Au manoir, Caishen était rentré plus tôt dans la journée parce que sa grand-mère ne voulait pas qu'il s'éloigne de la maison pendant de longues périodes.
Depuis son accident, elle s'inquiétait, le surveillait, l'espionnait et le traitait comme s'il était un tout-petit.
S'il n'y avait rien d'urgent ou de nécessaire, il travaillait souvent de chez lui quelques jours par semaine juste pour la rassurer.
Il était assis dans le salon avec une tasse de thé au citron, lisant un magazine d'affaires tout en jetant de temps en temps un coup d'œil à la chaîne d'informations à la télévision.
Son frère aîné mangeait bruyamment des chips, fouillant dans le paquet comme si les chips jouaient à cache-cache avec ses doigts.
C'était une distraction pour lui qui voulait un peu de paix et de calme.
"Tu es obligé de faire autant de bruit ?" demanda Caishen.
Zhang Bo lécha ses doigts et répondit avec un sourire délibéré, "C'est mon jour de triche, j'ai l'intention de profiter de ma tricherie. Si ça te dérange, va t'asseoir ailleurs."
Caishen lança un regard noir à son frère et revint à son magazine. Il ne pouvait pas aller ailleurs car Zhang Bo le suivrait simplement pour l'embêter.
Ensuite, il jeta soudainement un coup d'œil à la montre en argent à son poignet, puis à son téléphone.
"Tu attends un appel de quelqu'un ?" lui demanda Zhang Bo. "Tu as regardé ta montre et ton téléphone toutes les dix minutes."
"Tu es là pour me surveiller ?" demanda Caishen.
"Non, je suis ici pour voir si tu attends ta femme. La jeune madame n'est toujours pas rentrée après tout. Au fait, j'ai vu l'ancien contrat de fiançailles, bien joué." Il ajouta un pouce en l'air et hocha la tête en signe d'approbation.
"La belle-sœur est possessive alors que tu es protecteur envers elle. Petit frère, tu me vendrais les droits de votre histoire d'amour ?"
"Tu manques de scénarios ou tu t'ennuies juste ?" demanda Caishen. "Tu peux toujours revenir et diriger l'entreprise."
Zhang Bo croisa les bras et lança un regard suspicieux à Caishen. "N'y pense même pas. Je suis un esprit libre, n'ose pas essayer de me restreindre à un bureau."
Caishen ricana et leva les yeux au ciel. "Comment fais-tu pour jouer le rôle de PDG dans les drames mais quand il s'agit de faire le travail réel tu te plains."
Zhang Bo fouilla bruyamment dans le sac de chips, comme il l'avait fait tout du long.
"Je joue la comédie, je joue." Dit-il et il lança une poignée de chips dans sa bouche.
Caishen se frotta les yeux et poussa un soupir. Comment se faisait-il qu'il soit plus un grand frère que son véritable frère aîné.
"La jeune madame est rentrée." Le majordome vint l'annoncer.
Caishen posa le magazine et se dirigea en fauteuil roulant vers le couloir. Il trouva Alix marchant avec une cage à oiseaux et un chat dans les bras.
Elle s'arrêta et le regarda. Il était tout pareil, il arrêta son fauteuil roulant et la regarda.
"Je vais monter la valise." Dit une des bonnes.
"Jeune madame, vous pouvez me donner les oiseaux, je vais les mettre dans la serre de la vieille madame." Le majordome tendit les mains.
"Jeune madame, je vais prendre le chat, nous pouvons préparer une chambre pour lui." Une autre bonne tendit également les mains.
Elle les regarda et secoua la tête. "Je vais mettre les oiseaux dans ma chambre et le chat est un cadeau pour votre jeune maître..., euh, mon mari."
Elle tenait le petit chaton et le tendit à Zhang Caishen avec des yeux pleins d'attente.
Caishen fronça les sourcils devant cette petite chose faible qui miaulait faiblement, puis devant la femme qui la lui offrait.
Il avait reçu de nombreux cadeaux dans sa vie mais jamais un animal vivant.
"Je savais que je sentais un vermine, toi, Alix, tu amènes maintenant des animaux des rues dans notre maison." Zhang An cria du haut des escaliers bruyamment.
Alix leva les yeux et cria en retour, "Bonsoir jeune demoiselle. Il est poli de saluer une personne lorsqu'on ne s'est pas vu pendant toute une journée. Au moins, mes animaux sont plus bien élevés que toi."
Zhang Bo rit et Zhang An tapa du pied.
Alix mordit sa lèvre inférieure et se demanda si elle était allée trop loin. Zhang An était après tout comme une enfant gâtée, qui avait besoin d'une leçon de manières plus que tout autre chose.
"Parlons-en à l'étage." lui dit Caishen.
"Tu ne prendras pas le chat ?" demanda-t-elle.
"Montons d'abord." lui dit-il. Puis, il dit au majordome, "Envoyez notre dîner dans ma chambre."
Alix soupira et le suivit, pensant qu'elle était probablement en difficulté pour avoir crié sur sa sœur.
Elle le suivit dans l'ascenseur qui avait probablement été installé juste au moment où il avait été blessé.
Ils entrèrent dans sa chambre et Alix reprit la même position que la nuit précédente, tête baissée, jambes croisées et inquiétude dans le regard.
Si elle n'avait pas eu le chat dans les mains, elles auraient été croisées aussi.
"Tu peux te détendre, je ne vais pas te couper la tête." lui dit-il.
Elle pouvait rassembler le courage de crier et d'échanger des mots avec sa sœur mais elle tremblait toujours en sa présence.
"Je.... merci pour la voiture et l'annonce." dit-elle.
Elle décroisa les jambes et le regarda.
"Pourquoi tu n'en as pas pris une pour aller travailler ce matin ?" demanda-t-il.
"Je ne sais pas conduire." répondit-elle.
"Nous avons des chauffeurs." lui dit-il.
Elle tapa du pied doucement et serra le chat.
Il miaula faiblement et elle relâcha son étreinte sur lui.
Où était la femme qui avait dit qu'elle voulait que ce mariage fonctionne ? se demanda-t-elle.
Cela ne fonctionnerait pas si elle agissait comme une lâche qui avait peur de lui. Un homme comme lui, il n'avait pas besoin d'une femme timide.
Elle prit une profonde inspiration puis avala la petite salive dans sa gorge.
"Je prendrai une voiture à partir de demain. Je m'excuse pour t'avoir causé du souci." répondit-elle plus fort et plus à sa manière quand elle était avec ses amis.
Caishen fronça les sourcils en se demandant ce qui avait provoqué ce soudain changement. Elle semblait avoir une autre personnalité qui avait pris le dessus sur elle.
"Le chat ne te plaît pas ?" lui demanda-t-elle.
Il tendit les mains et elle le lui donna. Leurs mains se frôlèrent brièvement alors qu'elle le lui passait.
Comme si elle avait été brûlée, Alix retira sa main et la cacha derrière son dos.
Caishen ricana et caressa la fourrure du chat noir. Est-ce qu'elle n'aimait pas être touchée par lui ou était-elle simplement timide ?
Ils se turent tout les deux pendant un moment, réfléchissant et pensant à ce qu'il fallait dire ensuite. L'air autour d'eux était soudainement gênant et quelque peu inconfortable.
"Ton ex-petit ami, pourquoi est-il venu te voir aujourd'hui ?" demanda-t-il soudain.