, Mauve chancela, elle s'accrocha au lit pour se soutenir et éviter de tomber au sol. Être en sa présence était épuisant, elle avait l'habitude de tenter d'être à son meilleur mais Jael la rendait excessivement consciente d'elle-même.

Elle enleva lentement sa robe, il semblait en colère avant de partir. Elle se demandait ce qu'elle avait fait de mal. En réalité, c'était la bonne réaction. Même si elle mourait de faim, il ne serait pas éthique de les déranger considérant qu'il était pratiquement minuit à l'heure des vampires.

Elle remit sa robe, de la bonne manière cette fois-ci. Il y avait un miroir à côté du lit mais, outre le fait qu'il faisait un peu sombre, le miroir était également flou. Il avait grand besoin d'un nettoyage intensif.

Elle tenta d'attacher la robe mais c'était une galère toute seule. "Par la déesse !" jura-t-elle. Être une princesse de façade était compliqué, au moins elle n'avait besoin d'aucune aide pour s'habiller, elle ne pouvait même pas utiliser le corset. Impossible de le mettre seule, sans parler du fait qu'elle n'était pas habituée au mécanisme.

Espérant qu'elle avait fait du bon travail, elle passa ses mains dans ses cheveux, ils étaient mouillés. Elle se crispa en réalisant à quel point elle devait avoir l'air folle lorsqu'il était entré.

Elle les rassembla dans sa main et utilisa son autre main pour attacher une ficelle autour. C'était facile, elle avait l'habitude de s'occuper elle-même de ses cheveux et c'était quelque chose qu'elle aimait faire. Elle rassembla les pointes et les enroula en formant un gros chignon.

La couleur de ses cheveux était un noir délavé, perdant lentement sa couleur. C'était une des choses qu'elle avait héritées du roi, son père, le seul indice qu'elle était sa fille. Avoir les cheveux blancs à un jeune âge était un trait de la famille royale. Tous ses frères avaient cela mais chez elle, c'était plus évident car elle avait plus de cheveux.

Son cœur se serra, jusqu'au mois où elle jouait la princesse, elle s'était habituée à les couvrir. C'était soit cela, soit elle devait les couper parce que cela énervait la reine Lale. Elle ne pouvait pas faire ça, la raison pour laquelle elle n'avait pas détesté ses cheveux était parce que sa mère les aimait.

Elle se précipita vers la porte, elle ne pouvait pas le faire attendre. "Merci d'avoir attendu," s'exclama-t-elle en ouvrant la porte.

Jael tourna lentement son regard vers la porte au son de sa voix. Elle était incroyablement douce, cela lui convenait vu que tout en elle semblait fragile. Pourtant, elle se tenait plus fermement qu'il ne l'avait pensé la première fois qu'il l'avait vue.

Sa petite silhouette se tenait près de la porte comme si elle attendait son ordre. Sa tête était baissée et il pouvait encore sentir sa peur, elle n'était pas aussi forte que la première fois mais c'était encore suffisant pour l'agacer.

Il se leva et se dirigea directement vers la porte sans lui répondre. Il poussa la porte et sans se retourner pour voir si elle le suivait, il sortit de la pièce.

Il entendit ses pas derrière lui juste au moment où la porte se fermait. Il se dirigea vers l'escalier puis un bruyant gazouillis. Il pouvait deviner à quoi elle réagissait, il avait demandé aux serviteurs d'allumer les bougies dans le bal.

Elle le dépassa précipitamment et se cramponna aux barreaux en regardant autour d'elle avec émerveillement. Jael la regarda intensément, elle était excitée et il vit qu'il n'y avait aucune odeur de peur. Cela ne devrait pas lui importer mais d'une manière ou d'une autre, cela avait de l'importance.

"Je suis désolée," s'excusa-t-elle en réalisant comment elle avait agi. "Je-Je veux dire… C'est très joli et immense, je n'ai jamais rien vu de tel."

"Je vois," dit Jael et se détourna en descendant les escaliers. Il voulait lui dire qu'elle l'apprécierait certainement pendant les fêtes mais il décida de ne pas le faire.

Son aura lumineuse diminua et une aura morose prit le dessus, l'odeur de peur était de retour. Il continua de marcher, la menant à travers le bal et jusqu'à la salle à manger.

Les serviteurs devant la porte l'ouvrirent dès qu'il fut assez proche, ils gardèrent la tête baissée même en tenant les portes ouvertes. Il se dirigea directement vers la grande chaise près de la table à manger encore plus grande. Elle était longue, pouvant facilement accueillir deux cent personnes.

Il s'assit et la regarda avancer lentement vers lui, manifestement indécise sur où s'asseoir. Elle se tenait maladroitement regardant à gauche et à droite. Jael n'essaya pas de l'aider, il se contenta de regarder.

Finalement, elle décida du siège à sa droite mais à une place de lui. Il ne protesta pas. Dès qu'ils s'assirent, un serviteur ouvrit immédiatement les assiettes. Jael ne fit aucun geste pour manger et il remarqua qu'elle le regardait sous ses cils, attendant.

Il commença à manger et elle le suivit. Il n'avait pas faim mais il se dit que ce serait étrange pour elle de manger seule dans la grande salle à manger et il avait besoin qu'elle quitte la pièce.

Ils mangèrent en silence, il n'était pas d'humeur à converser. De plus, il savait que ce serait plus un interrogatoire qu'une conversation.

Il la regardait surtout manger, c'était bien de voir que sa peur n'affectait pas son appétit. À un moment, il commença à se demander où toute cette nourriture allait. Il dut se retenir de la fixer à un moment donné.

"Voulez-vous un peu plus ?" demanda-t-il lorsqu'elle eut terminé la nourriture sur la table.

Elle rougit jusqu'aux racines de ses cheveux, "Je-Je ne pouvais pas m'en empêcher. C'était très délicieux et cela faisait longtemps que je n'avais pas mangé quelque chose de convenable." Elle baissa les yeux.

"Donc, je dois comprendre que vous n'en voulez pas plus ?" demanda Jael, son expression illisible.

"Euh, oui. Merci pour le repas."

"Êtes-vous prête à partir maintenant ?"

Elle acquiesça et se leva. Jael reprit la tête, ils repassèrent par le bal et retour à sa chambre. Elle le suivit dans sa chambre, "Bonne nuit et merci," murmura-t-elle puis passa la porte de communication vers sa chambre. Elle s'enfuit littéralement loin de lui.

Jael grimça face au mal de tête, veiller aussi tard avait un effet sur eux, il se demandait comment les serviteurs tenaient le coup. Espérons qu'ils avaient terminé toutes leurs tâches et étaient retournés dormir.

Il enleva sa chemise et la jeta, ce fut une sacrée journée, il n'avait probablement que trois heures jusqu'à la nuit. S'il voulait dormir un peu, il ferait mieux de le faire maintenant car s'il ne le faisait pas, il ne serait pas capable de fermer l'œil une fois le soleil couché.

Il entendit les pas avant qu'on frappe. Il jura, il voulait se reposer. La dernière chose dont il avait besoin en ce moment était une interruption. "Quoi ?!" cria-t-il en ouvrant la porte.

Le serviteur se recroquevilla, "Je suis tellement désolé Sire mais l'humaine a dit qu'elle devait vous voir maintenant à tout prix même si je lui ai dit qu'il était tard et qu'elle devrait attendre jusqu'au coucher du soleil."

"C'est bon," dit Jael et le soulagement sur le visage du serviteur était énorme. "Laissez-nous."

Le serviteur s'enfuit littéralement. Jael ne pouvait pas le blâmer, il se demandait quelles capacités de persuasion la femme avait pour qu'elle puisse amener un serviteur à l'amener à sa porte.

Jael se tourna pour regarder l'accompagnatrice de la princesse. Elle était plus âgée, elle avait un air de maturité et d'expérience qui ne pouvait venir qu'avec l'âge. Il n'y avait rien de vraiment impressionnant chez elle mais à la bonne lumière, certains pourraient la considérer comme jolie.

"Alors, à quoi dois-je cette intrusion ?"

"Je suis désolée, votre grâce…"

"Épargnez-moi les formalités, plus vite vous direz, mieux ce sera." L'odeur de peur était faible, son message semblait être d'une telle importance qu'elle se croyait intouchable, pensa Jael.

"Il vaut mieux que nous discutions de cela en privé."

Les yeux de Jael se rétrécirent et Vae recula. "Tout ce que vous avez à dire peut être dit ici."

Sa confiance s'épuisa presque immédiatement. "Je euh, on m'a dit de… Mes ordres sont…" Elle marqua une pause et essaya de se ressaisir tout en gardant son regard sur ses orteils. "Quand allez-vous coucher avec la princesse ?"

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